ForsideBøgerL'exposition De Paris 188… deuxième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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130 L’EXPOSITION DE PARIS LA TOUR DE 300 MÈTRES La Tour Eiffel présente, au point de vue descriptif, un caractère spécial qui n’est pas la moindre de scs originalités. Il semble toujours que l’on a tout dit sur ce curieux monument, et il reste toujours quelque chose à dire. M. Janssen vient de nous le montrer une fois de plus, dans le beau discours qu’il a adressé à M. Eiffel lors do la réunion do la conférence « Scientia » ; il a indiqué tous les usages scientifiques divers et variés auxquels peut se prêter un pylône de 300 mètres de hauteur élevé dans l'enceinte de Paris. Dos laboratoires vont s’installer sur le sommet, laboratoires bien outillés, peu- plés d’observateurs consciencieux cl sa- vants. On ne risque guère d’ètre mauvais prophète en annonçant que ces hommes de science passeront tout naturellement d’une recherche à une autre, l’une suggé- rant la suivante, et que les « Annales de l’Observatoire de la Tour de 300 mètres » nous réservent dos surprises. Nous ne saurions anticiper sur ces travaux dont M. Janssen, lui-même, n’a pu indiquer, à l’heure actuelle, que les grandes lignes. Mais il y a encore un certain intérêt à revenir en arrière pour répondre à des questions que chacun sc pose tout naturellement et dont on n’obtient pas aisément la réponse. Comment s’étudie et sc construit un colosse métallique de cette sorte? Pre- mière et importante question. C’est ici que l'art moderne do nos in- génieurs intervient avec toute sa valeur. Le principe consiste à assembler rigou- reusement ensemble, dans des conditions do précision parfaites, une quantité pro- digieuse de petits éléments métalliques de résistance parfaitement connue et dé- terminée. Peu ou pas de grosses pièces : c’est avant tout une œuvre dt patience que l’on accomplit. Los grandes lignes de la construction étant déterminées, chaque gros tronçon de l’édifico est tout d’abord calculé dans les conditions ?cs plus défavorables aux- quelles son poids, sa charge et la dange- reuse force extérieure du vent peuvent le soumettre. Il sera ensuite composé de petits éléments en métal assujettis entre eux, cousus en quelque sorte par des clous en fer ou rivets, avec ccttc condi- tion essentielle que renscmble assujetti réponde, et au delà, à la condition pri- mordiale de résistance au renversement. La Tour, dans son ensemble, est la résul- tanteà une multitudede forces intérieures et extérieures géométriquement combi- nées. Il suit de là que l’on n’a pas besoin de calculer un par un, comme le public le croit généralement, tous les éléments d’une pareille œuvre. Un grand calcul préliminaire suffit. On sait, dès lors, que pour arriver à donner à telle partie de l’ouvrage telle dimension, il convient de la former de tant de pièces de longueur, d’épaisseur cl de résistance uniforme, provenant de la forge. Le calcul propre- ment dit en X, en Y et en Z, a donc un rôle relativement restreint dans l’exécu- tion proprement dite : il ne fait que suc- céder pour un temps à la conception pre- mière, et dès que le profil général est bien arrêté, la pratique ctl’expérience acquises dans les travaux analogues antérieurs deviennent les grandes directrices de l’œuvre. On dessine beaucoup, on calcule rela- tivement peu pour construire une tour do 300 mètres. C’est aux méthodes de la statique graphique que recourent sur- tout nos ingénieurs. Ces méthodes con- sistent à représenter par des longueurs proportionnelles à leur valeur, sur des épures, les forces prévues par le calcul initial. La dimension à donner aux pièces en résulte, matérialisée, définie, appa- rente aux yeux. C’est ainsi que l’on aura exécuté, pour la Tour Eiffel, 500 dessins d’ingénieurs cl 2,500 feuilles do dessins d’ateliers : une