L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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lieu sûr. Les grands arbres, une centaine de
marronniers entre autres, eurent l’honneur de
changer de place en équipage. Ils ont été trans-
portés en chariot. La terre végétale elle-même
fut mise de côté soigneusement.
Puis, la balustrade de la terrasse fut démolie
et le sol livré à la bousculade la plus phénomé-
nale, à partir du 15 décembre 1886.
De leur côté, les travaux de mise en réserve
des plantes déloaées furent terminés en jan-
vier 1887.
Dès le moment où l’Exposition de 1889 fut
chose résolue, M. Laforcade songea à « prépa-
rer » les jardins : ce qui veut dire qu’il s’occupa
de créer les plantes nécessaires pour peupler
Les innombrables massifs du Champ de Mars,
du Trocadéro et de l’Esplanade. Il s’occupa
aussi d’avoir du gazon tout prêt pour l’ouver-
ture de l’Exposition : ce qui est assez difficile
pour le mois de mai, si l’on a recours à la
semence. Il y a pourvu en créant une gazon-
nière immense, au fond du Parc des Princes,
capable de fournir aux pelouses et aux bordures
plus de 25,000 mètres carrés de gazon tout
venu, que je pourrai appeler « gazon d’impro-
visation ».
Au commencement de 1888, on avait mis
à leur place définitive, — et dans d’excel-
lentes conditions, — plus de 400 gros arbres
d’essences variées.
D’autre part, la municipalité de Paris avait,
au bois de Boulogne, des spécimens uniques,
qu’elle voulut bien permettre de transporter au
Champ de Mars, où ils feront l’admiration des
connaisseurs. Il y a, parmi ces sujets rares,
des érables, des bouleaux, des catalpas, des
gainiers, des cytises, des plaqueminiers, des
féviers, des noyers, des mûriers, des peupliers,
des robiniers, des micocouliers, des sorbiers,
des ormes, des tilleuls, des virgiliers de toute
beauté, qui ont été amenés par M. Laforcade
avec des soins minutieux.
On verra, dans les Jardins du Champ de
Mars, plus de 400 variétés d’arbres d’ornement
ou forestiers, et plus de 600 variétés d’arbustes
de toutes familles, à feuilles persistantes ou à
feuilles caduques. On aura rarement vu une
collection aussi complète; jamais, peut-être,
une collection composée d’aussi beaux sujets.
Le jardin compris entre les deux Palais des
Arts mesure environ cinq hectares. Il est en
contre-bas, un peu en cuvette, entouré de ter-
rasses à balustrades.
Au pied de ces balustrades seront des plates-
bandes de rhododendrons de toute beauté avec
des magnoliers de distance en distance. Au mois
dejuin, ce sera féerique.
Les terrasses qui entourent le jardin seront
une des attractions de l’Exposition. On y verra
soixante palmiers ( Chamerops excelsa), hauts
de 4 à 5 mètres. Ils seront exposés par MM. Be-
son frères, de Nice.
Le jardin sera superbe,avec ses doux vallonne-
ments, ses arbres rares et ses massifs de fleurs
sans cesse renouvelés jusqu’à la clôture de
l’Exposition.
Au-dessus de ce jardin sera celui des Exposi-
tions diverses mesurant 3 hectares.
Au centre, un tapis vert, avec des fleurs, entre
les Pavillons de la Ville de Paris, décorés de
plantes grimpantes et entourés d’arbustes.
Des rangées de platanes, plantés il y a plus
.d’un an, et bien repris, se trouvent entre les
galeries des restaurants ét les Pavillons de la
Ville de Paris, et forment promenades.
Mais c’est dans la rue de l'Histoire de l’habi-
I tation humaine que M. Laforcade trouvera à
montrer tous ses talents.
Il s’agit d’entourer chaque habitation de la
végétation et de la flore correspondant à l’âge
qu’elle rappelle, et de donner au jardinet qui
l’entoure la disposition de son temps, depuis
la végétation inculte des temps primitifs,
jusqu’aux jardins raffinés de notre époque.
Des ronces, des aloès, des yuccas, des eu-
phorbes, seront les mélancoliques témoins de
l’époque du renne et de la pierre éclatée.
Autour de la cité lacustre, on verra des touffes
de roseaux, les iris fétides, les renoncules de
marais et l’oseille sauvagesurles bords et, dans le
lac, des nénuphars, des nymphéas, des cypérus,
des joncs, des épilobium et toute la perruque
des plantes Datantes.
Les cèdres du Liban et les arbres de Judée
seront groupés autour des constructions égyp-
tienne, assyrienne, hébraïque et phénicienne.
Les virgiliers et les tamarins sont réservés
pour les habitations des Pélasges et des Étrus-
ques.
La construction persane aura les lilas, les
pavanes, les héracléuni et d’autres belles
plantes.
Les lauriers d’Apollon feront une couronne à
l'habitation grecque. Les myrtes odorants, les
orangers, les citronniers et les mimosas, sont
pour l’habitation des Romains, le pin et le
sapin aux sombres frondaisons pour celles des
Scandinaves; les clématites et les capucines,
fleurs de châtelaines, égaieront la précieuse
construction de la Renaissance.
