ForsideBøgerL'exposition De Paris 188… deuxième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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206 L’EXPOSITION DE PARIS une sorte de mélopée d’une mélancolie navrante qui sort de leurs instruments. Les flûtes piaulent, les darboukas gron- dent, les clarinettes se trémoussent, les mains scandent sur la peau tendue des tambourins un rythme assez rapide, et pourtant l’ensemble est triste, triste comme un chant d’inconsolable rê- verie. Les titres des morceaux indiquent bien, d’ailleurs, la couleur de cet art étrange : Tal Eddor alla (Mon tourment est bien long) ; — Ya radi VBahdja (O toi qui vas à Alger la belle) ; — Ya Ahmed, ya Khouïa (O mon Ahmed, ô mon frère) ; — Ter der alia (Tu m’abandonnes!); — Amrek ma sedoukh (Ne perds jamais la raison...), etc. Et ce qui ajoute encore au charme pit- toresque de la scène, c’est le décor dans lequel elle se passe : la vague odeur d’encens et do musc qui caractérise l’Orient Hotte dans l’air; au milieu de la foule qui se masse autour de cet orchestre exotique, sous les portiques mauresques, le long des arcades blanches, circulent des personnages noirs, jaunes, bronzés ; on se heurte à des femmes voilées jus- qu’aux yeux, on coudoie des vestes bleu de ciel, orange ou vert pistache ; c’est à se croire débarqué subitement dans quel- que escale barbaresque, et le spectacle est ainsi composé que nos paletots som- bres et nos figures pâles sont aussi bien pour ces exotiques une curiosité que pour nous leur teint hàlé et leurs robes éclatantes. Ah! ce qu’ils pensent de nous, ces Orientaux, ce qu’ils pensent de nos mo- numents, do nos fêtes, de nos enthou- siasmes, qui le, saura jamais! Peut-être, après tout, qu’ils n’en pensent rien, et que, dans leur indolence musulmane, ils assistent au spectacle étonnant qui leur est offert sans le juger et même sans le voir. Pourtant on connaît les Impressions de voyage que Tun d’eux a notées et en- voyées à sa famille. C’est un Okanda qui se trouve à l’Esplanade des Invalides et qui a prié M. de Brazza de vouloir bien transmettre au Congo des nouvelles de la colonie sénégalaise. « Dis à tous les Okandas qui nous con- seillaient de ne pas aller si loin que le voyage s’est bien passé et que personne n'a été malade. Et tout le monde est bien conten t ici, et nous mangeons de la viande tous les jours... nous sommes, ici, dans une ville où il y a tellement de monde que les blancs sont serrés comme des plants de maïs dans un champ ; et il faut direà tout le monde que, lorsque nous ren- trerons, nous aurons tant de choses à dù’e sur ce que nous avons vu, que nous pourrons parler pendant des mois entiers avant d’avoir fini. » — Nous mangeons de la viande tous les jours ! c’est encore là ce qui le frappe le plus, le bon Okanda, et peut-être trou- vera-t-il dur de se remettre au régime des légumes secs, quand il sera rentré dans son village... Dangereux bienfaits de la civilisation ! G. Lenotbe. MORT DE GUILLAUME LE CONQUÉRANT Tableau de M. Albert MAIGNAN. « Et ayant tout pillé, ils laissèrent le cadavre nu sur le pavé de la salle. Il resta ainsi jusqu’à la troisième heure. » (Orderic Vitale.) C’est la traduction fidèle de cette légende que l’artiste a rendue en peinture avec un sentiment dramatique des plus saisissants. L’abandon de ce cadavre jeté violemment de sa couche sur les dalles archaïques de sa demeure, ces coffres brisés, ces sacs vides de leurs trésors, racontent bien la fin tragique et banale à la fois du glo- rieux conquérant. C’est une des œuvres les plus caractéristiques de M. Albert Maignan, une de celles qui attirent le plus le visiteur de nos belles galeries des Beaux-Arts dans leur palais du Champ de Mars Si la note est lugubre, elle n’en est pas moins intéressante; l’artiste a, d’ailleurs, mille res- sources et sait aussi bien faire sourire que fré- mir, charmer que terrifier; dans tous les cas, sa peinture donne des impressions qui restent pour la plus grande renommée de celui qui a su les exprimer. LES PAYS ÉTRANGERS A L’EXPOSITION LE MEXIQUE Un des États étrangers dont la participation officielle prend un caractère politique très si- gnificatif, c’est le Mexique, avec lequel le gou- vernement français a renoué des relations qu’avait brisées l’Empire. Glissons, n’insistons pas. Nous tenons à nous arrêter, par contre, sur le fait de l’indiscutable sympathie que les Mexicains ont, de tout temps, hautement ma- nifestée pour nous. En effet, parmi les person- nalités les plus marquantes, parmi les phy- sionomies bien boulevardières, dans la foule des hôtes du grand monde cosmopolite, on compte de nombreux citoyens de la vieille terre des Montezuma.’ Tout Paris connaît, entre autres, les Yturbe, dont l’hôtel seigneurial, avenue du Bois-de-Bou- logne, est situé presque en face de l’ancienne demeure du duc de Nemours. Les Yturbe sont, incontestablement, les Rothschild du Mexique. La légende les fait descendre des anciens rois du Pérou. Et, vraiment, leur fortune est deux fois péruvienne. On sait encore que les réceptions du ministre du Mexique en France, M. Ramon Fernandez, un homme du monde et un savant, ont toujours été des plus recherchées et des plus suivies. Rappelons que M. Fernandez, qui se trouvait au delà des mers depuis quelques mois, a eu l’exquise délicatesse de rentrer à Paris pour les fêtes du 6 mai. Il est à propos de ramener l’attention sur la conduite suivie par le gouvernement mexi- cain lorsque la France convia les nations à l'Exposition Universelle de 1889. Le général Porfirio Diaz, président de la République du Mexique, fit mettre immédiatement à l’étude, sous la direction de M. le général Pacheco, ministre du Commerce, le projet d’organisation de sa participation. On convoqua à Mexico les exposants, établissant ainsi une sorte de con- cours restreint et préparatoire à celui de Paris. Le 25 janvier 1889, le président de la Répu- blique, le général Diaz, se rendait à l’École des Mines pour y visiter cette exposition, tout par- ticulièrement remarquable par les produits naturels et matières premières : bois précieux, plantes textiles et médicinales, et parles collec- tions de minerais les plus variées et d’une richesse incomparable. On y voyait aussi des ouvrages en bois, des objets et instruments en fer fondu et forgé, des machines agricoles, des selles de chevaux (on sait que tout Mexicain est bon cavalier), des tissus des États de Puebla, de Durango, Coahnila, des costumes caractéris- tiquesdu pays, desouvrages en coquillages, etc., enfin une serviette destinée au président de la République française et sur laquelle est brodé, en soie noire, l’hymne national mexi- cain. Tel est, en quelques mots, et dans ses grandes lignes, le résumé du concours mexicain à Paris. On pourrait ajouter encore que le gouver- nement de l’État de Yucatan a fait dresser un plan de la péninsule; que, sur la commande du ministère des Travaux publics, un éminent géographe, M. Antonio Garcia Cubas, a rédigé un tableau géographique, statistique et histo- rique du Mexique et qu’un patient collection- neur a réuni dans un album les spécimens les plus divers et très curieux du papier timbré en usage au Mexique depuis le règne de Phi- lippe IV, en 1640, jusqu’à nos jours, en l’an 4889. Sans contredit, la pensée du collection- neur est très originale. Le Mexique, comme la République Argentine et le Chili, a fait construire en fer son palais du Champ de Mars, de façon à pouvoir l’emporter après l’Exposition. Les auteurs du palais sont : M. Penaflel, architecte, et M. Anza, ingénieur- constructeur, tous deux Mexicains. Les motifs en sont empruntés à l’ancienne civilisation du pays. C’est une masse pyramidale dont les façades ont 70 mètres de long et 14 mètres de hauteur, sans autre ouverture que le grand portail du milieu. La lumière y pénètre par la toiture, qui est vitrée. Tout autour de ce lourd monument on remarque des décors et figures en relief; les premiers sont copiés sur les anciens monuments nationaux, les autres représentent les dieux et les anciens' empereurs. Comme les ' matériaux de construction étaient jadis, au Mexique, plus durs que les outils dont pouvaient disposer les constructeurs et les décorateurs, les bas-reliefsne sont naturellementqu’indiqués; ilsne.se dégagent pas nettement selon l’art ancien du monde européen. C’est une architecture dès longtemps disparue et ressuscitée en l’honneur de l’Exposition, mais le tout est très réussi au point de vue historique. 11 ne faut, certaine- ment, y chercher ni la grâce ni la gaieté, mais c’est du vrai. La commission mexicaine à l’Exposition de Paris fonctionne sous la présidence de M. üiaz Mimiaga, commissaire général, assisté de M. Garcia Coude, consul du Mexique au Havre, et de M. Manuel Payua, consul général du Mexique à Santander. M. Diaz Covarrubias, qui