L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
Jadis Xavier de Maistre a fait tout un volume
dont on parla beaucoup et qu’on ne lit plus,
avec le Voyage autour de ma chambre. Que ne
faudrait-il pas écrire pour être complet, en
racontant ce « Voyage autour des Pavillons
parisiens »?
Si l'on ne voulait tout voir, et tout est digne
qu’on s’y arrête, on pourrait dire qu’il y a là
une série d’expositions particulières, où cha-
cun trouvera son compte.
Etes-vous enfin enclin aux belles choses de
l’art? Voici les originaux des principales œu-
vres de sculpture commandées ou acquises
depuis la dernière Exposition, ainsi que les
esquisses et reproductions des peintures déco-
ratives des salles de nos mairies. On sait les
admirables résultats qu’ont produits les con-
cours pour ces œuvres.
Si vous êtes plus touché par les choses scien-
tifiques, voilà l’exposition de l’Observatoire de
Montsouris. C’est très savant et l’on y trouve
également des « curiosités » comme les tableaux
comparatifs des observations thermométriques
faites dans une chambrée de caserne à Paris,
dans la salle des séances du Conseil municipal,
sur une fenêtre de l’Hôtel de Ville, dans une
chambre d’artisan.
Il y a là riiatière à dissertations dont nous
vous laissons le soin. Là aussi, au moyen de
tableaux, de courbes graphiques, on peut se
rendre compte du mouvement des bibliothèques
municipales et des bibliothèques scolaires. On
constate, avec satisfaction, que non seulement
le goût de la lecture se répand, mais encore
qu’il s’épure.
Des polémiques récentes, des procès même,
donnent un grand attrait à l’exposition du
Laboratoire municipal, dont le public peut
ainsi apprécier les travaux et les procédés.
Après avoir examiné les produits expérimentés
et les appareils qui servent à l’analyse, on peut
consulter avec fruit et intérêt les documents
sur les falsifications des matières alimentaires.
C’est une question à laquelle nul ne peut rester
indifférent.
C’est tout un catalogue qu’il faudrait pour
énumérer ce qu’a envoyé — et en ne choisissant
que les œuvres de premier ordre — le service
des Travaux historiques. Citons seulement un
atlas comprenant trente plans de Paris à des
époques différentes et qui est bien un des plus
curieux que l’on puisse feuilleter.
Inutile de dire avec quel soin a été organisée
l’exposition de l’enseignement primaire de la
Ville de Paris.
C’est d’abord un spécimen d’école avec son
mobilier, bancs, tables, chaires de professeurs
et tout le matériel d’enseignement, jusqu’au
tableau noir et son chevalet. Aux murs, et ce
n’est pas le moins curieux ni ce qui retient le
moins, sont appendus les travaux des élèves j
ce sont ces travaux d’un ordre plus spécial et
plus élevé qui meublent et ornent exclusive-
ment les deux salons réservés à l’enseignement
professionnel auquel on ne saurait trop s’inté-
resser. C’est cet enseignement, en effet, qui a
produit les artisans de premier ordre dont les
œuvres ont fait l’éclat de l’Exposition univer-
selle.
La Ville de Paris se devait à elle-même de
mettre en relief les sapeurs-pompiers, dont elle
est si justement fière. Par son exhibition spé-
ciale, le corps de ces sauveteurs a démontré
que non seulement il a l’apanage du courage,
mais que ses officiers sont aussi des ingénieurs
de premier ordre. Là sont rangés tous les
engins, depuis l’avertisseur jusqu'aux échelles
de sauvetage et les lampes de sûreté. C’est à la
fois complet — et rassurant.
Nous laissons de côté pour une chronique
•spéciale tout ce qui a rapport à i’hygiène et à
l’assistance publiques. Rien que les galeries
que nous venons d’énumérer en les traversant
rapidement sont bien suffisantes pour justifier
les éloges que nous décernions en commençant
à l’exposition spéciale de la Ville de Paris,
dont on peut étudier là l’administration géné-
rale dans ses principaux organes.
LE PALAIS
DES PRODUITS ALIMENTAIRES
Jusqu’à présent, dans les Expositions univer-
selles ou restreintes, les produits alimentaires
avaient été relégués dans des coins perdus,
placés sous des tentes élevées à la hâte au sein
d’éphémères constructions en planches qui
n’avaient aucune prétention à la magnificence:
« Voyez, semblait-on dire, quel peu de cas nous
faisons de la vile matière ! Nous ne bâtissons
pas de palais assez somptueux pour les Beaux-
Arts, les Arts libéraux, les industries d’art, mais
la victuaille!...pouah! Nous autres, idéalistes,
nous ne nous occupons pas de ces misérables
concessions accordées à la bête. »
Et ces excellents idéalistes banquetaient cha-
que soir, en épluchant soigneusement le menu
et en dégustant savamment les vins.
En 1889, on a changé cela. Comprenant, sans
hypocrisie, toute l’importance que l’alimenta-
tion peut avoir sur un peuple, aussi bien au
point de vue physique qu’intellectuel, hygiéni-
que que moral, on a donné à la bête la place qui
lui revient.
Guenille si l’on veut, ma guenille m’est chère.
