ForsideBøgerL'exposition De Paris 188… deuxième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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226 L’EXPOSITION DE PARIS LA SCIENCE A L’EXPOSITION LES PREMIÈRES FONTAINES LUMINEUSES Après la Tour Eiffel, la plus grande attrac- tion de l’Exposition consiste dans l’éblouissant spectacle des fontaines lumineuses. Le phénomène physique qui est mis à profit dans cette splendide exhibition, et l’appareil qui sert à la réaliser dans la pratique, ont été consi- dérés, à tort, dans plusieurs recueils, comme d’origine anglaise. Nous sommes, en mesure de donner sur celte curieuse invention, et sur l’in- venteur, des renseignements ignorés, ou mécon- nus volontairement ou non. Le lecteur va d’ail- leurs juger de la valeur et de l’opportunité de cet acte de justice historique. En 1841, M. Daniel Colladon, professeur à l’Académie de Genève, trouva le moyen d’éclairer à l’intérieur la combine d’une veine d’eau jaillis- sante, en appliquant le principe physique connu sous le nom de réflexion totale de la lumière. Les Comptes rendus de l’Académie des sciences de Paris (séance du 24 octobre 1842) renferment la notice suivante du professeur Colladon, de Genève : «J’ai souvent cherché dans mes coursà rendre visibles pour tous les élèves les di fférentes fo rmes que prend une veine fluide en sortant par des orifices variés. C’est pour y parvenir que j’ai été conduit à éclairer in térieurement une veine placée dans un espace obscur. J’ai reconnu que cette disposition est très convenable pour le but que je m’étais proposé, et que, de plus, elle offre dans ses résultats une des plus belles et des plus curieuses expériences que l’on puisse faire dans un cours d’optique. « L’appareil que j’emploie pour ces essais se compose d’un vaseparallélipipédiquede? mètres de hauteur. Sur une des faces, un peu au-dessus du fond, est une ouverture où s’adaptent, à vis, différents diaphragmes, pour varier la grosseur du jet. Cette veine s’échappe du vase dans une direction horizontale : pour l’éclairer inté- rieurement, on perce un trou dans la partie opposée sur la même direction et l’on adapte à ce trou une lentille convexe; on ajoute en dehors du vase un tube horizontal, noirci à l’intérieur, destiné à empêcher les rayons obli- ques à l’axe du jet de pénétrer dans le vase. L’appareil est ensuite placé dans une chambre obscure; un des volets de cette chambre est percé d’un trou, auquel on adapte le tube noirci, et l'on renvoie par un miroir un faisceau de lumière solaire parallèlement à l’axe du tube. « Les rayons lumineux traversent la lentille et le liquide, et vont converger dans l’ouverture par laquelle s’échappe la veine; une fois entrés dans la veine, ils rencontrent sa surface sous un angle assezpelilpour éprouver une réflexion intérieure totale. Le même effet se reproduit à chaque nouveau point d’incidence, en sorte que la lumière circule dans ce jet transparent comme un canal, et en suit toutes les inflexions. « Si l’eau est parfaitement limpide et l’ouver- ture du diaphragme bien nette, la veine est à peine visible, quoiqu’une lumière très intense circule dans son intérieur. Mais partout où celle veine rencontre un corps solide qui l’interrompt, la lumière qu’elle contenait s’échappe, et les points de contact deviennent lumineux. Ainsi, en recevant lejet dans un bassin posé horizon- talement, le fond de cebassin se trouve illuminé par la lumière sortie du vase à travers la veine. « Si la veine tombed’une grande hauteur, ou si son diamètre n’est quede quelques millimètres, elle se réduit en gouttes dans sa partie infé- rieure. « C'est là seulement que le liquide s’éclaire, et chaque point de rupture de la veine lance une vive lumière. Si une veine continue tombe sur une surface capable d’un certain nombre de vibrations, le mouvement vibratoire peut, se communiquer au jet liquide qui se brisejusqu’à une grande hauteur au-dessus de la plaque vibrante. Cette expérience de Savart, ainsi que plusieurs de celles qu’il a étudiées et décrites dans les Annales de chimie, peuvent se répéter et être rendues facilement observables par ce nouveau procédé. On comprend d’ailleurs qu il serait aussi facile d’éclairer un jet ayant une direction quelconque au moyen de réflecteurs ; la seule précaution essentielle, c’est de se servir d'eau à la température de la chambre où l’on opère, pour qu’il ne se dépose pas de rosée sur la surface extérieure delà lentille... « Le cabinet du Conservatoire des Arts et Métiers de Paris possède, depuis le mois d’oc- tobre 1841, un de mes appareils, qui a été con- struit par M. Bourbouze, à la demande de M. Pouillet; on en a fait, à la même époque, pour des cours publics à Londres, et tous les résultats mentionnés plus haut ont été répétés dans les cours de physique et de mécanique de Genève, au mois de juin 1851. » Ainsi qu’il est dit dans le mémoire de M. Colladon, dès l’année 1842, le physicien de Genève employa la lumière électrique, avec un