L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PAKIS
server desphonogrammes, qui auraient recueilli
leurs discours ou leurs chants pour les généra-
tions futures. L’Inslitut va s’occuper sans
retard d’aménager une sorte de bibliothèque,
dans laquelle seront déposés des manchons des-
tinés à enregistrer la voix de ses membres : ce
ne sera pas un des moindres prodiges de l’ave-
nir que celui de faire parler les morts.
V.-F. M.
LE PAVILLON DE L’URUGUAY
L’inauguration du Palais de l’Uruguay, par
M. le Président de la République, a clos la série
des fêtes inauguratives du Champ de Mars.
L’Uruguay a tenu à donner à son Exposilion un
cadre digne de son importance. Cette Républi-
que a édifié derrière le Palais des Arts libéraux
un splendide pavillon aménagé avec le goût le
meilleur et une certaine coquetterie. Les pro-
duits qui y sont exposés consistent en laines,
bois, peaux, cuirs, plantes médicinales, mais
surtout en viandes sous toutes formes, salées ou
conservées.
C’est la caractéristique de celte Exposition :
en effet, la principale industrie de l’Uruguay
est l’élevage dus bestiaux.
Dans les énormes étendues de ce pays paissent
d’innombrables troupeaux de bœufs dont l’Eu-
rope ne pouvait tirer aucun profit avant que
l’illustre chimiste baron J.-V. l.iebig n’eût
trouvé le moyen pratique de fabriquer un extrait
de viand ; et d’utiliser sous une forme très con-
centrée les sucs de viande des bœufs de l’Uru-
guay : c’est un grand service rendu à l'humanité!
L’extrait de viande Liebig se conserve indé-
finiment sous tous les climats, ce qui est une
qualité précieuse de ce produit.
Nos lecteurs savent, par le long article que
noii--. avons consacré déjà à la Compagnie Lie-
big. les soins minutieux, avec lesquels il est pré
paré à Fray Bentos, dans l’Uruguay. C’est ainsi
que nous retrouvons la Compagnie Liebig dans
le pavillon de ce pays, parce que c’est à Fray
Bentos quese trouvent ses usines pour la fabri-
cation du fameux exir iit.
Celte exposition, lort bien organisée, occupe
une place principale sous le giand Dôme au
centre du vaste hall. Elle attire la foule et par-
ticulièrement les femmes qui, en bonnes ména-
gères, apprécient, comme il convient, les pré-
cieuses ressources que l’emploi de 1 Extrait de
viande Liebig offre pour obtenir une cuisine
exc'Mlenteet fortifiante. Cet extrait sert, en effet,
à préparer et à améliorer les potages, les sauces,
les coulis, les ragoûts, les légumes, sans avoir
à consommer cet insipide bouilli indigeste et
peu nourris-ant.
Le premier étage du Pavillon de l’Uruguay
est occupé par le Pérou et par la République
de Colombie. L’Exposition de la Colombie est
particulièrement intéressante. Nous y avons
remarqué des poteries, des collections d’oiseaux
et de plumes et surtout les tableaux d’un
peintre bolivien d’un réel talent, MIle Urbana
Samaran.
L Exposition du Pérou est remarquable par
les produits de son sol : le café, le cacao, le
quiiiipiina, la gomme et le coca, si connu main-
tenant en Europe par ses qualités fortifiantes et
fébrifuges.
Nous reaotninanrlon« vivement la visite du
très curieux Pavillon de l’Uruguay.
J. U.
LES PAYS ÉTRANGERS A L’EXPOSITION
LA SERBIE
La Serbie est le premier État monarchique de
l’Europe qui ait accepté sans hésiter l invitation
du gouvernement français à prendre officielle-
ment part à l’Exposition Universelle de 1889.
On nomma aussitôt, à Belgrade, une commis-
sion de 25 membres chargée de réunir les élé-
ments nécessaires à l’œuvre qu’on allait entre-
prendre.
La direction et la présidence de cette commis-
sion furent confiées à M. Jefrem P. Goudovitch,
ancien ministre du Commerce, de P Agriculture
et des Travaux publics. Et bientôt fut organisée,
prête à être offerte aux regards de l’univers
entier, une très intéressante représentation des
produits nationaux.
Pourtant, la tâche était difficile; mais, outre
l’activité et la valeur de ses membres, la com-
mission avait vu mettre à sa disposition, par le
gouvernement serbe, un crédit relativement
considérable, 200,000 francs.
Pour faciliter les rapports avec la France, on
avait confié lesfonclions de commissaire délégué
à Paris à M. Armand Gibert, le consul général
de Serbie.
La Serbie était prête avant le 6 mai, jour de
l’inauguration.
L’Exposition serbe a, du côté de l’avenue de
Suflren, une façade monumentale qui est l’iine
des plus réussies parmi celles des nations
étrangères. Elle est composée de mosaïque
émaillée entourée de champs de marbre. Son
style, très caractéristique, est du serbo-byzantin
le plus pur. Le dessin en est dû àM. Laborride,
architecte de la section. Intérieurement, l’Ex-
pos ilion est décorée et aménagée avec beaucoup
de goût, et les charmantes poteries qui cou-
ronnent les vitrines du pourtour sont bien
en évidence, se détachent parfaitement, sur le
fond rouge éclatant des tapisseries de Pirot
dont les murs sont tendus.
