L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
51
LES PLUS GRANDS MONUMENTS
DU MONDE
La Tour Eiffel dominera de plus de
150 mètres les fameuses pyramides d’E-
gypte, œuvre orgueilleuse mais inutile des
Pharaons, monuments lourds élevés par
une odieuse tyrannie, aux dépens de l’es-
clavage et de la servilité! Notre tour de
300 mètres sera, par excellence, un
monument caractéristique de la science
pure, de l’art auguste et de la liberté
dans le travail. Ceux qui la construisent
ne sont enchaînés que par les liens sacrés
du devoir professionnel et dominés par
l’amour-propre national.
Voici la liste exacte des plus grands
monuments connus et qui existent actuel-
lement :
Obélisque de Washington. . . 169 mètres.
Cathédrale de Cologne .... 159 —
Cathédrale de Rouen......... 150 —
Grande pyramide d'Egypte. . 146 —
Cathédrale de Strasbourg. . . 142 —
Cathédrale de Vienne (Autriche) 138 —
Saint-Pierre de Rome........ 432 —
Dôme des Invalides............ 105 —
Panthéon....................... 79 —
Tours Notre-Dame de Paris . 66 —
Le fer seul permet de dépasser ccs
grandes hauteurs de 160 mètres et de
résister à l’action du vent, grâce à sa ré-
sistance jointe à sa grande flexibilité. La
pierre s’écraserait, se romprait ou se fis-
surerait. Les constructeurs de la fameuse
tour de Babel durent sans doute inter-
rompre la construction de leur œuvre
précisément parce qu’à cette époque pri-
mitive on ne connaissait que la pierre
incapable, à moins d’être soutenue tout
au moins par une carcasse de métal, do
se prêter à ces conceptions gigantesques.
LA GALERIE DES MACHINES
Nous avons parlé longuement déjà,
dans notre premier numéro, de cette mer-
veilleuse galerie des Machines qui, en
dehors de sa physionomie vraiment artis-
tique, restera, avec la Tour Eiffel, comme
l’un des plus audacieux tours de force de
la construction métallique. Il nous suffit
de rappeler, en effet, que la charpente de
cet énorme vaisseau, qui mesure 420 mè-
tres de longueur sur 48 de hauteur, est
formée d une série de fermes de 110 mè-
tres 60 de portée, envergure qui n’avaii
jamais été atteinte jusqu'à ce jour. Ces
fermes offrent ensuite cette particularité
ingénieuse que, pour parer aux inconvé-
nients des mouvements en sens divers
qui se produisent dans les métaux sous
l’action de la température, elles ne sont
pas fixées dans le sol, mais sont terminées
par des rotules articulées.
Aujourd'hui la Compagnie do Fives-
Lille et la Société dos établissements Cail.
qui avaient entrepris chacune une moitié
de ce prodigieux travail et qui en ont
poursuivi la réalisation par dos procédés
différents, ont achevé leur œuvre. Le
palais se dresse tout entier avec ses deux
imposantes façades d’entrées et son
immense développement. C’est une de ces
faces que notre gravure reproduit, et qui,
prise de trois quarts, laisse voir en pers-
pective le prolongement intérieur de la ga-
lerie. L’arcade centrale a 20 mètres de
hauteur sur autant de largeur, c’est dire
qu’elle abriterait facilement une maison
de six étages. Mais s'il était besoin, pour
se rendre mieux compte encore des
dimensions de cette façade colossale, do
points de comparaison, il suffirait de jeter
les yeux sur la voiture arrêtée au bas et
qui ressemble à un jouet d’enfant, ou sur
l’ouvrier accroché dans les mailles de fer,
et qui fait l’effet d’un insecte minuscule
pris dans une toile d’araignée.
Comme on le peut voir par notre des-
sin, les pignons qui ferment la grande nef
elles tribunes adossées, étant donnée la
disposition des fers à l’aide desquels ils
ont été montés, seront comme un nouvel
appoint à la décoration de l’édifice.
