Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
NOS GRANDES INDUSTRIES NATIONALES
La soie artificielle de Tubize et ses applications.
Comment résister à la tentation de visiter une
usine, infiniment curieuse, dont on veut louer
la fabrication ? Pour le plaisir de l’esprit et
celui des yeux, j’ai voulu passer plusieurs
heures dans le domaine où s'accomplit la méta-
morphose à laquelle on doit la soie artificielle.
Tout le monde connaît aujourd’hui cet étonnant
produit, dont les applications se multiplient,
depuis une dizaine d’années, dans les industries
ouvriers et ouvrières. Les ateliers constituent,
dans un cadre riant et sur les bords de la Senne
laborieuse, une agglomération énorme dominée
par de hautes cheminées.
Mais, pressé de me pencher sur les mystères,
pour moi, de la transformation à laquelle on
doit la fameuse soie purement industrielle, je
m’arrête peu devant l’aspect cependant imposant
de l'immense usine. Déjà j’interroge le procédé
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1
SOIE
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LE STAND DE LA SOIE DE
du vêtement, de la passementerie, de l'ameuble-
ment, de la dentelle, de la broderie et de bien
d’autres encore.
Découverte par le comte de Chardonnet en
1884, la fabrication de la soie artificielle n'est
devenue vraiment « industrielle » que vers 1896
et, depuis cette époque, elle a été pratiquée
en grand et avec un succès tant technique que
commercial, en Allemagne, en Russie, en France
et en Belgique.
C’est le plus ancien et le plus actif des colla-
borateurs de l'inventeur, M. le comte de Bau-
dry d’Asson, qui créa cette industrie dans notre
pays. Ah ! combien ils furent modestes, les
débuts de la fabrique de Tubize, placée sur
la Senne, afin d’utiliser l’énergie d’une banale
chute d’eau de moulin ! A présent, le développe-
ment de cette usine constitue, sans doute, une
des plus belles prouesses de l’industrie — qui
ne s’est pas montrée avare en tours de force,
cependant, depuis une dizaine d’années ! L’éta-
blissement de Tubize, qui tint toujours la tête,
dans la carrière du progrès, est aujourd’hui
le plus important pourvoyeur de soie artificielle
du monde entier. Erigée pour produire deux
cents kilos de fil de soie par jour, cette fabrique,
dont les moyens de production se sont sans
cesse perfectionnés et développés, livre actuelle-
ment trois mille kilos du nouveau textile pré-
cieux, et cette quantité sera dépassée sensible-
ment bientôt. Le domaine du prodige et de l’ac-
tivité, fondé par M. le comte de Baudry d’Asson,
s’étend sur plus de huit hectares de superficie
et sa population comprend deux mille deux cents
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TUBIZE A L’EXPOSITION.
et j’admire son application. Contons donc suc-
cinctement la fabrication de la soie artificielle ;
ne croit-on pas, d’ailleurs, que si tout le monde
s’est émerveillé devant le produit obtenu à
Tubize, peu de personnes soupçonnent l’ingé-
niosité dont il est le résultat. On peut dire, au
surplus, sans exagération, que l’ensemble de la
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fabrication de la soie artificielle constitue une
des belles conceptions du génie moderne.
Le coton, au préalable séché, est souinis au
« trempage ». Cette opération s’accomplit dans
des pots en grès, où l’on déverse sur le coton
un mélange d’acide nitrique et d’acide sulfuri-
que. La matière imprégnée est soumise ensuite
à des presses hydrauliques qui ont pour but-
de séparer les acides du coton. Les bâtiments
dans lesquels s’effectuent ces travaux subissent
les inévitables ravages dus à l’évaporation de
l’acide nitrique. Tout y est de teinte roussâtre.
Voici, à présent, le lavage du coton, remué dans
de grands bacs emplis d’eau par les palettes
d'une roue en bois. Le coton nitro-cellulose est
placé ensuite dans des turbines dont la force
centrifuge élimine l’eau. Les opérations se suc-
cèdent. Le coton est introduit par le « trou
d'homme » dans les malaxeurs horizontaux, où
il entre en dissolution sous l’action de l’alcool!
et de l’éther. La gomme ainsi produite et qui
n’est autre que du collodion, est filtrée par
compression, puis refoulée dans des réservoirs
verticaux, des « tonnes », en terme d’atelier,
en attendant d’être filée. Oui, cette matière
sirupeuse va devenir le filament de soie dont
on formera le fil I Nous touchons ici au mer-
veilleux du procédé. L’étirage du collodion
s’opère dans des vitrines protégeant des appa-
reils qui semblent d’une extrême simplicité !
L’éjection de la matière a lieu par l’orifice
capillaire d’un tube en verre, orifice d’un neuf-
centième de inillimètre. Les filaments, d’une
ténuité telle qu’on ne les apercevrait pas, s’ils
n’étaient éclairés par des lampes à incandes-
cence, sont réunis à 15, 20 ou 25 par un
mouvement de « va-et-vient » et forment ainsi
un fil qui est ensuite bobiné.
Tel est l’ensemble des opérations qui s’exé-
cutent mécaniquement sous l'œil de l’ouvrière.
Industriellement donc est imitée, et avec quel
automatisme impeccable, la production de l’arai-
gnée, mieux, du ver à soie I
La solidification du fil, on l’a compris, se
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TUBIZE. — ATELIER DE MISE EN ECHEVEAUX.