L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
LA SCIENCE A L’EXPOSITION
LES
PREMIÈRES FONTAINES LUMINEUSES
Après la Tour Eiffel, la plus grande attrac-
tion de l’Exposition consiste dans l’éblouissant
spectacle des fontaines lumineuses.
Le phénomène physique qui est mis à profit
dans cette splendide exhibition, et l’appareil qui
sert à la réaliser dans la pratique, ont été consi-
dérés, à tort, dans plusieurs recueils, comme
d’origine anglaise. Nous sommes, en mesure de
donner sur celte curieuse invention, et sur l’in-
venteur, des renseignements ignorés, ou mécon-
nus volontairement ou non. Le lecteur va d’ail-
leurs juger de la valeur et de l’opportunité de cet
acte de justice historique.
En 1841, M. Daniel Colladon, professeur à
l’Académie de Genève, trouva le moyen d’éclairer
à l’intérieur la combine d’une veine d’eau jaillis-
sante, en appliquant le principe physique connu
sous le nom de réflexion totale de la lumière.
Les Comptes rendus de l’Académie des sciences
de Paris (séance du 24 octobre 1842) renferment
la notice suivante du professeur Colladon, de
Genève :
«J’ai souvent cherché dans mes coursà rendre
visibles pour tous les élèves les di fférentes fo rmes
que prend une veine fluide en sortant par des
orifices variés. C’est pour y parvenir que j’ai été
conduit à éclairer in térieurement une veine placée
dans un espace obscur. J’ai reconnu que cette
disposition est très convenable pour le but que
je m’étais proposé, et que, de plus, elle offre dans
ses résultats une des plus belles et des plus
curieuses expériences que l’on puisse faire dans
un cours d’optique.
« L’appareil que j’emploie pour ces essais se
compose d’un vaseparallélipipédiquede? mètres
de hauteur. Sur une des faces, un peu au-dessus
du fond, est une ouverture où s’adaptent, à vis,
différents diaphragmes, pour varier la grosseur
du jet. Cette veine s’échappe du vase dans
une direction horizontale : pour l’éclairer inté-
rieurement, on perce un trou dans la partie
opposée sur la même direction et l’on adapte à
ce trou une lentille convexe; on ajoute en
dehors du vase un tube horizontal, noirci à
l’intérieur, destiné à empêcher les rayons obli-
ques à l’axe du jet de pénétrer dans le vase.
L’appareil est ensuite placé dans une chambre
obscure; un des volets de cette chambre est
percé d’un trou, auquel on adapte le tube noirci,
et l'on renvoie par un miroir un faisceau de
lumière solaire parallèlement à l’axe du tube.
« Les rayons lumineux traversent la lentille et
le liquide, et vont converger dans l’ouverture par
laquelle s’échappe la veine; une fois entrés dans
la veine, ils rencontrent sa surface sous un angle
assezpelilpour éprouver une réflexion intérieure
totale. Le même effet se reproduit à chaque
nouveau point d’incidence, en sorte que la
lumière circule dans ce jet transparent comme
un canal, et en suit toutes les inflexions.
« Si l’eau est parfaitement limpide et l’ouver-
ture du diaphragme bien nette, la veine est à
peine visible, quoiqu’une lumière très intense
circule dans son intérieur. Mais partout où celle
veine rencontre un corps solide qui l’interrompt,
la lumière qu’elle contenait s’échappe, et les
points de contact deviennent lumineux. Ainsi,
en recevant lejet dans un bassin posé horizon-
talement, le fond de cebassin se trouve illuminé
par la lumière sortie du vase à travers la veine.
« Si la veine tombed’une grande hauteur, ou
si son diamètre n’est quede quelques millimètres,
elle se réduit en gouttes dans sa partie infé-
rieure.
« C'est là seulement que le liquide s’éclaire, et
chaque point de rupture de la veine lance une
vive lumière. Si une veine continue tombe sur
une surface capable d’un certain nombre de
vibrations, le mouvement vibratoire peut, se
communiquer au jet liquide qui se brisejusqu’à
une grande hauteur au-dessus de la plaque
vibrante. Cette expérience de Savart, ainsi que
plusieurs de celles qu’il a étudiées et décrites
dans les Annales de chimie, peuvent se répéter
et être rendues facilement observables par ce
nouveau procédé. On comprend d’ailleurs qu il
serait aussi facile d’éclairer un jet ayant une
direction quelconque au moyen de réflecteurs ;
la seule précaution essentielle, c’est de se servir
d'eau à la température de la chambre où l’on
opère, pour qu’il ne se dépose pas de rosée sur
la surface extérieure delà lentille...
« Le cabinet du Conservatoire des Arts et
Métiers de Paris possède, depuis le mois d’oc-
tobre 1841, un de mes appareils, qui a été con-
struit par M. Bourbouze, à la demande de
M. Pouillet; on en a fait, à la même époque,
pour des cours publics à Londres, et tous les
résultats mentionnés plus haut ont été répétés
dans les cours de physique et de mécanique de
Genève, au mois de juin 1851. »
Ainsi qu’il est dit dans le mémoire de
M. Colladon, dès l’année 1842, le physicien de
Genève employa la lumière électrique, avec un
réflecteur et des verres colorés, et s’il parle,
dans son mémoire, de la lumière solaire, c’est
que la lumière électrique était alors d’un
emploi fort rare. Cependant le cabinet de
physique de Genève contenait un régulateur
de lumière électrique, que M. Colladon put
employer. M. de la Rive répéta avec la lumière
électrique l’expérience de la fontaine lumineuse
Colladon dans un cours public de physique
qu’il donnait au Casino, et où elle fut fort
applaudie
Pendant la même année 1842, M. Colladon
donna à M. Bourbouze, préparateur du cours
de physique à la Sorbonne, à la demande du
professeur Pouillet, des instructions pour
répéter la même expérience avec la liimière
électrique.
