L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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seraient une école où l'Europe viendrait
prendre dos leçons. Sous l’égide de la
liberté, les arts utiles étaient appelés à
un aussi brillant avenir, et ces arts four-
niraient à la France les moyens de sur-
passer ses rivaux en même temps que de
vaincre ses ennemis !
Ces rivaux, ccs ennemis, c’étaient les
Anglais, contre lesquels l’opinion publi-
que, en ce moment même, se montrait
fort excitée, car l'Angleterre voulait la
continuation de la guerre. Il avait été
impossible au Directoire d’amener nos
voisins à suivre l’exemple de l’Autriche
et à faire la paix.
En conséquence, le gouvernement son-
geait à une attaque directe contre les An-
glais, à une descente dans leur île. Ces
projets, il n’en faisait point mystère; il
les déclarait hautement, publiquement.
Une armée avait été formée, qui avait
reçu le nom d’armée d’Angleterre, et le |
commandement en avait été donné au
vainqueur, au héros de l’Italie, le jour
même de sa rentrée dans la capitale.
Il y avait pourtant un autre terrain sur
lequel il importait aussi de lutter contre
les Anglais : c’était le terrain industriel.
L’exposition projetée était un des moyens
de parvenir à ce but, en excitant l’émula-
tion chez les fabricants français. L’indus-
trie nationale commençait à renaître ; le
commerce reprenait son activité et rou-
vrait « tous les canaux de l’opulence pu-
blique » ; quantité d’étrangers, « attirés
par leurs affaires et la pompe des fètep
nationales », remplissaient « les ports,
les routes et les villes » ; c’est ce qu’avait
constaté le président du Directoire, lors
de la réception solennelle de Bonaparte
à son retour d’Italie.
Le moment était donc bien choisi pour
convoquer les industriels français. Sans
doute on s’y était pris bien tard, vu le peu
de temps qui s’écoulerait avant la date
d’ouverture de l’Exposition, pour qu’on
pût espérer « de donner à cette solennité
vraiment nationale une étendue et un
éclat dignes de la République » ; mais le
ministre comptait, comme il le dit dans
sa circulaire, sur le zèle des fabricants.
Une autre année, la cérémonie aurait
plus d’ensemble et de majesté, car le
ministre ne songeait à rien moins qu’à
renouveler cette solennité d’année en
année.
Cependant François de Neufchâteau
annonçait que, même dans ces conditions
peu favorables, l'intention du gouverne-
ment était de « contribuer par tous les
moyens possibles à l’embellissement du
tableau varié que présenterait cette réu-
nion de nos richesses industrielles ». Il
faut, disait-il, « que le peuple français
conçoive une juste idée de sa dignité, c(
qu’il soit le témoin de la considération
attachée aux arts utiles, à ccs arts dont
l’exercice fait son occupation et doit faire
son bonheur ». Les autorités départemen-
tales étaient donc invitées à donner à
l’annonce de celte exposition la plus
grande publicité.
III
Le programme portait que l’Exposition
aurait lieu dans l’endroit où, depuis le
commencement de la Révolution, se célé-
braient toutes les fêtes nationales, c’est-à-
dire au Champ de Mars. Elle devait pré-
céder immédiatement la fête annuelle
pour la fondation de la République, celle
du 1er vendémiaire an VII, par consé-
quent avoir lieu pendant les derniers jours
de l’an VI, ces jours complémentaires,
au nombre de cinq, qui fermaient, comme
nous l’avons dit, l’année républicaine.
Au Champ de Mars donc, à la suite do
l’amphithéâtre qui en occupait le milieu,
il devait être préparé une enceinte carrée,
entourée de portiques, sous lesquels se-
raient déposés les objets envoyés par les
fabricants et manufacturiers français.
Pour être admis, il suffisait de justifier de
sa nationalité (sur la présentation de sa
patente) et d’assurer qu’on n’exposerait
que des objets de sa propre industrie.
Aucun genre n’était exclu; mais le gou-
vernement sc reposait sur les fabricants
eux-mêmes du soin do ne produire que ce
qu’ils auraient de plus parfait. On leur
garantissait que pendant toute la durée
de l’Exposition l’autorité veillerait d’une
manière spéciale à la sûreté des propriétés
et aussi à celle des personnes, ce qui, en
ce temps-là, n’était pas une précaution
inutile.
