L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
— « Prenez garde aux arbres ! » On lit cela en
russe, en espagnol, en anglais et même en
hébreu ! mais en allemand, on n'en voit pas.
Est ce une bonne farce afin que les Allemands
non prévenus s’éborgnent aux branches? Est-ce
un oubli? Serait-ce, mais je ne veux pas le
croire, un mauvais petit procédé indigne de la
France ?
Tenez, encore! Sortant d’une de ces baraques
de thé où de drolatiques Chinois vendent des
flacons antimigraine, n’avez-vous pas éprouvé,
à la vue de certains pavillons étrangers — celui
de Grèce, par exemple ! — ce sursaut que pro-
voquent en nous les grands noms historiques ?
La façade est ou parait de marbre blanc. Le
mot Grèce s’y incruste en lettres d’or : c’est
simple et éloquent. Mais voilà que vous aper-
cevez gravé au dessous : Sophocle! Thémis-
Le Pavillon Chinois au Champ de Mars.
tocle ! Miltiade ! Euripide, etc. Autant de noms
très anciens qui sonnent comme les coups tapés
sur la grosse caisse de la réclame posthume; et
voilà le diable de petit sourire obstiné qui vous
reprend !
Est-ce tout? Non, vous l’avez encore aux
lèvres, quand, entrant en Perse, prêt à y voir
des choses merveilleuses, vous vous trouvez
nez à nez avec des costumes du pays, qualifiés
de leurs noms sur étiquettes et habillant quoi ?
d’affreux mannequins de Godchau ou da Pont-
Neuf, auxquels on a collé des moustaches de
Tartares!
Et le sourire vous suit; il vous poursuivrait,
Dieu me pardonne ! jusqu’au pied même de la
Tour Eiffel.
Mais qu’est-ce que ceU prouve?
Rien. C’est une impression d’un jour, que la
nuit efface : une impression parisienne, bonne
enfant, et qui, pour gouailleuse qu’elle semble,
ne laisse pas que d’être cordiale et sympathique.
Revient-on le lendemain? On ne pense plus
qu’à explorêr curieusement, sérieusement. Et
quand on s’y est mis, on en a pour longtemps.
Car l’Exposition est tout un monde, et 1 on pour-
rait y venir, tous les jours jusqu’à la fin, qu on
y trouverait chaque fois quelque chose d utile
et de beau à apprendre et à admirer.
Paul Margueritte.