L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
produisent des remous qui rendent dif-
ficiles les observations sur la pluie, la
brume, la neige et la rosée, faîtes dans
un rayon même étendu; toutes les indi-
cations hygrométriques ou thermométri-
ques deviennent inexactes ou illusoires.
« Le projet de la tour en fer de
300 mètres de hauteur, dressé par
M. Eiffel et par MM. Nouguier et Kœchlin,
ingénieurs, et M. Sauvestre, architecte,
présente donc pour les météorologistes
un intérêt des plus considérables.
« Elle permettrait d’organiser un grand
nombre d’observations et d’expériences
météorologiques du plus haut intérêt,
parmi lesquelles nous citerons au hasard
les suivantes :
« La loi de décroissance do la tempéra-
ture avec la hauteur serait facilement
observée, et les variations dues aux vents,
aux nuages, etc., fourniraient certaine-
ment de nombreux renseignements, qui
nous font jusqu’à présent complètement
défaut.
« La quantité de pluie qui tombe à
différentes hauteurs sur une même verti-
cale a été très diversement estimée. Cette
question si intéressante pour la théorie
de la formation do la pluie serait résolue
par quelques années d’observations faites
au moyen d’une quinzaine de pluvio-
mètres régulièrement espacés sur la hau-
teur de la Tour.
« La brume, le brouillard, la rosée
forment souvent à la surface du sol des
couches de moins de 300 mètres de hau-
teur ; on pourrait donc observer ces
météores sur toute leur épaisseur, faire
des prises d’air à diverses hauteurs, me-
surer le volume d’eau à l’état globulaire
tenu en suspension dans chaque couche.
Ce volume liquide est beaucoup plus con-
sidérable que celui qui répond à la vapeur
d’eau, et sa connaissance expliquerait
comment les nuages d’un faible volume
versent quelquefois sur le sol des quantités
d’eau si considérables.
« L’état hygrométrique de l’air varie
avec la hauteur. Rien ne serait plus facile
que d’étudier ces changements, si l’on
pouvait observer au môme instant des
instruments placés à d’assez grandes dis-
tances les uns au-dessus des autres.
L’évaporation donnerait également lieu à
de très utiles expériences.
« L’électricité atmosphérique, sur
laquelle on ne possède encore que des
notions si imparfaites, devrait faire à
l’observatoire de la Tour l’objet des
recherches les plus actives. La différence
de tension électrique entre deux points
situés à 300 mètres de distance verticale
est probablement très considérable et
donnerait lieu à des phénomènes du plus
grand intérêt.
« La vitesse du vent croît en général
avec rapidité en s’écartant de la surface
du sol ; la Tour permettrait de déterminer
la loi d’augmentation de cette vitesse
jusqu’à 300 mètres et probablement un
peu plus haut. Cette détermination, indé-
pendamment de son intérêt théorique,
fournirait à l’aérostalion d’utiles rensei-
gnements.
« La transparence de l’air pourrait être
observée, avec la Tour, dans des condi-
tions exceptionnellement favorables, soit
suivant la verticale, soit suivant des lignes
d’une inclinaison donnée.
« Indépendamment des observations
météorologiques que je viens de citer et
dont je dois exclusivement m’occuper ici,
la Tour de 300 mètres permettrait encore
de réaliser un grand nombre d’expériences
impossibles à tenter aujourd’hui. Elle
permettrait, par exemple, d’établir des
manomètres allant jusqu’à 400 atmo-
sphères, pouvant servir à graduer expéri-
mentalement les manomètres des presses
hydrauliques, et d’établir des pendules
dont chaque oscillation durerait plus d’un
quart de minute, etc., etc.
M. l’amiral Mouchez, directeur de
l’Observatoire, écrivait de son côté à
M. Eiffel :
« Je m’empresse de vous faire savoir
que j’ai vu avec le plus grand intérêt votre
projet de Tour de 300mètres.