montagne de dessins a préparé la montagne de fer du Champ do Mars. Cos constructeurs précis, dontla France s’honore à juste titre, ont entièrement renoncé à la méthode ancienne encore fort usitée à l’étranger et qui consiste à faire venir sur lo chantier des fers d’un modèle commercial déterminé, puis à tailler dedans, en pleine matière, les éléments nécessaires à la construction des diverses parties de l’ouvrage. Les forges situées au loin — c’étaient pour la Tour Eiffel nos belles et intéressantes forges de l’Est — envoient dans l’usine île Levallois-Perrct les fers déjà forgés et, en quoique sorte, taillés sur mesure, d’après les minutieuses épures du bureau des études. L’usine de Levallois les trace, les coupe et les perce avec un soin extreme : sur lo chantier il n’y a plus qu’à faire l’assemblage. Le travail des traceurs, à l’usine, c’est- à-dire des ouvriers spéciaux chargés d’indiquer exactement le contour extrême des pièces et l’emplacement des trous de rivets, est un travail extrêmement curieux. C’est le triomphe de la précision : une erreur Xim dixième de millimètre dans remplacement d’un trou peut mettre toute la pièce hors de service. Aussi y regarde-t-on de près : aucune dimension respective ou cote n’est mesurée; toutes sont calculées par logarithmes au dixième de millimètre: M. Eiffel et ses ingénieurs sont intraitables sur ce point. Il en résulte celte conséquence singu- lière que l’usine de Levallois-Perret, de laquelle sont sorties, dans cos derniers temps, les constructions métalliques les plus colossales du monde entier, n’est, par elle-même, ni colossale, ni bruyante. Son aspect est inattendu. Il nous souvient d’y avoir été convoqué, en bonne compagnie de membres de l’institut, afin d’examiner la merveilleuse coupole commandée à M. Eiffel, pour son Observatoire de Nice, par M. Bi- schoffsheim. i Au loin sur lo chantier, lors de notre arrivée, s’incurvait l’imposante carapace de fer, hémisphérique, de 23 mètres de diamètre et de 100,000 kilogrammes de poids. L’impression était grandiose : elle s’accentua encore, lorsque l’on put péné- trer à l’intérieur sous cette voûte de métal qu’un mécanisme ingénieux faisait tourner sans bruit au-dessus de la tête des visiteurs. Quelques-uns d’enlre nous demandèrent à visiter l’usine près de laquelle so trouvait celte merveille et dont elle venait de sortir : pour être sa- vant, on n’en a pas moins conservé, par- fois, quelque levain de poésie. M. Eiffel accorda gracieusement, scion son habi- tude, la permission de tout visiter, et la déception fut complète. Ni haut fourneau vomissant la flamme, ni marteau-pilon faisant jaillir du métal incandescent des gerbes d’étincelles ! Rien que de grands ateliers calmes avec beaucoup de barres do for dedans, entassées, des machines- outils à percer, à cintrer, à aléser, bien simples. Pas de Cyclopes, pas d’efforts prodigieux capables de faire frémir ! Dans les annexes d’une maison de campagne propre et riante, le bureau des études travaillait silencieux sous la direction de scs ingénieurs, MM. Nouguier, Kœchlin, Gobert, les dignes lieutenants de M. Eiffel. Nous avons revu depuis l’usine Eiffel au moment du grand « coup de feu » de la construction de la Tour, alors que l’œuvre cyclopéennc semblait jaillir du sol d’un jet ininterrompu et grandir à vue d’œil. C’était le même calme, la meme absence de bruit et d’agitation. Et c’est de ccttc tranquillité non seulement appa- rente, mais réelle, que la Tour de 300 mè- tres est sortie : elle a tout entière passé par ces ateliers paisibles, elle est née dans ce bureau d’études pensif. Le con- traste est frappant. M. Eiffel possède, avant tout, cette qualité maîtresse des grands construc- teurs modernes : la centralisation et la méthode. Remarquable mettcur en œuvre, il est bien le centre moral autour duquel s’agitent et sc résolvent les grands pro-