L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
Néanmoins, il n’est que trop vrai que la tâche
qu’on leur a confiée est au-dessus de leurs for-
ces. Est-ce à dire qu’il ne faut pas se servir du
« pousse-pousse » ? Non, mais on peut y faire
monter les enfants et c’est là pour vos mioches,
lecteurs et lectrices, une distraction toute trou-
vée.
Achille Brissac.
LA PREMIÈRE TENTATIVE
D’EXPOSITION INTERNATIONALE
AU XVe SIÈCLE
Cette tentative remonte au xve siècle. C’est
une idée française.
L’honneur en revient à Louis XI.
M. René de Maulde a présenté sur ce sujet à
l’institut un mémoire inédit très intéressant pour
notre histoire nationale.
Dans ses préoccupations et dans ses actes,
Louis XI a toujours fait une large place aux
questions économiques. Autant par esprit écono-
mique que par politique, il rêva l’unitédes poids
et mesures, peut-être même de la législation. Il
brisa les compagnies permanentes pour secréer
une armée de mercenaires étrangers. Lui qui
aimait les habits de bure elles vieux chapeaux,
on le vit, à la fin de sa vie, arborer tout àcoup
des étoiles de soie et d’or. En cela se montrait
la coquetterie du vieux monarque, jaloux de son
prestige et attentif à voiler sa défaillance, mais
aussi leprince soucieux d’encourager l’industrie,
le luxe et les arts.
Il prit de nombreuses mesures tendant à déve-
lopper l’industrie française et à la mettre en état
de lutter contre la concurrence flamande et
italienne. 11 appela d’Italie d’habiles ouvriers
pour apprendre aux ouvriers français l’art de
tisser les riches étoffes; il entreprit, à Arras, de
ressusciter de toutes pièces, d’un seul coup, un
. centre industriel; il fltdemagniflques plantations
de mûriers en Touraine etailleurs pour l’élevage
du ver à soie.
L’Angleterre entretenait avec la Flandre, les
Pays-Bas, l’Italie, des relations actives et an-
ciennes. Les industries textiles des bords du
Rhin trouvaient chez elle un débouché; elle
recevait d’Italie, de Lombardie, notamment, des
matières premières, surtout des laines brutes.
Louis XI crut rencontrer en 1470 une occasion
propice pour ouvrir le marché anglais à l’in-
dustrie française, et, dans ce but, il conçut un
plan des plus singuliers, que nul historien n’a
indiqué. Des lettres patentes du 26 juillet 1471
l’exposent avec méthodeetelarté. Résumons-les
après M. de Maulde.
Ces lettres, très dignes d’attention, renferment
la première manifestation d’une idée appelée à
une immense extension et à des applications
aussi étonnantes que fructueuses en ce qui
touche le bien-être des peuples, l’idée d’une
Exposition internationale pour les produits
industriels.
En 1470, Louis XIprofitait de la restauration
de Henri VI d’Angleterre par Warwick pour
négocier entre les deux couronnes un traité de
« treves, seur estât, abstinence de guerre et en-
trecours de marchandises », d’une durée de
dix ans. Ce traité devait comporter l’établisse-
ment entre les deux pays d’un régime de libre
échange absolu : aucune taxe, pas même celle
de « quaiage », ne pouvait frapper les commer-
çants étrangers ni leurs produits. Le roi entre-
prit de faire connaître à Londres les produits
français sous le couverl.de l’ambassade chargée
de la négociation. Il s'entendit avec les chefs
de deux grandes maisons de commerce de
Tours, Jean de Beaune et Jean Briçonnet, « lors
riches et puissans, qui, sur ses instances et ses
ordres, voulurent bien condescendre » (mot
assez rare dans la chancellerie de Louis XI) à
former une collection de produits français,
épiceries, draps d’or et de soie, toiles et autres,
d’une valeur de 25,000 écus, qui devait entrer
en Angleterre sous la garantie de l’immunité
accordée à la suite et aux bagages de l’ambas-
sade. Il fut expressément défendu, sous peine
de rébellion ou de lèse-majesté, de rien vendre,
de rien distribuer, à moins d’un ordre spécial
du comte de Warwick. En revanche, le roi
prenait à sa charge tous les risques et s’en
portait garant à l’égard des deux négociants.
Ceux-ci devaient simplement « eux esvertuer
a ce que les habitans dudit royaume d’Angle-
terre cogneussent par efïect que les marchans
de France estoient puissans pour les fournir
comme les autres nacions ».
L’envoi eut lieu dans ces conditions et arriva
heureusement en Angleterre.
