ForsideBøgerL'exposition De Paris 188… deuxième volumes réunis

L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis

År: 1889

Forlag: A La Librarie Illustree

Sted: Paris

Sider: 324

UDK: St.f. 061.4(100)Paris

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306 L'EXPOSITION SAHARIENNE Eli! oui, le Sahara- lui-même expose. Et il a des choses intéressantes à nous révéler. Avec ce goût de la précision qui est comme le caractère de l’Exposition de 1889, on a réuni au Palais algérien de l’Esplanade des Invalides tout ce qu il laut pour vous faire faire un voyage au désert en quelques minutes. Vojcz d abord derrière le palais un appareil à faire les puits artésiens, dont la haute chèvre attirera de loin vos regards. Cotte char- pente en fer est faite de morceaux taillés de façon à ne pas excéder la charge d’un chameau. Vous devinez la raison de cette précaution; voyez ensuite, accolé au palais, le petit pavillon dans lequel la Compagnie de l Oued-Rirli a dressé un pittoresque tableau de ses explorations. Voyez enfin, dans la section de la province de Constantine, l’étalage non moins cu- rieusement présenté, où la Société do Balna et du Sud-Algérien en a fait autant pour les siennes. Et si vous avez regardé attentivement, vous serez bien près d'en savoir autant que si, passant la Méditer- ranée, et le Tell, et les hauts plateaux algériens, vous aviez passé à travers les sables jusqu’à Touggourt. Des photographies vous auront mon- tré l’aspect du pays, les terres calcinées et nues sur lesquelles les palmiers se découpent comme des plantes de métal. Le noir des ombres, pareilles à (les plaques d'encre, vous aura donné l’idée d’un dur soleil qui aveugle. Des coupes géologiques représentées au naturel par des échantillons des lorrains vous auront fait connaître le sol à travers lequel nos sondages vont chercher l’eau souterraine; vous aurez eu sons les yeux des échantil- lons des poissons qui vivent dans ccs eaux, des échantillons de toutes les ré- coltes que ces mêmes eaux font pousser quand elles arrosent le sol, des échantil- lons de toutes les espèces de dattes et de toutes les parties utilisables du palmier; des cartes et même un plan en relief où M. Rolland vous aura appris comment on crée une oasis de toutes pièces sur un em- placement où auparavant il ne poussait pas un brin d’herbe. Et la signification de tout ceci? C’est que depuis l’Exposition dii 1878, des en- treprises de colonisation française se sont fondées dans le Sahara. Le l’ait est neuf el prête à des prévisions qui font rêver. Les oasis de l’Oued-Rirh, où se tentent ces essai >, sont situées à cinq cents kilo- mètres environ de la côte, clans le sud de la province de Constantine. Elles s’égrè- L EXPOSITION DE PARIS nent en chapelet dans le fond d'une large vallée où devrait couler un fleuve qui vient du massif central du Sahara. Ce fleuve est parfaitement sec à la surface, mais sous le sable gît une nappe soutor- raine abondante. C’était jadis pour les indigènes un travail très pénible que de forer des puits pour atteindre cetlc nappe, si pénible qu’au moment où nous avons occupé cette région la corporation des puisatiers ne se recrutait plus qu’avec peine et que l’Oued-Rirh était en pleine décadence. Nous lui avons rendu la prospérité en y substituant le forage à la machine au forage à la pioche cl le tubage en fer au grossier tubage en bois des indigènes. Depuis trente ans, les ate- liers de sondage français ont creusé 114 puits, et pondant cette période tout a doublé : le volume de l’eau disponible pour l’arrosage, lo nombre des palmiers et lo chiffre de la population, qui est aujourd'hui de 13,000 habitants. Que nous forions des puits artésiens dans Je désert, rien n’est plus connu, puisque voilà plus de trente ans que nous avons commencé. Le nom de M. Jus, qui a dirigé pendant très longtemps l’atelier de forage, n'est ignoré d'aucune dos per- sonnes qui ont visité l'Algérie, et l’on a souvent décrit l'étonnement joyeux des indigènes à la