L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
LA DANSE DES ALMÉES
L’Orient est à la mode, et l’engoue-
ment qu’éprouvent les visiteurs de l’Expo-
silion pourles théâtres algériens et arabes
où se voit la danse du ventre tient pres-
que du délire. Est-ce un sens qui me
manque? j’avoue humblement ne point
partager cette fureur, et si j’ai tardé à
donner mon impression sur cet étrange
spectacle, c’est que j’attendais pour cela
il y avoir pris un plaisir quelconque ;
voici d’ailleurs en quoi il consiste : Vous
êtes sous une vaste tente d’étoffe orien-
tale, éclairée par quelques lampes de
style — secondées d’ailleurs par des glo-
bes de lumière électrique. Au fond, sur
une estrade garnie de larges coussins, se
tiennent les aimées, et derrière elles, les
jambes croisées à la turque, sont étendus
les musiciens de l’orcheslre. L’une do
ces filles se lève et s’avance , les bravos
éclatent ; couverte d’étoffes de laine et
de soie de couleurs vives, elle s’incline,
allonge les bras comme pour se détirer
mollement, puis les rapproche de sa tête
en faisant sonner les crotales qu’elle
a dans les mains. Alors commence
une série de mouvements des plus
bizarres, et — disons-le — des moins
agréables. Le ventre est agité de trémous-
sements, de secousses répétées, tout le
tronc s’agite et frissonne, la tête seule
reste impassible... mais écoutez plutôt la
description que donne des aimées 'M. G.
Kodier, un jeune artiste de mérite, écri-
vain à ses heures, dans le livre sur
l'Orient qu’il vient de publier avec ses
propres illustrations :
« Leur coiffure est la même que celle
de certaines danseuses des peintures an-
tiques ; leurs cheveux sont séparés en
mille petites nattes, auxquelles sont
mêlés des sequins. Elles sont couvertes
de grands colliers et d’innombrables
bijoux ; ils sont toujours en or, paraît-il ;
elles ne portent jamais de faux ; leurs...
petits bénéfices sont immédiatement trans-
formés en joyaux, elles ont toujours toute
leur fortune sur leurs épaules. Elles sont
vêtues de très amples robes traînantes de
satin des couleurs les plus voyantes, à
taille courte, un peu comme les robes du
premier Empire.
« Elles commencent par un léger ba-
lancement des hanches. Elles se fuient, se
rejoignent, se frôlent, se poursuivent en
gardant toujours, même au moment où
leur danse a le caractère le plus passionné,
une surprenante impassibilité de figure ;
elles ont presque l’air de prêtresses d’une
voluptueuse déesse, accomplissant solen-
nellement des rites religieux. Elles finis-
sent par piaffer, en tournant autour des
trois musiciens accroupis qui les accom-
pagnent ; l’une d’elles s’effondre, comme
brisée, sur les genoux d’un des spectateurs,
désigné avec le bout d’une petite canne
qu’elle a conservée à la main pendant
toute la danse. Une autre exécute, avec
des déhanchements prodigieux du ventre,
une danse, en gardant sur sa tête, tout le
temps, une bouteille débouchée, pleine
d’une espèce de liqueur à la menthe, du
goût le plus fortement épicé. »
Un autre voyageur rapporte queces dan-
seuses appartiennent pour la plupart à la
tribu des Ouled-Nails, et qu’elles quittent
de bonne heure leurs familles pour par-
courir ainsi le monde ; lorsqu’elles ont
gagné leur dot, elles reviennent au pays
natal, et font d’excellentes épouses et de
bonnes mères de famille. C’est possible ;
mais je cloute fort cependant que les
exercices divers de la danse du ventre
soient une préparation bien efficace aux
fonctions et aux devoirs de la maternité.
G. Lenotre.
LES JOURS DE FÊTE À L’EXPOSITION
Le canon de la Tour Eiffel vient de tonner. 11
est six heures. Les galeries de l’Exposition se
vident peu à peu; la foule des visiteurs, avides
d’assister à la fête de nuit et peu désireux de
débourser deux nouveaux tickets, vont chercher
à réconforter leurs estomacs affamés sans sortir
de l’enceinte du Champ de Mars ou de l’Espla-
nade des Invalides.
Dans les premiers jours, les restaurants in-
suffisamment approvisionnés ne pouvaient ré-
pondre aux demandes de clients trop nombreux.
Cette concurrence rationnelle, mais intempes-
tive et inattendue, tourna au profit des restau-
rateurs, qui, pour consoler les victimes de la
faim, les écorchaient de manière à les guérir
pour quelque temps de la passion des fontaines
lumineuses.
