L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
LA MARINE MILITAIRE |
L’exposition maritime est installée sur
la berge, entre le pétrole et le beau pano-
rama de la Compagnie transatlantique.
Des mâts croisés de vergues et ornés de
quelques frêles haubans et de rares pavil-
lons la signalent aux visiteurs. Maisàpre-
mière vue ceux-ci ne manquent pas de
manifester leur étonnement de trouver
réunis dans la même enceinte beaucoup
de choses mari times et un tas d’engins
qui n’ont rien à voir avec la navigation.
C’est que la classe 65, où nous allons en-
trer, accole l’un à côté de l’autre le sau-
vetage et la navigation.
En y pénétrant par le côté du pont
d’Iéna, le premier navire qu’on aperçoit,
c’est Y Eros, le beau yacht du baron
Arthur de Rothschild. Il bat pavillon fran-
çais et guidon du Yacht Club, mais il a été
construit sur les chantiers anglais, les-
quels ont, malheureusement pour nos
constructeurs, la clientèle de nos yachts-
men do grande navigation. II est vrai
qu’en fait de sport nautique, comme do
sport hippique, ce sont nos voisins qui
donnent, la note. Autrement que nous, ils
ont la passion du bateau et du cheval do
course.
Les spécimens de coques elles modèles
exposés sont intéressants, et ce n’est que
justice de constater les progrès réalisés
chez nous dans le yachting depuis quel-
ques années. Il n’est pas de sport plus
noble, plus vivifiant et mieux fait pour
développer les qualités morales et physi-
ques de l’homme et, pour cela, il faut
l’encourager. Après le yachting vient
l’exposition de sauvetage. Là, des engins
do terre et de mer, bateaux et appareils
de la Société centrale de sauvetage des
naufragés, pompes de toutes espèces, à
bras, à vapeur, échelles de toutes gran-
deurs, quelques-unes très ingénieuses.
Enfin, voici la véritable exposition mari-
time : des modèles de paquebots, cargo-
boats, navires de guerre ; on s’arrête en
passant devant le coquet salon des dames
en vraie grandeur du paquebot Y Austra-
lien, que les Messageries maritimes ont
en construction à la Ciotat pour la ligne
d’Australie et de la Nouvelle-Calédonie.
Sur les murs, des photographies, des
coupes en relief donnant le mode de con-
struction des navires en fer; çà et là des
chaînes, boussoles, appareils d’ordre, le
menu matériel des navires. Nous sommes
vraimenl. dans l'exposition de la grande
marine, restons-y un instant. Mais pour-
quoi avoir accouplé la marine et le sau-
vetage? Mystère! Pourquoi les produc-
tions de la marine de guerre sont-elles
dispersées dans tous les coins de l’Expo-
sition? Quelle belle et grande chose on
eût pu faire en les réunissant toutes sous
le meme toit! Il est certain qu’on a traité
la marine française comme un simple
exposant et qu’on lui a dit de s’entendre
avec toutes les classes. C’est ainsi qu’on
voit les navires à la classe 65, les canons
à l’Esplanade des Invalides, dans le bâti-
ment du Ministère de la Guerre, bien que
les pièces de 32 centimètres en tourelle
et les autres canons de marine, qui s’y
trouvent soient des engins de destruction
qui ne servent qu’à bord. Dans ce meme
bâtiment, on voit aussi des matelots en
cire, grandeur naturelle, dans toutes les
tenues ; ils seraient certes mieux près de
leurs bâtiments. De même les blindages,
canons et projectiles, les grosses pièces
métalliques qui entrent dans la construc-
tion navale, seraient à leur vraie place
dans l’exposition maritime.
Et, à tout prendre, si l’on voulait traiter
la marine comme un simple particulier,
que ne l’a-t-on envoyée dans la section de
la métallurgie? Le navire de guerre ou de
commerce n’est plus aujourd’hui qu’une
masse de métal — la marine de bois et de
chanvre a disparu — et n’est-il pas, en
vérité, le triomphe du maître de forges?
Rien qu’à voir ces énormes boulets pesant
plusieurs centaines de kilogrammes et les
blindages qu’ils essayent de percer, on
comprend le rôle important de la métal-
lurgie dans l’art de la construction navale.
