L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
nographe concurremment avec le téléphone.
A New-York, on parla et on fit de la musique,
et les paroles et la musique furent entendues
dans une salle à Philadelphie par un auditoire
nombreux, la distance étant de 140 kilomètres.
Voici comment se fit l’expérience :
On parla à New-York dans le phonographe,
celui-ci répéta son enregistrement dans le télé-
phone, qui, au moyen de son transmetteur de
charbon, le transmit à un motographe récep-
teur qui répéta à haute voix sur un autre pho-
nographeà Philadelphie. Ce dernier répéta dans
un second transmettsur de charbon sur un
second motographe récepteur qui, enfin, repro-
duisit à haute voix tout ce qui avait, été enre-
gistré, devant un grand nombre de personnes,
à Philadelphie, à l’institut Franklin, dont la
réputation est connue du monde enLier.
Dans cette expérience merveilleuse, on se
servit de trois des plus Remarquables inventions
de M. Edison : son téléphone à transmetteur de
charbon, son téléphone motographe et son
phonographe. Le son qui avait été produit à
New-York et qui avait été entendu à Philadelphie
passa successivement à travers cinq couches
d’air différentes, par conséquent s’entendit cinq
fois pendant le trajet. De.plus, le son, ou celte
onde sonore, anima, ou dans un sens passa au
travers de dix corps différents, sans parler du
courant électrique du verre, du fer; du mica, de
la craie, de la cire, du charbon, da l’acier et
du cuivre.
Cette expérience avait été faite par un des
ingénieurs les plus habiles du laboratoire de
M. Edison, M. Hammer, qui dirige à l’Exposition
l’installation des nombreuses inventions de
M. Edison. ;
Dans cette première lettre parlante, on en-
tendit l’inventeur comme s’il était assis devant
nous, parlant, toussant, riant et finissant sa
lettre en exprimant le plaisir qu’il aurait à enten-
dre ma voix, au lieu de sé fatiguer à lire ma
mauvaise écriture.
Par la môme poste,
on entendit aussi
des morceaux de
musique qui
avaient été joués
en Amérique, le
son des bruits de
son laboratoire,
tels que le bruit
du marteau frap-
pant suri’ençlume,
celui de la lime
sur le fer, et finis-
sant par les hour-
ras poussés par les
ouvriers en l’hon-
neur du départ de
la première voix
qui se mettait en
route. Tous ces
sons étaient si
clairs et si distincts
que l’on aurait
pu aisément se
passer de la voix
de M. Edison an-
nonçant chaque
fois leur origine.
Voici maintenant un aperçu de l'emploi que
l’on peut faire du phonographe :
1° On peut dicter la correspondance et la faire
transcrire à loisir par un employé ne sachant
qu’écrire et épeler correctement ; on peut la
faire transcrire par le typographe ou la faire
imprimer directement, ce qui a déjà été fait en
Angleterre et en Amérique.
2° On peut transmettre sa voix par la poste
au moyen du phonogramme. La voix de celui
T h. Al va Edison.
qui parle s’entend avec ses propres inflexions.
3° Les hommes d’État, les avocats, les prédi-
cateurs et l’orateur peuvent étudier leurs dis-
cours, ayant l’avantage inappréciable d’enre-
gistrer leurs idées au fur et à mesure qu’elles
se présentent, avec une rapidité que l’articula-
tion seule peut égaler; ils peuvent surtout s’en-
tendre parler comme les autres les entendent.
Les acteurs, les chanteurs peuvent répéter
leurs rôles et sont en mesure de corriger eux-
Edison parlant dans son phonographe.
mêmes leur articulation et leur prononciation.
Les journalistes peuvent parler, au lieu d’é-
crire, leurs articles, qui peuvent être imprimés
directement. La voix des hommes célèbres peut
être conservée à l’infini, aussi bien que les der-
niers adieux d'un mourant ou les paroles d’un
parent que l’on aime.
Pour vous donner une idée réelle de son uti-
lité, je n’ai qu’à vous dire que, depuis que je
suis arrivé à Paris, je reçois tous les matins une
lettre parlante, me donnant tous les détails de
ce qui se passe chez moi en mon absence. J’ai
pu entendre la dernière que j’ai reçue à une dis-
tance de trois mètres, sans en perdre un seul
mot.
Déjà la France a suivi l'exemple de l’Angle-
terre, car votre ancien président, M. Janssen,
a été le premier qui ait fait entendre la langue
française dans le laboratoire de M. Edison au
moyen du phonographe.
Quelle meilleure idée puis-je vous donner de
son utilité qu’en vous disant que je m’en sers
tous les jours comme d’un sténographe dictant
ma réponse à mes lettres, lorsque je les lis, et
la repassant à mon employé qui, à son loisir,
transcrit ce qu'il entend? Il n’a besoin que de
savoir écrire et épeier convenablemcnt.
Ce que je fais tous les jours, tout le monde
peut le faire facilement, quelle que soit sa na-
tionalité. J . : !.. C.
; On peut donc affirmer, sans craindre d’être
contredit,. que, quoique jeune et susceptible
d'être encore'.përfectionné par ;le génie de son
inventeur, le phonographe d’aujourd’hui est
un instrument pratique et capable de rendre de
grands services à tout le monde. . .
M. Edison a déjà établi un grand atelier spé-
cial pour la fabrication des phonographes. 11
peut en fabriquer deux cents par joür;' des
centaines d’ouvriers sont déjà au travail, et on
peut espérer que, sous peu, il.sera à même de
livrer au commerce des milliers d’instruments.
Vous avez aujourd’hui l’appareil avec ses
améliorations les plus récentes; quelques-unes
mêmes ont été faites en vue de cette séance et
me sont parvenues à Paris, il y a deux jours.
C’est donc la première apparition qu’elles font
en Europe.
Je ;vous ai ap-
porté aussi, pour
vous mettre à mê-
me de faire une
comparaison, non
seulement l’appa-
reil que vous con-
naissiez il y a dix
ans ; niais, ce qui
est encore plus
intéressant, l’ins-
trument ; même,
tout grossier qu’il
est, qui;le premier
permit à M. Edi-
son d’entendre sa
propre voix, et
qu’il laissa de côté
aussitôt qu'il eut
démontré la possi-
bilité de repro-
duire la voix hu-
maine.
L’utilité du pho-
nographe peut
s’envisager sous
bien des rapports :
au point de vue de
l’utilité pratique et commerciale, au point de
vue de l'amusement; mais il est incontestable
que c’est sous le rapport de l’utilité pratique et
commerciale qu’il est appelé à rendre les plus
grands services. Gouraud.