L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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pour le revolver. La distance de 300 mètres est
celle des tirs fédéraux de la Suisse.
Le tir comprendra quatre pavillons dont trois
pour le tir au fusil, désignés >ous les noms de
France, Paris, Vercingétorix, et le quatrième
pour le tir au revolver, désigné sous le nom de
Jeanne d’Arc.
Le nombre des cibles sera de 108 pour les
fusils et de 20 pour le revolver.
La valeur des prix à distribuer ne devra pas
être moindre de 150,000 francs. Le dernier con-
cours organisé par l’initiative privée avait donné
pour 100,000 francs de prix.
Le concours sera national, mais les étrangers
pourront être admis sur invitation personnelle
du comité d’organisation.
Telles sont, brièvement résumées, les princi-
pales conditions de ce concours qui assurera à
la région de la banlieue Est, — qui se plaint
souvent d’être sacrifiée, — un mouvement de
visiteurs considérable. Il apportera aussi un
précieux encouragement aux sociétés de tir qui,
soutenues et encouragées, peuvent devenir un
des éléments les plus précieux pour la défense de
la patrie.
LA COULEUR DE LA TOUR EIFFEL
Savez-vous au juste de quelle couleur elle
est ?
Ses tons changeants défient la sagacité de
plus d’un curieux. Elle paraît rouge à ceux-ci,
bronzée à ceux-là. D’aucuns la voient comme
nickelée par endroits. Gela tient à la composition
spéciale des enduits adoptés par le constructeur
et au jeu de la lumière.
M. Eiffel s’est longtemps préoccupé de la to-
nalité qu’il donnerait à son chef-d’œuvre. Il
voulait du nouveau, de l’original, du solide
aussi. Après deux ans d’essais multipliés, les
produits de la Société des gommes nouvelles et
vernis fixèrent son choix. Ces peintures ont le
poli du stuc, de la faïence ; elles jouent l’émail
à s’y méprendre, deviennent très dures, crai-
gnent peu la poussière et se lavent même à l’eau
chaude sans altération. Le léviathan de fer du
Champ de Mars va populariser ces charmantes
imitations céramiques. Du pied à la première
plate-forme, on lui a donné le ton bronze Bar-
bedienne, tirant un peu sur le rouge. De cette
première plate-forme à la seconde, même teinte,
mais plus claire. De là au sommet, trois autres
teintes graduées, de moins en moins foncées (la
coupole est presque jaune d’or), complètent un
ensemble harmonieux et qui fera beaucoup pour
la vogue des peintures vernissées qui sont, du
reste, déjà adoptées par les ministères et les
principaux chemins de fer, etc.
L’IZBA RUSSE
11 n’est personne qui, ayant été à Moscou,
n’ait visité le couvent de Troïtz ou Serghievo-
Lavra, situé à soixante verstes de l’ancienne
capitale de la Russie.
Rien n’est pittoresque comme ce couvent en-
touré d’une muraille, coupée par des clochetons
aux formes gracieuses et aux couleurs variées.
Cette enceinte ne contient pas moins de onze
églises, et, parmi les principales, la Sainte-Tri-
nité,'avec ses fresques dues aux moines Daniel
'likhon et André Roublelï, la cathédrale de
l’Assomption, avec ses cinq grandes coupoles el
l’église de Saint-Serge, riche de tous les trésors
qu’ont donnés les Grecs lors de leur avènement.
C’est dans la petite ville de Troïtz que plu-
sieurs familles de moujiks fabriquent ces menus
objets en bois, bien connus des étrangers qui
font le pèlerinage du couvent de Saint-Serge.
Ces moujiks sont de véritables artistes; ils
sculptent avec une facilité surprenante des
images saintes, des triptyques, des groupes, des
cuillères, des couteaux qui sont des petits chefs-
d’œuvre d’une perfection et d’une naïveté char-
mantes. D’autres exécutent des peintures sur
bois et sur nacre.
Un Français de Moscou, M. Lutun, a eu l’ex-
cellente idée de faire une exposition de ces me-
nus objets au Champ de Mars. Il a apporté un
peu de bien-être dans ces quelques familles, en
leur donnant du travail tout l’hiver.
Cette petite mais intéressante exposition est
installée dans une véritable izba russe, faite de
troncs de sapins et recouverte de chaume ; la
maisonnette est joliment située dans un des
massifs, près de la tour Eiffel, enfouie sous les
bouleaux et les saules pleureurs.
A l’intérieur, la disposition est toute simple,
mais bien pittoresque. Sur les murs, des bro-
deries accrochées, des images saintes et des
étagères rustiques chargées de bibelots anciens.
Un moujik, en costume national, travaille et
sculpte, avec un simple canif, des petits bas-
reliefs d’une extrême finesse. Au fond, sur une
grande table, sont étalés les sculptures, les
peintures et mille objets des plus variés. Deux
jeunes filles russes font les honneurs de l’izba.
Cet ensemble forme un véritable petit tableau;
c’est un des plus jolis coins de l’Exposition.
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LE PAVILLON
DES POSTES ET TÉLÉGRAPHES
M. Vernier en fait, dans la dernière Revue
scientifique du Temps, une description très in-
téressante.
