L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
L’EXPOSITION DE PARIS
Grève; c’est là qu’on dressa l’échafaud,
recouvert de velours, sur lequel Jacques
d’Armagnac eut la tète tranchée. On
l'avait emmené de la Bastille sur son
cheval de, bataille caparaçonné de noir,
et l’on avait disposé en chapelle la hallo
au poisson, purifiée par le genièvre de
toute odeur désagréable, afin qu’il y fit
ses dernières oraisons.
Vers la rue de la Ferronnerie, le cime-
tière des Innocents, avec ses galeries
voûtées en Corme do cloître, était, en
dépit des pensées sombres qu’il aurait dû
inspirer, la promenade la plus fréquentée,
la plus bruyante et la plus joyeuse de
Paris.
Maiscesattractionsnmltiples représen-
tation, le dimanche, de quelque Mystère
devant Saint-Eustache par les confrères
de la Passion, lecture de quelque édit
royal par un héraut précédédo trompettes,
exécutions, visites aux recluses dans leurs
logettes, exposition de criminels, n’étaient
qu’une des formes extérieures de la vie
active et turbulente des Halles. C’est au
commerce que les Halles devaient l’ani-
mation qui y régnait tous les jours. Com-
ment ce commerce était-il organisé?quel
emplacement spécial était assigné aux
diverses industries? Ces questions, con-
fuses jusqu’ici, ont été résolues par un très
intéressant et très savant mémoire publié
par M. Léon Biollay, dans le Recueil de la
Société de l’histoire de Paris, sous ce
titre : Les anciennes Halles de Paris.
M. Léon Biollay a laissé on dehors
tous les éléments pittoresques et descrip-
tifs que comporte un si vaste sujet; il a
voulu seulement, à l’aide de recherches
poursuivies avec une sagacité sûre et
une persévérance éclairée, indiquer,
d’une façon précise, la situation de chaque
corps d’état dans les Halles d’autrefois,
restituer, pour mieux dire, la topographie
exacte de l’ancien marché parisien depuis
sa fondation au xiie siècle. C’est au
xne siècle, en effet, que les Halles des
Champeaux commencent à exister. On
étouffait déjà dans cette île do la Cité où
les Parisiens se serrèrent pendant si long-
temps les uns sur les autres pour se dé-
fendre contre rennemi. Le marché Palu
était devenu insuffisant. Le marché des
Champeaux fut installé sur un terrain
situé alors en dehors do la ville et cou-
vert de cultures, en pleins champs en un
mot, Campelli; de là, le nom de Cham-
peaux.
Le marché (h‘s Cliampeauxfut enfermé
bientôt dans l’enceinte de Philippe-Au-
guste ; le roi le fit entourer de murs, y
construisit des abris, et racheta à la
Maladreriede Saint-Lazare Ja foire établie
en 1110. Los Halles devinrent ainsi le
marché banal du roi. Les marchands et
les artisans de la vil le durent fermer leur
boutique deux jours par semaine, et ces
jours-là venir coniincrcor aux Halles. On
comprend le but tout fiscal de cette me-
sure, qui permettait de percevoir facile-
ment les droits sur les marchandises et
sur les ventes. Quelques corporations,
pour se soustraire à cette obligation, se
rachetèrent par une taxe fixe ; c’est ainsi
que les selliers et les lormiers, moyen-
nant le payement d’une somme de qua-
rante sous parisispar an, étaient « quittes
d’aller en foires et marchés ». Les cha-
peliers do coton pouvaient vendre leur
marchandise, aux jours do marché, dans
leurs maisons, et ils n’étaient pas tenus
non plus d’aller au marché le roi/.
Il ne faut pas s’y tromper, nous l’a-
vons dit, les Halles n’étaientpoint, comme
maintenant, le point central où se réunis-
sent les immenses approvisionnements
nécessaires à l’appétit de cc Gargantua
qu’on nomme Paris. Gargantua était
jeune alors, et scs donts formidables n’a-
vaient pas la longueur qu’elles ont au-
jourd'hui. Ces entrepôts privilégiés, où
la vente des vivres n’était qu’accessoiro,
ressemblaient plutôt à un bazar où s’ac-
cumulaient, à côté des marchandises
usuelles de toute nature, les étoffes, les
joyaux, les merveilles de l’industrie du
temps. En 1323, Jean de Landun, dans
ses Louanges de Paris, parle avec ad-
miration des belles choses qu’il a vu
étaler aux Halles; il se lait sur les mar-
chés exclusivement destinés à l’alimen-
tation. A part les grains et les poissons
de mer, on pouvait s’approvisionner par-
tout aussi bien qu’aux Halles. On trouvait
le poisson d’eau douce à la porte Bau-
doyer et au Petit-Pont; le bourre et les
œufs, au cimetière Saint-Jean et à la rue
Neuve-Notre-Dame ; la viande de bouche-
rie, la volaille et le gibier, à la porte de
Paris.