En effet, cette partie de la fermeture
— dont la maison Baudet, Donon et C10 a
pris la charge — doit recevoir des ver-
rières do couleur qui seront du plus bel
effet. C’est le pignon de l’avenue de Suffren
qui portera, en 19 panneaux de 9 mètres
de hauteur, le grand vitrail représentant
la bataille de Bouvines, actuellement exé-
cuté dans ses ateliers de Bar-le-Duc par
M. Champigneulle. Le pignon de l’avenue
de Labourdonnais lui faisant face, et qui
constitue la principale entrée du palais des
Machines, sera flanqué de deux pylônes
portant erureliefles armes et les attributs
de la ville de Paris. Sur l’archivolte se
développeront en éventail les armes des
principales nations participant à notre
grand concours. Quant aux verrières dont
nous parlions tout à l’heure et qui sont en
cours d’exécution, elles surmonteront un
rinceau décoratif en staff qui s’appuiera
lui-mème sur deux groupes de 7 mètres
de haut, dus à Barrias et à Chapu, Élec-
tricité et la Vapeur.
LES EXPOSITIONS UNIVERSELLES
D’AUTREFOIS
I
Ce titre n’est point un paradoxe. Il y
eut des Expositions universelles autrefois
à Paris, si l’on entend par ce mot exposi-
tion un endroit désigné à l’avance où les
nations plus ou moins civilisées se don-
nent rendez-vous pour apporter les spéci-
mens de leur industrie, les produits les
plus intéressants de leur fabrication. Les
Halles, à partir du xine siècle, la foire
Saint-Germain à partir du xve, sont, non
point des foires dans le sens qu’on prête
à ce terme, mais des lieux de trafics con-
sidérables pour los négociants et de com-
paraisons utiles pour les artisans, où 1 on
essaye déjà le système de classement mé-
thodique adopté au Champ de Mars.
Une visite aux vieilles Halles, d’ail-
leurs, c’est l’indispensable complément
d’un livre sur l’ancien Paris. Ce coin de la
capitale présente le singulier caractère
d’être maintenant le quartier où Ion
retrouve le moins de traces du Passé et
d’avoir été peut-être le quartier où le
Passé a le plus vécu.
LES ANCIENNES HALLES
Rienn’est plus moderne d'aspect effec-
tivement que les Halles. Ces constructions
en fer, ces amenagements admirables qui
permettent à des transactions colossales
de s’opérer sans trouble en quelques
heures, l’eau, le gaz, l’air circulant à pro-
fusion, tout contribue à faire des Halles
centrales une des merveilles du Paris
nouveau; pas un débris de monument,
pas une pierre n’y vient rappeler la physio-
nomie des Halles d’autrefois.
Les Halles furent cependant un des
centres les plus importants de la vie popu-
laire de jadis. Si le Louvre, le Palais de
Justice, Notre-Dame représentent le Paris
féodal, par ses côtés supérieurs, et per-
sonnifient, en quelque sorte, les pouvoirs
qui dirigeaient la société P alors, c est aux
Halles qu’il faudrait alltr si l’on voulait
évoquer pour une minute l’antique cité
dans ses manifestations extérieures, dans
son existence de chaque jour, dans ses
enthousiasmes, dans ses colères, dans ses
plaisirs même.
En cet espace étroit qui s'appela d'abord
le Marché des Champeaux, la multitude,
attirée par les besoins journaliers ou par
l’annonce de quelque déballage exception-
nel, trouvait, de chaque côté qu elle se
tournât, un spectacle pour alimenter sa
curiosité. A quelques pas de Saint-Eusta-
che, c’était le Pilori, avec son toit en étei-
gnoir, qu’a décrit M. Maxime du Camp.
Sur la plate-forme, une roue horizontale,
percée de trous, était portée sur un
moyeu à pivot. Dans les Irons, on taisait
entrer la tête et les mains du patient, on
mettait la roue en mouvement, et le
malheureux était ainsi montré, circulai-
renient et méthodiquement, aux regards
de la foule. A côté, était le gibet. Dans
certains cas, les Halles remplaçaient la