Depuis lors, les visiteurs se sont appris à se
passer, pour la plupart, du ministère des maî-
tres d’hôtel, et, bien que venus à résipiscence,
ces derniers supportent encore les conséquences
de leur imprévoyance et de leur cupidité de la
première heure.
Les dîneurs sérieux envahissent les grands
établissements exotiques, le Restaurant français
et les bouillons Duval, qui sont bien vite rem-
plis.
Mais ceux qui veulent « dîner sur le pouce »,
— dans lajoie d’une bouffée d’air tiède, d’un peu
de lumière, d’un rayon de gai soleil se jouant à
travers les rameaux des arbres, — se dirigent
vers tous les coins restés libres, sous les vélums
ou sur les pelouses, et s’installent tant bien que
mal, — plutôtmalque bien, — sur tous les bancs
et toutes les marches d’escalier, partout où il y a
place pour deux ou trois chaises, partout où
l’on peut s’asseoir ou s’accroupir à la mode
orientale.
A l’Esplanade des Invalides, c’est du côté des
villages Sénégalais, Tonkinois, Néo-Calédo-
niens, Malgaches et Annamites, que les dîneurs
vont s’abriter de préférence, heureuA sans
doute de pouvoir se flatter plus tard d'avc.r pris
leur repas à côté des Javanais et des Congo'ais.
D’autres se juchent sur les rebords du portail
monumental du Palais du Ministère delà Guerre;
d’autres « compagnies » s’échelonnent le long
du pavillon de l’Alimentation et procèdent à
leur « restauration » sans s’inquiéter des lazzis
dont les criblent en passant les voyageurs du
chemin de fer Decauville.
Au Champ de Mars, de nombreux groupes
sont assis sur les paliers des galeries et sur les
marches inférieures de la Tour Eiffel; d’autres
bandes entourent les kiosques voisins; mais
c’est du côté des habitations lacustres, byzan-
tines, etc., que le torrent s’est précipité avec le
plus de hâte. Les dolmens ont été transformés
en table à manger, et les fragments de monu-
ments gallo-romains, grecs ou étrusques sont
devenus des sièges, plus ou moins commodes,
mais toujours convoités jalousement.
Les tentes, les huttes en paillis servent d’of-
fice, et l’on y dépose les sacs et les paniers,
après en avoir retiré les victuailles qui forme-
ront le « plat de résistance » du dîner. Les pe-
tits marchands voisins fourniront le reste :
pain, sandwichs, saucissons, — il doit s’en
débiter chaque jour plusieurs kilomètres, —
cervelas, vins, cidre, etc. (car ils vendent de
tout; récemment, l’un d’eux avait du poisson
sec à son étalage). Était-ce une invite aux Es-
quimaux? Il n’y en a pas à l’Exposition : alors
qui pouvait bien acheter pareille denrée? Où la
pouvait-on faire cuire? Mystère et poisson cru...
Avec un peu d’imagination, nos convives
peuvent se figurer un dîner sur l’herbe, à Vin-
cennes ou à Saint-Cloud, bon vieux dîner, si
gai, si modeste, si bon compagnon.
L’appétit ne leur manque pas; le plus grand
nombre possèdent la jeunesse et la gaîté. On
s’étend à la bonne franquette et l’on ne mange
pas du bout des lèvres, oh! non. C’est à peine
si le père ou la mère a le temps d’avaler un
morceau entre deux distributions de jambonneau
ou de galantine, de découper la volaille froide
ou de remplir les verres et les gobelets. Tout
en s’escrimant de la mâchoire et tout en causant
joyeusement, l’heure s’écoule. Les corbeilles se
vident, comme les bouteilles de cidre ou de vin
d’Algérie...
Le soleil s’est incliné et ne dore plus que le
phare de la Tour. Il faut plier bagage. De toutes
parts affluent les curieux, qui se hâtent d’aller
prendre place autour du bassin central, afin
d’assister aux illuminations. Les estomacs sont
satisfaits; on attend dans un recueillement
solennel.
Enfin les pavillons s’allument; l’électricité
brille au loin. Soudain, la Tour jette une lueur
vésuvienne sur les palais et les pelouses. Un
cri d’enthousiasme s’élève de toutes les poitrines
au moment où les fontaines lumineuses surgis-
sent et bouillonnent pour retomber en pluie
d’or ou d’argent,— véritables trombes de perles,
de rubis et de saphirs qui ruissellent et envahis-
sent le ciel; feu d’artifice incomparable, sans
fumée, sans odeur, sans danger d’incendie;
éblouissante et magique vision!...
V.-F. M.
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LA MINE
Ce n’est plus sans un profond sentiment
de tristesse qu’on s’aventure maintenant
dans la partie du Palais des Machines ou