C’est elle qui donne à nos bâtiments leurs
coques d’acier ou de fer, letfrs cuirasses,
canons, torpilles d’acier, etc. ; elle avait
le droit de les réclamer auprès de ses
autres produits.
En réalité, la marine n’expose que des
modèles do navires; les beaux spécimens
d’artillerie qu’on voit surtout à l’Espla-
nade des Invalides sont des produits de
l’industrie privée ; il y a bien sur la berge
deux grosses ancres on fer, forgées par
son usine de la Chaussade, dans l’inté-
rieur du pavillon quelques appareils de
transmission d’ordre et une vieille torpille
en vraie grandeur ; mais la partie impor-
tante de l’exposition consiste en réduc-
tions de navires, certainement très inté-
ressantes, bien qu’elles ne puissent don-
ner une idée sincère de ce que sont les
originaux. II dépend, en effet, de l’échelle
de réduction qu’un torpilleur de 100 ton-
neaux paraisse plus imposant qu’un cui-
rassé de 10,000 tonneaux.
D’ailleurs, la preuve est là sous les
yeux ; les Chantiers et Ateliers de la Loire
montrent un modèle d’un éclaireur-torpil-
leur de 150 tonnes, modèle plus grand
que celui du croiseur le Surcouf, de
1,950 tonnes. De tous les navires dont on
voit des réductions, c’est le cuirassé le
Trident qui frappe le plus les regards
par ses dimensions, et certes il en vaut
la peine avec ses carions en batterie, sa
mâture élevée et ses filets Bullivan en
place. Il paraît ainsi bien plus puissant
que son voisin le Formidable, et c’cst le
contraire dans la réalité. Le Formidable
est en acier, déplace 11,380 tonneaux et
file 16 nœuds; le Trident est en bois,
déplace 8,946 tonneaux et ne file que
14 nœuds. C’est d’ailleurs le seul spéci-
men de navire de combat tout en bois qui
figure dans la classe 65. Le fer et l'acier
régnent en maîtres dans les autres navires.
Ceux-ci sont nombreux, chacun de nos
arsenaux ayant envoyé quelques-uns de
ses produits. Voilà les cuirassés le Tri-
dent, le Formidable — ce dernier vient
d’entrer en ligne après dix ans de travail
et porte le pavillon du chef de l’escadre
de la Méditerranée, — le Hoche qu’on
arme à Lorient, le Magenta qui est sur
cale à Toulon depuis plus de six ans.
Voilà des croiseurs de toute espèce, les
uns en construction, les autres armés. Le
plus remarquable est le Dupuy-de-Lôme
avec ses trois hélices et ses murailles
entièrement cuirassées. C’est un retour
vers le passé. Les navires blindés étaient
d’abord protégés par des blindages recou-
vrant toute la surface visible de leur
carène ; puis on a limité la protection à la
flottaison et aux réduits de l’artillerie;
plus tard on l’a encore diminuée ; aujour-
d’hui, on combine les gros blindages des-
tines à résister aux gros projectiles avec
des blindages de 8 à 12 c/m, contre
lesquels on espère que les obus chargés
d’explosifs puissants éclateront prématu-
rément. Je me contente de donner les
noms des croiseurs exposés : Duquesne,
en .station dansl’océan Pacifique ; Dupuy-
de-Lome, Davout, Surcouf, Jean-Bart,
en construction; Condor, S fax, armés
pour les manœuvres navales.
La marine a fait établir des coupes en
relief de la plupart de ses nouveaux
navires ; elles sont instructives, car elles
montrent Tort bien le système de construc-
tion adopté pour chaque type et comment
le fer et l’acier se plient à tous les besoins
de la navigation.
A côté des navires de guerre construits
par l’Etat, les chantiers privés montrent
des spécimens français et étrangers. Ainsi,
les Forges et Chantiers de la Méditerranée
exposent un très beau modèle du cuirassé
espagnol le Pelayo, dont le blindage est
très apparent, tandis que rien ne le dis-
tingue dans les modèles de l’Etat, recou-
verts qu'ils sont, comme dans la réalité,
d’une couche uniforme de peinture. A
côté du Pelayo, le croiseur le Cécille,
l’aviso-torpilleur la Bombe, un cuirassé
grec, un cuirassé japonais et des paque-