Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
Riche déjà de tant d’éléments, le Musée,
auquel serait nécessairement conservé son carac-
tère exclusivement militaire et national, com-
porterait, dans la pensée de ses fondateurs,
quatre sections, savoir :
i° Le Musée rétrospectif, comprenant les
armes et équipements d’autrefois ;
20 Le Musée moderne, où seraient exposés
tous les objets actuellement en usage, ainsi que
des documents graphiques instruisant le visiteur
sur les phases et les conditions de la fabri-
cation, de l’entretien, etc.;
3° Le Musée documentaire, dans lequel se-
raient déposés les tableaux, gravures, archives,
etc., ayant trait à notre histoire nationale, ainsi
que des tableaux comparatifs expliquant les pro-
priétés balistiques et autres des armes à feu.
On y conserverait aussi les intéressantes réduc-
tions de pièces d’artillerie, d’ouvrages d’art,
de reliefs de fortification, etc.
Ce serait le compartiment scientifique du
Musée ;
4° Le Musée des impossibilités, analogue à
celui qui existe à Berlin, montrerait les coiffures,
uniformes, harnachements, etc., proposés aux
différentes commissions et rejetés par celles-ci.
Le plus profane comprend tout l’intérêt que
présenterait une pareille réunion de souvenirs
et de documents. 11 n’est personne qui n’y trou-
vera l’occasion de satisfaire, par l’un ou l’autre
côté, sa curiosité. Le succès du Musée embryon-
naire installé en ce moment à l’Exposition, et
qui s’enrichit tous les jours, en est la meilleure
preuve.
*
* *
Dans des vitrines construites à grands frais
et qui, elles aussi, deviendraient du jour au
lendemain gratuitement la propriété du Musée
désiré, nous pouvons retrouver toute l’histoire,
militaire de notre pays et saluer d’un regard
ému les reliques et les trophées dus à la part
glorieuse que nos soldats ont prise à plus d’un
mémorable événement guerrier.
Dans une collection des uniformes de notre
Infanterie de 1830 à 1863, il y a lieu de re-
marquer deux uniformes rarissimes de fantassin,
modèle 1830, lesquels ne sont en somme que
des transformations de défroques hollandaises
rapportées par des déserteurs ou pris dans les
dépôts abandonnés à la hâte par les corps.
A citer aussi un uniforme complet, le seul
connu, de soldat du Ier chasseurs à pied de
1843, actuellement Carabiniers.
La série des uniformes de la cavalerie, de
l’artillerie et de la gendarmerie, de 1830 à
1871, comprend un uniforme complet du Ier ré-
giment de lanciers, modèle 1830, un habit de
trompette du 4e lanciers 1830, et un costume
complet de gendarme 1843, très curieux avec
ses buffleteries jaunes croisées sur la poitrine,
le ceinturon servant à cheval, tandis qu’il se
transformait en baudrier quand l’homme etait
à pied.
Parmi les uniformes des officiers de 1830
à nos jours, un habit de ville d’officier de cui-
rassiers, modèle 1830, un habit d’officier de
guides, très original avec son large plastron
amarante, le premier modèle d’habit de major
de place ne sont pas moins originaux que tous
les shakos aux formes surannées.
Dans la collection d’armes il y a lieu de citer
nombre de sabres d’honneur offerts à des offi-
ciers belges dans des circonstances mémorables.
*
* *
L’expédition belge au Mexique a laissé des
souvenirs émouvants. Ils sont évoqués par tous
les uniformes et les armes des voltigeurs, gre-
nadiers et musiciens du régiment de l’Impéra-
trice Charlotte, le sabre du colonel Van der
Smissen, des décorations, des dessins, des pho-
tographies où revit la tragique épopée de Pa-
cambaro.
