Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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comme vêtement. C’est donc exclusivement du
coton que le commerce européen exporte aux
Indes hollandaises, et comme ce coton est d’or-
dinaire assez commun, il se fait qu’on ne trouve
plus comme autrefois, sur le marché, ces cotons
de fine qualité qu’on choisissait spécialement
pour les plus beaux batiks. Les étoffes à cou-
leur d’aniline tendent également à s’introduire ;
mais les tissus indigènes dont la technique est
très reconnaissable, continuent à être fabriqués
malgré la concurrence étrangère, et l'influence
salutaire de l’indigo a jusqu’ici retardé la dé-
chéance de cette industrie du batik, particulière
aux Indes hollandaises.
Voici en quoi consiste le curieux procédé
employé par l’artisan — toujours une femme
excepté pour un tissu à la main des Célèbes
qui est confectionné par les hommes. A l’aide
d’un tube de métal à gros manche on couvre
de cire, à l’endroit et à l’envers de l’étoffe, cer-
taines parties du dessin que l’on y a préala-
blement tracé. L’étoffe est ensuite plongée dans
une teinture dont s'imbibent les parties réservées,
et non protégées par la cire. Après séchage,
°n gratte la cire par places, on en recouvre
d’autres parties, et l’on recommence l’immer-
sion dans une autre cuve. Après le dernier
séchage, la couche de cire est complètement
enlevée à l’eau chaude. Les couleurs habi-
tuelles sont le bleu (parfois foncé jusqu’au noir),
le rouge ou brun, le jaune et le blanc, qui
toutes quatre jouent un grand rôle dans l’Incle
mystique.
Certains motifs ornementaux sont réservés ex-
clusivement à l’usage du Sultan, de sa femme,
et du prince héritier, d’autres aux princes nés
de concubines, d’autres encore aux vêtements de
gala des fils du prince héritier. Chacun de
ces motifs, dont la signification se rattache à
des croyances ou des légendes, à moins qu’elle
u ait le sens d’un vœu, est connu sous un nom
spécial. Voici le « oek » dont le port, octroyé
a quelqu’un, équivaut à une flatteuse distinc-
tion ; le « parang-roesak » que les princes légi-
times peuvent porter en tout temps, excepté aux
fêtes de gala ; le « semen » autre vêtement
princier, emprunte ses motifs au règne végétal ;
lun des plus fréquents représente la fuite du
temps par un tronc coupé d’où jaillit un frais
feuillage. Certains motifs ne constituent une
exclusivité que par l’épaisseur des lignes, la
façon dont elles sont tracées de biais ou per-
pendiculairement. Voici les tissus que seules
Peuvent porter les danseuses, filles ou nièces du
Sultan, selon qu’elles sont « serempis » (dan-
sant à quatre) ou « bedoyos » (dansant à huit).
Cet autre batik représente des personnages de
comédie ayant chacun leur nom brodé. Voici
le « tapel » des femmes de Dajak, courte pièce
d étoffe formant jupe, les vêtements de Letti
(Amboina), les « ningekombo » (couvertures)
de 1 ile Soemba, les châles de Java, la série
des tissus de soie et d’or, ou d’argent.
Si nous passons aux autres industries nous
nous intéresserons aux objets ciselés de Bornéo :
boucles d’oreilles, bracelets, jambelets, boucles
de ceinture, anneaux de talons, poignards, cein-
fure d’argent avec sac pour y mettre les feuilles
de betel que tout le monde mâche là-bas avec
nu mélange de noix d’arec et une pincée de
chaux. Batavia a aussi son industrie d’orfè-
vrerie, mais tandis qu’en Bornéo les métaux
s°nt ciselés, à Java ils sont découpés au cou-
feau, comme à l’emporte-pièce.
