L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L'EXPOSITION SAHARIENNE
Eli! oui, le Sahara- lui-même expose.
Et il a des choses intéressantes à nous
révéler.
Avec ce goût de la précision qui est
comme le caractère de l’Exposition de
1889, on a réuni au Palais algérien de
l’Esplanade des Invalides tout ce qu il laut
pour vous faire faire un voyage au désert
en quelques minutes. Vojcz d abord
derrière le palais un appareil à faire les
puits artésiens, dont la haute chèvre
attirera de loin vos regards. Cotte char-
pente en fer est faite de morceaux taillés
de façon à ne pas excéder la charge d’un
chameau. Vous devinez la raison de cette
précaution; voyez ensuite, accolé au
palais, le petit pavillon dans lequel la
Compagnie de l Oued-Rirli a dressé un
pittoresque tableau de ses explorations.
Voyez enfin, dans la section de la province
de Constantine, l’étalage non moins cu-
rieusement présenté, où la Société do
Balna et du Sud-Algérien en a fait autant
pour les siennes. Et si vous avez regardé
attentivement, vous serez bien près d'en
savoir autant que si, passant la Méditer-
ranée, et le Tell, et les hauts plateaux
algériens, vous aviez passé à travers les
sables jusqu’à Touggourt.
Des photographies vous auront mon-
tré l’aspect du pays, les terres calcinées
et nues sur lesquelles les palmiers se
découpent comme des plantes de métal.
Le noir des ombres, pareilles à (les
plaques d'encre, vous aura donné l’idée
d’un dur soleil qui aveugle. Des coupes
géologiques représentées au naturel par
des échantillons des lorrains vous auront
fait connaître le sol à travers lequel nos
sondages vont chercher l’eau souterraine;
vous aurez eu sons les yeux des échantil-
lons des poissons qui vivent dans ccs
eaux, des échantillons de toutes les ré-
coltes que ces mêmes eaux font pousser
quand elles arrosent le sol, des échantil-
lons de toutes les espèces de dattes et de
toutes les parties utilisables du palmier;
des cartes et même un plan en relief où
M. Rolland vous aura appris comment on
crée une oasis de toutes pièces sur un em-
placement où auparavant il ne poussait
pas un brin d’herbe.
Et la signification de tout ceci? C’est
que depuis l’Exposition dii 1878, des en-
treprises de colonisation française se sont
fondées dans le Sahara. Le l’ait est neuf
el prête à des prévisions qui font rêver.
Les oasis de l’Oued-Rirh, où se tentent
ces essai >, sont situées à cinq cents kilo-
mètres environ de la côte, clans le sud de
la province de Constantine. Elles s’égrè-
L EXPOSITION DE PARIS
nent en chapelet dans le fond d'une large
vallée où devrait couler un fleuve qui
vient du massif central du Sahara. Ce
fleuve est parfaitement sec à la surface,
mais sous le sable gît une nappe soutor-
raine abondante. C’était jadis pour les
indigènes un travail très pénible que de
forer des puits pour atteindre cetlc nappe,
si pénible qu’au moment où nous avons
occupé cette région la corporation des
puisatiers ne se recrutait plus qu’avec
peine et que l’Oued-Rirh était en pleine
décadence. Nous lui avons rendu la
prospérité en y substituant le forage à
la machine au forage à la pioche cl le
tubage en fer au grossier tubage en bois
des indigènes. Depuis trente ans, les ate-
liers de sondage français ont creusé
114 puits, et pondant cette période tout
a doublé : le volume de l’eau disponible
pour l’arrosage, lo nombre des palmiers
et lo chiffre de la population, qui est
aujourd'hui de 13,000 habitants.
Que nous forions des puits artésiens
dans Je désert, rien n’est plus connu,
puisque voilà plus de trente ans que nous
avons commencé. Le nom de M. Jus, qui
a dirigé pendant très longtemps l’atelier
de forage, n'est ignoré d'aucune dos per-
sonnes qui ont visité l'Algérie, et l’on a
souvent décrit l'étonnement joyeux des
indigènes à la vue tics sources grosses
comme des ruisseaux que nous faisions
jaillir en quelques mois. Ce qui est nou-
veau, c’est que la culture du palmier ait
séduit des Français, qui substituent aux
routines indigènes l’esprit méthodique et
novateur des races européennes; c’est
surtout que l’on ne se contente plus de
1 restaurer et d’élargir les oasis anciennes,
niais que l’on en crée de nouvelles en
des endroits de toute éternité stériles.
