L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
111
laires; ce qui avait été fait de plus grand jus-
qu’à ce jour, la gare de Saint-Pancras, en Angle-
terre, n’a que 77 mètres de largeur.
Les constructeurs qui avaient été appelés à
collaborer à cette merveille étaient intéressés à
couvrir leur responsabilité et malgré cette res-
ponsabilité énorme qui pouvait leur incomber
■en cas de malheur, ils n’ont pas non plus, eux,
hésité à suivre M. Contamin et à accepter les
chiffres qu’il avait si bien calculés. Si, effrayés
par l’œuvre, effrayés par les conséquences
■effroyables qu’un accident pouvait amener,
MM. Contamin et les constructeurs avaient eu
la moindre hésitation, la dépense des 5,000,000
de francs prévus pour la construction métal-
lique aurait été dépassée.
Ce Palais des Machines avait été divisé pour
sa construction en deux grandes parties. La
halle proprement dite et les galeries annexes.
La construction de la halle avait été adjugée
à deux maisons des plus importantes de France :
La Société de Fives-Lille, pour le premier
lot;
La Société des Anciens Établissements Cail,
pour le deuxième lot.
Mais chacun de ces établissements, afin d’ar-
river en temps utile, avait été autorisé à sous-
traiter certaines parties des travaux qui leur
•étaient confiés.
Le 13 août 1886, les derniers dessins de con-
struction, y compris tous les détails dressés par
M. Contamin et ses collaborateurs, étaient
agréés par M. le Directeur général des Travaux
et M. Dutert, l’architecte du Palais, signait les
ordres de service.
Les constructeurs, mis en possession de ces
dessins, sans perdre un instant, rédigent leurs
commandes qui s’élèvent à plus de dix mille
tonnes de fers divers et les adressent aux forges.
Des délais leur avaient été donnés, mais il a
fallu compter sans la puissance de production
des usines et il y a eu un léger retard, retard
qui, du reste, a été rattrapé par l’activité qu’ont
mis les deux constructeurs, ou plutôt les deux
monteurs en chef de ces deux maisons, M. Balme
pour la Société de Fives-Lille, sous la direction
de M. Lau trac, ingénieur en chef de la Société,
et M. Mauprime, de la Maison Cail, sous la
direction de M. Barbet, ingénieur.
La Société de Fives-Lille commençait le mon-
tage de sa première ferme le 20 avril 1888, et la
Société Cail seulement un mois après. Le tra-
vail débutait par le milieu du Palais, et chaque
constructeur en s’éloignant devait arriver à
poser, l’un et l’autre, sa dernière ferme à la
même époque. La Société Cail avait promis
(l’arriver en môme temps que la Société de
Fives-Lille, et le 22 septembre 1887, M. Al-
phand, Directeur général des travaux, avait la
satisfaction de constater que les deux fermes
extrêmes étaient posées et terminées en même
temps : la Société Cail, malgré un mois de re-
tard, était arrivée à rattraper le temps perdu.
Il ne faudrait pas croire que la Société de Fives-
Lille, pour sa part, avait ralenti le montage. Ses
prévisions avaient été dépassées et M. Balme,
le chef monteur, avait pu, en modifiant son
outillage, terminer plus vite sa besogne, de
telle sorte qu’à un moment donné l’usine ne
pouvait l’approvisionner.
Une travée complète de la salle des Machines
pesait 370,000 kilogrammes; les premières tra-
vées avaient demandé 16 jours pour leur pose et
à la sixième travée, M. Lautrac et M. Balme, avec
le même nombre d’ouvriers, arrivaient à effec-
tuer ce montage en moins de 8 jours 1/2.
En comptant un temps moyen He 13 jours
par travée, la fabrication des pièces à l’atelier
avait été disposée pour qu’il n’y eût pas d’arrêt,
et cependant il s’en était produit un qui a obligé
la Société de Fives-Lille à travailler jour et
nuit pour approvisionner le chantier de Paris.
LE
NOUVEAU PHONOGRAPHE D’EDISON1
Je sais trop bien que, seules, les relations que
j’ai avec M. Edison, que je connais depuis vingt
ans, — car j’eus lebonheur de trouver et d’ap-
précier cet bomme vraiment surprenant avant
que le public n’en ait entendu parler, — et la
part que j’ai prise, pendant ces années, à faire
adopter par le public l’application journalière
de ses principales inventions, sont une excuse
pour le privilège et l’honneur que vous m’avez
accordés de m’adresser à vous aujourd’hui.
Français d’origine, et considérant que mon
père avait été le premier à recevoir en Améri-
qùe, de M. Daguerre, la photographie des for-
mes humaines, je me figure le plaisir qu’il
aurait éprouvé à me voir être le premier à in-
troduire en France, de l’Amérique, la photo-
graphie de la voix. Vous nie pardonnerez donc
l’ambition que j’aie eue, après avoir reçu le
phonographe en Angleterre, d’avoir pensé que
le pays qui avait vu naître non seulement mes
ancêtres, mais encore, ce qui est bien plus iip
portant, l’art de la photographie, devait être le
premier à recevoir de moi cet instrument mer-
veilleux.