La section expose également des bois sculptés
de Java, des boîtes de Diapara (résidence de
Koeloe) en bois djati sculpté à la main d’après
des motifs javanais ; des chaînes, des broches,
des épingles, des objets d’étagère en filigranes
d’argent ; de curieux travaux en minces plaques
PAVILLON NÉERLANDAIS. — SECTION COLONIALE.
de cuir ajouré et orné de motifs légendaires, des
statuettes, cadres, boîtes, encriers, fume-ciga-
rettes taillés en corne de buffle ou dans une
pierre grise très tendre ; de nombreux objets
en peau d’iguane, de crocodile, serpent d’eau ou
serpent Python. La vannerie de Singaparna,
blanche à ornementation noire, voisine avec les
paniers, les éventails en racine parfumée, les
chapeaux de pandan, de bambou, de raphia,
de feuilles d’ananas, et les armes de luxe en-
voyées par le prince Pakoe Alam de Djogjakarta,
lances en argent ciselé et des kriss de toute
beauté.
Parmi les objets d’art que protègent les vi-
trines, à signaler également une superbe boîte
en bois recouverte de plaque d’or travaillé, ve-
nant de Palemba ; une poignée d’épée incrustée
de rubis et représentant un dieu, et le cra-
choir en or massif de l’empereur.
Près d’un gong gigantesque, mis en vente
au prix de 1,200 francs, se dressent deux
« pajoeng », l’éventail qui est porté devant les
princes, parce qu’il est le mystique symbole de
l’autorité qui s’étend sur tout. Les hauts fonc-
tionnaires européens, devant qui le pajoeng était
aussi porté, ont renoncé depuis quelque temps,
par ordre du gouvernement à cette marque offi-
cielle du pouvoir.
De nombreuses photographies illustrent les
parois de la salle centrale. Celles qui nous
montrent des vues du grand temple, partielle-
ment restauré, de Boroboedoer, le plus pur mo-
nument bouddhique de Java, exciteront sans
doute le plus la curiosité. Les pages d’un prodi-
gieux poème de pierre se déroulent aux yeux : ce
sont des bas-reliefs qui nous content la vie et
les enseignements de Bouddha ; les photogra-
phies de murs aux mille figures sculptées, toute
une Babel formidable où des palais semblent
confusément amoncelés.
Les salles contiguës sont consacrées aux
grandes cultures des Indes hollandaises : tabac,
thé, café, cacao, caoutchouc, kola, coca, indigo,
etc., à l’industrie du sucre, à la chasse, à la
pêche, à la marine, aux services gouvernemen-
taux, à l’enseignement, aux travaux publics, aux
chemins de fer, etc. Sans nous attarder aux
statistiques, qui nous apprennent que la colonie
produit 26 millions de kilogrammes de café,
30,000 kilogrammes de quinine ou exporte 80
millions de kilogrammes de tabac, contentons-
nous de constater que chaque produit est pré-
senté sous toutes ses formes, au milieu de cartes,
de diagrammes aisément déchiffrables. Pour le
tabac, par exemple, des constructions en minia-
ture nous montrent la maison de l’administrateur
des tabacs et ses dépendances, les séchoirs, les
maisons de coolies. Des photographies achèvent
d’initier à toutes les phases de la culture, de la
récolte et de la préparation.
Des maisons indigènes sont construites, à une
échelle assez réduite, avec un grand souci
d’exactitude. Ce sont les huttes de Boeton
(Célèbes) au toit fait de larges lattes, des mai-
sons en bois sculpté et colorié, couvertes de
bambou, d’autres maisons en forme de bateau,
également de bois, où quelques ornements tra-
duisent des souhaits de bienvenue, décèlent le
pittoresque des habitations de Loewoe. Le public
s’attardera sans doute à leur examen, comme il
s’amusera à contempler les exemplaires arabes
du Coran, les petites mosquées en argent ciselé,
l’arbre du Capok qui sert là-bas de poteau
télégraphique et dont les fruits floconneux ser-
vent à faire les matelas ; mais il passera indif-
férent devant la section médicale où sont expo-
sées les plantes médicinales de l’Inde. Et Dieu
sait cependant si ce n’est point là la partie la
plus intéressante de tout le pavillon hollandais,
puisqu’on y rencontre les herbes mystérieuses
employées par les Javanais contre les maladies
et les blessures, dont les vertus, ignorées de nos
thaumaturges officiels, sont signalées de généra-
tion à génération depuis des milliers d’années, et
qui fréquemment triomphent du mal lorsque la
science européenne reste impuissante I Mais qui
nous dira les secrets de l’empirisme javanais ?
Auguste Vierset,