Peu de temps après, l’Opéra de Paris mettait
cette expérience en action. M. Dubosc, con-
structeur d’instruments de physique, qui avait
reçu des instructions de M Colladon, mit, pour
la première fois, ce brillant phénomène à la
scène, dans le ballet Elias et Mysis, en 1853.
Dans le 2e tableau du Faust de Gounod, le
jet de feu que Méphistophélès fait sortir d’un
tonneau de vin estime veine liquide fortement
éclairée par la réflexion totale de la lumière
électrique et colorée par un verre rouge.
Dans la Biche au bois, au théâtre de la Porte-
Saint-Martin, un hydraulicien de Paris, M. De-
laporte, a montré des fontaines lumineuses de
faibles dimensions, qui pourtant produisaient
de très jolis effets.
Le journal la Nature a publié, en 1884, un
article sur la fontaine Colladon.
Le rédacteur en chef de ce journal, M. Gaston
Tissandier, s’exprime ainsi :
« Nous avons récemment parlé de l’appareil
de M. Colladon pour faire circuler la lnmi ri-
en ligne courbe à l’intérieur d’une veine liquide.
Cet appareil est désigné dans les cabinets de
physique sous le nom de fontaine Colladon. Il
a été expérimenté dans bien des pays et même
dans des pièces de théâtre, mais il n’a jamais
été représenté par un dessin, et nous avons
pensé que nos lecteurs accueilleraient avec
intérêt des documents précis à ce sujet.
« Nous en avons demandé la description à
son auteur, et M. Colladon a bien voulu nous
communiquer le dessin de son expérience pre-
mière, avec une description faite d’après lajnôte
qu’il a autrefois présentée à l’Académie des
sciences.
« Nous reproduisons ci-dessous ce curieux
document. »
Suit le dessin pittoresque de l’appareil. On
voit, dans le dessin donné par le journal la
Nature, la lumière électrique réfléchie par un
projecteur éclairant latéralement un volume
d’eau placé dans une caisse verticale à travers
une lentille bi-convexe. La lentille fait converger
la lumière sur la face opposée du réservoir, à
l’endroit où se fixe l’orifice du jet.
On voit, de plus, dans le bas, le réservoir
dans lequel l’eau tombe, être très fortement
éclairé par la lumière.
C’est en Angleterre, en 1884, q,ue l’expérience
de la fontaine GolladpuCfut- exhibée, pour la
première fois, avec une grande ampleur. Un
physicien-hydraulicien, du nom de Galloway,
organisa, pendant l’Exposition de Glasgow, et
ensuite à Londres et à Manchester, de concert
avec le colonel Bolton,' une fontaine jaillissante
éclairée par des jeux électriques diversement
colorés.
Le journal la Lumière électrique (4 avril 1888,
n° 31, page 241) a fait connaître en ces termes
la belle exhibition de M. Galloway :
« La fontaine électrique à Glasgow (1884). —
La fontaine éclairée à l’électricité est une des
plus grandes attractions de l’Exposition inter-
nationale à Glasgow. Elle a été construite et
installée par MM. W. Galloway et fils, de Man-
chester.
« Au-dessous de la fontaine est une chambre
circulaire, d’un diamètre de douze mètres et
d’une hauteur de deux mètres cinquante.
Le plafond est percé de dix-sept fenêtres, qui
sont disposées en cercles autour d’une ouver-
ture centrale. Contre chaque fenêtre se trouve
une lampe électrique à arc de 60 ampères, et
sous la fenêtre centrale il y en a deux; ces
lampes sont toutes pourvues de réflecteurs, qui
projettent la lumière en haut sur la nappe
d’eau.
« Sous chaque fenêtre il y a des cadres pour-
vus de verres coloriés qui permettent de chan-
ger la couleur de la lumière projetée sous les
jets d’eau. Ces cadres sont sous le contrôle
d’une seule personne qui peut varier la lumière
à volonté. La grande consommation de charbon
dans les lampes a nécessité l’installation d’un
ventilateur dans la chambre. Cette dernière
communique par un passage souterrain avec
une tour, d’où l’on peut régler le jeu des jets
d’eau, au nombre de 100, dont le diamètre varie
de 0,6 à 6 kilogrammes par centimètre carré.
Les pompes employées peuvent fournir jusqu’à
1,000 mètres cubes d’eau par heure. Le cou-
rant pour les dix-huit foyers à arcs est fourni
par deux dynamos Siemens B 13, actionnées
par une machine horizontale Galloway.
« Une fontaine éclairée de cette manière serait
d'un effet remarquable à l’Exposition de Paris,
si elle était installée en grand. »
L’idée mise en avant par la Lumière électri-
que en 1888 ne devait pas tarder à faire son
chemin.