L’ouverture solennelle de l’Exposition
devait être faite, le matin de la re sans-
culottide, par le ministre de 1 intérieur,
accompagné des autorités et du jury de
l’Exposition, jury nommé par le gouver-
nement et qui devait être choisi parmi les
meilleurs manufacturiers et les savants
les plus connus dans les arts industriels.
(4 suivre.') Guillaume Depping.
LE PALAIS DES MACHINES
A l’exposition de 1889.
Pour abriter les merveilleuses inventions, les
machines colossales que la science a créées
depuis notre dernière exposition universelle, il
fallait élever un palais qui fût à la fois digne
de recevoir les premières et capables de conte-
nir les secondes : il fallait faire énorme et beau,
c’est-à-dire qu’il fallait résoudre un problème
pour ainsi dire insoluble.
Cette chose impossible, sous la haute et
remarquable direction de M. Alphand, nos
architectes et nos ingénieurs l’ont tentée et,
aujourd'hui, ce qui paraissait n’être qu’un rêve
irréalisable, est presque un fait accompli.
M. Dutert, l’éminent architecte, et les trois ingé-
nieurs, dont nous donnons les portraits, ont fait
ce tour de force, ont exécuté ce chef-d’œuvre de
la construction en fer. L’ingénieur en chef est
M. Contamin, ingénieur de la Compagnie du
Nord, professeur à l’Ecole centrale des arts et
manufactures; ses deux collaborateurs sont
MM. J. Charton, qu’il s’est adjoint comme second
ingénieur en chef, et Pierron, comme ingénieur
ordinaire.
Le palais des machines aura plus de 420 mè-
tres de longueur. Sa gigantesque charpente est
constituée par une série de fermes métalliques,
dont la portée est de 14Om,6O.
Jamaispareilledimension n’avait été atteinte :
les fameuses fermes métalliques de la gare de
Saint-Pancras, à Londres, les plus grandes qui
eussent été construites jusqu’à ce jour, n’ont
que 73 mètres d’ouverture. Les nouvelles fermes
présentent, en outre, cette double particularité :
elles n’ont pas de tirants et elles sont articulées,
appuyées sur des pivots à la base comme au
sommet.
Leur hauteur, au sommet, est de 48 mètres.
Elles pourraient abriter l’arc de triomphe de
l’Etoile ! Mais tout, dans cette admirable cons-
truction, est si bien proportionné, que l’on ne
s’aperçoit réellement de la hauteur de ces fermes
que lorsqu’on se trouve sur leur faite. Nous
donnons donc une vue, prise du sommet d’une
ferme, afin que nos lecteurs puissent se faire
une idée exacte de l’impression de grandeur
qu’ils éprouveront en visitant cet immense
vaisseau de fer.
On conçoit aisément les difficultés que pré-
sentait le montage de ces fermes. Ces difficultés
ont été vaincues de façon différente par les
deux soumissionnaires, la Compagnie de Fives-
Lille et la Société des anciens établissements
Cail.
Le système employé par la Compagnie de
Fives-Lille est fort original et fort rapide. L’in-
génieur de cette compagnie, M. Lantrac, a
imaginé un échafaudage qui se compose de trois
grands pylônes. Ceux-ci, montés sur galets et se
mouvant avec facilité, malgré leur dimension,
permettent de monter chaque ferme en quatre
tronçons pesant chacun près de 50 tonnes.
On assemble d’abord et on rive sur le sol les
morceaux constituant les quatre tronçons. On
procède ensuite à la « mise au levage de côté »,
c’est-à-dire qu’on soulève les piliers des deux
pieds au moyen de puissants palans, en les fai-
sant pivoter autour de l’articulation inférieure.
Quand ces deux masses métalliques sont mises
en place dans leur position verticale, on procède
à la « mise au levage du milieu », c’est-à-dire
qu’on élève les deux tronçons de la partie mé-
diane jusqu’à ce qu’ils atteignent le sommet de
l’échafaudage. Cette opération exige une préci-
sion mathématique et une véritable perfection
dans tous les engins du levage.
La vitesse ascensionnelle de ces tronçons,
malgré leur poids considérable, est de dix mètres
environ par heure : une fois les pylônes mis à
l’emplacement voulu, il suffit donc de quelques
heures pour élever dans les airs et faire ressem-
bler à de légères armatures, ces masses de fer,
d’un aspect si lourd quand elles gisent sur le
sol.
La Société des anciens établissements Cail