L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
beth; des panneaux décoratifs, au nom et aux
armes des principaux centres manufacturiers
qui ont envoyé leurs produits, sont disposés
sur tout le parcours de cette section, parcours
dont la totalité représente environ la moitié de
l’espace occupé par la Grande-Bretagne en 1878 :
on n’a pu, cette fois, mettre à sa disposition un
emplacement plus considérable. Mais la place
réservée aux exposants anglais dans la Galerie
des Machines et clans les constructions destinées
à recevoir les produits et instruments agricoles,
ainsi que,le superbe Bazar indien élevé par les
soins du comité britannique, mettent néan-
moins en grand relief le concours de cette
nation, d’autant plus que ses exposants de l’in-
térieur ou des colonies sont choisis parmi les
plus notables.
Accordons une mention toute particulière au
Bazar indien, construit sur le côté est du
Champ de Mars, et dans lequel sont installés
les produits divers des colonies indiennes. Cet
édiüce, d’aspect tout oriental, s’étend sur une
seule ligne et compte parmi les constructions
les plus remarquables de l’Exposition. Le style
de son architecture et de son ornementation
remonte à l’époque de transition qui s’étend de
la domination des Puthans à celle des Mongols;
c’est une reproduction très fidèle des monu-
ments historiques les plus universellement
connus et renommés. 11 estdécoré de sculptures
en plâtre moulées sur des originaux du South
Kensington Museum. La façade offre la forme
d’une véranda. L’édifice, en un mot, est en
entier l’œuvre d’un homme de mérite, M. Pur-
don Clarke.
Au Bazar indien il faut rattacher les cons-
tructions particulières semées à travers les jar-
dins et les squares du Champ de Mars, et spé-
ciales à l’Association des Planteurs de thé de
Ceylan ét aux colonies : Victoria, Nouvelle-
Zélande, cap de Bonne-Espérance; ces diverses
représentations sont absolument indépendantes
de l’organisation de la section anglaise des
beaux-arts, présidée par sir Frédéric Leighton
et restreinte, elle aussi, dans sa spécialité.
Les divers produits de la section anglaise
parmi lesquels nous citerons les vases, les verres,
les poteries, l'argenterie, la joaillerie, — sur-
tout les diamants; les merveilleuses collections
d’éventails, la parfumerie, la ganterie, les pia-
nos artistiquement décorés et les autres spé-
cialités remarquables du goût et de la mode
d’outre-Manche, mériteraient de très amples
détails, et beaucoup une mention spéciale et
importante.
A signaler aussi les tissus et les dentelles ir-
landaises créées par l’Association industrielle
du Donegal, dont le but, à la fois industriel et
philanthropique, consiste dans l’encouragement
de l’industrie privée des pauvres villages de
l’Irlande.
Enfin, les nouveautés des maisons indiennes
rangées dans les compartiments du Bazar
indien.
La participation anglaise est tout à fait pri-
vée, comme celle, d’ailleurs, de presque toutes
les nations représentées à l’Exposition univer-
selle, et a été organisée par les soins d’un comité
résidant à Londres et qui a à sa tète sir Polydor
de Keyser (un Belge naturalisé), ancien lord-
maire de la grande cité britannique. Le repré-
sentant du comité à Paris est M. Trueman Wood,
secrétaire de la Société des Arts à Londres, or-
ganisateur de la section anglaise à l’Exposition
de Paris en 1878, aujourd’hui commissaire dé-
légué pour la Grande-Bretagne.
Parmi les membres les plus en vue et les plus
connus du comité nous citerons :
M. Whitehead, lord-maire actuel de Londres,
président honoraire;
Lord Brassey, ancien lord civil de F Amirauté,
vice-président;
M, Mundella, ancien ministre du Commerce,
membre du conseil privé de la reine, fils aîné
de feu Antonio Mundella, réfugié italien.
Sir John Lubbock, député, président de la
Société et de l’institut des banquiers;
Sir Leighton, président de l’Académie royale,
membre de l’institut de France;
Sir Truscott, ancien lord-maire de Londres,
et M. Soulsby, secrétaire particulier du lord-
maire en fonctions.
On le voit, le comité anglais est des mieux
composés et ses membres ont été choisis parmi
les personnalités les plus sympathiques à la
France.
Il est opportun de rappeler, en outre, l’inté-
rêt que porte le prince de Galles à notre Expo-
sition, qu’il visita un des premiers et pour la
première fois le 15 février. 11 se montra charmé
de l’ensemble, qui, à ce moment-là, n’était
qu’une promesse. Cette promesse a été tenue, au
jour dit, et peut-être au delà de toute prévi-
sion.
Le prince en aura été jsge lui-même, lors de
son nouveau voyagé à travers le Champ de
Mars.
Ch. Albert.
