L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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rite, au surplus, une description spéciale. Elle
se compose d’une boîte renfermant dans ses
cases quarante cubes en métal sur toutes les
faces desquels sont en relief des points repré-
sentant les chiffres de un à dix.
Il fallait voir avec quelle sûreté, quelle dexté-
rité notre guide se servait de cet instrument.
Vous verrez qu’on finira par réserver à un aveu-
gle une place à l’Observatoire.
Ce qu’il y a de plus pratique, l’enseignement
professionnel, est représenté par une quantité
d’objets faits par les élèves des deux sexes. Ici
des travaux en fil, en coton, en soie, en laine ;
là, des objets en bois tournés et des njeubles
d’usage courant, chaises, fauteuils, tabourets
rembourrés ou cannés.
La vitrine qui renferme la collection des jeux
confectionnés par les aveugles et à leur usage
spécial n’est pas la moins curieuse : jeux d’é-
checs, de trictrac, de cartes. Naturellement, et
c’est en quoi cela offre plus d’intérêt, il a fallu
aux inventeurs se livrer à une série de combi-
naisons qui dénotent l’esprit le plus délié —
sans faire tort à l’habileté de main.
En sortant de là, on pense à retourner le ver-
set du psaume qui dit : « Ils ont des yeux et ils
ne voient point. » Ici, c’est le contraire et l’on
serait tenté de dire : « Ils n’ont pas d’yeux et
ils voient. »
LA MAISON DES INCAS
Nous retrouvons encore l’Algérie au Champ
de Mars à ['Histoire de l’habitation, où M. Garnier
fait figurer une maison arabe au xvie siècle. Ne
contestons pas la date, car l’art semble être
immuable clans ces indolents pays du soleil : ce
sont toujours les mêmes balcons soutenus par
des poutrelles, les mêmes arcades blanches, les
mêmes moucharabiésde bois découpées. Les ha-
bitations chinoise et japonaise qui suivent font
assez triste figure à côté des merveilles que nous
offre en ce genre l’Esplanade des Invalides; et
c’est là le grand défaut de la collection de
M. Ch. Garnier; l’histoire de l’habitation est
partout, à l’Exposition : à la rue du Caire, à
l’Indo-Chine, au Kampong javanais, aux mai-
sons Scandinaves, aux pavillons des Amériques;
et à côté des gigantesques temples hindous ou
mexicains, à côté des palais— grandeur nature
—.que tous les peuples du nouveau monde ont
élevés à grands frais au pied de la Tour Eiffel,
les réductions minuscules du célèbre architecte
perdent, il faut bien le dire, de leur intérêt.
Pourtant la reconstitution en est consciencieuse
et savante; les documents les plus rares et les
plus sérieux ont été mis à contribution et
M. Netto, le directeur du muséum de Rio-Janeiro,
qui a installé dans la maison des Incas un petit
musée des antiquités américaines, était frappé
de l’exactitude merveilleuse que M. Garnier avait
apportée à la construction de ces anciennes
habitations des Aztèques et des Incas.
Il est curieux, ce minuscule musée : il y a là
des costumes complets de Botocudos et de Chi-
varos qui ne tiennent pas gratid’place, car ils
consistent seulement en massues et en boucles
d’oreilles ; il y a des vases préhistoriques char-
gés d’hiéroglyphes mystérieux et presque artis-
tiques ; on y voit aussi, dans un bocal, une
horrible tête d’homme désossée et cuite au four
qui n’a d’ailleurs rien de préhistorique, puisque
cette atroce cuisine ne date que de deux ans à
peine; on y peut aussi étudier tous les vestiges
d’une religion primitive, sur lesquels nous glis-
serons discrètement; ceux de nos lecteurs qui
ont visité le musée secret de Naples et les anti-
quités pompéiennes comprendront la raison de
notre réserve. G. L.
FANTASIA ARABE
La fantasia arabe nous appelle à l’Esplanade
des Invalides, dans cette pittoresque Algérie où
nous ont déjà attiré la Nouba et les campements
des familles kabyles.
Là, dans l’espace qui s’étend derrière les
palais de la Tunisie, s’élève un village arabe :
de vastes tentes à larges rayures abritent des
familles complètes, dont les enfants, vêtus d’une
simple chemise flottante, se cramponnent aux
visiteurs pour leur arracher un petit sou. Sous
un abri plus rudimentaire encore, les chevaux
sont alignés, atlaciiés par les pieds à une longue
corde tendue qui ne leur permet aucun mouve-
ment. C’est là, sous une allée d'arbres maintenue
libre, qu’a lieu presque chaque jour la fantasia.
Un cavalier s’avance, dressé sur sa haute selle,
ornementée de cuivres et de broderies ; son long
manteau flotte derrière lui, une écharpe de
couleur brillante recouvre l’arrière-train de son
cheval, et la course commence à travers les
arbres; les cavaliers sont d’une habileté rare,
les chevaux d’une légèreté et d’une intelligence
remarquables. Puis deux musiciens, marchant
à reculons, entonnent cette interminable et
monotone mélopée qui est la musique orientale;
le cheval suit la mesure, marquant le pas,
balançant sa jolie tête fine, et trouvant sans
doute bien restreint le court espace où s’empri-
sonne son galop journalier. Mais vraiment on
ne pouvait exiger qu’un bout du désert fût
transporté à l’Esplanade des Invalides, et il faut
bien se contenter de cette fantasia, très pitto-
resque, mais à laquelle manquent les chauds
soleils d’Afrique et les espaces infinis. G. L.
