L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
—
du passé et les préceptes classiques.
Le succès a d’ailleurs pleinement ré-
compensé le sacrifice, car la Galerie des
Machines, avec sa fantastique portée de
cent quinze mètres sans tirants, son en-
volemcnt audacieux, ses proportions
grandioses, sa décoration intelligemment
violente, est une œuvre d’art, aussi belle,
aussi pure, aussi originale, aussi élevée
qu’un temple grec ou une cathédrale go-
thique. En entrant sous cet immense
vaisseau, — véritable église érigée à la
vapeur, la divinité moderne, — on se
sent pris d’enthousiasme et, quelque
Parisien, quelque sceptique, quelque
blagueur qu’on soit, on entend furieuse-
ment vibrer cette pauvre corde du chau-
vinisme qu’on faisait semblant de croire
brisée pour toujours.
S'il était indispensable de mêler la cri-
tique à l’éloge, je reprocherais à M. For-
migé d’avoir bouché avec des cloisons en
bois les vastes baies de son Palais des
Beaux-Arts et de s’ètre aperçu, — trop
tardivement, — qu’il était impossible
d’accrocher des tableaux après des vitres.
Je le querellerais aussi pour avoir sacrifié
une place dévorante à son escalier, au
détriment d’œuvres d'art qui vont se
morfondre dans des vestibules. De son
côté, M. Bouvard, un artiste très person-
nel et de grand talent en tout cas, a, je le
crains, exagéré l’échelle de sa décoration
et, en voulant éviter la mièvrerie et les
maigreurs, est peut-être tombé dans la
lourdeur et la vulgarité. Mais ces réserves
sont-elles bien de saison en cc moment?
On n’exécute pas un aussi prodigieux
tour de force, on n’enfante pas de pareils
monuments en deux ans, sans commettre
des erreurs que l’étude aurait facile-
ment écartées; du reste, les exception-
nelles qualités dont les constructeurs ont
fait prouve effacent les quelques taches
sur lesquelles je ne veux pas équitable-
ment m’appesantir.
En résumé, la France doit s’enorgueil-
lir d’un clïort qui, au point de vue aussi
bien cérébral que manuel, autant par la
conception que par l’exécution, dépasse
les prévisions les plus optimistes, qui
place notre architecture nationale à la
tête d’un mouvement dont l’importance
marquera dans l’humanité et qui prouve
une fois de plus de quelles inimitables
merveilles sont capables l’artiste et l’ou-
vrier français dès qu’ils s’unissent dans
un amour commun pour Futile, le vrai,
le grand et le beau.
Frantz Jourdain.
MADAME CARNOT
L élévation de M. Sadi Carnot à la dignité
présidentielle, due à sa haute réputation d’hon-
nêteté autant qu’à sa valeur personnelle, et
aux souvenirs attachés à son nom illustre, lui a
permis en peu de temps de montrer qu’il méri-
tait cet insigne honneur.
Appelée à partager une partie des devoirs
du chef de l'État, Mme Carnot, qui jusque-là
-avait toujours subordonné ses obligations
mondaines à ses soins de mère de famille, a
pris à cœur sa lourde tâche et en toute cir-
constance s’est montrée à la hauteur de sa
dignité.
Le palais de l’Elysée a pris avec ses nou-
veaux hôtes une physionomie différente, et
l’aménité correcte du président de la Répu-
blique, la grâce de la maîtresse de la maison
y ont attiré dans les réceptions intimes comme
dans les fêtes officielles une société choisie
gardant de l’accueil qui lui était fait le plus
charmant souvenir.
Nous avons pensé que nos lecteurs verraient
avec plaisir dans notre journal la physionomie
de celle qui, en dehors de la politique, sait
seconder avec tant d’esprit et de tact le chef
de l’État.
Il nous est ainsi permis de rendre un hom-
mage mérité à la femme de cœur et de dévoue-
ment qui ne se sert de ses privilèges que pour
faire des heureux autour d’elle et répandre
ses bienfaits sur tous les déshérités qui ont
recours à sa bonté. Ce rôle de souveraine n’a
jamais été rempli plus modestement et c’est
ainsi que Mme Carnot a conquis toutes les
sympathies.
On n’écrit pas la biographie d’une femme;
d'ailleurs l'existence de M1“” Carnot, étroitement
liée à celle de son mari, n’a pas d’autre histoire
que la sienne. Nous nous bornerons donc à en-
tou 1er son nom de ceux des membres de sa
famille.
Mme Carnot, née à Paris, est la fille deM. Du-
pont-White, avocat au Conseil d’Etat et à la
Cour de cassation, secrétaire général du minis-
tère de la Justice en 1868, écrivain distingué
dont les ouvrages font partie de toutes les biblio-
thèques sérieuses.
