ForsideBøgerL'exposition De Paris 188… deuxième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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L'EXPOSITION DE PARIS — r— LES MISSIONS SCIENTIFIQUES FRANÇAISES 1 2 1 EXPOSITION DU « TRAVAILLEUR 9 ET DU « TALISMAN » Les articles que les divers journaux ont con- sacrés, il y a cinq ans, à l’Exposition qui fut installée en 1884, avec le plus grand succès, au Muséum d’histoire naturelle de Paris, sous la direction de M. le professeur A. Milne-Edwards, au retour de la dernière expédition, c’est-à- dire celle du croiseur d’escadre le Talisman, nous dispensentd’entrer ici dans certains details, sous peine de redites inutiles. Nous rappelle- rons seulement que, jusqu’en 1861, la vie était considérée comme impossible dans la mer au delà d’une certaine profondeur, en raison, disait-on, de la pression de l’eau, de l’absence de la lumière, du manque d’algues et de toute matière végétale, etc. C’est à cette époque, en effet, que le câble sous-marin établi entre l’île de Sardaigne et l’Algérie étant venu à se rompre à plus de 2,000 mètres de profondeur, l’examen de fragments de ce câble permit de constater l’existence d’animaux divers qui s’y étaient in- crustés, lui formant comme une sorte de revê- tement : mollusques et polypiers « appartenant à des espèces réputées très rares ou qui avaient échappé jusqu’ici aux recherches des zoolo- gistes 3 ». Cependant dix-neuf années devaient s’écouler avant que la France, se décidant enfin à em- boîter le pas de l’étranger dans une voie où pourtant les premières découvertes lui appar- tenaient, accordât les subsides nécessaires à l’organisation d’une première campagne. Pendant ce temps, en effet, la Suède, l’Amé- rique et l’Angleterre frétaient les expéditions du Hassler, du Blake, du Porc-Epic, de VÉclair, du Challenger, etc., dans le but de sonder et draguer les vallées profondes de l’Océan et de ramener à la lumière la plus grande quantité possible des êtres habitués à vivre dans les grandes profondeurs delà mer. Mais il s’agit ici des expéditions françaises organisées au Ministère de l’instruction publique par une commission présidée par M. A. Milne- Edwards, et auxquelles la marine française a prêté, comme toujours elle le fait avec un grand dévouement, le concours le plus actif. Ces ex- péditions ont été au nombre de quatre, de 1880 à 1883, chacune d’elles ayant une durée de plus en plus longue, la première du 17 juil- let au 1er août, la seconde du 9 juin au 19 août, la troisième du 3 juillet au 30 août, la quatrième enfin du 1er juin au 1er septembre. Les trois premières avaient été entreprises avec le Tra- vailleur, d’abord dans le golfe de Gascogne, puis dans la Méditerranée, sur les côtes de la Provence, de la Corse, de l'Algérie et du Maroc, enfin dans l’océan Atlantique jusqu’aux Açores. La quatrième campagne exigeant un navire « capable, par la puissance de sa machine et de sa voilure, d’aller partout »,fut faite à bord de l’éclaireur d’escadre le Talisman ; la région à ex- plorer comprenait la côte d’Afrique jusqu’au Sénégal, les abords des îles du Cap-Vert, des Canaries, des Açores et la mer des Sargasses. 1. Voir le nu 23. 2. A. Milne-Edwards, Observations sur l’existence de di- vers mollusques et zpophytes d de tres grandes profondeurs dans la mer Méditerranée. La magnifique carte que vient de publier à ses propres frais M. A. Milne-Edwards, carte qui ne lui a pas demandé moins de trois années à dresser 1 et qui figure dignement à l'Expo- sition des missions, nous montre l’itinéraire suivi par chacune des expéditions françaises ainsi que par certains navires étrangers, tels que le Challenger en 1873, et la Gazelle en 1874 et 4876, avec la cote des profondeurs atteintes dans les nombreux sondages et dragages prati- qués sur tout leur parcours et dans ceux qui ont été faits aussi pour la pose de câbles télé- graphiques. De ces chiffres il résulte que les reliefs sous- marins jusqu'alors adoptés comme veritables par la marine sont souvent erronés et doivent être complètement modifiés, non seulement dans leurs traits généraux, mais aussi jusque dans les détails. Ces profondeurs, indiquées aussi par des différences dans l’intensité des teintes employées, permettent de saisir d’un seul coup d’œil le relief de cette partie de l’Océan. On peut suivre ainsi ces grandes val- lées sous-marines, ces fosses plus ou moins vastes et profondes, parmi lesquelles nous cite- rons principalement la fosse Milne-Edwards, sise dans le golfe de Gascogne, dont la profon- deur, inconnue jusqu’à l’expédition du Travail- leur, dépasse 5,000 mètres, et qui se relie à une fosse de moindre profondeur située entre les Açores et l’Espagne. Cette carte nous montre cette grande vallée du Talisman, semée çà et là de fosses plus pro- fondes, sise entre l’Afrique et l’Europe, rappro- chée surtout des eûtes occidentales européo- africaines et se continuant par une série d’éche- lons insensibles d'une part, au nord, avec la fosse II, Milne-Edwards, dont nous venons de parler; de l’autre, à l’est, avec la