Voici un coin de la plaine saharienne
do la nudité la plus désolée; on suppose
qu’il est situé au-dessus de la nappe ar-
tésienne. On y amène un instrument pa-
reil à celui que vous avez vu derrière le
palais, on creuse, on creuse jusqu’à ce
que la nappe soit atteinte : alors l’eau
jaillit et aussitôt ce coin désolé se couvre
. de verdure. C’est une vraie conquête sur
le néant, et, si jamais le mol création est
à sa place, c’est bien ici. De ce qui n’é-
tait rien, une terre aussi inutile que les
surfaces gelées du pôle, on fait un champ
capable de nourrir des hommes.
Les premiers colons français de l’Oued-
Rirh sont, pour la plupart, des explora-
teurs. Il fallait des esprits aventureux
pour cette hardiesse lointaine. Après
avoir rôdé quelque temps sur la lisière
de ce dangereux Sahara central où beau-
coup d’Européens sont déjà entrés, mais
d’où aucun n’est encore revenu vivant,
ils s’y sont fixés comme pour rester en face
du mystère qui les avait attirés tout
d’abord.
Nos doux sociétés de géographie pari-
siennes ont, du reste, toujours considéré
leur œuvre comme étant d'intérêt général
et ont décerné des récompenses à plu-
sieurs d’entre eux. Les premiers ont été
MM. Fau et Foureau, qui ont commencé
à acquérir des palmiers en 1879 et qui ont
créé on 1881 l’oasis nouvelle do Chriah-
Saïah. M. Foureau vient de publier une
grande et très complète carte de la partie
du désert comprise entre le M’zab et In-
Salah,région à la connaissance de laquelle
ses propres itinéraires ont très honora-
blement contribué. Puis sont venus après
eux, M. do Courcival, ancien officier de
l’armée d'Afrique, que les hasards de la
vie milikiire avaient conduit dans l’Oued-
Rirh, et M. Rolland, un jeune ingénieur
des mines, amené au désert par l’expédi-
tion de M. Choisy à El-Goléahdont il était
membre. M. Rolland, par une série de pu-
blica lions et de conférences, a tout particu-
lièrement contribué à attirer l’attention
publique sur ces curieuses entreprises.
D’autres Français ont encore imité ces
exemples. Finalement, toutes ces ten-
tatives isolées se sont groupées et fon-
dues dans les deux compagnies dont je
citais les noms en commençant.
Elles sont à peu près d’égale impor-
tance, l une et l’autre disposant à l’heure
actuelle d’environ 60,000 palmiers. La
Compagnie de l’Oued-Rirh possède en
propre un atelier de forage avec lequel,
jusqu’ici, elle en a exécuté treize. La
Société de Batna et du Sud-Algérien s’a-
dresse à l’atelier de sondage militaire,
dont elle paye les services suivant lo
tarif établi pour les indigènes. Elle a fait
creuser huit puits nouveaux; elle a créé
les trois oasis nouvelles d’Omir, de Sidi-
Yahia et d’Ayata et elle s’est distinguée
par le nombre extraordinaire de palmiers
qu’elle aura fait planter : plus de 50,000.
Sans un peu d’illusion, la volonté n’au-
rait point de ressort et Ton n’entrepren-
drait rien. En matière coloniale, notam-
ment, on espère toujours recommencer la
Californie. L’expérience fournit mainte-
nant sur les rendements de la culture du
palmier des données certaines qui ne sont
pas exactement celles sur lesquelles on
tablait à l’origine. Il ne faudra point
chercher dans cette culture des chances
d’enrichissement subit, mais il semble
qu’elle doive être assez rémunératrice
pour compenser, et l’éloignement, et les
conditions particulières du climat. Elle
paye,comme disent, les Américains, eleela
ouvre au Sahara des perspectives d’avenir
sur lesquelles j’insisterai tout à l’heure.
Les frais de première installation sont
lourds. 11 faut acheter le terrain aux indi-