FANTAISIE
Il faut bien peu de chose à un poêle pour
faire un joli sonnet : une fleur, au besoin, lui
suffit. De même, une simple figure de jeune
fille peut fournir à un artiste le sujet d’un joli
tableau. Fantaisie! C’est ainsi que M. Charles
Giron intitule la gracieuse composition que
nous reproduisons aujourd’hui, et qui nous
montre une jeune fille aux cheveux quelque
peu rebelles, au regard perdu dans le vide...
Mais'sa pensée, sa fantaisie suit-elle son regard?
et ne se fixe-t-elle pas au contraire sur un but
visible pour elle seule et que son innocente
imagination revêt sans doute des plus sédui-
santes couleurs? C’est ce que le peintre ne nous
dit pas; et quant à la jeune fille qui lui a servi
de modèle, si nous pouvions l’interroger, elle
nous répondrait à coup sûr qu’elle ne s’en sou-
vient plus.
S.
LES AMERS DE LÀ RUE DU CAIKE
Elle est déjà fameuse dans Paris, cette rue du
Caire, écrivait hier un chroniqueur de l’Expo-
sition. Quand vous sortez du Palais des Indus-
tries diverses, un peu ahuri et endolori d’une
décoration tapageuse, vos yeux s’y débar-
bouillent et s’y défatiguent instantanément.
Aucun art n’a poussé au même degré de per-
fection que l’art arabe l’élégance et la grâce des
lignes; il semble que l’idéal de la vie heureuse
a consisté pour lui à paresser dans un endroit
frais avec des formes exquises et légères autour
de soi; il vous pénètre deje ne sais quelle douce
langueur. Il est sans rival encore dans ce qu’on
a appelé de son nom l’arabesque, dans les sub-
tiles combinaisons géométriques ; c’est propre-
ment le don de cette race, au génie abstrait,
qui n’a jamais connu nos cultes de la nature. Or,
cette rue du Caire est la réunion charmante de
quelques parties de mosquées et de vingt-cinq
maisons de cette ville prises parmi les plus carac-
téristiques depuis l’époque lointaine de Touloun
jusqu’au siècle dernier. Le principe n’en a
guère changé à travers les temps ; c’est toujours
un rez-de-chaussée à porte basse, un étage en
encorbellement, dont les fenêtres sont masquées
par des moucharabiés et une terrasse avec des
crêtes se découpant sur le ciel. Tantôt la saillie
de l’étage repose tout bonnement sur les poutres
dépassant le mur du rez-de-chaussée, tantôt ces
bouts de poutre grossiers sont transformés en
corbeaux plus ou moins historiés.
Le mérite de celte reproduction revient tout
entier à M. le baron Delort, premier député de
la nation française au Caire. Il n’a voulu d’aide
que dans la conduite des travaux, pour laquelle
il s’est associé un jeune architecte, M. Gillet.
C’est lui d’abord qui, aidé de quelques amis, a
constitué les fonds de l’exposition égyptienne,
laquelle est toute privée. C’est lui ensuite qui a
collectionné les moucharabiés et choisi avec un
goût si pur les types à reproduire. Les moucha-
rabiés sont d’ingénieux grillages en bois s’avan-
çant en balcons sur la rue, qui ne laissent
pénétrer dans les appartements qu’un demi-jour
et qui permettent aux femmes de voir sans être
vues. Ceux que vous trouverez là n’ont pas été
faits pour la circonstance; ils proviennent de
maisons démolies, De même, il n’est pas un des
ornements employés qui n’ait été moulé sur
quelque monument. Le minaret est la copie,
moins un étage, du minaret de Kaïd-Bey, un
chef-d’œuvre du xv® siècle renommé pour la
richesse de ses détails. Les faïences qui forment
inscription au-dessus de l’une des portes ont été
arrachées par des mains impies du cylindre
d’une coupole; elles ne figurent là que parce que
l'indolence orientale s’est refusée à les remettre
en place.
Le Caire est une ville étrange, moitié arabe,
moitié européenne ; la ville arabe, la ville orien-
tale si admirablement décrite par Gérard de
Nerval, se démolit, hélas! tous les jours.
L’Exposition nous en offre un échantillon su-
perbe.
Là-bas, dans la cité, les ânes célèbres du
Caire et les âniers, des chameaux couchés ou
debout obstruent la voie dans laquelle se pro-
mènent lentement les fellahs avec leurs robes
bleues et leurs turbans blancs dont les tons
doux varient à l’infini, rehaussés seulement par
les vestes de couleurs crues qui jettent au soleil
leurs notes gaies.
Jadis tout le Caire, grâce à ses rues étroites,
était ombragé d’une maison à l’autre par des
toiles, des planchers, des morceaux de bois
jetés sur des poutrelles; on marchait ainsi à
l’ombre sans avoir besoin d’ombrelles. Mais
depuis que le Caire se modernise, depuis sur-
tout que des maisons à plusieurs étages vien-
nent remplacer la pittoresque demeure des
Arabes, on étouffe dans les voies nouvelles et
la circulation y est très pénible de onze heures
à quatre heures.
11 n'en est pas de même à l’Exposition, qui
nous donne dans ce coin l’illusion de l’Orient.