réflecteur et des verres colorés, et s’il parle, dans son mémoire, de la lumière solaire, c’est que la lumière électrique était alors d’un emploi fort rare. Cependant le cabinet de physique de Genève contenait un régulateur de lumière électrique, que M. Colladon put employer. M. de la Rive répéta avec la lumière électrique l’expérience de la fontaine lumineuse Colladon dans un cours public de physique qu’il donnait au Casino, et où elle fut fort applaudie Pendant la même année 1842, M. Colladon donna à M. Bourbouze, préparateur du cours de physique à la Sorbonne, à la demande du professeur Pouillet, des instructions pour répéter la même expérience avec la liimière électrique. Peu de temps après, l’Opéra de Paris mettait cette expérience en action. M. Dubosc, con- structeur d’instruments de physique, qui avait reçu des instructions de M Colladon, mit, pour la première fois, ce brillant phénomène à la scène, dans le ballet Elias et Mysis, en 1853. Dans le 2e tableau du Faust de Gounod, le jet de feu que Méphistophélès fait sortir d’un tonneau de vin estime veine liquide fortement éclairée par la réflexion totale de la lumière électrique et colorée par un verre rouge. Dans la Biche au bois, au théâtre de la Porte- Saint-Martin, un hydraulicien de Paris, M. De- laporte, a montré des fontaines lumineuses de faibles dimensions, qui pourtant produisaient de très jolis effets. Le journal la Nature a publié, en 1884, un article sur la fontaine Colladon. Le rédacteur en chef de ce journal, M. Gaston Tissandier, s’exprime ainsi : « Nous avons récemment parlé de l’appareil de M. Colladon pour faire circuler la lnmi ri- en ligne courbe à l’intérieur d’une veine liquide. Cet appareil est désigné dans les cabinets de physique sous le nom de fontaine Colladon. Il a été expérimenté dans bien des pays et même dans des pièces de théâtre, mais il n’a jamais été représenté par un dessin, et nous avons pensé que nos lecteurs accueilleraient avec intérêt des documents précis à ce sujet. « Nous en avons demandé la description à son auteur, et M. Colladon a bien voulu nous communiquer le dessin de son expérience pre- mière, avec une description faite d’après lajnôte qu’il a autrefois présentée à l’Académie des sciences. « Nous reproduisons ci-dessous ce curieux document. » Suit le dessin pittoresque de l’appareil. On voit, dans le dessin donné par le journal la Nature, la lumière électrique réfléchie par un projecteur éclairant latéralement un volume d’eau placé dans une caisse verticale à travers une lentille bi-convexe. La lentille fait converger la lumière sur la face opposée du réservoir, à l’endroit où se fixe l’orifice du jet. On voit, de plus, dans le bas, le réservoir dans lequel l’eau tombe, être très fortement éclairé par la lumière. C’est en Angleterre, en 1884, q,ue l’expérience de la fontaine GolladpuCfut- exhibée, pour la première fois, avec une grande ampleur. Un physicien-hydraulicien, du nom de Galloway, organisa, pendant l’Exposition de Glasgow, et ensuite à Londres et à Manchester, de concert avec le colonel Bolton,' une fontaine jaillissante éclairée par des jeux électriques diversement colorés. Le journal la Lumière électrique (4 avril 1888, n° 31, page 241) a fait connaître en ces termes la belle exhibition de M. Galloway : « La fontaine électrique à Glasgow (1884). — La fontaine éclairée à l’électricité est une des plus grandes attractions de l’Exposition inter- nationale à Glasgow. Elle a été construite et installée par MM. W. Galloway et fils, de Man- chester. « Au-dessous de la fontaine est une chambre circulaire, d’un diamètre de douze mètres et d’une hauteur de deux mètres cinquante. Le plafond est percé de dix-sept fenêtres, qui sont disposées en cercles autour d’une ouver- ture centrale. Contre chaque fenêtre se trouve une lampe électrique à arc de 60 ampères, et sous la fenêtre centrale il y en a deux; ces lampes sont toutes pourvues de réflecteurs, qui projettent la lumière en haut sur la nappe d’eau. « Sous chaque fenêtre il y a des cadres pour- vus de verres coloriés qui permettent de chan- ger la couleur de la lumière projetée sous les jets d’eau. Ces cadres sont sous le contrôle d’une seule personne qui peut varier la lumière à volonté. La grande consommation de charbon dans les lampes a nécessité l’installation d’un ventilateur dans la chambre. Cette dernière communique par un passage souterrain avec une tour, d’où l’on peut régler le jeu des jets d’eau, au nombre de 100, dont le diamètre varie de 0,6 à 6 kilogrammes par centimètre carré. Les pompes employées peuvent fournir jusqu’à 1,000 mètres cubes d’eau par heure. Le cou- rant pour les dix-huit foyers à arcs est fourni par deux dynamos Siemens B 13, actionnées par une machine horizontale Galloway. « Une fontaine éclairée de cette manière serait d'un effet remarquable à l’Exposition de Paris, si elle était installée en grand. » L’idée mise en avant par la Lumière électri- que en 1888 ne devait pas tarder à faire son chemin.