De l’expédition belge de 1834 au Portugal,
commandée par le colonel Lecharlier, l’ancien
chef de la légion belge de Londres plus tard
appelée Bataillon des Tirailleurs de la Meuse,
ont été réunis des vestiges comportant jusqu’à
un canon de montagne.
Un habit et des épaulettes de capitaine de
vaisseau, divers chapeaux, des sabres d’abor-
dage et d’équipage, des portraits et jusqu’à
des modèles des anciens navires de guerre
belges appartenant aux princesses héritières de
S. M. Léopold II rappellent la brève histoire
de notre Marine royale.
Mais parmi les plus émouvants, sont les sou-
venirs de la Campagne arabe: drapeaux et
armes pris par Tobback, Michaux, Cassart et
Rom, lance qui tua Hodister, poignards de Séfu
et de Rumaliza, habit de Rachid, sabres d’hon-
neur offerts par le roi à Michaux et à Des-
camps et ceux que Vielsalm donna à Jacques,
Anvers à Dhanis, le Cercle africain à Chaltin.
*
* *
Un intérêt non moins vif, et souvent tou-
chant, s’attache à ce que j’appellerai les reli-
ques personnelles et dont les envois ont été
particulièrement nombreux. La famille royale
a notamment prêté l’uniforme absolument com-
plet de Léopold Ier en grande tenue de général
en chef ; une réduction du canot royal actuelle-
ment sous hangar à Anvers et dont on a détaché
les sculptures dorées pour les confier au Musée ;
le kolback d’officier de guides et le képi du
comte de Flandre; une statuette en bronze
du comte à l’âge de 14 ans, de laquelle la
comtesse de Flandre, quand elle visita le Musée,
recommanda qu’il fût pris grand soin, « car
j’y tiens comme à mes yeux »... ; un sabre du
prince Baudouin ; une permission de 11 heures
signée par lui.
Innombrables sont en outre les souvenirs his-
toriques. Voici des portraits, les armes et les
décorations de Capiaumont ; ceux de Nypels
qui fut le premier commandant en chef de
l’armée belge; d’Aulard qui fut commandant
en second de la légion beige-parisienne de Pont-
técoulant ; du général baron Prisse qui fut pré-
cepteur du duc de Brabant et du comte de
Flandre.
Voici tout ce qui rappelle les Belges illustres
au service de l’étranger : régiments de Vierset,
d’Arenberg, gardes wallonnes à la solde de
l’Espagne, garde d’honneur de l’Empire, troupes
belges à Waterloo.
Depuis le glaive ayant servi à exécuter d’Eg-
mont et de Hornes jusqu’au sabre d’Hooghvorst,
que de pièces éloquentes à bien des titres !
A côté des armes, extrêmement rares, de la
révolution brabançonne, s’alignent tous les uni-
formes de la garde civique de 1830 à 1845
et par-dessus ces trésors entassés dans des
vitrines, entre les tableaux couvrant les murs,
flottent de vieux étendards troués et fanés mais
dont la soie et les ors ternis chantent des hymnes
de gloire lointaine dont il faut que, par cette
intuition, le culte soit entretenu dans le cœur
de tous les Belges. Ce sont les drapeaux d’hon-
neur décernés en 1832 par le pays aux com-
munes de Montegnée et de Luxembourg, celui
qui flotta sur le château de Tulancingo, dernier
poste occupé par les Belges au Mexique, fanion
de soie pourpre brodée d’argent offert : A la
ville de Tournay, â ses nobles Enfants pour
les journées des 23, 24, 25, 26, 27 sep-
tembre 1830, pavillon royal sur soie aux armes
de Léopold Ier, qui était attaché au navire de
l’Etat à bord duquel se trouvait le roi.
Mais on n’en finirait pas de dénombrer ces
trésors. Leur nombre autant que leur prix
donnent à ce coin de l’Exposition un intérêt
inestimable. Ils justifient largement la néces-
sité patriotique d’en assurer la conservation et
l’incessant enrichissement.
Paul André.