ForsideBøgerL'exposition De Paris 188… deuxième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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230 L’EXPOSITION DE PARIS l’exposition /Vrnal (soies, cocons et mûriers). M. Arnal s’est voué à l’introduction au Tonkin des cocons français, plus gros, plus fins que les races indigènes, et à l’acclimatation en France des mûriers arbustes du Tonkin, plus produc- tifs que nos espèces. Son exposition est une preuve du la double utilité de son entreprise, et de son succès. ’ La bibliographie chinoise nous montre se» grimoires et, A côté, les cahiers très bien tenus des élèves des écoles françaises. M. Dieulefils nous fait connaître, par ses photographies, les types annamites-tonkinois, reproduits en scul- pture et en aquarelles signées Roullet, Lagaleriepostérieure, qu’on pourrait appeler galerie industrielle, contient les produits de l'art tonkinois et les produits de l’industrie européenne. L’art tonkinois est représenté par de splendides bois sculptés ou incrustés, dont un bahut envoyé parle roi d Annam, des har- nachements, des trophées d’armes, des palan- quins et mille autres objets plus merveilleux les uns que les autres. L’industrie européenne fait valoir les minéraux de l’Indo-Chine, parmi lesquels des blocs de beau charbon; les céréales, et entre autres les riz, dont nous comptons -150 espèces; du blé, ou du moins quelques épis exposés là à litre de curiosité, car le blé ne vient guère en Indo-Chine; de la cannelle, si appréciée qu’elle fait prime sur les marchés anglais; des nids d’hirondelles; enfin du bé-moc, un textile qui a l’apparence de soies de sanglier, encore à peu près inconnu en Europe, mais qui est certainement appelé à un grand avenir industriel, de l’avis des divers fabricants à qui on en a soumis des échantillons La ramie et le caï gio (dont on fait le papier de Chinel sont mis aussi sous nos yeux à leurs divers degrés de fabrication. A l’autre extrémité de la galerie est dressé le comptoir des articles d’importation européenne en Annam et au Tonkin ; nos fabri- cants et commerçants pourront tirer grand profit de celte utile exposition. Dans cette même galerie les tableaux de M. Roullet, dont les aquarelles ornent les murs du pavillon : Hué, baie d’Along, aux rocs fantastiques, etc La dernière galerie est peut-être la plus inté- ressante, encore que les objets qu’elle contient soient peu nombreux. Ici M. Boiirgouin-Maflïe (le même qui fut naguère victime, de la part des pirates, d’une tentative d assassinat dans laquelle tin de ses employés perdit la vie) nous montre la pré- cieuse.plante de cttï-gio et la badiane, dont il fait un commerce considérable. Sur le mur nous remarquons une carte annamite de Hanoï et de ses environs qui est une merveille de l’art topo- graphique. C’est un panorama. Dans telle rue on voit défiler une procession, c’est l’enterre- ment du Kin-luoc, mort récemment; dans telle autre, des ouvriers sont représentés dans leurs étroites boutiques; dans la citadelle les soldats manœuvrent, pendant qu’un peu à l’écart deux officiers, que notre présence intimide peu, satis- font un besoin très naturel. Aux environs de la ville pas un arbre n’est oublié, et l’artiste a meme eu la précaution, en représentant un canard au milieu d’une pièce d’eau, de lui mettre un poisson dans le bec. Dame! pour faire le voyage de Paris, aller et retour! En face, la Compagnie des Messageries flu- viales nous montre les spécimens de ses navires, entre autres le Lao-Kay, qui a été entièrement construit au Tonkin; plus une collection de barques indigènes, jonques, sampans- <?tc. Notre visite va se terminer, car nous voilà revenus au point de départ par les objets les plus intéressants pour nos cœurs de Français : une réduction de caserne, un modèle de chalet pour officiers. En voyant ces confortables con- structions, sera t-il encore permis de dire que nos troupes n’ont d’autre toit que la couverture d’une méchante paillotte? Et ce spectacle de la réalité mettra-t-il fin au moins à une légende qui n’a de comparable que le cachot du pape? Il se peut qu’il y ait encore à faire au Tonkin, mais, d’après ce que nous avons vu, ce pays vaut beaucoup et il vaudra bientôt davantage. Que les capitaux français le fécondent, que le commerce français y prenne la place qui lui appartient, c’est-à-dire la première, si ce n’est la seule, et notre possession indo-chinoise, après les sacrifices qu’elle nous a coûtés, nous indemnisera largement en honneur et en profit. Avant de nous éloigner, envoyons un salut sympathique au tirailleur qui monte la garde à la porte du Palais de F Annam, avec la ponc- tualité et la gravité d’une sentinelle française. Ce jeune Annamite, décoré de la médaille du Tonkin, les cheveux en chignon supportant un petit chapeau plat