Heureusement pour vous et aussi pour moi,
en présence d’hommes aussi érudits, je n’ai pas
besoin d’expliquer les lois ni les phénomènes
remarquables du son et des ondes sonores qui
forment la base de l’invention qui nous inté-
resse aujourd’hui et dont la connaissance est
indispensable pour bien se rendre compte de ce
merveilleux instrument, surtout si l’on se rap-
pelle que, dans la musique, le nombre de vibra-
tions varie de 40 à plus de 4,000 par seconde,
et qu’en dehors de la musique et des sons har-
monieux, on en obtient jusqu’à 40,000; ajoutez
en outre la variété d'intensité et surtout de
timbre, les causes infinies de son, animées et
inanimées, humaines et animales, en compre-
nant dans les causes humaines tous les sons
produits par la langue, le langage de tous les
peuples du monde entier, les langues des pays
civilisés et celles des pays sauvages, en un mot,
tous les sons qui sont susceptibles de laisser une
impression sur l’oreille humaine.
Le phonographe perfectionné d’aujourd’hui
enregistre et répète tout, non seulement avec
la plus grande précision,mais sans jamais faire
d’erreurs, et apparemment jusqu’à l’infini.
Un de vos plus célèbres compositeurs,
M. Gounod, s’écria, après avoir entendu le
phonographe répéter son Ave Maria qu’il avait
chanté en s’accompagnant lui-même : « Que je
suis heureux de n’avoir pas fait de fautes!
Comme c’est fidèle! mais c’est la fidélité, sans
rancune; et qu’est-ce qui accomplit tout ceci?
quelques petits morceaux de bois, de fer et de
cire, et de ces petits riens qui, en apparence
insignifiants, comme dans toutes les grandes
1. Nous croyons devoir donner ici, in extenso, la
communication faite par M. Gouraud, au nom de M. Edi-
son, à l’Académie des sciences de Paris.
Elle a un très grand intérêt poxir nos lecteurs, le
phonographe perfectionné d’Edison devant être une
des curiosités de l’Exposition.
inventions, en sont pour ainsi dire l’âme et la
partie essentielle, et surtout le génie de l’homme
qui l’a inventé. »
Familiarisé comme je le suis avec son usage
journalier, je me permettrai de dire que, sous
quelques rapports, il est legal de l’homme,
car il possède un des plus grands dons que
Dieu ait faits à l’humanité, celui de la parole;
sous un autre rapport, il lui est même supé-
rieur, car il peut répéter après une seule leçon
ou une seule audition, non seulement des dis-
cours dans toutes les langues, mais aussi le
chant, la musique de tous les instruments,
même celle d’un orchestre complet, et cela
presque à l’infini. Il est vrai que, malgré ces
facultés remarquables que l’homme ne possède
pas, il fait preuve de son infériorité par son
manque absolu d’imagination et d'initiative.
Le phonographe est encore dans son en-
fance : il est né, il y a dix ans, et, comme vous
vous le rappelez, il vous fut présenté dans
toutes ses imperfections par votre honorable
et bien regretté collègue, M. du Moncel.
Il resta dans son imperfection pendant une
dizaine d’années; M. Edison, était occupé à
perfectionner d’autres inventions, telles que le
téléphone. Tout le monde connaît son trans-
metteur de charbon, la lumière électrique,
cotte petite lampe incandescente qui répand
aujourd’hui plus ou moins, dans tous les pays
du monde civilisé, sa lumière étincelante.
Ce premier instrument, auquel M. Edison
donna bien à propos le nom de phonographe,
démontra tout de suite que la parole pouvait
s’enregistrer et se reproduire avec la plus
grande précision par des moyens mécaniques,
et rendit le nom de son inventeur cé.èbre dans
le monde entier. Il n’avait alors que trente ans.
Le phonographe, tel qu’il était en 1887, on
peut l’affirmer, réalisait déjà le rêve des poètes,
l’espoir, des philosophes et les prédictions des
enthousiastes.
C’est un fait remarquable que’ cet instru-
ment, tout d’abord reçu avec une incrédulité
qui se changea bientôt en admiration générale
et qui a dû occuper l’esprit des inventeurs de
presque toutes les nations, ne fat perfectionné
que lorsque son inventeur s’en occupa de nou-
veau.
M. Edison n'avait pas abandonné son pho-
nographe qui, sous sa première forme, n’était
qu’un objet de curiosité, ne répétant qu’un
petit nombre de fois, les répétitions devenant
d’ailleurs plus faibles et moins exactes à chaque
reproduction.
Pendant ces dix années, à ses moments de
loisirs, il aimait à retourner à son travail, mais
il ne le reprit sérieusement qu’il y a deux ans.
Le bruit se répandit bientôt qu’il était parvenu
à reproduire fidèlement les sons de la voix
humaine et de la musique, et lorsque, pour la
première fois, il y a quelques mois, j’entendis
chez moi, en Angleterre, par l’intermédiaire du
phonographe, la voix de M. Edison avec toutes
ses inflexions, vous pouvez vous imaginer le
plaisir que j’éprouvais.
J’ai prononcé à haute voix et en anglais le
rapport que je vous lis aujourd’hui; il fat trans-
crit et traduit en français. Un Français lut cette
traduction devant le phonographe et,après bien
des répétitions, j’ai pu corriger mon accent; et
si j’ai fait quelques erreurs, c’est bien ma faute
et non celle du phonographe.
Comme dernière application, et une des plus
intéressantes, je vais vous dire ce qui a été ob-
tenu dernièrement en faisant travailler le pho-