L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
Le travail du recul est absorbé par
deux cylindres hydrauliques, établis sous
l’affût. Cette ingénieuse disposition fait
que les tiges de freins ne sauraient être
atteintes par les projectiles de l’ennemi
et qu’on n’a pas à redouter de fuites de
liquide.
Quatre hommes installés sur la plate-
forme donnent le pointage en direction
en agissant sur un arbre à manivelles qui,
moyennant le jeu d’une vis sans fin,
transmet le mouvement au pignon qui
engrène avec la couronne dentée de la
sellette. L’amplitude du champ de tir est
de 360 degrés.
Deux des servants de plate-forme suf-
fisent à donner le pointage en hauteur en
agissant sur un autre arbre à manivelles
disposé à l’avant et qui — par l’intermé-
diaire d’un engrenage et d’une vis sans
fin — transmet le mouvement à un sec-
teur denté fixé au canon. Ce pointage
peut varier de 7 degrés au-dessous à
25 degrés au-dessus de, l’horizon. Sous
ce dernier angle, nous l’avons dit, la
portée du projectile peut s’élever à
16 kilomètres.
Le Creusot vient de construire un affût
pour canon de 32 centimètres, destiné
au service des côtes. Cet affût est surtout
remarquable en ce que le corps en est
d’une seule pièce du poids de 7,968 ki-
logrammes. Chaque côté du châssis pèse
1,900 kilogrammes; le lisoir, 3,072; la
sellette, 9,780. Ensemble, 43,227 kilo-
grammes.
Voilà des chiffres qui, assurément, eus-
sent fait reculer de stupéfaction nos de-
vanciers du commencement de ce siècle.
Lieutenant-colonel Hennebert.
(A suivre.)
LE PAVILLON DES FORÊTS
Nous avons donné une vue extérieure du
Pavillon des Forêts et nous avons fait une des-
cription de cette construction si pittoresque,
si originale, si attrayante par sa poétique rus-
ticité, et qui fait si grand honneur à l’archi-
tecte M. Lucien Leblanc.
Aujourd’hui nous reproduisons l’intérieur de
ce pavillon.
L’administration des Forêts, chargée de l’or-
ganisation de cette exposition, a craint sans
doute que le public, en voyant ces bois bruts si
heureusement utilisés, ces bois taillés si bien
présentés et ces objets en bois de toutes essences,
ne se dît : « C’est charmant et c’est arrangé
avec un goût rare ! C’est une excellente idée de
montrer ce que produisent encore les forêts de
l’Etat, bien que ces troncs si droits, si ronds, si
jolis semblent des jouets auprès des géants
qu’exposent le Brésil, le Mexique, la République
Argentine et l’Australie. Sans doute, nos forêts
sont admirablement ten ues, sillonnées de routes
et de sentiers bien propres à faciliter les excur-
sions et la chasse; les coupes sont intelligem-
ment réglées, et inspecteurs et conservateurs,
tout en veillant à ce que l’on replante pour les
générations à venir, font de magnifiques collec-
tions d’insectes et d’animaux qu’ils donnent
aux musées départementaux; niais est-ce là
tout ce que fait cette administration, pour la-
quelle plusieurs millions figurent annuellement
au budget? »
L’administration a prévu ces questions et elle
a tenu à faire connaître toute son œuvre, œuvre
colossale et bienfaisante, qu’elle ne peut rendre
plus vaste encore, à cause de l’insuffisance de
ces millions inscrits au budget; elle a voulu
montrer la lutte qu’elle soutient encore contre la
force irrésistible des inondations, domptant des
torrents qu'elle transforme en minces ruisseaux,
créant des lits nouveaux, consolidant des mon-
tagnes qui menaçaient ruine, et tout cela par
le reboisement. Des territoires entiers revivent
avec la végétation qu’on leur rend; des villages
reparaissent là où les populations avaient fui
devant les éboulements ou l’envahissement de
l’eau; on voit des bois verdoyants sur les
croupes, naguère dénudées, des montagnes et
collines; on voit des terres cultivées, des ver-
gers, des champs là où s’étendaient des déserts
inutiles.
Et les victoires remportées sont déjà nom-
breuses! L’administration des Forêts, qui en est
justement fière, nous les expose sous forme de
plans en relief, de cartes, de tableaux.
Deux petits salons confortablement aménagés
invitent le visiteur à s’asseoir devant des tables
chargées d’albums, de photographies et de pu-
blications diverses. Voici des vues du bassin du
torrent de Vaudaine et du torrent de Riou-
cbanal ; voici des plans en relief du torrent de
j Vachères, prèsd’Embrun, dans les Hautes-Alpes,
et des torrents de la Grollaz et de Saint-Antoine;
puis des photographies et des aquarelles du
torrent d’Arbonne et de celui de Secberon, en
Savoie.
Ce n’était pas suffisant, et l’on a voulu frapper
davantage le public, en lui offrant des vues dio-
ramiques qui sont la reproduction exacte et sai-
j sissante de quelques-uns de ces grands travaux.
