L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
d’un arrosoir convenablement lesté. Le bateau
portant la cloche est lancé sur le lac; Colladon
donne le signal de frapper la cloche, et en appro-
chant l’oreille de l’arrosoir flottant, il a la satis-
faction d’entendre nettement le bruit des coups
de cloche.
Les amants passionnés des sciences, surtout
dans lejeuneâge, comprennent seuls le bonheur
que ressentit notre expérimentateur, lorsque,
embarqué sur le lac, il entendit, à quelques
kilomètres, fonctionner si bien la cloche et
l’arrosoir.
üès ce moment, la réussite était certaine : le
même observateur pourrait dorénavant tenir la
montre, voir les signaux lumi-
neux annonçant l’instant des
coups frappés, puis attendre l’ins-
tant de l’arrivée du son, et mou-
voir de sa main l’arrêt du chro-
nomètre.
Nous n’avons pas besoin de
dire que l’arrosoir fut vite rem-
placé par un appareil spécial,
mieux disposé, dont le dessin a
été donné dans le tome V des Mé-
moires des Savants étrangers de
l’Académie des sciences de Paris,
et que nous reproduisons d’après
ce recueil.
Les figures 1 et. 2 représen-
tent le bateau expéditeur du son
et le bateau récepteur. A l’arrière
du bateau expéditeur (fig. 1) est
immergée une cloche, que peut
faire résonner un marteau. Une
poulie, P, sur laquelle s’enroule
une corde, permet de faire simul-
tanément retentir la cloche et luire
l’éclair de l’inflammation du tas
de poudre, M, qui sert de signal
lumineux. Quand la main de
l’opérateur placé dans le bateau
abaisse le levier, L, qui pousse
le marteau contre la cloche, le
mouvement de ce même levier,
tirant la corde qui s’enroule sur
la poulie, P, et sur le petit cy-
lindre de bois, B, abaisse la
lance de feu de A vers F, sur
lequel est placé un tas de poudre,
et la poudre s’allume à ce con-
tact. La production du signal lu-
mineux et le tintement du coup
de cloche sont donc simultanés.
L’observateur placé dans le ba-
teau récepteur (fig. 2), dès qu’il
aperçoit le signal lumineux, note
la seconde sur le chronomètre
qu’il tient à la main; puis il met
l’oreille à l'embouchure supé-
rieure du tube acoustique, dont
la partie inférieure, immergée sous l’eau, se
termine par un pavillon fermé par une plaque
métallique T. La vibration de cette plaque
sous l’influence de Fonde sonore, transmise par
l’eau, produit dans le tube acoustique un son
très net. L’observateur note alors la seconde
marquée par le chronomètre, et connaissant
la distance exacte entre les deux stations, on
a la vitesse du son dans l’eau, à la température
à laquelle on opère. Par le calcul on ramène
celte vitesse à la température convenue, de -|- 8°.
M. Colladon fit, avec cet appareil acoustique,
plusieurs séries d’expériences sur la vitesse de
propagation du son à travers la plus grande
largeur du lac Léman, c’est-à-dire entre les
villes de Rolle et de Thonon.
Nous n’avons pas besoin de dire qu’on opérait
de nuit pour bien voir les signaux et n’être
point dérangé par la navigation sur le lac. La
courbure de la terre entre ces deux rives,
éloignées de 13,887 mètres, ne permettait pas
aux expérimentateurs de se voir, mais les
expériences se faisant de nuit, l’inflammation do
450 grammes de poudre, au moment du choc,
donnait à l’horizon un éclair parfaitement dis-
tinct. Les repères d'amarre des deux bateaux,
fixés à 200 mètres du rivage, étaient distants
de 13,487 mètres. A cette distance, les coups
frappés s’entendaient avec une netteté remar-
quable, même en temps d'orage.
Fig. 1. — Bateau expéditeur du son.
La moyenne de plusieurs expériences donna
9 secondes 4/10, pour le temps de propagation
du son sous l’eau. Dans l’air, le son eût mis
40 secondes 14/100. La vitesse du son dans
l’eau pure, à la température de + 8°, fut ainsi
xléterminée à 1,435 mètres par seconde, au lieu
de 336 mètres dans l’air à + 8°.
Le 11 juin 1827, dans la séance publique de
l’institut, les deux amis recevaient le grand
prix de mécanique.
L’École centrale des Arts et Manufactures, cette
institution qui rend aujourd’hui de si grands
services à l’industrie française et d où sont sor-
tis, depuis plus d’un demi-siècle, tant d ingé-
nieurs civils, devenus célèbres par de grands
travaux, en France et à l’étranger, a été fondée,
menée à bonne fin, et dirigée, pendant plusieurs
années, par un négociant et quelques professeurs,
ou adjoints aux fondateurs. Son origine remonte
à 1828.
A cette époque, on sentait la nécessité d’une
institution nouvelle, analogue à l’École poly-
technique, mais ouverte à un plus grand nombre,
et dans laquelle la mécanique, la physique et la
chimie seraient enseignées en vue des progrès
de l’industrie, les cours du Conservatoire des
Arts et Métiers étant reconnus insuffisants pour
un tel but.
Cette insuffisance avait engagé quelques per-
sonnes, en particulier J.-B. Dumas, alors pro-
fesseur de chimie à l’Athénée, et
qui venait de publier le premier
volume de son Traité de chimie
appliquée aux arts et à T industrie,
Péclet, physicien, et Olivier,
élève de l’École polytechnique et
géomètre de mérite, à s’occuper
de la création d’une école d’Arts
et Manufactures, qui serait entiè-
rement indépendante du gouver-
nement.
M. Lavallée, riche négociant,
qui désirait consacrer son temps
et une partie notable de sa for-
tune à une entreprise utile à
l’industrie française, suivait les
cours de J.-B. Dumas, à l’Athé-
née. Admirateur des vues élevées
que le jeune chimiste exposait
avec talent sur le grand avenir
de la chimie industrielle, M. La-
vallée accepta d’être l’un des
fondateurs et le directeur actif
de la future École centrale. Une
année entière fut consacrée' à
étudier les projets, à discuter le
nombre et l’organisation des
cours, et surtout aux démarches
très délicates auprès du gouver-
nement, dont l’autorisation était
indispensable, et qui se faisait
beaucoup prier pour l’accorder.
M. Colladon, admis dans ces
conférences, avait été désigné
comme futur professeur adjoint
de physique, et professeur d’un
cours spécial sur les machines à
vapeur et leurs applications.
L’École centrale des Arts et
Manufactures s’ouvrit, d’une ma-
nière très brillante, en novem-
bre 1829. Plusieurs fils de manu-
facturiers, et même des manu-
facturiers d’un certain âge, vin-
rent se présenter comme élèves,
ainsi que de nombreux étran-
gers.
La révolution de 1830 fut plutôt favorable
que contraire au développement de l’Ecole cen-
trale. En 1831, Goriolis, professeur de mécani-
que à cette École, ayant été nommé directeur
de l’Ecole polytechnique, dut quitter l’École
centrale, et M. Colladon fut appelé à le rem-
placer.
Plus jeune qu'un grand nombre de ses élèves,
M. Colladon en était pourtant respecté et
aimé. L’enseignement de la mécanique venait
de subir une importante transformation. Aux
anciennes notions habituelles de la mécanique
rationnelle, c’est-à-dire admettant des corps
imaginaires, absolument durs et rigides, sans
frottements, etc., Coriolis avait substitué un
principe fécond, déduit du principe des vitesses