Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
La fortune monnayée du globe terrestre tout
entier —• or et argent — serait d’environ 130
milliards, qui ont été extraits depuis 1493, c’est-
à-dire en 416 années. La statistique n’a pas
remonté jusqu’au déluge.
Voilà pour la richesse stagnante. La richesse
travaillante, c’est à la Bourse de Paris surtout
que nous la trouverons. L’ensemble des fonds
publics et titres mobiliers divers, couramment
négociables au parquet, est évalué à 135 ou 137
milliards. Ce chiffre est porté à 155 milliards
si l’on ajoute les titres seulement négociables
sur le marché en banque. 1
En admettant que 55 milliards — chiffre très
large — soient détenus par des étrangers, c’est
épargnes à faire de nouveaux placements au
dehors, le revenu de ces nouveaux placements
s’ajoute aux revenus anciens et augmente d’au-
tant les sommes annuelles payées en or par les
emprunteurs étrangers. Le stock monétaire or
de la France s’accroît donc pour ainsi dire auto-
matiquement.
Mais comment la richesse de la France est-
elle distribuée ? C’est ici qu’apparaît la véri-
table grandeur du pays, et que nous découvrons
le secret de son extraordinaire énergie. Comme
le sol lui-même, la fortune est extrêmement
morcelée, et chaque petit possédant constitue
ainsi par lui-même un foyer d’activité, l’argent
étant devenu le levier essentiel de toute entre-
cière. » Et les exemples viennent à l’appui : Sur
32,544 actionnaires de la Banque de France,
11,208 possèdent une action; 6^925 en pos-
sèdent deux; 7,351 en possèdent de trois à
cinq. Les 18 milliards d’actions et obligations
de chemins de fer appartiennent à 2 1/2 millions
de petites bourses. Les fonds déposés aux caisses
d’épargne s’élèvent à 4.987 millions, répartis
entre 12,847,599 livrets. Il n’y a pas plus de
1,150,000 déposants ayant de 1,000 à i,5°°
francs, chiffre maximum que l’on peut déposer.
On compte 6 milliards d’obligations de la ville
de Paris et du Crédit foncier. Ce sont encore de
petits épargnants qui possèdent en majorité ces
milliards. Et l’on en peut dire autant du Crédit
LE STAND DE LA BANQUE DE FRANCE.
un minimum de too milliards de titres que de-
tiennent les Français. Sur ces 100 milliards, il
y a environ 30 milliards de fonds d’Etat et de
titres étrangers. Restent donc 70 milliards de
titres nationaux, dont 45 milliards au moins de
placements productifs, c’est-à-dire directement
appelés à engendrer des richesses nouvelles. On
voit tout de même — si l’on peut regretter
que ce ne soit pas dans des proportions plus
grandes, — que la France s’occupe de faire
fructifier son or dans le commerce et l’industrie
pour que cet or devienne « le blé du travail »,
selon l’expression de Bastiat.
On a beaucoup critiqué les placements de la
France à l’étranger. C’est pourtant là le secret
de sa force financière. Le portefeuille français
constitué en titres de fonds étrangers rapporte,
bon an mal an, 1,500 millions à 2 milliards.
Comme ces 1,500 millions à 2 milliards sont
payés en or, ce qui en reste, défalcation faite des
nouveaux emplois d’une partie de ces rentrees,
vient augmenter le stock monétaire or de la
France, et comme elle emploie une partie de ses
prise. On constate que plus de la moitié des
Français et Françaises laissent en mourant un
héritage. De ces successions, les trois quarts
sont inférieures à 10,000 francs et 93 p. c.
inférieures à 50,000 francs. C’est dire que les
petites et moyennes fortunes constituent l’énorme
majorité.
La valeur des successions permet d’estimer la
fortune de la France. On multiplie par 36 —
durée moyenne de l’existence — le montant
annuel des successions, dit « annuité successo-
rale », et ce calcul, établi sur la valeur moyenne
des successions en ces dernières années, soit un
peu plus de cinq milliards par an, donne en
chiffres ronds deux cents milliards !
« Ces chiffres peuvent donner le vertige, dit
M. Alfred Neymarck ; quand on les décompose,
on s’aperçoit que tous ces milliards ne sont que
de la poussière : poussière de titres et poussière
de revenus. Ils appartiennent à des millions et
des millions de détenteurs... Ce n’est pas une
aristocratie, une ploutocratie financière qui les
détient : c’est une énorme démocratie finan-
Lyonnais, du Comptoir d’escompte, de la Société
Générale et même des grandes compagnies
houillères.
Nous voilà loin du « peuple de rentiers, enri-
chis par le travail de l’étranger qui recherche
leurs capitaux et leur procure des revenus ». Il
est clair, en effet, que cette fourmilière de petits,
très petits capitalistes, ne vit pas seulement du
revenu de ces infimes capitaux. Elle travaille
assurément, et c’est sa besogne quotidienne,
acharnée, inlassable, qui lui permet à la fois
de soutenir son existence et de satisfaire son
instinct d’épargne. Cette épargne même est une
activité : Epargner, a dit Frédéric Passy, c’est
dépenser. Le morceau de papier qui s’appelle
action, obligation, titre de rente, a servi et sert
encore à faire travailler des ouvriers, des com-
merçants, des industriels. Et ce ne sont pas seu-
lement les ouvriers, commerçants et industriels
étrangers. « La France est créditrice partout,
elle n’est débitrice nulle part.» C’est dire qu’elle
se suffit à elle-même. Si elle a développé son
industrie, amélioré son outillage, multiplié ses