L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
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les sociétés minières, à Fenvi, ont exposé
les coupes de leurs champs d’exploitation,
les plans en relief du sol, et enfin les
modèles réduits de leurs installations à la
surface. Chaque détail, si fidèlement
rendu par ces modèles, évoque à l’esprit
la sinistre catastrophe du 3 juillet et les
dangers courus à tout instant par ce peu-
ple do travailleurs silencieux et résignés
qui, à travers la nuit, sous la menace d’un
péril pour ainsi dire continu, poursuivent
leur tâche obscure et rude.
C’est qu’il devient de jour en jour plus
difficile et plus âpre, ce vieux métier, au
fur et à mesure qu il faut descendre plus
bas, pour arracher aux entrailles de la
terre ce charbon, si nécessaire mainte-
nant ! Que le lecteur, par exemple, s’arrête
devant un des plans on relief exposés par
les mines de la Loire, il pourra, d’un coup
d’œil, saisir l’ensemble des installations
qu’exige actuellement une extraction
importante. Bien plus, la Compagnie des
mines d’Aniche a représenté, d’une façon
vivante, l’âme même de toute exploitation,
un puits d’extraction avec tous ses appa-
reils.
Dans ce puits, qui fait communiquer
entre eux tous les étages de la mine, jus-
qu’à une profondeur atteignant souvent
plus de mille mètres, se meut la double
cage, servant à transporter les hommes
et les matériaux, et à remonter le minerai.
Une puissante machine à vapeur installée
au jour près de l’entrée du puits, comme
l’indique le modèle, met en mouvement un
grand tambour situé sur l’axe même du
puits, etsur lequel s’enroule ou se déroule,
scion que la cage monte ou descend, le
câble qui la supporte. C’est la seule
communication entre le fond de la mine,
c’est-à-dire la nuit, le danger, et les
milliers d’existences qui y sont enfouies
pour quelques heures, avec le jour, la
lumière et tout ce qu’elles aiment et qui
leur fait aimer la vie. Aussi quelle respon-
sabilité pour le mécanicien, toujours
debout, la main sur la manœuvre de
détente, l’esprit tendu à reconnaître cha-
que sonnerie, chaque signal, qu’une moin-
dre confusion peut rendre mortel : c’cst
une,manœuvre à faire, des hommes à
remonter,, un blessé qu’on ramène, des
secours qu’on demande ; à chaque instant
la sonnerie tinte, à chaque instant on voit
s’engloutir ou émerger la grande corde
plate en chanvre, au bout de laquelle est
suspendue la cage.
La mine, à L’intérieur, est sillonnée à
chaque étage par des galeries qui font
communiquer les divers chantiers d'atta-
que du charbon avec les puits d’extrac-
tion; on pourra du reste facilement se
rendre compte de leur disposition géné-
rale sur les coupes des mines de Mon-
trambert si merveilleusement repro-
duites.
Ces galeries sont creusées soit à travers
banc, c’est-à-dire au milieu du minerai,
et, dans ce cas, le mineur abat le massif
au pic et à la pioche; — soit à travers
roche : le pic et la pioche sont alors des
.outils insuffisants et il faut avoir recours
aux trous de mine. Pour cela on creuse
sur le front de taille, au moyen d’une per-
foratrice mécanique, mue soit à la main,
soit plutôt par l’eau ou l’air comprimé,
envoyés de la surface, une série de trous,
qu’on remplit ensuite de poudre et où l’on
met le feu, après avoir fait évacuer le
quartier parles ouvriers. On détache ainsi
de grands blocs à la fois, et l’on désagrège
suffisamment le reste de la masse sur une
certaine profondeur, pour pouvoir ensuite
finir le travail par le pic et la pioche. La
Société des houillères de Blanzy expose
une magnifique perforatrice à air com-
primé dont le lecteur pourra aisément
saisir le fonctionnement ingénieux.
Le mineur une fois à son chantier de
travail, il faut le défendre contre deux
ennemis : l’asphyxie et l’inondation. C’est
à cet effet que sont disposées à côté des
machines d’extraction de puissantøs ma-
chines d’épuisement, élevant jusqu’au sol
les eaux des sources mises à découvert
dans les travaux souterrains, et ces ma-
chines soufflantes qui envoient à l’inté-
rieur de la mine de l’air sous pression, air
auquel on fait suivre, au moyen de cloisons
ménagées sur tout le pourtour des gale-
ries, un chemin déterminé de telle sorte
qu’il traverse tous les chantiers occupés.
