ForsideBøgerL'exposition De Paris 188… deuxième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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202 L’ART A L’EXPOSITION LES MANUFACTURES NATIONALES Dans plusieurs des projets que le con- cours pour l’Exposition Universelle pro- voqua, les manufactures de Sèvres, des Gobelins et de Beauvais figuraient dans un pavillon spécial. La commission supé- rieure ne s’arrêta pas, sagement, à cette exception honorable en soi, mais qui iso- lait ces produits d’élection de la grande production généralisée. Les manufactures d’Éta. appartiennent à la production nationale, sans exception; elles partici- pent à la vie nationale de la France par les cartons qui sont commandés aux artistes et à des exécutants hors ligne, par les produits destinés non seulement à nos palais républicains et à nos ambassades, mais encore à des amateurs qui ne mé- prisent nullement la modernité. Aussi, les manufactures nationales, pour ce qu’elles ont produit depuis 1878, dans les expositions partielles de 1884 et d’Anvers, ont dû prendre leur vraie place dans le Dôme central. Nos manufactures fournissent au mar- ché de luxe des deux mondes des pro- duits marqués au sceau de l’utilité et de la perfection ; à tous les fabricants, elles offrent des modèles et des procédés qu’ils peuvent gratuitement reprendre, grands ou petits, et s’approprier, meme sans modification. Mais ces produits, soignés, libéralement livrés et mis clans la consom- mation après la réserve de ne se point transformer en magasin, correspondent aux besoins instinctifs de notre race en France, sur quelque terre qu’ils soient descendus. En débouchant des pelouses et des allées, des profils lointains du Trocadéro, desarcades gigantesques delaTour Eiffel, des poussières irisées des fontaines, des galeries, qui se font face, des Beaux-Arts et de rilistoire du Travail, on doit se reposer quelques instants sous la voûte, décorée jusqu’à la profusion magique, du Dôme central, et entrer à gauche : c’est là qu’est Sèvres. Sur la paroi gauche de la salle, au milieu, se dresse une pièce que Sèvres pouvait seule entreprendre -et conduire jusqu’au définitif : c’est, en biscuit, un paon modelé par Caïn ; l’oiseau, posé sur le rebord d’une vasque, laisse retomber la cascade de ses plumes ocellées; au- dessous, la femelle couve languissam- ment. Le blanc triomphe ; l’elfet du modelé blanc est puissant. Elle vil encore, la tradition, mais elle s’est amortie considérablement déjà. Au sortir du xvine siècle, qui avait tiré L’EXPOSITION DE PARIS de la pâte tendre des merveilles, de réelles merveilles, Sèvres s’est passionné pour la pâte dure, et, sur cette pâte extrême- ment dure, a peint des batailles, des scènes amoureuses, des troubadours sen sibles, et même y a copié des tableaux. Presque jusques à nos jours, des frises héroïques ou mythologiques ont défilé sur les panses, où la perspective défor- mait les êtres humains, les animaux, les constructions. Les décorateurs, aujour- d’hui, se sont bornés à des branches légères de lierre ou de vignes vierges, des bouquets semés a'vcc discrétion, des guirlandes que traînent des « amorinos ». Non seulement ces décorateurs sont plus que jamais habiles, mais leur palette s’est enrichie de tons qui sont des régals pour les yeux, et les modeleurs leur fournis- sent, à l’aide de pâtes nouvelles, des des- sous plus perméables et des caprices pins faciles à réaliser en baut relief, des anses plus solides ou plus fouillées. J’ai la mémoire toute garnie d’églantiers douce- ment fleuris, et de capucines opulentes et veloutées. Devant les vitrines, en rappelant que le talent de feu Carrier, toujours si souple, s’attardait souvent à des mièvreries, il faul chercher ces essais de la « pâte ten- dre nouvelle », chauds, nuancés, à l'égal dos plus réussies des œuvres des Chinois, avant que l’insurrection des Taï-pings eût