La Serbie dispose, dans le Palais central, en
bordure sur le vestibule SulTren, d’un emplace-
ment cle432 mètres carrés. Cet espace estrestreint,
trop petit, et c’est avec peine, malgré tout l’art
possible, qu’on est parvenu à y disposer les
nombreux objets de toute sorte qui constituent
l’Exposition serbe
Nous l’avons dit, les éléments de ce concours
sont intéressants et très divers.
On y trouve, en effet : une collec'ionde mar-
bres remarquables de nuances tendres, et quel-
ques échantillons de marbre blanc pailleté de
mica; une série de bois du pays, puis un
ingénieux appareil dont la construction est due
à M. Vitlorovitch, et qui s’applique à l’égrappage
du raisin destiné à la cuve. On voit encore des
céréales, blé, orge, avoine, de très belle qualité,
des légumes secs, des pruneaux (dont l’expor-
tation annuelle se chiffre à 15 mil lions de francs) ;
des vins rouges et blancs, de la bière de Bel-
grade.
On voit enfin des draps de belle qualité, des
dentelles d’une finesse vraiment remarquable,
des vêtements nationaux brodns de soie et <le
fils d’or du d’argent; une série d’objets usuels;
une collection considérable et fort complète
d’éeh.mlillons minéralogiques, entre autres des
minerais à81 /() de mercure; enfin, une machine
à fabriquer des cartouches <le guerre, due à
M. Scle^kowilch et venant de l’arsenal de Kra-
goujévatz. j
On trouve en un mot, à l’Exposition serbe,
les traces d’une étude constante, active, et des
progrès les plus sensibles.
L’homme à l’activité duquel est due la réussite
de cette entreprise, nous voulons désigner
M. Goudovitch, est un ancien et excellent ami
de laFrance. Après avoir fait ses études àl’Uni-
versité de Belgrade, il suivit, à Paris, les cours
de J École des Mines. C est sous son impulsion
qu’ont été construits les chemins de fer serbes-.
Il aime son pays par-dessus tout, et son ambi-
tion esl de le placer au premier rang des États
de la Péninsule Balkanique.
C. Albert.
la
GRANDE GALFRIE CENTRALE
La galerie qui, du Dôme central, conduit à la
Galerie des Machines, est le plus magnifique
vestibule que l’on puisse rêver pour les quatorze
galeries latérales où sont exposés les produits
de notre industrie nationale. Les architectes lui
ont donné, à cause de ses dimensions (hauteur
et largeur); le nom de Galerie de trente mètres:
mais Je public l'appelle VAllée des portes 'mer-
veilleuses, et c’est ce titre qui lui restera.
Nous sommes là au cœurmèmedei’Exposition
et si nous n’avions pas pour nous seconder dans
notre tâche les dessins de nos collaborateurs,
nous serions bien empêché d’avoir à décrire de
telles magnificences. A droiteet à gauche del’irn-
mense baie qui donne accès à ce vaste hall, on
a placé, sentinelles glorieuses de l'industrie
française, les expositions des manufactures de
Sèvres, des Gobelins et de Beauvais. Là, s’étalent
les tapisseries de haute lisseet les lapis veloutés
de la Savonnerie, dix-sept lenlures composées
par M. P. Galland et desLinées à la déemation
du salon d’Apollon au palais de l’Élysée; tr< is
panneaux allégoriques qu'attend la chambre de
Mazarin à la Bibliothèque Nationale. Un chro-
niqueur du siècle dernier, après une description
des ateliers de la Manufacture royale de tapis-
series, notait qu’il élail impossible d’imaginer
comment l’art d’imiier le pinceau avec des
fils de laine pourrait être porté à un plus hi.ut
degré de perfection... Ce chroniqueur s’e.-t
trompé: les pièces d’une beaulé grandiose
qu’exposent les Gobelins prouvent que l’art de
la tapisserie n’a fait que de progresser depuis
que Colbert résolut de le mettre sous la protec-
tion spéciale du lloi et de l’employer uniquement
à son service.
Dans un vallon disert et pittoresque des bois
de Versailles court un petit cours d’eau qui,
sur les pians anciens, est désigné sous le nom
de Ruisseau des Gobelins, l a contrée est maré-
cageuse et ce nom s’explique: on désignait
sous ce nom de Gobelins, au moyen âge, ces
démons, lutins ou esprits follets qui hantaient
les lieux solitaires et qui, le soir venu, s’amu-
saient à égarer les voyageurs attardés en pre-
nant la forme d’une petite flamme bleue. Ce
ruisseau, qu’on appelle aujourd’hui la Bièvre,
était alors renommé pour la qualité de ses
eaux : un teinturier s’était établi sur ses bords,
et ce voisinage lui avait fait donner le surnom
de Jean le Gobelin.
La famille des Gobelins était déjà riche et
avait renoncé à son indust ie longtemps avant
Colbert, et ce n’est qu’en IGG7 que fut rendu
l’édit qui procura un état stable à la manufac-
ture dont le célèbre Lebrun, premier peintre du
Roi, eut la direction.