en paille tressée, un étroit tablier rouge sous sa vareuse bleue, porte fière- ment le fusil à répétition surmonté du sabre- baïonnette, et n'a presque rien de commun, connue physionomie, avec les ouvriers de même race que l’on voit dans le village tonkinois, accroupis et absorbés par leurs méticuleuses broderies, sculptures ou incrustations. On ne sait ce qu'il faut le plus admirer de la patience, de la dextérité ou de. la sobriété des Annamites. Leur nourriture se compose à peu près exclu- sivement de riz, qu’ils se permettent de manger avec des baguettes de bambou, en guise de fourchettes. Ils doivent ce privilège à ]a domi- nation française; car l’aristocratie annamite s’était réservé l’usage de la fourchette en bam- bous, avec défense au « manant » de se servir, pour manger, d’autre instrument que ses doigts. Et maintenant, lecteur, pour rendre à chacun ce qui lui est dû, il nous reste à vous faire con- naître celui à qui vous devez votre agréable et instructive promenade : c’est à M. François, résident de France, délégué du Tonkin, qui nous a gracieusement fourni les renseignements ci-dessus. M. François a trouvé un collabora- teur dévoué dans la personne de M. Chesnay, directeur de VAvenir du Tonkin et délégué adjoint. Tous deux ont dirigé l’installation, qui ne laisse rien à désirer. LE VILLAGE CANAQUE Non loin du Pavillon du Sénégal et près des installations annamites, tonkinoises et malga- ches, un petit village canaque attire les curieux. Il se compose d’une demi-douzaine de cases, en écorce, recouvertes de chaume, et abritant sept Néo-Calédoniens ou Néo-Hébridais, crépus, vêtus à l’européenne, et trois femmes, dont le peignoir large et flottant dissimule mal les formes plantureuses. Presque tous ces indigènes ont bien mérité de la France par leur fidélité et leur dévoue- ment. Sur la poitrine de l’un d’eux, Pita, flis du chef de la tribu Gelima, s’étale une médaille d’or, que lui a value son énergique concours lors de l’insurrection de 4878. Un autre, Badimoin, enseigne le français aux jeunes écoliers de Canala. L;. Lutte du chef, élevée en forme de cône assez semblable à une ruche, est surmontée d’une sorte d’épi en coquillages. Les trois autres, plus basses, sont aussi plus étroites. Le soir, on les remplit de fumée, pour chasser, autant que possible, les moustiques, et les habitants sont à demi asphyxiés. L’Exposition canaque est loin d’être complète : la flore et la faune de la Nouvelle-Calédonie n’y sont point représentées, et cependant elle ne manque pas d’intérêt. Dans les cases sont sus- pendues de longues bandes de numou, étoffe blanche fabriquée avec l’écorce de l’ara et qui tenait lieu autrefois de monnaie. La porte, où l’on ne peut passer qu’en se courbant, est formée de pieux, grossièrement sculptés, repré- sentant des têtes humaines grotesques, appelées tabous. Nous retrouvons ces sculptures auprès des sagaies et des javelots en bois de fer, sur les cases et dans tous les coins du petit village; ce ne sont point des idoles, mais, comme les statues de nus squares, de simples ornements en niaouli. Le niaouli (melalenca viridiflora} est le bois de construction par excellence. Son écorce lisse est imperméable, grâce à une sub- stance résineuse qui permet aussi de la trans- former en torche. Ne pouvant pêcher ou chasser, les Néo-Calé- doniens passent la plus grande partie du jour dans leurs huttes, à converser et à lire les jour- naux. V.-F.-M. LA RUE DU CAIRE AU CHAMP DE MARS Dès le premier jour, et du premier coup, populaire ; attirant et retenant la foule par son bariolage éclatant : note lumineuse ot claire ; par ses tentures vives et ses banderoles déployées : gamme chantante de couleurs. Murs blanchis à la chaux, moucharabiés sculptés, portes étroites, arcades surbais- sées, à larges baies cintrées où tailleurs arabes accroupis, brodeurs marocains étirant les fils d’or et de soie, regardent défiler un public curieux, égayé, amusé. Ici, tout est à sa portée et les petites bourses font des rêves dorés devant ce déballage d’Orient. Les convoitises s’allument, mettant aux lèvres un pli gourmand, dans l'œil un éclair de plaisir anticipé. L’or n’est pas de mise, l’argent suffit, voire le cuivre, et l’imagination de se donner libre carrière. Rêves des Mille et une Nuits, faciles à réaliser, cadeaux à bon mar- ché, souvenirs de peu de valeur, mais qui brillent et reluisent, qui, là-bas, au village, dans la petite ville, raconteront la grande fête que la France offre au inonde étonné, cette Exposition dont on parle des Andes àl’Iiimalaya, du Caucase aux îles parfumées de l’Océanie. Colliers de sequins de cuivre et babou- ches écarlates, œufs d’autruche et nougats exotiques, dattes et tambourins, bracelets et chibouques, tout cela chante, rit au soleil, tout cela éblouit et miroite. Par