L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
une sorte de mélopée d’une mélancolie
navrante qui sort de leurs instruments.
Les flûtes piaulent, les darboukas gron-
dent, les clarinettes se trémoussent, les
mains scandent sur la peau tendue des
tambourins un rythme assez rapide, et
pourtant l’ensemble est triste, triste
comme un chant d’inconsolable rê-
verie.
Les titres des morceaux indiquent bien,
d’ailleurs, la couleur de cet art étrange :
Tal Eddor alla (Mon tourment est bien
long) ; — Ya radi VBahdja (O toi qui
vas à Alger la belle) ; — Ya Ahmed, ya
Khouïa (O mon Ahmed, ô mon frère) ; —
Ter der alia (Tu m’abandonnes!); —
Amrek ma sedoukh (Ne perds jamais la
raison...), etc.
Et ce qui ajoute encore au charme pit-
toresque de la scène, c’est le décor dans
lequel elle se passe : la vague odeur
d’encens et do musc qui caractérise
l’Orient Hotte dans l’air; au milieu de la
foule qui se masse autour de cet orchestre
exotique, sous les portiques mauresques,
le long des arcades blanches, circulent
des personnages noirs, jaunes, bronzés ;
on se heurte à des femmes voilées jus-
qu’aux yeux, on coudoie des vestes bleu
de ciel, orange ou vert pistache ; c’est à
se croire débarqué subitement dans quel-
que escale barbaresque, et le spectacle
est ainsi composé que nos paletots som-
bres et nos figures pâles sont aussi bien
pour ces exotiques une curiosité que
pour nous leur teint hàlé et leurs robes
éclatantes.
Ah! ce qu’ils pensent de nous, ces
Orientaux, ce qu’ils pensent de nos mo-
numents, do nos fêtes, de nos enthou-
siasmes, qui le, saura jamais! Peut-être,
après tout, qu’ils n’en pensent rien, et
que, dans leur indolence musulmane, ils
assistent au spectacle étonnant qui leur
est offert sans le juger et même sans le
voir.
Pourtant on connaît les Impressions de
voyage que Tun d’eux a notées et en-
voyées à sa famille. C’est un Okanda qui
se trouve à l’Esplanade des Invalides
et qui a prié M. de Brazza de vouloir bien
transmettre au Congo des nouvelles de
la colonie sénégalaise.
« Dis à tous les Okandas qui nous con-
seillaient de ne pas aller si loin que le
voyage s’est bien passé et que personne
n'a été malade. Et tout le monde est bien
conten t ici, et nous mangeons de la viande
tous les jours... nous sommes, ici, dans
une ville où il y a tellement de monde
que les blancs sont serrés comme des
plants de maïs dans un champ ; et il faut
direà tout le monde que, lorsque nous ren-
trerons, nous aurons tant de choses à
dù’e sur ce que nous avons vu, que nous
pourrons parler pendant des mois entiers
avant d’avoir fini. »
— Nous mangeons de la viande tous
les jours ! c’est encore là ce qui le frappe
le plus, le bon Okanda, et peut-être trou-
vera-t-il dur de se remettre au régime
des légumes secs, quand il sera rentré
dans son village... Dangereux bienfaits de
la civilisation !
G. Lenotbe.
MORT DE GUILLAUME LE CONQUÉRANT
Tableau de M. Albert MAIGNAN.
« Et ayant tout pillé, ils laissèrent le cadavre
nu sur le pavé de la salle. Il resta ainsi jusqu’à
la troisième heure. » (Orderic Vitale.)
C’est la traduction fidèle de cette légende que
l’artiste a rendue en peinture avec un sentiment
dramatique des plus saisissants. L’abandon de
ce cadavre jeté violemment de sa couche sur
les dalles archaïques de sa demeure, ces coffres
brisés, ces sacs vides de leurs trésors, racontent
bien la fin tragique et banale à la fois du glo-
rieux conquérant.
C’est une des œuvres les plus caractéristiques
de M. Albert Maignan, une de celles qui attirent
le plus le visiteur de nos belles galeries des
Beaux-Arts dans leur palais du Champ de Mars
Si la note est lugubre, elle n’en est pas moins
intéressante; l’artiste a, d’ailleurs, mille res-
sources et sait aussi bien faire sourire que fré-
mir, charmer que terrifier; dans tous les cas,
sa peinture donne des impressions qui restent
pour la plus grande renommée de celui qui a
su les exprimer.
LES PAYS ÉTRANGERS A L’EXPOSITION
LE MEXIQUE
Un des États étrangers dont la participation
officielle prend un caractère politique très si-
gnificatif, c’est le Mexique, avec lequel le gou-
vernement français a renoué des relations
qu’avait brisées l’Empire. Glissons, n’insistons
pas.
