ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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Side af 526 Forrige Næste
L’EXPOSITION DE BRUXELLES 163 NOS CARILLONS « Ame des Flandres, on croit vous entendre chanter, au haut de la tour, parmi le soleil et les nuées ! » s’écrie Camille Lemonnier, alors que les cloches du carillon de Bruges ébranlent le Beffroi géant, sous leurs multiples et mélo- dieuses harmonies. Et, vraiment, c’est bien l’âme du peuple belge, tout entier, qui, dans la mu- sique ailée des carillons, chante, en des hymnes triomphants, les exploits des de Coninck et des Artevelde ; scande des vieux Noëls flamands, sous la clarté douce des étoiles ; fredonne des lied oubliés, dans le rêve des crépuscules, ou trouble le silence profond des nuits, par le rire éclatant d’Uylenspiegel. Et l’on peut dire avec raison que : Du pays, toute l'histoire Est écrite dans les chansons Qu’exhalent les vieux carillons. A Ypres, au Beffroi des halles, les accents d’un nouveau carillon s’unissent à ceux de l’an- cien, pour clamer les prouesses des communiers flamands. Les voix des carillons s’emmêlent aux fines dentelles de pierre du prestigieux hotel de ville d’Audenarde, s’harmonisent avec l’atmosphère religieux des nombreux couvents de Saint-Trond et d’Enghien, égrènent leurs vibrations mélodieuses sur les pignons des vieilles petites demeures de Dixmude, de Nieu- port, de Thielt, troublent le calme des soirs à Saint-Nicolas, par ses bordées d’arpèges et, dans la fraîcheur des matins, éveillent Courtrai, au son martial des Eperons d’or qui tintent dans leurs patriotiques fanfares. Les airs vieillots réjouissant la ville d’Alost nous rappellent que le premier carillon y naquit, il y a près de cinq siècles. Placés d’abord dans les Beffrois qui conte- naient le sceau, les clefs et les chartes des villes, en même temps que la cloche destinée à réunir les bourgeois, les premiers carillons, d’abord mécaniques, purent, un peu plus tard, être joués à la main, et on les introduisit dans le clocher des églises. Depuis, tous les grands carillons,, bien que pourvus d’un mécanisme, peuvent aussi être mus par un carillonneur qui, à coups de pied et de poing, met en branle les claviers dont chaque touche est reliée au battant d’une des cloches au moyen d’un fil de fer ou d’une corde. Les villes de Turnhout et de Roulers ont, chacune, un carillon assez important, car il comporte trente-cinq cloches et la nouvelle église Saint-Pierre, d’Ostende, est munie d’un carillon moderne dont la mélopée lente des. vagues accompagne les chansons clai- res. A l’autre extrémité du pays, à Verviers, tout près des Fagnes, un carillon moderne, aussi de trente-cinq cloches, a ete installé dans la tour restaurée de l’ancienne église de Notre-Dame-des-Ré- collets. Et aux heures où le tumulte enfiévré de la ville industrielle s’apaise, Verviers cueille, à son « Vieux Chêne» Le rameau vert des cantilènes Qu’il suspend au clocher rêveur Liege, la capitale de la Wallonie, ne compte pas moins de trois carillons. Et, de la cathédrale de Saint-Paul, de l’église Saint-Barthélemy, comme de l’ancien palais des Princes-Evêques, chaque fois que l’heure sonne dans le silence des nuits, leurs voix claires, dominant le clapotis des eaux de la Meuse et le grondement sourd des terrils flamboyants, s’unissent dans une mer- veilleuse harmonie. De Tournai, la fine gaieté pétille dans les airs comiques jonglant au carillon frondeur, et Mons eneage dans son « Château » un carillon de trente-six cloches dont, comme le dit Lemonnier dans sa Belgique, « les trilles allè- gres se mêlent aux notes frétillantes de ces autres oiseaux chanteurs : les rires de la jovia- lité wallonne ». A Louvain, les sons argentins du carillon de Sainte-Gertrude semblent les douces prières des béguines répondant aux hym- nes solennelles du carillon de l’église Saint- Pierre. A Bruxelles, ce joyau musical manque à l’écrin somptueux que lui offre la tour de l’Hôtel de ville ou la Maison du Roi, mais il semble que le carillon se refuse au droit de cité dans notre jolie capitale. De 1622 à 1714, en effet, un carillon habita la tour de l’église Saint-Nicolas, mais la tour s’étant effondrée, le carillon ne fut point rem- placé. Pourtant, Bruxelles possède un carillon, remisé nous ne savons où, qu’on a essayé, à différentes reprises, de loger dans la Maison du Roi, mais ces tentatives ne furent pas heureuses, ce monument n’étant pas assez élevé et les vibra- tions du carillon lui étant renvoyées par les murs de l’Hôtel de ville. Enfin, on a agité sérieu- sement la question de son installation à la tour de ce dernier, mais on a craint de la fatiguer par un poids trop lourd et d’obstruer un de ses étages, donc de violer ainsi les lois de l’esthé- tique qui exigent que toute la flèche soit ajourée. Et il est vraiment dommage que Bruxelles manque de carillon, alors que la plupart de nos petites villes sont égayées par leur musique aérienne et que ceux de Bruges, de Gand, d’Anvers, de Malines ont une réputation uni- verselle. Le carillon de Bruges est chanté par Longfellow, par Lemonnier, par Rodenbach qui compare la mise en branle de sa sonnerie « au feu d’artifice éclatant tout à coup dans l’air pour s’éteindre peu à peu en une plainte douce comme un soupir qui descend se perdre dans les ondes des canaux endormis ». A Gand, les débris de l’ancien carillon et de la gigantesque Roelant qui clamait autrefois : « Myn naem is Roelant, als ik klep, dan is ’t brand ; als ik luyd, is ’t storm », ont été fon- dus en un carillon Hemony et une Roelant nouvelle qui ne s’ébranle qu’aux jours des grandes fêtes. Au carillon d'Anvers, dit Camille Lemonnier, « on dirait qu’une nuée de musiciens invisibles s’est pendue aux cordes, abattue sur le clavier et éparpillée dans la tour pour la faire chan- ter ». Mais le carillon le plus remarquable du pays est, sans contredit, celui de Malines. Trente- cinq mille kilos de bronze ont été consacrés à sa fabrication. En dehors de ses six cloches em- ployées pour le service de l’église et dont l’une pèse 8,146 kilos, le carillon est composé de quarante-cinq cloches. Trente-deux d’entre elles ont été coulées en 1674 par Pierre Hemony, à Amsterdam, et les autres sont dues a Van den Ghein, à Van Aerschot, à Steylaert, a Dumery, à Waghevens. L’heure et ses subdi- visions sont annoncées, aux Malinois, par un jeu automatique appelé « rammel » et composé d’un tambour en laiton où sont vissés des cro-