démoli les fours, impitoyablement brûlé les registres à recettes, tué tous les ouvriers possesseurs des tours tradition- l nels de main et des secrets de famille. Les Chinois des grandes époques, jus- qu’à la fin du xvine siècle, avaient livré aux mandarins des prodiges d’a- dresse, de science, de sentiment des formes alliées aux couleurs. Mais ces prodiges étaient rares, et on les recher- chait aussi comme des prodiges. Cette « nouvelle porcelaine », qui avait déjà paru en 1884, sous la direction de M. Ch. Lauth, a révélé des rouges, des flammés, des traînées de bleu ou de blanc, dites « coulures », s’affirmant selon des acci- dents de feu dont on règle, à peu près, l’effet. La cuisson de cette « porcelaine tendre nouvelle » s’arrête à 1,300 degrés environ, et ne volatilise pas los métaux qui disparaissent à la cuisson de 1,500 de- grés exigée par la porcelaine dure. Cette découverte d’une pâte analogue à celle que décorent les Orientaux est une conquête des plus intéressantes pour la céramique de l’avenir. Celle des « céla- dons » n’est guère moindre. Les céladons (un personnage de a baptisé cc verdâtre un pou délavé) s’appliquent sur la « porcelaine nouvelle » et sur la « grosse porcelaine ». L’émail, un peu vitreux, non opaque, est vraiment parfait sur les pièces de vitrines.La difficulté majeure est d’em- pêcher que l’émail coule dans les parties creuses et laisse trop blanches les saillies du modelé. M. Dalou avait modelé, à la manufacture, deux vases qui font grand honneur à son talent : une Ronde d’enfants nus emportant à grand’peine une épaisse guirlande de chêne, et une Vendange, où les plans doucement accentués en bas- reliefs se baignent de lumière. Ces vases mesurent plus d’un mètre de hauteur. En somme, le public afflue dans ce sa- lon modestement arrangé. Il se groupe devant les très grands vases hardiment décoratifs et témoigne sa sympathie, en disant des mots sympathiques. Tout cela va au personnel, au directeur Th. Deck. Tout doit se combiner chez des hommes rompus au goût, à l’étude, à la raison, peintres, modeleurs, sculpteurs, chimis- tes, chaufourniers, etc. La manufacture des mosaïques a été détachée de Sèvres, de. laquelle elle dé- pendait originairement. Elle a pris une existence propre. Les travaux exigent des soins méticuleux, des préparations en place. En ce moment, elle est occupée à l’escalier du Louvre, lequel exigera plu- sieurs années. M. Gerspach a livré quel- ques travaux d’élèves qui initient la foule aux méthodes employées pour donner les effets définitifs : une colonne, par exem- ple, ou une pomme, ne peut point se rendre qu’à l’aide d’une multitude de cubes colorés ; il faut les choisir, arrêter par avance des bandes qui se succéderont, créant non seulement les plans, mais aussi les reflets, les coups de lumière, los plans dégradés. C’est le système déduit de la perspective optique, rendu en quel- que sorte tangible pour tous les yeux. Il faut enfin que les colorations ne se heur- tent pas en employant des surfaces mor- celées, et se juxtaposent par les angles, sans que les angles soient cependant visibles dans le mortier. Le vaste établissement fondé par Louis XIV, où se concentraient aux Gobe- lins les forces décoratives au profit de la royauté, et que Lebrun a empli de son talent supérieur, a perdu presque toute sa splendeur et son activité; mais il a gardé ses métiers de tapisserie, et il n’a point perdu son prestige sur les imagina- tions populaires. Notre confrère II. Ha- vard en a raconté minutieusement l’his- toire dans un livre qui prend place dans toutes les bibliothèques d’éducation sé- rieuse. Il a exposé le récit bien juste des gloires de cette manufacture, qui traverse les temps présents en produisant des pages d’élite, et qui est misérablement rétribuée. Son personnel est composé d’artistes hors ligne, dont quelques-uns sont des maîtres très appréciés dans les