Méditerranée, où sa profondeur ne dépasse pas une centaine de mètres, tandis qu’à l’ouest, du côté de la mer des Sargasses, elle at teint près de G,000 mè- tres. Enlin, sur les côtés, nous trouvons de petits cartouches montrant les points les plus acci- dentés de l’Océan sur les côtes d’Espagne, aux Canaries, aux Açores, aux îles du Cap Vert. L’auteur de la carte nous a signalé notamment, aux enyirons des Canaries, une série de pics sous-marins dont la hauteur au-dessus de la vallée dépasse 3.000 mètres, sans affleurer cependant la surface des eaux. En résumé, lorsqu’on suit avec quelque at- tention les itinéraires des quatre expéditions scientifiques du Travailleur et du Talisman, on se rend facilement compte du travail énorme accompli par les membres de ces expéditions, sans parler des acquisitions si importantes au point de vue de la faune des grandes profon- deurs de la mer, qui comporte tant d’espèces nouvelles comme poissons, comme crustacés, comnie mollusques, etc., sans oublier ces petits êtres microscopiques pêchés dans les limons et la vase, à des profondeurs variant entre 200 et 6,000 mètres, et auxcjuels on a donné le nom de foraminifères. L’exposition de cette faune est fort intéres- sante, bien qu’elle ne comprenne, au Champ de Mars, qu’un nombre forcément restreint d’ani- maux; mais ceux-ci ont été choisis, soit parmi les espèces nouvelles, soit parmi les échantillons les plus curieux. 1. Carte do la partie de l’océan Atlantique explorée par le Travailleur et le Talisman, de 1880 à 1883, exé- cutée sous la direction de M. ’A. Milne-Edwards, membre de l’institut, présidant de la Commission des dragages sous-marins, par J. Hansen, 1889, à l’échelle de 15,000,000’. Le plus grand nombre d’entre eux, conservés dans des bocaux remplis d’alcool, sont exposés sur les rayons d’une très grande étagère portant à son frontc-n l’inscription suivante : 1» au mil- lieu : Campagnes scientifiques du « Travailleur » et du * Talisman » exécutées sous les auspices des ministres de la Marine et de l'Instruction publique, 1880-1883; 2° à droite : Sondages jusqu'à C>,067 mètres; 3° à gauche : Dragages jusqu’à 5,003 mètres. Citons parmi les poissons : Coryphœa gigas, Bathys Agassizi, Macrurus japonicus; parmi les crustacés, toujours très nombreux dans les grandes profondeurs : Aristeus corallinus et Aristeus splendens, ces grandes crevettes aux belles couleurs purpurines, trouvées à 1,080 mètres de profondeur, des Pagures, des Podophylus, etc.; sur un autre rayon, nous trouvons au centre des mollusques pêchés à 3,000 mètres et à 5,000 mètres ; à droite, des holotaries; à gauche, des étoiles de mer de genres et d’espèces variés, des Brisinga aux bras lumineux, des Lis de mer ou Pentacrinus, des Cidaris, des Comatules, des Encrines, qui repré- sentent un groupe très nombreux à l’état fossile. Au-dessus de la vitrine qui contient tous ces bocaux et sur les côtés on a accroché le long des murs un certain nombre de dessins repré- sentant des animaux qui n’ont pu être apportés au Champ de Mars, tels que, parmi les poissons, VEurypharynx pelecandides, et le phosphores- cent Malacosteus niger; parmi les crustacés, Guatophaiïsio Zoca, espèce nouvelle, d’un rouge de sang, capturée par 2,700 mètres de profon- deur, et Pandalus Martius, Flasmonotus Vail- lanti. En face on a disposé sur une longue table un certain nombre de très curieuses éponges des grandes profondeurs, des Holtenia, au squelette de silice pure comme du cristal de roche, d’où leur aspect rigide et leurs fines aiguilles; des Askonema de grande taille, d’apparence feutrée et ayant la forme d’un de ces vastes chapeaux arabes; des Aphrocallistes faits comme des gâteaux d’abeilles, etc., etc. L’exposition du Travailleur et da Talisman est complétée par celle de quelques-uns des principaux engins qui ont servi dans les diffé- rentes expéditions, tels que chaluts, dragues, câbles, thermomètre à renversement très ingé- nieusement imaginé par M. A. Milne-Edwards et construit sur ses indications pour donner la température exacte du milieu dans lequel il est plongé, sans aucune chance d’erreur ni crainte de bris de l’instrument ; modèle réduit du son- deur à régulateur employé pour la première fois à bord du Talisman. Cet appareil agit automatiquement, de telle sorte que le fil auquel il est suspendu cesse de se dérouler dès que l’instrument atteint le fond. « Ce résultat est obtenu au moyen d’une sorte de chariot sur lequel passe le fil et qui monte ou descend sur des rails suivant que la tension est plus ou moins grande, serrant ou desser- rant les freins de la bobine. A chaque mouve- ment de roulis, ce régulateur agit avec une grande précision, maintenant toujours le fil bien tendu et indiquant le moment précis où le sondage est terminé *. » Nous ajouterons, en terminant, et après avoir rappelé les noms de MM. E. Périer, Vaillant, Fischer, Filhol, Marion, de Folin, membres de ces expositions, Ch. Brongniart et Fiallanes, membres adjoints, que les collections considé- 2. II. Filhol, Explorations sous-marines; Toyage du Ta- lisman (Nature, 1834).