Des allées torturées, bordées de chamerops
et de bambous, les thés et les azalées sont pour
la maison chinoise; et pour la maison japonaise,
les hortensias, les fusains, les aucubas, les cydo-
nias et cent plantes aux couleurs éblouissantes.
Que sais-je encore? Toujours est-il que l’on
verra cette restitution de la flore du temps
autour de l’habitation de chaque âge; grâce à
la science et à la conscience de M. Laforcade,
C. L.
LA VENTE
ET
LA DÉGUSTATION DES TABACS
A L’EXPOSITION
A l’Exposition de 1889, comme à celle dé 1878,
les visiteurs peuvent acheter des tabacs, des
cigares et des cigarettes de provenances étran-
gères.
L’administration française avait d’abord dé-
cidé que l’exposition seule serait autorisée et
que la vente et la dégustation seraient absolu-
ment interdites. Elle redoutait les fraudes et
elle craignait surtout, qu’à la suite de ces
dégustations le consommateur ne s'habituât à
rechercher d'autres tabacs que ceux préparés
par les manufactures de l’État. Mais en pré-
sence des réclamations venues de tous les pays
qui récoltent des tabacs et fabriquent des ciga-
res et des cigarettes, l’administration, un peu
à contre-cœur, a dû céder.
La vente est donc permise, entourée naturel-
lement de toutes les précautions qui sauvegar-
dent les intérêts du Trésor : acquittement des
droits à l’ènttée des produits étrangers, appo-
sitions des vignettes de l’Etat, vente dans
l’intérieur de l’Exposition, sous la surveillance
constante de l’administration.
Bien que ces nouvelles décisions aient été
tardivement connues, les producteurs et les
fabricants de tous les pays ont préparé une
exposition des plus complètes, et le nombre des
comptoirs de vente est considérable.
La Havane, tout d’abord, est très brillamment
représentée ; plus de trente maisons, et les meil-
leures marques, ont envoyé leurs produits.
Divers pays de l’Amérique du Sud, entre autres
l’Equateur, le Chili, le Salvador, veulent profi-
ter de cette occasion pour faire connaître
d’excellents tabacs. Le Mexique compte beau-
coup sur la dégustation de ses cigares. Les
États-Unis vendent surtout leurs cigarettes de
tabac quelque peu sucré, enveloppées dans
d’amusantes vignettes.
En Europe, l’Espagne, la Belgique, la Russie,
l’Autriche et même la Suisse, s’attendent aux
plus hautes récompenses.
L’Orient fait des expositions pittoresques. La
régie impériale ottomane s’est installée dans un
charmant kiosque copié sur les meilleurs mo-
dèles de Constantinople et du Bosphore, une
véritable dentelle de stuc. Dans la rue du Caire,
le fournisseur habituel du khédive a aménagé
une boutique de beaucoup de caractère. Les
Indes anglaises et les Indes néerlandaises ven-
dent leurs tabacs dans le serai indien au Champ
de Mars ou dans le kampong de Batavia, sur
l’Esplanade des Invalides.
Les visiteurs peuvent donc se livrer aux
dégustations les plus variées.
LE CENTENAIRE DE 1889
C’est à Versailles, le 5 mai, que s’est ouverte
la série des fêtes et des solennités par lesquelles
notre troisième et tranquille République veut
honorer les cent ans accomplis de sa grande et
terrible sœur du siècle dernier.
Versailles, si froide et si triste, —en dépit de
sa nombreuse garnison, — qu’il semble qu’avec
l’ancienne royauté son dernier soupir de vie ait
été ramené, par le peuple, dans le grand Paris
voisin; Versailles qui ne sort de sa léthargie
qu’aux jours où l’émeute s’empare de la capi-
tale, et ne s’éveille à demi que pendant les
quelques dimanches d’été où la population pa-
risienne accourt se presser autour de ses mer-
veilleux bassins; Versailles a reçu, à l’occasion
du centième anniversaire de l’ouverture des
Etats généraux, la pompeuse visite de nos
modernes législateurs et du pouvoir exécutif.
C’est justice; car si Paris, en prenant et en
rasant la Bastille au mois de juillet 1789. a tran-
ché le lien qui rattachait la France du royalisme
à celle de la liberté populaire, c’est de Ver-
sailles que s’est élevé, dès Je 5 mai, la voix
puissante des revendications nationales.
Notre Président de la République, nos mi-
nistres, nos corps législatifs se sont groupés, à
deux heures, au seuil de ce vieil hôtel des Menus
qui semble avoir gardé les échos troublants de
la voix vibrante de Mirabeau; une plaque
commémorative, posée solennellement sur la
façade par la municipalité de Versailles, rap-
pelle que de ce lieu est sorti le premier cri
d’affranchissement national. Les troupes de la
garnison ont été ensuite passées en revue dans
la cour d’honneur du château, et ce défilé guer-
rier a reporté plus d’un esprit au jour où la
garde nationale de Paris y vint protéger
Louis XVI contre l’effervescence de la populace
et le ramener à Paris. Les » Grandes Eaux » ont