L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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LA PREMIÈRE LOCOMOTIVE
Il y a, sous la véranda du Palais des Arts
libéraux, une machine bizarre, lourde,
presque ridicule qui rappelle les locomo-
tives pimpantes et sveltes exposées à la
classe (il, à peu près comme un gros
insecte ventru et maladroit ressemble à
une libellule. Saluez! cotte vieille chau-
dière désemparée, surchargée d’inextri-
cables rouages, est la première locomo-
tive qui ait roulé sur un chemin do fer :
c’est cette carcasse de fer informe qui a
changé la face du inonde.
Au commencement du xviiie siècle, on
lisait l’affiche suivante sur les murs do la
cité de Londres :
« A partir du 18 avril 1703, ceux qui
désirent aller de Londres à York ou de
York à Londres, sont priés de se rendre
à l’hôtel du Cygne noir; ils y trouveront
une diligence qui part les lundi, mercredi
et vendredi, et accomplit le voyage entier
en quatre jours si Dieu le permet. »
Il n’y avait en 1763, entre Edimbourg
et Londres, qu’une seule voiture qui met-
tait quinze jours à faire le voyage; la
route de, Liverpool à Manchester n’était
pas mieux desservie et Young écrivait,
il y a un siècle à peine : « J’engage très
sérieusement les voyageurs à tout faire
pour éviter cette maudite traverse, car il
y a milk1 à parier contre un qu’ils s’y cas-
seront le cou ou pour le moins un bras
ou une jambe... »
Un tel état do choses ne pouvait durer,
le mécontentement lit explosion, et, à la
.suite de plusieurs meetings où de beaux
discours furent prononcés, il fut décidé
qu’une compagnie serait organisée poui’
établir de Liverpool à Manchester un
chemin do fer destiné an transport des
marchandises.
Entendons-nous : il n’était pas encore
question de locomotive ni de vapeur,
mais seulement d’un chemin à rails, ten-
dant à évitêr les ornières et cahots et où
la substitution d’une surface plane et polie
aux inégalités des routes ordinaires de-
vait singulièrement faciliter le tirage des
chariots. Mais lorsque celle voie de fer
fut près d’ètre terminée, on discuta lo
genre de moteur qui serait adopté pour
son service : les uns — des retardataires
— étaient pour les chevaux; d’autres
prônaient la machine à vapeur fixe, em-
ployée comme un remorqueur ; un ingé-
nieur de Manchester, nommé Stephenson,
vantait fortune machine de son invention,
qui, tlisai(-il, nuiiphiccrait les chevaux,
et, eniporlanl ascc elle son combustible
et sa provision d’eau, parcoun’uit une
vingtaine de kilomètres.
L’EXPOSITION DE PARIS
On résolut de s’en remettre à un con-
cours, et, six mois après, le 6 octo-
bre 1829, on vit défiler dans une plaine
des environs do Liverpool, on présence
d’un jury d’ingénieurs et d’une foule de
curieux, la plus singulière procession
qu’on puisse rêver. C’était, traînées à
bras, une série de machines bizarres, les
unes précédées de brancards pour y atte-
ler des chevaux, les autres armées de
béquilles de fer qui s’élevaient et s’abais-
saient à chaque tour de roue... La Fusée
entra la première dans l’arène; elle
remorqua avec une vitesse de six lieues à
l’heure un poids do douze tonnes, et
obtint, débarrassée de toute charge, une
vitesse maxima de quarante kilomètres.
Ce fut une émotion et un enthousiasme
indescriptibles : la plupart des concur-
rents déclarèrent se retirer du concours
et le prix fut adjugé par acclamation à la
Fusée de Stcphenson.
