Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
L’ART ANGLAIS
L’Angleterre n’a pas participé officiellement
à l’Exposition des Beaux-Arts, cependant un
certain nombre de ses artistes ont été invités
et ils ont répondu à cet appel. Les tableaux
de l’école anglaise sont réunis dans deux salle,
du palais du Cinquantenaire, tandis qu’au Sol-
ALMA TADÉMA. — ESCLAVE ANTIQUE.
boscli une section importante de l’art décoratif
nous rappelle que c’est en Grande-Bretagne que
prit naissance l’admirable mouvement en faveur
de la démocratisation de l’art et de son adap-
tation à nos besoins journaliers.
Certes, nous regretterons que les envois des
peintres anglais n’aient pas été plus nombreux,
que nous n’ayons pu admirer un ensemble de
la jeune école britannique et irlandaise, cepen-
dant nous rencontrons dans ces deux salles
quelques noms connus et aimés, ceux d’Alma
Tadéma, de Grosvenor, d’Austen Brown, de
Hornel, de Macaulay Stevenson. Ceci ne nous
donne pas une idée générale de la peinture
anglaise, mais ne fait que l’évoquer en rappe-
lant les glorieux souvenirs auxquels elle se rat-
tache.
M. Robert de la Sizeranne a pu dire qu’on
« citerait malaisément dans la peinture un seul
mouvement d’art nouveau au XIXe siècle dont les
Anglais ne furent pas les ini.iateurs ». Peut-être
convient-il de ne pas prendre trop à la lettre cet
éloge, mais il se justifie pourtant en partie
Comme le fait remarquer ce critique, « il ne
faudrait pas beaucoup chercher pour découvrir
dans le procédé des pointillistes français un sou-
venir de Turner et même de Watts ». Il y eut
mieux encore, il y eut au XIXe siècle l’admi-
rable mouvement préraphaélite, auquel s’asso-
cia Ruskin, et au xvine siècle la rénovation du
paysage, dont les peintres anglais furent les
auteurs.
Mme de Staël, traversant le Rhin, croyait voir
surgi; devant elle, dès les premières approches
de la terre allemande, le pays tout entier et ses
tradi ions. Ainsi quand nous pénétrons dans une
de ces expositions où un peuple a voulu syn-
théti er son art, il nous semble que tout son
passé revit tout à coup dans le souvenir et que
l’histoire se déroule de ses luttes et de ses
triomphes.
L’art anglais n’a pas de lointaines origines.
Il est né très tard, lorsque celui des autres races
étai. déjà vigoureux et prospère. Il semblait
même qu’il ne fleurirait jamais. Des peintres
étrangers s’établissaient en Angleterre pour faire
la conquête d’un domaine artistique vierge et
sans défenseurs. C’étai. aux XVI- et XVIIe siècles,
l’allemand Holbein, le flamand Van Dyck. le
hollandais Peter Lely. Ils préparèrent la terre
qui allait devenir fertile. Le génie anglais se
révéla d’une manière originale dans les œuvres
de Hogarth. L’humour, cette qualité anglo-
saxonne et germanique, s’exprima sur les toiles
de ce satiriste, de cet observateur extraordinaire.
Ce fut un début symptomatique du caractère de
la race. Il indiquait déjà les particularités si tran-
chées de l’art bri.annique. Il se développerait
librement, prenant parfois contact avec les idées
du continent, mais se gardant de toute imitation,
conservant sa sève originelle. Reynolds, Opie,
Lawrence précisèrent cette manière. A la fin du
XVIIIe siècle parurent les paysagistes Gainsbo-
rough, Wilson, Morland, Constable, Crome. A
l’époque où les peintres restaient les esclaves du
genre italien, où ils ne voyaient la nature qu’à
travers le voile artificiel de la littérature, ils
découvrirent la beauté du monde extérieur. Ils
développèrent les quali.és d’un Hobbéma et d’un
Ruysdael. L’intimi.é calme et reposée du carac-
tère anglais les portait à aimer les campagnes,
les forêts et les landes de leur pays natal. Ce
fut une révélation, et pourtant tous n’en com-
prirent pas immédiatement le sens. Il fallut
qu’au XIXe siècle les peintres français de Bar-
bizon reprissent l’œuvre commencée pour que
son importance fut définitivement reconnue. Au
XVIIIe siècle aussi parut cet extraordinaire
Turner qui, s’inspirant de Claude Lorrain,
écrasa sur ses toiles les rayons du soleil dans
de splendides apothéoses.
Faut-il rappeler encore le curieux mouvement
préraphaélite dont Madox Brown fut l’initiateur.
Dans un pays qu’absorbaient les préoccupations
matérielles, il y eut tout à coup un magnifique
élan vers l’idéal. Qelle était la tendance de ces
jeunes artistes ? Voici comment M. Ernest
Chesneau nous l’indique : « Ils assignaient
expressément à l’art un but de moralisation
active. Ils prétendaient atteindre ce but, les uns
dans l’art historique, par la représentation de
motifs ayant un caractère de précision et d’exac-
ti.ude aussi minutieux que possible ; les autres,
dans le paysage, par la reproduction fidèle des
plus menus détails, des moindres particularités
spéciales au site choisi par l’artiste et fourni
par la nature. C’étai., dans l’un et l’autre cas,
dans le paysage et dans l’histoire, un système
d’analyse microscopique, poussé jusqu’au ver-
tige. Par l’analyse ainsi entendue ils voulaient
réaliser, épouser étroitement le Vrai, principe
et fin de toute morale.»
Les premiers préraph lélites n’eurent pas
d’abord un idéal aussi élevé, ce fut John Ruskin
qui le leur précisa. Certes, il y eut des erreurs
commises. Le préraphaélisme est mort aujour-
d’hui. Il devait disparaître, mais en assignant
à l’art un but très noble, il donna au monde
un enseignement d’une portée supérieure. En
élevant l’« anecdote » à la hauteur d’un sym-
bole, en idéalisant et en précisant également les
sujets qu’i’ se proposait de peindre, il établissait
entre la pensée e. la réalité cette union intime
qui donne à l’art une signification puissante.
Burne-Jones, Rosset.i Watts, Holman Hunt
furent les apôtres de la foi nouvelle. Un maître,
John Ruskin, guida leurs pas encore hésitants.
Ils firent fleurir la légende, i’s poétisèrent l’his-
toire, et le portrait lui-même fut rénové pai
leurs efforts.
A ce mouvement préraphaélie se rattacha,
toujours sous l’action de Ruskin, l’esthétique
nouvelle par laquelle l’art devai: être mis à la
portée de tous. La mission de l’art est de parler
au peuple et, en suggérant l’idée du beau, de
faire naître dans l’esprit de nobles pensées. « Le
développement des classes inférieures, a dit
William Morris, un des plus ardents propaga-
teurs de cette théorie, ne doit pas être entrepris
par le mauvais bout, en donnant aux ouvriers
des musées et des concerts, mais en restituant
aux arts leur rôle primitif, en s’efforçant de
rendre les demeures, les habits, les ustensiles,
les meubles, tous les outils de la vie, à la fois
PORTRAIT.
utiles et beaux pour tous. Qu'est-ce qu’un ar-
tiste, sinon un ouvrier qui est déterminé, quoi
qu’il arrive, à faire une œuvre excellente ? Et
qu’est-ce que la décoration d’un meuble, d’un
travail quelconque, sinon l’expression du plaisir
qu’a pris l’homme dans le succès de son
travail ?»
Ces quelques lignes contiennent toute la