L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARTS
-J
Quand on s’occupa des atlraclions à créer au
Champ de Mars, en vue de l’Exposition Univer-
selle projetée pour 1889, on songea aux fontai-
nes lumineuses qui avaient produit beaucoup
d’effet en Angleterre, et les ingénieurs de la
Ville de Paris, M. Bechmann, ingénieur des
eaux, et M. Formigé, architecte du Palais des
Beaux-Arts, furent envoyas à Londres, pour se
rendre compte de l’effet qu’avaient produit à
Glasgow et à Manchester les fontaines lumi-
neuses de M. Galloway, et du parti qu'on pou-
vait en tirer au Champ de Mars.
Les deux ingénieurs revinrent convaincus
que l’on pouvait créer un spectacle magnifique
pour les soirées de l’Exposition, à la condition
de posséder un puissant éclairage électrique, et
une pression d’eau assez forte pour créer de
puissants jets d’eau. L’éclairage électrique ne
devait pas manquer à l’Exposition, et il y avait
à Villejuif un réservoir des eaux de la Seine de
près de 100 mètres d’altitude, qui devait pro-
duire au Champ de Mars des jets d’eau de plus
de 20 mètres.
M. Bechmann se mit donc à l’œuvre,
et il reproduisit sans peine les jets colorés
qui avaient été admirés à Glasgow, à Lon-
dres et à Manchester.
M. Bechmann a, d’ailleurs, perfectionné
la fontaine de M. Galloway en faisant
passer le faisceau lumineux, non plus
directement dans la masse du jet liquide,
mais dans le vide formé au centre de ce
jet par un entonnoir à parois réfléchis-
santes.
C’est donc au professeur Colladon, de
Genève, qu’est due l’invention première
des fontaines lumineuses qui, en ce mo-
ment, émerveillent la foule. Aussi croyons-
nous devoir terminer' cette notice par
quelques renseignements biographiques
sur le physicien éminent qui, depuis plus
d’un demi-siècle, se consacre à la culture
désintéressée des sciences et au progrès
de l’art de l’ingénieur.
Né à Genève, le 15 décembre 1802,
M. Daniel Colladon descend d’une ancienne
famille protestante du Berry, qui s’était
réfugiée à Genève, au xvi0 siècle, pour
cause de persécution religieuse. Un de
ses ancêtres avait rédigé, en 1560, pour
le gouvernement de la république gene-
voise, le Code des édits politiques et civils.
Lejeune Colladon fit avec succès ses études
au collège et à l’Académie scientifique de
Genève, et dès l’âge de dix ans il se trouva lié,
par l’amitié la plus étroite, à un jeune Gene-
vois, Charles Sturm. Ces deux amis, qui tra-
vaillaient habituellement ensemble, étaient
placés au premier rang de leurs classes. Cette
communauté de vie et cette similitude de
goûts scientifiques a subsisté pendant vingt-
cinq années.
Les parents de Daniel Colladon le destinaient
au barreau, et il dut faire ses études de droit:
mais tous ses moments de loisir étaient consa-
crés à des études et à des expériences de phy-
sique.
Il avait fondé, avec quelques autres étudiants
de Genève, une société dite de philosophie, qui
tenait des séances régulières, et dont les mem-
bres devaient lire des mémoires, à tour de l’ôle.
Cette petite société était souvent honorée de la
présence de professeurs et de savants célèbres,
tels que Pyramus de Candolle, Marc-Auguste
Pietet, Théodore de Saussure, et J.-L. Prévost,
qui devait être plus tard J.-B. Dumas, secrétaire
perpétuel de l’Académie des sciences de Paris,
alors élève en pharmacie à Genève, se rendait
également aux séances de ce jeune institut fami-
lier.
En 1824, F Académie des sciences et des arts
de Lille avait mis au concours la découverte d'un
photomètre sensible comparable. M. Colladon
avait envoyé un mémoire, qui fut couronné
l’année suivante.
En il publia, en collaboration avec
J.-L. Prévost, une série d’expériences sur les
effets magnétiques qu’Arago venait de décou-
vrir dans les corps en mouvement.
En 1825, l’Académie des sciences de Paris
avait mis au concours, pour le grand prix des
sciences mathématiques à décerner en 1826,
la mesure de compressibilité des principaux
liquides. M. Collndon engagea Ch. Sturm à
s’associer à lui, pour ce concours. Afin d’éviter
des dépenses exagérées, ils construisirent eux-
mêmes la plupart des appareils, suppléant, par
plusieurs procédés ingénieux, aux dispositions
trop élémentaires des instruments dont ils pou-
M. Daniel Colladon.
disposer. Les deux amis préparèrent
valent
ainsi une série d’expériences assez complètes
sor la compressibilité des principaux liquides,
à diverses températures. Désireux d’y joindre
des expériences sur la vitesse du son dans l’eau,
vitesse qui, d’après la formule de Laplace,
dépend de la compressibilité de l’eau, ils firent,
sur le lac de Genève, quelques tentatives, que
les mauvais temps de novembre 4825 et un
accident personnel, occasionné par l’explosion
d’une fusée destinée aux signaux, ne leur per-
mirent pas de terminer.