Le Pavillon des Postes et Télégraphes français
est sur l’Espkinade des Invalides, auprès de la
charmante Exposition algérienne, si remarqua-
ble par ses édifices qui semblent sortir d’un
conte oriental. On ne saurait assez louer l’amé-
nagement de ce pavillon de l’administration
française, l’exactitude de ceux qui ont organisé
cette exposition des Postes et des Télégraphes,
et j’ajouterai la complaisance des employés qui
sont chargés de faire fonctionner les appareils
et de les expliquer. Au point de vue télégraphi-
que, notre attention a été particulièrement atti-
rée par l’appareil Baudot. C’est le dernier mot
du télégraphe-imprimeur à transmission mul-
tiple, et c’est assurément un appareil extraor-
dinairement ingénieux.
Imaginez un simple petit clavier composé de
cinq touches ; à côté est un enregistreur avec
son petit rouleau de papier bleu sur lequel
s’impriment les lettres. Ne nous occupons point
des communications de mouvement et ne regar-
docs que les résultats. Quand l'employé presse
une touche, l’appareil imprimeur imprime la
lettre A, par exemple; en appuyant sur une
autre touche, sur deux touches à la fois, sur
trois, on imprime les autres lettres de l’alphabet.
On conçoit aisément qu’avec cinq touches tou-
chées, ou isolément, ou par groupes, on puisse
obtenir un certain nombre de combinaisons
égal à celui des lettres de l’alphabet. On obtient
ainsi l’impression d’une dépêche sur le ruban de
papier, sans fatigue, comme on joue du piano,
sans faire entendre le bruit sec et insupportable
des anciens appareils.
Pour la démonstration, on a placé le récepteur
et le manipulateur l’un à côté de l’autre : dans
la pratique, ils sont aux deux extrémités du
courant : au point de départ et au point d’arri-
vée. Quand on appuie sur les touches, des cou-
rants sont automatiquement transmis sur la
ligne, et le sens de ces courants, leur durée,
leur nombre, dépendent du jeu du manipula-
teur. Au point d’arrivée, les courants actionnent
les petits organes délicats qui règlent l’impres-
sion. Il faut remarquer que la traduction de ces
signaux et leur impression se font à l’aide d’or-
ganes indépendants de ceux qui servent à la
réception proprement dite; ainsi les opérations
en quelque sorte locales de l’impression n’en-
travent pas le travail de la ligne qui peut être,
pendant le même temps, utilisée pour la trans-
mission d’autres signaux.
On voit à l’Exposition des appareils où deux
employés transmettent deux dépêches en même
temps, avec deux claviers différents, sur le
même fil. Les deux courants, qui ne se contra-
rient en rien, peuvent être de même sens ou de
sens inverse. On peut, dans lapratique, envoyer,
par exemple, deux dépêches en même temps de
Paris à Rome ou une dépêche de Paris K Rome
et une autre de Rome à Paris. Sur des distances
moindres, par exemple, de Paris aux grandes
villes de France, on arrive, à l’aide de ces ap-
pareils, à faire marcher quatre dépêches sur un
seul fil ; on est même allé jusqu’à six. On conçoit
qu’avec de tels appareils, avec les Baudot du-
plex, quadruplex, sextuplex, on arrive à des
rendements tout à fait extraordinaires. On m’a,
parlé de 9,000 mots envoyés à l’heure; le duplex
donne couramment 3,000 mots à l’heure.
Ce qui caractérise ce système, c’est que la
transmission des signaux et leur traduction sont
choses tout à fait indépendantes; il en résulte
que les organes par lesquels passent les signaux
sont indépendants et peuvent être utilisés aussi-
tôt qu’ils deviennent libres. Le plus important
de ces organes est le fil même de la ligne ; il
peut transmettre un signal, même quand celui
qu’il a déjà reçu se traduit dans les organes qui
l’emmagasinent, en quelque sorte, et l’impri-
ment. Que faut-il pour cela? Un second mani-
pulateur qui travaille à côté du premier, avec
un second groupe de relais et un second tra-
ducteur de signaux. C’est ainsi que se réalise
le problème des transmissions multiples au
moyen d’un seul fil. Le principe général exposé,
on comprendra que nous ne puissions entrer ici
dans aucun détail sur les très ingénieux et très
délicats mécanismes qui servent à l’appliquer;
ceux qui ont un peu de familiarité avec la télé-
graphie et ses procédés auront plaisir à les ad-
mirer dans le pavillon de la télégraphie.
M. Baudot a fait breveter son appareil en
juin 1874 et l’a mis à l’essai en 1875 sur un fil
partant de Paris, passant par le Havre et
Lisieux, revenant à Paris et touchant à Ver-
sailles. C’était une longueur de 550 kilomètres.
En 1877, on mit cinq appareils en service sur
la ligne de Paris à Bordeaux. Ces appareils ont
figuré à l’Exposition de 4878. En 1879, on mit
en service sur la même ligne deux nouveaux
appareils à transmission quadruple ; on appliqua
ensuite le système sur la ligne de Paris à Lyon,
avec les meilleurs résultats.