« J’en désire bien vivement la réalisa-
tion parce que je crois, qu’outre l’intérêt
général que présentera un tel monument,
il sera d’une très grande utilité pour
diverses q.ucstions scientifiques et parti-
culièrement pour l’étude des couches
inférieures de l’atmosphère, qui ont une
certaine influence sur la précision des
observations astronomiques ; une hauteur
de 300 mètres permettra d’observer régu-
lièrement ces fréquentes inversions de la
loi de décroissance de la température
avec la hauteur, et dans de meilleures
conditions que sur une montagne.
« On pourra également étudier les
variations de l’humidité et de l’électricité
atmosphériques, les variations du vent
on force et en direction.
« Quatre collections d’instruments en-
registreurs semblables placés au ras du
sol, à 100, 200 et 300 mètres, donneraient
certainement, par leur comparaison, des
résultats d'un grand intérêt. Quant aux
observations astronomiques, je ne crois
pas qu'il y ait une égale utilité à en tirer.
« Il est cependant certain qu’au milieu
de la ville de Paris, on aurait une atmo-
sphère beaucoup plus pure à cotte hauteur
que dans nos salles d’observations ; on y
laisserait au-dessous de soi la plus grande
partie des fumées et des poussières de la
ville.
« Au point de vue des observations
météorologiques et de l’étude de l'atmo-
sphère dont je parlais, la tour en maçon-
nerie enlèverait une très grande partie
de Vexactitude et de l'intérêt des obser-
vations que donnerait la tour en fer;
avec celle-ci les instruments sont entière-
ment isolés dans l'atmosphère ; avec la
tour en maçonnerie, ils s’échauffent et se
refroidissent avec elle, sont alternati-
vement à l’ombre et au soleil, etc., les
conditions sont toutes différentes. »
Enfin, au point de vue plus spéciale-
ment astronomique M. Pierre Puiscux,
astronome attaché à l’Observatoire de
Paris, a formulé ainsi son opinion :
« Il est hors do doute que la tour pro-
jetée pourra recevoir des applications
utiles aux études astronomiques. La mo-
bilité de la plate-forme sous l’influence
du vent exclut sans doute les observations
qui ont pour but de fixer la posilion pré-
cise des astres, niais elle laisse le champ
libre à la plupart des recherches d’astro-
nomie physique. Des spectroscopes desti-
nés à analyser la lumière du soleil et des
étoiles, à constater les mouvements
propres des astres par le déplacement
des raies, fonctionneraient mieux à
300 mètres de hauteur qu’au niveau du
sol. L’élimination des poussières et des
brumes locales permettrait de suivre le
soleil plus près de l’horizon. De là un
sérieux avantage pour l’étude des raies
telluriques dues à l’absorption de la
lumière solaire par l’atmosphère.
« Un appareil à photographie lunaire
ou solaire serait aussi d’un bon usage ;
son emploi serait surtout indiqué dans le
cas de passages de Mercure ou d’éclipscs
s’effectuant près de l’horizon. Les photo-
graphies d’étoiles ou de nébuleuses exi-
geant une pose appréciable seraient plus
exposées à être contrariées par le vont et
devraient être réservées pour les nuits
calmes. Il faut faire attention cependant
qu’une translation latérale de l’instrument
n’a pas d’influence nuisible ; l’essentiel
est que l’axe optique reste parallèle à
lui-mème. 11 semble difficile de décider,
avant l’expérience, si les mouvements
causés par le vent seront bien de cette
nature. En tous cas, les aspects physiques
de la lune, des planètes, des nébuleuses,
pourront être étudiés et dessinés dans
des conditions favorables. 1
« Un chercheur ou un télescope de
strande ouverture, installé au sommet de
O
la Tour, permettra de suivre les astres qui
n’atteindraient qu’une faible hauteur sur
l'horizon de Paris. Ces observations ne
sauraient rivaliser d’exactitude avec celles
des observatoires fixes, mais elles pour-
raient être effectuées dans dos cas où
celles-ci deviennent impossibles. Or, on