vue tics sources grosses comme des ruisseaux que nous faisions jaillir en quelques mois. Ce qui est nou- veau, c’est que la culture du palmier ait séduit des Français, qui substituent aux routines indigènes l’esprit méthodique et novateur des races européennes; c’est surtout que l’on ne se contente plus de 1 restaurer et d’élargir les oasis anciennes, niais que l’on en crée de nouvelles en des endroits de toute éternité stériles. Voici un coin de la plaine saharienne do la nudité la plus désolée; on suppose qu’il est situé au-dessus de la nappe ar- tésienne. On y amène un instrument pa- reil à celui que vous avez vu derrière le palais, on creuse, on creuse jusqu’à ce que la nappe soit atteinte : alors l’eau jaillit et aussitôt ce coin désolé se couvre . de verdure. C’est une vraie conquête sur le néant, et, si jamais le mol création est à sa place, c’est bien ici. De ce qui n’é- tait rien, une terre aussi inutile que les surfaces gelées du pôle, on fait un champ capable de nourrir des hommes. Les premiers colons français de l’Oued- Rirh sont, pour la plupart, des explora- teurs. Il fallait des esprits aventureux pour cette hardiesse lointaine. Après avoir rôdé quelque temps sur la lisière de ce dangereux Sahara central où beau- coup d’Européens sont déjà entrés, mais d’où aucun n’est encore revenu vivant, ils s’y sont fixés comme pour rester en face du mystère qui les avait attirés tout d’abord. Nos doux sociétés de géographie pari- siennes ont, du reste, toujours considéré leur œuvre comme étant d'intérêt général et ont décerné des récompenses à plu- sieurs d’entre eux. Les premiers ont été MM. Fau et Foureau, qui ont commencé à acquérir des palmiers en 1879 et qui ont créé on 1881 l’oasis nouvelle do Chriah- Saïah. M. Foureau vient de publier une grande et très complète carte de la partie du désert comprise entre le M’zab et In- Salah,région à la connaissance de laquelle ses propres itinéraires ont très honora- blement contribué. Puis sont venus après eux, M. do Courcival, ancien officier de l’armée d'Afrique, que les hasards de la vie milikiire avaient conduit dans l’Oued- Rirh, et M. Rolland, un jeune ingénieur des mines, amené au désert par l’expédi- tion de M. Choisy à El-Goléahdont il était membre. M. Rolland, par une série de pu- blica lions et de conférences, a tout particu- lièrement contribué à attirer l’attention publique sur ces curieuses entreprises. D’autres Français ont encore imité ces exemples. Finalement, toutes ces ten- tatives isolées se sont groupées et fon- dues dans les deux compagnies dont je citais les noms en commençant. Elles sont à peu près d’égale impor- tance, l une et l’autre disposant à l’heure actuelle d’environ 60,000 palmiers. La Compagnie de l’Oued-Rirh possède en propre un atelier de forage avec lequel, jusqu’ici, elle en a exécuté treize. La Société de Batna et du Sud-Algérien s’a- dresse à l’atelier de sondage militaire, dont elle paye les services suivant lo tarif établi pour les indigènes. Elle a fait creuser huit puits nouveaux; elle a créé les trois oasis nouvelles d’Omir, de Sidi- Yahia et d’Ayata et elle s’est distinguée par le nombre extraordinaire de palmiers qu’elle aura fait planter : plus de 50,000. Sans un peu d’illusion, la volonté n’au- rait point de ressort et Ton n’entrepren- drait rien. En matière coloniale, notam- ment, on espère toujours recommencer la Californie. L’expérience fournit mainte- nant sur les rendements de la culture du palmier des données certaines qui ne sont pas exactement celles sur lesquelles on tablait à l’origine. Il ne faudra point chercher dans cette culture des chances d’enrichissement subit, mais il semble qu’elle doive être assez rémunératrice pour compenser, et l’éloignement, et les conditions particulières du climat. Elle paye,comme disent, les Américains, eleela ouvre au Sahara des perspectives d’avenir sur lesquelles j’insisterai tout à l’heure. Les frais de première installation sont lourds. 11 faut acheter le terrain aux indi-