Et maintenant elle est là, vieillie, dé-
modée, presque grotesque, avec sa forme
maladroite, ses roues trop écartées, son
tender naïvement chargé d’une bar-
rique d’eau réservée à la chaudière,
elle jouit du moins des honneurs du
triomphe ; tandis que son aînée gît, là-bas,
dans une des cours du Conservatoire des
arts et métiers, oubliée, dédaignée, ron-
gée de rouille et de. moisissures. Celle-là
est le patriarche des locomotives. Un
nommé Cugnot, né à Void, en Lorraine,
en était l’inventeur et les Mémoires de
Bachaumont racontent à la date du 30 no-
vembre 1770 les essais d’une machine à
feu pour le transport des voitures que
M. de Grïbeauval fait exéctiter dans une
des cours de ï1 Arsenal. Cette machine à
feu n’était autre que la locomotive de
Cugnot : dès le premier jour des expé-
riences, prise d’une frénésie inattendue,
elle s’en alla, en cahotant, défoncer un
des murs del’Arsenal; on se garda bien
d’expérimenter de nouveau un si terrible
engin; mais nous avons tenu à rappeler
le souvenir de cette marmite mouvante et
de mettre l'invention malheureuse du
pauvre Cugnot en regard de sa Iriom-
phanto et célèbre rivale.
Dureste, l’Exposition de 1889 aura servi
à enrichir l’histoire des moyens de trans-
port et celle des voyages extraordinaires :
nous avons déjà conté l’odyssée deM. Mi-
chel Asséeff, venu du Caucase à cheval à
Paris, et cello de M. Moritz. Lœvy qu’un
fiacre à l’heure a amené de Vienne au
Champ de Mars; un piéton nous ar-
rive de Pau, un bicycliste de Forbach,
les bicyclistes ne so comptent plus; et
voilà qu’on nous annonce l’arrivée pro-
chaine de deux amateurs de Vienne, qui
se dirigent vers Paris, en brouette, l’un
conduisant l’autre. Le trajet doit s’effec-
liieren trente jours : chaque matin, l’heu-
reux élu, dontc’est le tour d’être brouetté,
s’installe dans le véhicule, aussi commo-
dément que possible ; l'autre s'attelle aux
brancards et en route! Le lendemain, on
change de rôle et l’on repart. Ces deux
touristes d’un genre assurément nouveau
ont traversé l’autre jour Strasbourg en cct
équipage; depuis cc temps on est sans
nouvelles et je crains bien qu’ils n’aient pu
parvenir à accomplir à temps leur projet.
Ce serait en tout cas bien curieux de con-
naître les impressions de voyage et du
brouetteur et du brouetté.
Le passage de ce convoi insolite a
sans doute monté la tète aux Strasbour-
geois, caron écrit d’Alsace qu’une société
de cette ville, composée d’une dizuine’de
personnes, se propose d’accomplir le
même projet au commencement d’août.
Non pas en brouette, rassurez-vous, mais
en voiture; et, voici l’originalité de l’ex-
pédition : ces touristes, afin d’échapper
aux exigences des hôteliers et d’éviter
de payer rançon aux restaurateurs, em-
portent avec eux une vaste tente et une
batterie de cuisine : on choisira sur les
talus des fortifications un endroit favo-
rable, on y plantera la tente, ainsi que
cela se pratiquait au temps des patriar-
ches, cl c’est là que nos compatriotes d’Al-
sace passeront la nuit et se réunirontpour
prendre leurs repas. Un ancien turco
qu’ils amènent avec eux leur servira de
fourrier et sera chargé du ménage.
Et maintenant, à qui le tour ? la série
n’est évidemment pas épuisée, et nous
pouvons nous bercer de l’espoir de voir
un de ces jours prendre pied sur laberge
du pont d’Iéna un nageur venu de con-
trées lointaines en faisant la planche au
gré du courant ; un échassier des Landes
aurait aussi un certain succès, et l’on peu t
promettre uno ovation à celui qui tente-
rait le voyage de Paris en patins à rou-
lettes. G. Lenotre.
LISTE OFFICIELLE
DES
MEMBRES DU JURY DES RÉCOMPENSES
DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 1
classe 50 (suite)
Ilignette, ingénieur-constructeur, membre du
jury des récompenses à l’Exposition de Paris
1878, médaille d’or à l’Exposition de Paris 1878.
Joulie, pharmacien en chef delà maison mu-
nicipale de santé.
Lombart, fabricant de chocolat, membre du
jury des récompenses de l’Exposition de Paris
1878.
CLASSE 51
Bardy, directeur du laboratoire des contri-
butions indirectes, membre du jury des récona*
penses à l’Exposition de Paris 1878.
•1. Voir les n09 22 à 34.