L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
à côté de la reine. Sur une table, des mets et
des coupes, en haut, dans le feuillage, la tête
salée et préparée du monarque vaincu par les
troupes assyriennes ! Ce trait, tout répugnant
qu’il est, est significatif. Les Assyriens vécurent
de la guerre : le jour où ils cessèrent de com-
battre, c’en fut fini de leur puissance.
Un pareil peuple, on le conçoit, ne songeait
guère aux tranquilles jouissances de l’art, et ce
n’est pas sur les bords du Tigre que l’on doit
chercher les restes grandioses d’une civilisation
vraiment artistique. La reconstitution de la
maison assyrienne n’est pas saps présenter des
difficultés. Les Chaldéo-Assyriens, n’ayant pas
à leur disposition la pierre comme en Égypte,
construisaient leurs demeures en argile, en bri-
ques crues ou cuites, c’est-à-dire qu’elles étaient
incapables de résister aux intempéries. Aussi
lés ruines du bord du Tigre et de l’Euphrate
sont-elles absolument informes. La maison
chaldéo-assyrienne a l’aspect d’un coffre aux
faces horizontales ou verticales ; la disposition
en talus ne s’y rencontre pas. Les murs en briques
sont recouverts de briques cuites au four, soi-
gneusement jointes et souvent émaillées. Ils
sont très épais, pour intercepter les rayons
solaires, extrêmement chauds dans ce pays, et
souvent cette épaisseur même obligeait l’archi-
tecte à éclairer l’édifice par Je plafond. La fenê-
tre fut donc presque inconnue en Assyrie.
Un petit peuple établi en Syrie, les Phéniciens,
que l’on a justement appelés les Anglais de l’an-
cien monde, trafiquaient aussi bien avec l’As-
syrie qu’avec l’Égypte. Ils subirent donc l’in-
fluence artistique de ces deux pays et ils la
propagèrent, avec leurs marchandises, dans
tout Je bassin de la Méditerranée. Les villes de
la Phénicie étaient entourées de fortes murailles
destinées à les protéger contre l’ennemi. Comme
elles étaient très peuplées, les maisons avaient
une assez grande hauteur, afin de pouvoir loger
toute la population, et les rues, très étroites, mé-
nageaient un espace très restreint. Les riches
négociants avaient hors des murs des maisons
de campagne où le terrain ne manquant pas
La. Fontaine monumentale de Coutan : Vue de profil. — (D’après la photographie de M. E. Daudin.)
comme en ville, ils pouvaient se livrer à 1 aise
à leurs caprices les plus ruineux. Les maisons
étaient pourvues de terrasses bétonnées, d’où
l’eau descendait dans les citernes particulières,
car le manque d’eau courante nécessitait la
conservation de l’eau de pluie. Elles avaient
des cours intérieures entourées de portiques, et,
aux étages supérieurs des galeries en bois cou-
vertes, en forme de loggia. Le type représenté
par M. Garnier se distingue particulièrement
par la place importante accordée au bois dans
la construction et l’ornementation. La décora-
tion ne manque ni d’élégance ni de légèreté.
Une sorte de berceau carré surmonte l’angle
gauche de i’édifice, dont l’ornementation est
très soignée.
M. Garnier a tenu à nous donner une resti-
tution de la maison hébraïque. Nous n’avons
pas à le regretter, mais n’aurait-il pas été plus
intéressant de sacrifier l’architecture hébraïque
et de consacrer un édifice à cet architecture
perse que les fouilles de M. et Mme Dieulafoy ont
fait connaître au public français? Simple
remarque, qui ne veut être aucunement déso-
bligeante. La maison Israélite, faite de briques
crues, avait un plafond en poutres de palmier
ou de sycomore, que recouvrait une couche de
terre battue. « Murs et toits, disent MM. Perrot
et Chipiez, devaient être épais, pour que la tem-
pérature de l’intérieur se ressentît moins des
variations du dehors. Ce n’est pas tout à fait la
maison du fellah syrien d’aujourd’hui; la
demeure de celui-ci est souvent surmontée d’une
coupole qui lui donne plus dë hauteur et de
solidité.
« Chez les Hébreux, toutes les habitations,
comme beaucoup encore de celles qu’on ren-
contre dans les villages syriens, se termi-
naient par une terrasse sur laquelle on passait
la nuit dans certaines saisons; aussi, les lois
religieuses, qui prennent souvent le caractère de
ce que nous appelons des règlements de police,
avaient-elles recommandé d’entourer cette ter-
rasse d’un parapet pour que les dormeurs et les
enfants ne risquassent pas de rouler à terre. La
plupart des maisons n’avaient qu’un rez-de-
chaussée; pourtant certaines maisons, certaines
fenêtres, sans doute surtout celles de l’apparte-
ment des femmes, étaient munies de treillis
analogues à ceux des moucharabiés de la
maison arabe contemporaine. » Ajoutons que la
maison hébraïque emprunte au type égyptien
sa forme générale, massive et carrée, mais sans
faire usage des colonnes, qui dans les monu-
ments anciens de l’Égypte, jouent un si grand
rôle et qu’on retrouve également dans ceux de
la Phénicie. A l’intérieur était une cour, avec
puits ou citerne,
(A suivre.) P- Legrand.