Il y a là, au fond du Pavillon des Forêts, trois
dioramas, placés en très bonjour, d’une pers-
pective savante, qui mettent sous les yeux du
public ces entreprises si hardies et si fécondes
que dirigent nos forestiers.
C’est d’abord le torrent du Bourget, dans les
Basses-Alpes, qui, depuis des années, dévastait
la vallée de l’Ubaye, et qui est aujourd’hui
dompté. On est parvenu à construire une série
de barrages dans le but multiple de supprimer
l’affouillement au pied des berges, de relever
énergiquement le lit, d’amortir la violence des
crues par la diminution des pentes et les chutes
successives, et enfin d’arrêter le glissement for-
midable des berges.
Le diorama nous montre ces barrages et les
clayonnages vivants, entre lesquels des ouvriers
sont en train de planter des résineux, qui tien-
dront le sol. La correction du torrent est au-
jourd’hui complète; il est transformé en un
simple ruisseau de montagne, bordé de quatre
cents hectares de forêt en plein rapport; et ce
résultat a été obtenu en dix-huit années.
Plus loin, c’est le diorama du torrent de Riou-
Bourdoux, également dans les Basses-Alpes,
célèbre par ses dévastations, et le plus redouta-
ble des torrents des Alpes françaises. Il détruisait
tout par ses affouillements et ses dépôts de limon
et de lave; il menaçait Barcelonnette, près de
laquelle il débouche. En 1875, a commencé la
lutte contre le Riou-Bourdoux, et aujourd’hui
le danger est conjuré. Une jeune forêt, créée de
toutes pièces, consolide et recouvre d’une cui-
rasse végétale un sol jadis dénudé et essentiel-
lement mouvant. Plusieurs communes sont sau-
vées et conservent dorénavant leur territoire
sans cesse menacé, la sécurité de Barcelonnette
est assurée.
Le diorama représente le principal de ces
barrages qui ont rendu la vie à cette région;
c’est une colossale construction en maçonnerie
et mortier hydraulique, haute de 8“,50 et
longue de 83 mètres, dont le rôle est de retenir
tous les matériaux solides que charriait le tor-
rent et de ne laisser passer que des eaux claires.
Nous voyons les ouvriers chargés de l’entretien
de ce barrage, occupés au curage du lit.
Le troisième diorama représente la courbe de
Péquerre, près Cauterets. Là, il ne s’agissait pas
de mater un torrent, mais de retenir une mon-
tagne qui menaçait de s’écrouler et compro-
mettait l’existence de Cautei’ets ; il y avait des
glissements de terrains, et des blocs immenses
se précipitaient par bonds sur les pentes ro-
cheuses, mitraillant de leurs débris l’établisse-
ment de la Raillière ou celui de Mauhourat. On a
entrepris la correction de la Combe; on a nettoyé
les berges de tous blocs instables; on a revêtu
sables plus ou moins pierreux d’une cara-
pace végétale formée de plaques de gazon; on
a construit des murs de revêtement en pierre
sèche sur tous les points où les blocs agglo-
mérés présentaient des méats sur lesquels le
gazon n’avait pas chance de végéter. On a
commencé l’application du programme en 1885,
et le problème est aujourd’hui résolu.
Ces dioramas, d’une exécution parfaite et
d’un effet saisissant, attirent un public émer-
veillé. Ils sont précédés de chambres noires,
dans lesquelles on a eu l’heureuse idée de faire
faire des installations pittoresques. Voici l’inté-
rieur d’une baraque pour un agent forestier, en
haute montagne : un lit de fer, un mobilier de
sapin, une table, deux chaises et un bahut,
quelques planches où sont les instruments, les
livres et les ustensiles de. ménage; ailleurs, c’est
la baraque qui sert de campement à une équipe
de douze hommes : deux lits de paille avec
leurs couvertures, les pelles, les pioches, les
cordes, les bidons, les approvisionnements et
vêtements de rechange; enfin, voici un abri,
fait de légers branchages et de fougères : c’est la
forge de campagne, avec tout son matériel, les
enclumes,les soufflets, les marteaux et les pinces.
Les visiteurs font de longues stations devant
ces spectacles instructifs, qui complètent si par-
faitement l’exposition des Forêts.
Que le Nouveau-Monde aille méditer, devant
ces dévastations réparées à grands frais, sur les
dangers du déboisement; qu’il se rende compte
des ruines que prépare la disparition des forêts !
Il comprendra qu’il est urgent cTarrèter la des-
truction folle de bois qui semblent inépuisables,
et qu’il est indispensable d’en régler l’exploi-
tation. Dans l’Amérique du Sud, dans l’Améri-
que du Nord, au Canada, en Australie, on abat
les arbres les plus merveilleux, sans méthode,
on incendie des forêts entières pour défricher le
sol, pour le cultiver, pour l’ensemencer; les
émigrants, nouvellement débarqués, ont hâte
de s’enrichir, ils ne se préoccupent point des
générations qui leur succéderont.