DU MONDE SOUTERRAIN
A la tribune, dans les prétoires, par la voie
de la presse, par le roman, le dessin, la chanson
même, on nous a initiés à la vie des mineurs et
retracé sous toutes ses faces cette existence
pleine de luttes et de dangers continuels. Tout
le monde, aujourd’hui, connaît, ou croit con-
naître, cet enfer du travailleur qui s’appelle la
mine; là où, en risquant sa vie à chaque
instant, en peinant à d’épuisants labeurs, le
malheureux, privé même de l’air pur et de la
lumière du soleil — qui, on le voit, ne luit pas
pour tout le monde, — ne réussit pas toujours à
gagner le morceau de pain nécessaire aux siens.
11 faut donc, pour braver ces dangers, affron-
ter et supporter ces fatigues multiples et sans
nom, qu’il y ait un intérêt bien grand à aller
fouiller la terre jusqu’en ses entrailles? Quels
trésors renferme-t-elle donc?
On en aura quelque idée en visitant la classe
où sont exposés les produits de l’exploitation
des mines, qui occupe un vaste espace sur les
côtés et au delà de la galerie de trente mètres.
D’abord, et ceci est surtout fait pour arrêter
les spécialistes, se présentent les objets de petite
dimension : échantillons de minéraux, de roches
dures et d’ornement, pour parler le style du
commerce. A la suite, les collections de types
des combustibles minéraux, charbons divers,
asphaltes et roches asphaltiques, bitume, gou-
dron minéral, pétrole brut. La nomenclature
en serait interminable.
Voilà ce que la terre donne, le mot est im-
propre, recèle, et ce que l’homme va lui arra-
cher au prix de mille efforts.
Voici maintenant ce qu’il en fait après des
premiers travaux : ce sont les métaux bruts :
les fontes, les fers, les aciers, les fers aciéreux.
Évidemment ces métaux devaient avoir une
place d'honneur dans cette Exposition où le fer
règne en roi, s’impose, où tout le génie des ingé-
nieurs s’est concentré à faire voir ce que l’on en
pouvait tirer au point de vue de la hardiesse et
de la stabilité dans les constructions.
Aussi s’attache-t-il un puissant intérêt à
l’exhibition des produits savamment groupés de
l’élaboration des métaux bruts : fontes moulées,
fers marchands, fers spéciaux, tôles et fers-
blancs, tôles de blindage — la guerre toujours
à côté de la paix, — tôles de construction qui
permettent de voir les éléments de construction
de la Tour Eiffel.
Celle ci a démontré qu’on peut mettre de
l’art même dans l’agencement de ces mastodontes
de fer. Ce n’est pas d'hier au surplus que le
goût de l’artisan s’est manifesté dans la trans-
formation de ces matières si peu ductiles et, de
prime abord, si réfractaires au modelé. On le
constate dans la partie de l’Exposition réservée
aux métaux ouvrés.
Il y a là des pièces forgées dont la souplesse,
la délicatesse des dessins les plus contournés,
mouvementés, tarabiscotés, dirait Goncourt, dé-
fie l’habileté de ceux qui manient la terre glaise.
Signalons dans cet ordre d’idées, comme tra-
vail industriel empreint d’un cachet artistique
des plus remarquables, le portail d’entrée qui
donne accès dans la travée où sont rassemblés
les instruments de chaullage. C’est un pur chef-
d’œuvre de serrurerie. On sait au reste que dans
cet art, même à partir du xviB siècle, les ou-
vriers français n ont pas trouvé de rivaux.
Fatalement, on revient à des spectacles
moins élevés, mais qui n'en sont pas moins
faits pour donner une haute idée du génie de
l’homme domptant la matière, lorsqu’on se
trouve au centre des produits de nos grandes
usines métallurgiques. Ici on reste étonné,
dérouté même, en présence de ces canons et de
ces colossales plaques de blindage destinés à la
marine. Que de forces employées pour détruire
et pour annihiler les travaux de destruction;
Les efforts marchent parallèlement. Ceci
tuera-t-il cela? Les engins meurtriers dépasse-
ront-ils les cuirasses en puissance ; les cuirasses
braveront-elles les engins effrayants?
Montaigne eût dit : « Que sais-je? » et Rabe-
lais : « Peut-être. »
En tout cas, on se trouve ici en présence de
travaux de métallurgie qui font penser que nos
forgerons de Fourchambault et du Creusot ne
voudraient même pas de Vulcain et des Cyclopes
pour tirer leurs soufflets de forge.
LE VOYAGE DE M. ASSÉEFF
Ajoutons au récit de la traversée de l’Europe
que vient de terminer si heureusement M. Asséeff
et dont on pourra lire plus haut les détails,
quelques renseignements techniques qui inté-
ressent les sportsmen.
L’idée de son voyage était le résultat de nom-
breuses discussions entre officiers touchant la
force et le plus ou moins de résistance des che-
vaux de la cavalerie russe.
Diana, l’un des chevaux de M. Asséeff, est un
trois quarts pur sang, de père anglais — Emire
— et de mère russe. Il est né au haras Havaïski
et est âgé de 5 ans.