(A suivre.) Louis Figuier.
LE PAVILLON DE L’ANNAM-TONKIN
Le Pavillon de l’Annam-Tonkin fait face au
jardin colonial; il se présente le premier au visi-
teur qui, entré par la porte des Affaires étran-
gères, rencontre l’allée centrale de l’Esplanade
des Invalides.
L’effet général en est ravissant. Rien de plus
gracieux que ces murs décorés de faïences poly-
chromes, percés de grandes baies dont le ton
vert s’harmonise avec l’ensemble; rien de plus
léger que ces toitures à double étage ondulées
de tuiles mignonnes, relevées à la chinoise à
tous les angles. Les quatre larges portes de bois
découpé qui se trouvent au milieu de chaque
façade sont elles-mêmes surmontées d’un dou-
ble toit du plus heureux effet décoratif.
C’est du chinois, et du meilleur, de celui qu’on
aime. :\l. Vildieu, architecte de cette séduisante
construction, a tenu à nous donner moins la
mesure de son talent personnel qu’un spécimen
de l’architecture chinoise qu’il apprécie et qu’il
a rendue en artiste. On doit lui savoir gré de ce
désintéressement qui l’honore.
Le Pavillon de l’Annam-Tonkin a la forme,
en plan, d’un quadrilatère dont le centre est
occupé par une cour. Dans cette cour se dressera
bientôt une reproduction du célèbre Bouddha
de Hanoï, le plus grandiose spécimen de la fon-
derie chinoise. Ce colosse, qui ne mesure pas
moins de quatre mètres de hauteur sur huit
mètres de circonférence à la base (il est repré-
senté assis), a été fondu d’un jet à Hanoï
dans le milieu du xvn0 siècle.
La magnificence de l’installation inté-
rieure répond à la beauté de l’extérieur.
Il faut un guide pour se reconnaître parmi
tant de choses merveilleuses; nous en
décrirons succinctement les plus remar-
quables.
Entrons par la porte qui débouche sur
l’avenue centrale et que gardent deux
énormes dragons de pierre. Nous nous
trouvons immédiatement dans la galerie
des produits de l’industrie tonkinoise.
Les murs, le plafond sont couverts des
plus riches étoffes et tapis, or brodé sur
soies de couleurs, représentant les figures
les plus étranges; d’immenses lanternes
chinoises se balancent dans l’espace, or-
nées d’inscriptions indéchiffrables pour
nous. Sous ce rapport, toutes les salles se
ressemblent; partout nous trouverons la
même profusion de luxe et de bizarreries
aimables.
A notre gauche, nos yeux s’arrêtent tout
d’abord sur un amoncellement de meu-
bles incrustés d’ivoire. Cette industrie,
dans laquelle excellent les Tonkinois, est
représentée du reste dans d’autres galeries
du pavillon et elle tient partout une large
place. Nous avons ici les meubles envoyés par
M. Armaing ; ailleurs nous trouverons les
incrustations sorties des ateliers chrétiens du
Tonkin, que M. l’évêque Puginier a pris sous
sa direction. Ici, de magnifiques échantillons
de soieries, envoyés également par l’évêque de
Hanoï, et que nous pourrons voir tisser sans
sortir de l’Exposition coloniale, au village ton-
kinois ; plus loin, une collection de bronzes
divers, et, entre autres, un gigantesque tam-
tam. M. Messier Saint-James expose là une
série de vues photographiques du Haut-Laos,
qu’il a parcouru avec la mission Pa vie. Au milieu
de la salle se dresse l’autel des ancêtres d’une
famille riche; on dirait un autel de divinité.
Retournons sur nos pas. A droite de la port
d’entrée se trouve une fumerie d'opium avec
tous ses accessoires, riche meuble faisant par-
tie de la collection Chesnay; puis, la collection
de la Société française des laques du Tonkin;
à la suite, un échantillonnage très complet des
bois du Tonkin, envoyé par M. l’évêque Pugi-
nier, et des échantillons de coton à ses divers
états de transformation industrielle.
Dans la galerie, transversale qui se présente
ensuite à nous, nous remarquons tout d’abord