ForsideBøgerL'exposition De Paris 188… deuxième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 462 Forrige Næste
S O L’EXPOSITION DE PARIS L’EXPOSITION ALGÉRIENNE A L’ESPLANADE DES INVALIDES Un des mérites de l’Exposition univer- selle — qûi en a tant ! — sera de présen- ter sous leur jour réel des manifestations artistiques dont les gravures, les aqua- relles, les tableaux, les photographies ne peuvent donner qu’une impression indé- cise et souvent même inexacte. Le public, en somme, n’a pas de parti pris pour ou contre telle ou telle école. Sa vision a été faussée, son éducation so- phistiquée, mais il y a heureusement en lui un gros bon sons qui réagit contre les théories mesquines dont il a été sa- turé et qui le pousse d’instinct vers ce qui est beau, sans qu’il cherche d’ailleurs à analyser ses sentiments et ses préfé- rences. Les constructions élevées à l’Esplanade des Invalides, sur la partie réservée aux Colonies, l’ont ravi; le fait n’est pas niable. Il n’ergote pas, il ne se lance pas dans d’interminables discussions sur l’es- thétique ; il se contente d’admirer bouche béante, un peu étonné seulement de ne pas connaître un style — tel que le mau- resque, par exemple — dont l’ensemble lui parait autrement joli et amusant que l’IIôtel des Postes, la gare Saint-Lazare, l’Ecole de Médecine, le Muséum du Jar- din des Plantes, et autres casernes offi- cielles dont les murailles sinistres dis- tillent le pédantisme, la morgue, l’ennui et l’impuissance. Les organisateurs de cette partie de l’Exposition ont donc coopéré — sans s’en douter, peut-être — à une excellente besogne, en mettant sous les yeux de la foule des œuvres pleines de charme, de grâce et d’originalité qui attestent la fécondité et la diversité de l’esprit hu- main, et qui prouvent jusqu’à l’évidence qu'uno époque ni un peuple ne possèdent seuls le monopole do la beauté. En réa- lité — en agrandissant et en vivifiant le cadre — c’est l’idée de Viollet-le-Duc, qui avait essayé de réagir contre l’en- vahissement toujours croissant du néo- grec, en créant ce remarquable musée du Trocadéro, où l'on trouve, moulés sur les originaux, des fragments entiers des chefs-d’œuvre dont la France regorge. Le mépris que l’on professe à l’Ècolo des Beaux-Arts, non seulement pour noire architecture nationale, niais — en bloc — pour lotit ce qui n’est ni grec, ni romain, tout au moins du temps de la renaissance italienne, limite à un cercle extrêmement étroit l’éducation des archi- tectes. Aussi, lorsqu’on décida l’instal- lation à l’Exposition universelle d’un pavillon algérien, le gouvernement fut-il forcé, bon. gré, malgré, d’aller chercher des artistes possédant à fond ce merveil- leux stylo arabe que les grands prix de Rome n’ont pu étudier à la Villa Médicis, en restaurant les nombreuses et sempi- ternelles ruines antiques de la Grèce et de l’Italie. Ces merles blancs n’étaient pas faciles à dénicher, car il est fort restreint le nombre des architectes qui ont l’indé- pendance d’admirer un chef-d’œuvre quelle que soit son origine et le courage de reconstituer un monument conçu autrefois par un do ces Maures que « nos maîtres » traitent familièrement de sau- vages. En s’adressant à MM. Albert Ballu et Marquette, le ministre des Colonies ne pouvait faire un meilleur choix, car le premier a passé cinq ans de sa vie en Afrique à relever les principaux spéci- mens de l’architecture arabe, et le second est, depuis longtemps, inspecteur au diocèse d’Alger. Le Palais est situé près de la porte du Ministère des Affaires Étrangères, à l’entrée de l’Esplanade des Invalides, à gauche, on tournant le dos à la Seine. Presque contre l’avenue centrale, se trouvent les bazars qui précèdent le Palais proprement dit et où sont installés, sous un charmant portique flanqué de deux coupoles, les industriels indigènes vêtus