Pourtant, si bien conçu qu’il fût de suite, le
projet échoua par des circonstances d’ordre ma-
jeur. Warwick lui porta le premier coup, en
exigeant de Briçonnet 17,000 écus de marchan-
dise et d’argent, pour faire face à la dépense des
secours militaires promis à Louis XI. En même
temps, on annonça le retour offensif du roi
Edouard : Briçonnet se hâta de faire embarquer
le reste de ses marchandises. Surpris par la ra-
pidité des événements, les ambassadeurs eux-
mêmes n’eurent que le temps de prendre le large
pendant la nuit. Des Ostrelins surprirent le
convoi et le capturèrent; dans cette attaque, le
fils aîné de Jean de Beaune fut tué. Les ambas-
sadeurs eurent recours au roi et ils obtinrent
une indemnité de 30,000 livres. Le grand conseil,
« pour épargner la foulle et charge du peuple
marchans et subgietz », alloua une surtaxe sur
la vente du sel dans les greniers de Langue
d’oc et de Langue d’oïl, laquelle, en trois ans,
devait donner 27,000 livres. On imposa sous
une aütre forme, pour les 3,000 livres à couvrir,
les pays où « les greniers n’avoient pas de
cours ». Les familles Briçonnet et de Beaune
trouvèrent aussi de larges compensations dans
les effets de la faveur toujours croissante du
roi.
LE NID DE LA TOUR EIFFEL
Sur la Tour Eiffel, une hirondelle est
descendue dans un rayon de soleil.
Sur la Tour Eiffel, une hirondelle noire
et blanche a posé son nid. A neuf cents
pieds du sol, elle a fait son doux nid
qu’elle retrouvera, sans boussole et sans
guide, à chaque printemps.
À l’Exposition elle portera bonheur, la
gentille, hirondelle, comme elle protège,
chaumière ou palais, la demeure qu'elle
a choisie.
Son nid fragile et mignon couronne la
plus haute cime du plus haut monument
du globe : sur sa tète le nuage qui passe,
le soleil qui rayonne ou l’étoile qui brille;
autour d’elle, l’infini; au pied du nid
aérien, le Champ de Mars avec ses palais
féeriques, ses pagodes et ses minarets,
ses temples et ses villages, ses bazars et
ses cafés, ses pavillons et ses boutiques,
ses théâtres et ses galeries, ses ateliers
et ses cabarets, ses jardins et ses fon-
taines, ses huttes, ses cases, ses tentes,
ses maisons, ses carrefours, ses rues, ses
caravanes et ses smalas, ses musiques et
ses danses, ses types, ses races, ses
bonzes, ses bayadères, ses jongleurs et
ses guerriers, ses sauvages, ses tribus,
ses peuples, ses merveilles : un prodige
de mouvement et do vie, un entassement
de curiosités, un fourmillement dévisagés
étranges et de figures singulières, un
vertige d’activité, une orgie de couleurs,
un éblouissement de costumes bizarres,
des édifices de tous les temps et de tous
les pays, des toits verts, des coupoles
bleues, des murailles roses, des terrasses
illuminées, des faïences fines et des bois
sculptés, des flèches et des clochetons,
bronzes, marbres, onyx, vérandas co-
quettes, moucharabiés discrets, colon-
nades peintes et dômes d’or, la palette
do l'univers entier épandue sur le Champ
de Mars, un miracle d’étonnement!
Penchant sa petite tète au bord du nid,
l’hirondelle de la Tour Eiffel entendra, au
milieu du vent, les carillons des cloches
se mêlant aux concerts exotiques et aux
musiques barbares, gongs chinois, tam-
bours africains, flûtes océaniennes ,
trompes malgaches, fifres annamites,
taroucks sénégaliens, tandis que danse-
ront les brunes aimées de Ceylan et de
Java, los filles souples et bronzées du
Gabon, les créoles indolentes, les beautés
lascives et troublantes de Tahiti.
Elle entendra, la gentille hirondelle, le
bruit confus des foules empressées dans
l’enceinte énorme; elle entendra l'univers
entier entonnant l'hymne superbe du tra-
vail et delà paix, de la science, des arts,
du progrès et de la liberté.
De son petit nid caressé par la brise et
doré par le soleil, point infime et cher
dans l’immensité, elle verra les jardins
enchantés du Frocadéro, plus beaux que
tous ceux de l’Orient, et la Seine coulant
comme un ruisseau entre deux rives fan-
tastiques, ornées d’édifices inconnus et
toutes bariolées de drapeaux éclatants.
D un côté, des collines abaissées et des
villas pareilles à des jouets d’enfant; de
1 autre, Paris inondé de lumière, mais
comme humilié dans sa grandeur amoin-
drie. A ses pieds, les cinq parties du
monde avec leurs produits, leurs ri-
chesses, leurs races et leurs monuments.
Et c’est ainsique, dans un jet prodigieux
de lumière électrique, la petite hiron-
delle de la Tour Eiffel, fière et calme
dans son nid aérien, abritera de son aile
noire et blanche ses œufs aimés, avec le