Nous tenons à nous arrêter, par contre, sur
le fait de l’indiscutable sympathie que les
Mexicains ont, de tout temps, hautement ma-
nifestée pour nous. En effet, parmi les person-
nalités les plus marquantes, parmi les phy-
sionomies bien boulevardières, dans la foule
des hôtes du grand monde cosmopolite, on
compte de nombreux citoyens de la vieille
terre des Montezuma.’
Tout Paris connaît, entre autres, les Yturbe,
dont l’hôtel seigneurial, avenue du Bois-de-Bou-
logne, est situé presque en face de l’ancienne
demeure du duc de Nemours. Les Yturbe sont,
incontestablement, les Rothschild du Mexique.
La légende les fait descendre des anciens rois
du Pérou. Et, vraiment, leur fortune est deux
fois péruvienne.
On sait encore que les réceptions du ministre
du Mexique en France, M. Ramon Fernandez,
un homme du monde et un savant, ont toujours
été des plus recherchées et des plus suivies.
Rappelons que M. Fernandez, qui se trouvait
au delà des mers depuis quelques mois, a eu
l’exquise délicatesse de rentrer à Paris pour
les fêtes du 6 mai.
Il est à propos de ramener l’attention sur
la conduite suivie par le gouvernement mexi-
cain lorsque la France convia les nations à
l'Exposition Universelle de 1889. Le général
Porfirio Diaz, président de la République du
Mexique, fit mettre immédiatement à l’étude,
sous la direction de M. le général Pacheco,
ministre du Commerce, le projet d’organisation
de sa participation. On convoqua à Mexico les
exposants, établissant ainsi une sorte de con-
cours restreint et préparatoire à celui de Paris.
Le 25 janvier 1889, le président de la Répu-
blique, le général Diaz, se rendait à l’École des
Mines pour y visiter cette exposition, tout par-
ticulièrement remarquable par les produits
naturels et matières premières : bois précieux,
plantes textiles et médicinales, et parles collec-
tions de minerais les plus variées et d’une richesse
incomparable. On y voyait aussi des ouvrages
en bois, des objets et instruments en fer fondu
et forgé, des machines agricoles, des selles de
chevaux (on sait que tout Mexicain est bon
cavalier), des tissus des États de Puebla, de
Durango, Coahnila, des costumes caractéris-
tiquesdu pays, desouvrages en coquillages, etc.,
enfin une serviette destinée au président de
la République française et sur laquelle est
brodé, en soie noire, l’hymne national mexi-
cain.
Tel est, en quelques mots, et dans ses grandes
lignes, le résumé du concours mexicain à Paris.
On pourrait ajouter encore que le gouver-
nement de l’État de Yucatan a fait dresser un
plan de la péninsule; que, sur la commande
du ministère des Travaux publics, un éminent
géographe, M. Antonio Garcia Cubas, a rédigé
un tableau géographique, statistique et histo-
rique du Mexique et qu’un patient collection-
neur a réuni dans un album les spécimens les
plus divers et très curieux du papier timbré
en usage au Mexique depuis le règne de Phi-
lippe IV, en 1640, jusqu’à nos jours, en l’an
4889. Sans contredit, la pensée du collection-
neur est très originale.
Le Mexique, comme la République Argentine
et le Chili, a fait construire en fer son palais du
Champ de Mars, de façon à pouvoir l’emporter
après l’Exposition. Les auteurs du palais sont :
M. Penaflel, architecte, et M. Anza, ingénieur-
constructeur, tous deux Mexicains. Les motifs
en sont empruntés à l’ancienne civilisation du
pays. C’est une masse pyramidale dont les
façades ont 70 mètres de long et 14 mètres de
hauteur, sans autre ouverture que le grand
portail du milieu. La lumière y pénètre par la
toiture, qui est vitrée. Tout autour de ce lourd
monument on remarque des décors et figures
en relief; les premiers sont copiés sur les anciens
monuments nationaux, les autres représentent
les dieux et les anciens' empereurs. Comme les '
matériaux de construction étaient jadis, au
Mexique, plus durs que les outils dont pouvaient
disposer les constructeurs et les décorateurs,
les bas-reliefsne sont naturellementqu’indiqués;
ilsne.se dégagent pas nettement selon l’art ancien
du monde européen. C’est une architecture dès
longtemps disparue et ressuscitée en l’honneur
de l’Exposition, mais le tout est très réussi au
point de vue historique. 11 ne faut, certaine-
ment, y chercher ni la grâce ni la gaieté, mais
c’est du vrai.
La commission mexicaine à l’Exposition de
Paris fonctionne sous la présidence de M. üiaz
Mimiaga, commissaire général, assisté de
M. Garcia Coude, consul du Mexique au Havre,
et de M. Manuel Payua, consul général du
Mexique à Santander. M. Diaz Covarrubias, qui