ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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148 L’EXPOSITION DE BRUXELLES L’ART ANGLAIS L’Angleterre n’a pas participé officiellement à l’Exposition des Beaux-Arts, cependant un certain nombre de ses artistes ont été invités et ils ont répondu à cet appel. Les tableaux de l’école anglaise sont réunis dans deux salle, du palais du Cinquantenaire, tandis qu’au Sol- ALMA TADÉMA. — ESCLAVE ANTIQUE. boscli une section importante de l’art décoratif nous rappelle que c’est en Grande-Bretagne que prit naissance l’admirable mouvement en faveur de la démocratisation de l’art et de son adap- tation à nos besoins journaliers. Certes, nous regretterons que les envois des peintres anglais n’aient pas été plus nombreux, que nous n’ayons pu admirer un ensemble de la jeune école britannique et irlandaise, cepen- dant nous rencontrons dans ces deux salles quelques noms connus et aimés, ceux d’Alma Tadéma, de Grosvenor, d’Austen Brown, de Hornel, de Macaulay Stevenson. Ceci ne nous donne pas une idée générale de la peinture anglaise, mais ne fait que l’évoquer en rappe- lant les glorieux souvenirs auxquels elle se rat- tache. M. Robert de la Sizeranne a pu dire qu’on « citerait malaisément dans la peinture un seul mouvement d’art nouveau au XIXe siècle dont les Anglais ne furent pas les ini.iateurs ». Peut-être convient-il de ne pas prendre trop à la lettre cet éloge, mais il se justifie pourtant en partie Comme le fait remarquer ce critique, « il ne faudrait pas beaucoup chercher pour découvrir dans le procédé des pointillistes français un sou- venir de Turner et même de Watts ». Il y eut mieux encore, il y eut au XIXe siècle l’admi- rable mouvement préraphaélite, auquel s’asso- cia Ruskin, et au xvine siècle la rénovation du paysage, dont les peintres anglais furent les auteurs. Mme de Staël, traversant le Rhin, croyait voir surgi; devant elle, dès les premières approches de la terre allemande, le pays tout entier et ses tradi ions. Ainsi quand nous pénétrons dans une de ces expositions où un peuple a voulu syn- théti er son art, il nous semble que tout son passé revit tout à coup dans le souvenir et que l’histoire se déroule de ses luttes et de ses triomphes. L’art anglais n’a pas de lointaines origines. Il est né très tard, lorsque celui des autres races étai. déjà vigoureux et prospère. Il semblait même qu’il ne fleurirait jamais. Des peintres étrangers s’établissaient en Angleterre pour faire la conquête d’un domaine artistique vierge et sans défenseurs. C’étai. aux XVI- et XVIIe siècles, l’allemand Holbein, le flamand Van Dyck. le hollandais Peter Lely. Ils préparèrent la terre qui allait devenir fertile. Le génie anglais se révéla d’une manière originale dans les œuvres de Hogarth. L’humour, cette qualité anglo- saxonne et germanique, s’exprima sur les toiles de ce satiriste, de cet observateur extraordinaire. Ce fut un début symptomatique du caractère de la race. Il indiquait déjà les particularités si tran- chées de l’art bri.annique. Il se développerait librement, prenant parfois contact avec les idées du continent, mais se gardant de toute imitation, conservant sa sève originelle. Reynolds, Opie, Lawrence précisèrent cette manière. A la fin du XVIIIe siècle parurent les paysagistes Gainsbo- rough, Wilson, Morland, Constable, Crome. A l’époque où les peintres restaient les esclaves du genre italien, où ils ne voyaient la nature qu’à travers le voile artificiel de la littérature, ils découvrirent la beauté du monde extérieur. Ils développèrent les quali.és d’un Hobbéma et d’un Ruysdael. L’intimi.é calme et reposée du carac- tère anglais les portait à aimer les campagnes, les forêts et les landes de leur pays natal. Ce fut une révélation, et pourtant tous n’en com- prirent pas immédiatement le sens. Il fallut qu’au XIXe siècle les peintres français de Bar- bizon reprissent l’œuvre commencée pour que son importance fut définitivement reconnue. Au XVIIIe siècle aussi parut cet extraordinaire Turner qui, s’inspirant de Claude Lorrain, écrasa sur ses toiles les rayons du soleil dans de splendides apothéoses. Faut-il rappeler encore le curieux mouvement préraphaélite dont Madox Brown fut l’initiateur. Dans un pays qu’absorbaient les préoccupations matérielles, il y eut tout à coup un magnifique élan vers l’idéal. Qelle était la tendance de ces jeunes artistes ? Voici comment M. Ernest Chesneau nous l’indique : « Ils assignaient expressément à l’art un but de moralisation active. Ils prétendaient atteindre ce but, les uns dans l’art historique, par la représentation de motifs ayant un caractère de précision et d’exac- ti.ude aussi minutieux que possible ; les autres, dans le paysage, par la reproduction fidèle des plus menus détails, des moindres particularités spéciales au site choisi par l’artiste et fourni par la nature. C’étai., dans l’un et l’autre cas, dans le paysage et dans l’histoire, un système d’analyse microscopique, poussé jusqu’au ver- tige. Par l’analyse ainsi entendue ils voulaient réaliser, épouser étroitement le Vrai, principe et fin de toute morale.» Les premiers préraph lélites n’eurent pas d’abord un idéal aussi élevé, ce fut John Ruskin qui le leur précisa. Certes, il y eut des erreurs commises. Le préraphaélisme est mort aujour- d’hui. Il devait disparaître, mais en assignant à l’art un but très noble, il donna au monde un enseignement d’une portée supérieure. En élevant l’« anecdote » à la hauteur d’un sym- bole, en idéalisant et en précisant également les sujets qu’i’ se proposait de peindre, il établissait entre la pensée e. la réalité cette union intime qui donne à l’art une signification puissante. Burne-Jones, Rosset.i Watts, Holman Hunt furent les apôtres de la foi nouvelle. Un maître, John Ruskin, guida leurs pas encore hésitants. Ils firent fleurir la légende, i’s poétisèrent l’his- toire, et le portrait lui-même fut rénové pai leurs efforts. A ce mouvement préraphaélie se rattacha, toujours sous l’action de Ruskin, l’esthétique nouvelle par laquelle l’art devai: être mis à la portée de tous. La mission de l’art est de parler au peuple et, en suggérant l’idée du beau, de faire naître dans l’esprit de nobles pensées. « Le développement des classes inférieures, a dit William Morris, un des plus ardents propaga- teurs de cette théorie, ne doit pas être entrepris par le mauvais bout, en donnant aux ouvriers des musées et des concerts, mais en restituant aux arts leur rôle primitif, en s’efforçant de rendre les demeures, les habits, les ustensiles, les meubles, tous les outils de la vie, à la fois PORTRAIT. utiles et beaux pour tous. Qu'est-ce qu’un ar- tiste, sinon un ouvrier qui est déterminé, quoi qu’il arrive, à faire une œuvre excellente ? Et qu’est-ce que la décoration d’un meuble, d’un travail quelconque, sinon l’expression du plaisir qu’a pris l’homme dans le succès de son travail ?» Ces quelques lignes contiennent toute la