du pittoresque costume national. L’exubé- rante végétation africaine encadre à ravir les constructions et accentue l’impla- cabilité violente du crépi blanc des murs. Entrons dans le pavillon. Du vestibule qui s’ouvre, au nord, sur le quai et, à l’ouest, sur l’avenue centrale, on pénètre dans une galerie conduisant à un salon d’honneur décoré avec les raffi- nements d’élégance fastueuse de l’Orient. Cette galerie donne accès à trois salles d’exposition consacrées aux trois dépar- tements de notre colonie : Alger, Oran et Constantine, et à trois autres pièces do dimensions plus restreintes et disposées pour l’exportation des vins dont le com- merce prend de jour en jour plus d’extension sur la côte africaine. La façade regardant le fleuve est sil- houettée d’un minaret qui est la fidèle reproduction de la Zaouia de Sidi-Àbd-er- Rliainan. C’est du sommet de cette tour que le muezzin appelle les fidèles à la prière et hisse le drapeau qui annonce aux Musulmans le commencement du Rama- dan. A côté se trouve un porche à trois ar- cades, porche dont le plafond est imité de celui de la Musquée de la Pêcherie. Quant à la grande coupole du vestibule, c’est celle do laKoubade Sidi-Abd-er-Rhaman, reproduite avec la même exactitude que l’escalier qui est celui du musée d’Alger, et qui conduit à deux loggias, traitées de façons différentes et avec des encorbelle- ments particuliers à l’architecture algé- rienne. Je recommande spécialement aux délicats celle qui est tournée du côté du Pavillon des Postes et Télégraphes — qu’on n’est d’ailleurs pas obligé de regar- der ; — c’est une petite merveille de pro- portion et d’esprit. La grande galerie contient la carte de l’Algérie, des modèles de paquebots, des sculptures romaines et des minéraux. Les arcadesqui la décorent reproduisent celles de la galerie du musée d’Alger ; le plafond et la coupole du salon officiel ont été em- pruntés à l’architecture de cette jnême ville. Une troisième façade, quoique de moin- dre importance, n’est pas moins intéres- sante : c’est celle qui avoisine la Tunisie. Le pittoresque auvent et la porte, dont la mouluration est si délicate, proviennent de ce musée d’Alger, où l’on peut puiser sans crainte d’en tarir la source généreuse et pure. Les pi’oportions sont identiquement les mêmes que celles des monuments copiés, mais, dans certaines parties — pour le minaret, entre autres — l’échelle a été agrandie. Il y avait là une première diffi- culté qui exigeait des constructeurs une délicatesse de main toute spéciale, afin de ne pas modifier l’impression générale de cet art un peu intime ; de plus, MM. Albert Ballu et Marquette ont tenté et exécuté un tour de force dont le public ne se doute pas, et sur lequel il est juste d’attirer l’attention. Ces messieurs ont voulu grouper, dans l’édifice qu’ils avaient à construire, les différents types de l’architecture arabe, afin d’en présenter, pour ainsi dire, toute l’essence. Sans nuire le moins du monde à l’ensemble, sans que, l’œil puisse deviner les soudures, ils ont su accoler différents morceaux d’époques fort éloignées entre elles. Ainsi le Minaret et la Kouba de Si li- Abd-cr-Rhaman remontent au xme siècle; la Mosquée de la Pêcherie Djama-el-Dje- did, qui a inspiré certaines parties du palais, date du xvie siècle ; le musée d’Alger est du xviiie, et le porche d’entrée, qui est la reproduction du tombeau du dernier dey d’Alger, est moderne. Poussant aussi loin que possible le res- pect de la vérité, les architectes ont tenu à n’employer — à de rares exceptions près — que l’architecture algérienne, archi- tecture spéciale, très particulière au pays, mais non autochtone, dans le sens rigou- reux du mot, car elle est le mélange hybride de l’art arabe et de l’art italien. Le style arabe pur n’est, en somme, repré- senté que par les plafonds du vestibule et