Il suffit souvent de remplacer la machine
soufflante par un puits, faisant office de
cheminée, et appelant l’air intérieur,
tandis que par un autre puits l’air exté-
rieur pénètre pour le remplacer.
Mais, quelques dispositions que l’on
prenne pour l’aération des galeries, c’est
sur ce point que l’attention des ingénieurs
doit toujours être appelée, car c’est le seul
remède qu’on possède contre le terrible
ennemi toujours latent : le grisou.
Le grisou est un gaz délétère, provenant
delà combustion imparfaite delà houille,
I et qui se trouve dans tous les endroits où,
par suite de conditions minéralogiques
particulières, le gisement a été soumis, à
un moment quelconque depuis sa forma-
tion, à une température très élevée. Il n’a
pas d’odeur, et n’est dangereux que lors-
qu’il est mélangé, dans une proportion
déterminée, avec I air.
En petite quantité, il est en effet inof-
fensîf; en trop grande, il l’est aussi, car
il empêche toute combustion, et éteint les
flammes. Ce n’est que lorsqu’il est mélangé
à l’air dans laproportion de 10 0/0 environ
qu’il forme un mélange détonant d’une
puissance désastreuse, dès qu’il est en
contact avec une flamme.
Il n’est point de précautions que l’on
doive négliger contre la traîtrise d'un tel
adversaire, et la plus importante, après
l’aération continue des galeries, est d’em-
pêcher en tous cas le grisou formé de
pouvoir s’enflammer, en supprimant tout
feu nu dans l’intérieur de la mine. Malheu-
reusement le mineur, familiarisé avec le
danger qu’il côtoie à toute heure, en
arrive bien vite à négliger les précautions
les plus élémentaires. Sa lampe éclaire-
t-elle moins bien, il en dévisse la protec-
tion en toile métallique qui l’obscurcit,
mais écarte tout danger. Si l’on cadenasse
cette toile, il fait sauter la serrure.
Les mesures les plus sévères prises
dans son intérêt sont bien vite déjouées
par son insouciance et son mépris du
danger, qui le poussent jusqu'à battre le
briquet et fumer sa pipe au milieu même
d’un front de taille grisouteux. A ce sujet,
le lecteur examinera sans doute avec un
douloureux intérêt la lampe de sûreté
exposée par la Société des houillères de
Saint-Étienne, et employée par tous ces
malheureux mineurs qui viennent, par
une fatalité inouïe, de trouver la mort au
fond du puits Verpilleux.
Dans cette lampe, pour empêcher abso-
lument le mineur de dévisser la toile pro-
tectrice, la fermeture est faite par un
verrou en fer dispose de telle sorto (pie ce
ne soit que par l’atlraction d’un aimant
de forme particulière qu’on puisse la
déplacer, et par conséquent ouvrir la
lampe.
Pour certaines mines où le grisou se
dégage d’une façon permanente, mais en
faible quantité, et où, par conséquent, son
accumulation seule est dangereuse, une
vieille coutume s’est perpétuée : elle
consiste, à chaque reprise de travail, à
envoyer à l’avance un homme, appelé le
pénitent, vêtu de vêtements incombus-
tibles, protégé contre l’asphyxie, etchargé
de purgßr Ißs galerißs du grisou accumulé
dans la nuit, en l’enflammant avant qu’il
ait atteint des proportions dangereuses.
On arrive d’autant plus facilement à cß
résultat que le grisou, plus léger que
l’air, se loge toujours au plafond des
galeries.
Le charbon extrait est envoyé au jour,
tandis que l’excavation forméepar la place
qu’il occupait est remplieavecduremblai,
ou soutenue par des boisages. Ce sont
généralement deux équipes différentes,
dont l’une succède à l’autre dans son tra-
vail, qui s’occupent de l’extraction et du
boisage. Pendant tout le temps du travail
de cette seconde équipe, la cage d’extrac-
tion, dans chaque puits, amène a 1 inté-
rieur les bois ou les remblais nécessaires.