De son mariage avec M. Sadi Carnot, ingé-
nieur alors, et qui date de 1864, Mmc Carnot a
eu quatre enfants : Mmc Cunisset-Carnot, dont
le mari est avocat général à Dijon; M. Sadi,
aujourd’hui sous-lieutenant au 27e de ligne;
M. Ernest, élève externe à l’École des Mines; et
M. François, élève de l’École Monge.
LA TRAVERSÉE DE LA MANCHE
La traversée de la Manche, bien qu’au Pas-
de-Calais, avec les progrès de la construction
navale, elle ait été réduite à un temps bien
court, n’est pas toujours facile ni surtout
agréable pour les passagers, comme l’indique
notre dessin, pris d’après nature. Il souffle un
coup de vent du Sud-Ouest, qui secoue furieu-
sement la mer, les lames sautent à bord, et les
passagers qui ont voulu quand même rester
sur le pont, craignant plus encore l’air ren-
fermé et les odeurs spéciales des chambres que
le froid, la pluie et les embruns, se groupent
autour de la machine, où ils trouvent à la fois
un peu de chaleur, et un abri, hélas ! insuffi-
sant. Le bateau roule bord sur bord; du côté
du vent, la mer embarque à chaque lame de
petits paquets de mer; sous le vent, l’eau
s’accumule et, avant de s’écouler dans la mer,
parcourt le pont en baignant les pieds des
passagers, que le mal de mer rend insensibles
à ce surcroît de désagrément. Chacun s’arme de
patience, en supportant douloureusement le
temps qui reste à courir jusqu’au moment
bienheureux où l’on entrera dans les jetées.
Le passage du détroit ne dure maintenant que
1 heure 20 à 1 heure 30 (par Calais et Douvres)
et environ un quart d’heure de plus par Boulo-
gne et Folkestone. La distance est de 21 milles
marins entre les deux premiers ports, soit à
peu près 45 kilomètres. Les bateaux qui font ce
service marchent donc à une vitesse d’environ
16 nœuds à l’heure. C’est une très belle rapi-
dité, surtout eu égard aux dimensions res-
treintes de ces navires, qui doivent conserver
une grande facilité d’évolutions, et que trop de
longueur gênerait dans les ports qu’ils ont à
desservir.
On se propose cependant de construire des
bateaux plus puissants, et qui dès lors pourront
faire plus de vitesse encore, la construction de
ports profonds étant désormais un fait accom-
pli : on inaugurera, en effet, dans quelques
jours, les nouvelles installations du port de
Calais, et l’on travaille activement à l’achève-
ment du port des eaux profondes de Boulogne.
UNE VISITE
AUX GALERIES DE L'ALIMENTATION
COMPAGNIE LIEBIG
Le visiteur qui désire se rendre de l’Esplanade
des Invalides au Champ de Mars doit forcément
suivre les galeries d’Exposilion française et
étrangère de l’Agricullure et de l’Alimentation
établies le long du quai d’Orsay, il se promet
bien de traverser rapidement ces galeries, crai-
gnant de n’y rien voir que d’absolument
technique et par conséquent d’ennuyeux, car
pour le plus grand nombre ces deux mots sont
synonymes, mais dès qu’il y est entré, le
visiteur est entièrement captivé, séduit, et
retenu longtemps par l’intérêt puissant qu’offre
cette exposition aussi spéciale que curieuse.
Toutes les industries agricoles, vinicoles et
culinaires y étalent leurs trésors chers aux
gourmets.
Nous avons tout dernièrement visité cette
partie intéressante de l’Exposition de 1889 et
nous nous sommes longuement arrêté dans les
deux premières galeries renfermant l’exposition
de la Grande-Bretagne. Elle est installée avec
beaucoup de goût et très intelligemment divisée
et ordonnée. Au milieu de la section, attirant
tous les regards, se dresse, comme occupant
une place d’honneur, un beau monument en
bois des Iles curieusement ouvragé et habile-
ment sculpté, surmonté du buste du célèbre
baron Justus von Liebig. C’est là que sont
exposés les produits de la Compagnie Liebig et
principalement son Extrait de Viande si juste-
ment renommé dans le monde entier.
L’usage de l’Extrait de viande Liebig s’est si
rapidement généralisé depuis quelques années
dans notre pays que nous avons pensé être
agréable à nos lecteurs et les intéresser vive-
ment enleur faisant connaître les établissements
de cette Compagnie et en les initiant à ses très
curieux procédés de fabrication.
L’emploi de l’Extrait de viande a en effet
singulièrement simplifié nos procédés culinaires.
On l’emploie dans tous les ménages pour pré-
parer un excellent bouillon auquel il commu-