Les Beaux-Arts ont un palais au Champ de
Mars. Les produits alimentaires possèdent aussi
le leur, et un vrai palais, vaste, somptueux,
monumental. L’architecte chargé des travaux,
M. Baubin, dont la modestie naïve fuit le bruit
et le cabotinage, mais qui est, en revanche, un
des esprits les plus distingués de sa profession,
a voulu jeter la poudre d’or de son talent sur
l’œuvre qui lui était confiée, et la gastronomie
n’aura pas à être jalouse de ses graves voisins.
Elle est charmante de bonhomie et de gaieté
spirituelle, cette façade de VHostellerie de Gar-
gantua. Presque à fleur d’eau, au sous-sol, se
trouvent les vins, alignés dans des salles qui
conservent la fraîcheur d’une cave. Au premier
en regardant la Seine, et au rez-de-chaussée du
côté du quai, s’étendent de spacieuses galeries
où se sont donné rendez-vous tous les produits
alimentaires du monde. Trois halls, un au cen-
tre, deux aux ailes, sont accusés extérieurement
par d’immenses verrières partant du plancher
et surmontées de corniches en forme de fron-
tons angulaires qui coupent la longue ligne de
l’entablement. Le motif du milieu est flanqué de
deux tourelles fort originales qui se terminent
par des belvédères ajourés dont l’élégante sil-
houette se reflète coquettement dans la rivière.
Des balcons de bois trouent, de distance en dis-
tance, le murcontrelequel sont, intérieurement,
adossées les vitrines. Toute Ja décoration scul-
pturale, dans le chéneau, la frise, les chambran-
les, les consoles, les gaines formant pilastres,
rappelle la divinité de cette cathédrale élevée
à la gourmandise.
Frantz Jourdain.
LA SCIENCE A L’EXPOSITION
LES
PREMIÈRES FONTAINES LUMINEUSES 1
Sur ces entrefaites, D. Golladon ayant obtenu
de son père l’autorisation de se rendre à Paris,
pour y suivre les cours, et de se faire accompa-
gner par Ch. Sturm, les deux jeunes savants
apportèrent à Paris leur mémoire, qui fut déposé
au secrétariat de l’institut.
Ces six mois passés à Paris furentune époque
décisive dans la carrière des deux amis. Ac-
cueillis avec une extrême bienveillance par
d’illustres physiciens, Ampère, Arago, Fourier,
Dulong, C. Becquerel, et par J.-B. Dumas, ils
se lièrent avec Coriolis, Liouville, Élie de
Beaumont, Fresnel, Savary, etc., et furent
admis dans une réunion scientifique de ces
savants, où se discutaient plusieurs questions
mathématiques et physiques.
M. Colladon ayant été autorisé par Ampère
à travailler dans le cabinet de physique du Col-
lège de France, y fit deux importantes décou-
vertes, que nous passerons sous silence, pour
arriver tout de suite à ses célèbres expériences
sur la vitesse du son dans l’eau.
Le mémoire apporté à Paris par Colladon et
Sturm, en décembre 1825, sur la compressibilité
des liquides, avait été remarqué des savants;
mais l’Académie, en raison des expériences
troppeu nombreusesconlenuesdans ce mémoire,
avait remis le même sujet au concours pour
l’année suivante. Sturm étant retenu à Paris par
ses leçons, M. Colladon repartit seul pour
Genève, en 1823, afin de reprendre les expé-
riences de la mesure de la vitesse du son dans
l’eau. Le célèbre botaniste Pyramusde Candolle,
qui possédait une maison de campagne au bord
du lac Léman, offrit à M. Colladon 1 hospitalité
dans sa maison, l’aide de son fils Alphonse et
celle de son jardinier.
Dans une première expérience, faite de nuit,
on opéra de la manière suivante : De Candolle
fils et un aide, montés sur un bateau, auquel
était suspendue une cloche, du poids de
65 kilogrammes, immergée dans l’eau, s’éloi-
gnaient àl ou 2 kilomètres. Un marteau à long
manche servait à frapper la cloche de l’intérieur
du bateau. Sur un autre bateau stationnait Col-
ladon et un ami muni d’un chronomètre à arrêt.
On envoyait,au moyen d’un signal lumineux, l’or-
dre de frapper la cloche, et l’on faisait marcher
l’aiguille des secondes du chronomètre. Alors
Colladon plongeait la tête dans l’eau, et sa main
avisait de l’arrivée du sonie porteur du chrono-
mètre placé dans le bateau.
Un tel procédé n’était ni commode ni agréable.
Chaquesoir, notreexpérimentateur revenait tout
mouillé. Après de telles expériences, il ne dor-
mait guère, cherchant dans sa tète un meilleur
procédé pour écouter sous l’eau. Une nuit, il lui
vint l’heureuse idée qu’un récipient métallique
plein d’air, muni d’un tube acoustique fermé
par le bas, ouvert par le haut et immergé par-
tiellement dans l’eau, comme un aéromètre,
pourrait recevoir et transmettre les vibrations
sonores à l’air du récipient, puis à l’air extérieur
et de là à l'oreille, sans qu’il fût pour cela néces-
saire de mettre la tête dans l’eau.
De bon matin, Colladon réveille son ami, de
Candolle fils; il lui communique son projet, et
pour son premier appareil provisoire il se sert
1. Voir le n» 29.