(4 suivre.') Édouard Drumont.
RAPPORT DE M. GUICHARD
AU CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
SUR L’EXPOSITION UNIVERSELLE
Messieurs,
Sur la proposition de votre Commission spé-
ciale de l’Exposition universelle de 1889, vous
avez délibéré. Je 21 mars 1886, qu’une somme
de 8 millions serait allouée par la ville de Paris
au Ministère du Commerce et de l’industrie à
titre de subvention à l’Exposition.
A la suite de cette délibération, le Parlement
a voté une loi, promulguée le 6 juillet 1886,
approuvant la convention passée entre l’Etat,
la ville de Paris et l’Association de garantie, et
arrêtant le budget des dépenses de l’Exposition
à la somme totale de 43 millions. La participa-
tion de la Ville étant de 8 millions, celle de
l’État était fixée à 17 millions et celle de l’Asso-
ciation de garantie ;ï 48 millions.
Après la souscription du capital de garantie,
qui a dépassé le chiffre de 22 millions, un décret
du 14 octobre 1886 institua auprès du Ministère
du Commerce et de l’industrie une commission
de contrôle et de finances composée de membres
représentant l’État, la ville de Paris et l’Asso-
ciation de garantie dans la proportion des con-
tributions respectives des trois parties contrac-
tantes. C’est ainsi que le Conseil municipal de
Paris est représenté dans cette commission par
huit de ses membres.
L’organisation des services de l’Exposition
avait été réglée par un décret du 28 juillet pré-
cédent et notre éminent directeur des Travaux
de Paris, M. Alphand, avait été nommé direc-
teur général des travaux de l’Exposition. Le
même décret nommait M. Berger directeur géné-
ral de l’exploitation, et M. Grison directeur
général des finances.
Dès le mois d’août 1886 commençaient les
études des travaux, et bientôt après, les pre-
miers ouvrages préparatoires, tels que ceux
exéculésparM. Lion pour le nivellement général
du Champ de Mars et la création du réseau
d’égouts. A l’heure actuelle, grâce à la vigou-
reuse impulsion que M. Alphand a su donner
aux trava’ux, grâce aussi au dévouement de ses
collaborateurs, le gros œuvre de l’Exposition est
terminé, les décorations extérieures très avan-
cées et les installations des exposants commen-
cent déjà sur un grand nombre de points. Aussi,
nous paraît-il intéressant de saisir ce moment
pour donner au Conseil municipal un aperçu
aussi succinct que possible de l’ensemble du tra-
vail gigantesque si rapidement et si sûrement
mené à bien, et de lui faire connaître en même
temps ce qui a été fait pour l’exposition parti-
culière de la ville de Paris.
L’Exposition universelle de d889 se divise en
quatre parties principales comprenant : le
Champ de Mars, le parc du Trocadéro, le quai
d’Orsay et l’esplanade des Invalides. Elle cou-
vrira une surface totale d’environ 70 hectares,
supérieure de 20 hectares à l’Exposition de!878.
CHAPITRE PREMIER
Champ de Mars.
Le Champ de Mars a été mis parle Ministère
de la Guerre à la disposition du Ministère du
Commerce, sous la condition que la ville de
Paris affecterait le champ d’entraînement de
Bagatelle aux exercices des troupes. Cette con-
vention a fait l'objet de votre délibération en
date du 13 décembre 1886.
C’est au Champ de Mars que se trouvent les
grands palais d’exposition proprement dits : le
palais des Machines ; le palais des Expositions
diverses; les palais des Beaux-Arts et des Arts
libéraux; enfin l’immense Tour de 300 mètres
qui, dans vingt ans, doit devenir la propriété
de la ville de Paris.
| 1er. — Palais des Machines.
Le palais des Machines, dont l’idée première
est due à M. Dutert, l’un des trois premiers lau-
réats du grands concours de l’Exposition, com-
prend ■ une grande nef centrale de 115 mètres
de largeur sur 420 mètres de longueur, deux
galeries latérales de 15 mètres de largeur, deux
tribunes parallèles aux avenues de La Bourdon-
nais et de Suffren et un vestibule principal
d'entrée.
Grande nef. — La construction métallique de