Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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200
L’EXPOSITION DE BRUXELLES
LA SECTION
ITALIENNE DES BEAUX-ARTS
Pendant longtemps on
derer comme décadente
s’est habitué à consi-
la peinture italienne
- par le sens de la décoration et de
position, par la force du coloris qui est
la Com-
vraiment
contemporaine. Une visite dans les galeries mo-
dernes de Milan, de Venise, de Florence ou de
Rome pouvait confirmer cette opinion. Il faut
l’abandonner cependant. Il y a en ce moment
un renouveau artistique dans la péninsule. Il y
a des peintres originaux, puissants, tout un art
qui peut-être cherche encore sa direction, mais
qui, par des œuvres remarquables, affirme son
existence.
Les expositions de Venise nous ont donné
l'occasion de les apprécier. Des salles spé-
ciales avaient été réservées aux œuvres
de M. Ettore Tito, Camillo Innocenti,
Alberto Pasini, Giuseppe Pelliza, Gugliel-
mo Ciardi, Girolamo Cairati, etc.
Les peintres italiens ont étudié avec soin
les procédés des maîtres français. Ils ont
suivi les tendances de l’impressionnisme
en se souciant d’y apporter une note nou-
velle qui fut la leur. Ils ont tâtonné long-
temps, mais il semble bien qu’ils aient
maintenant trouvé leur voie. Ils se sont
en tous cas attachés à développer leur
originalité, ils ont repris leur conscience
artistique. Peut-être pourra-t-on leur re-
procher de ne pas avoir complètement
épuré leur goût. Il y a encore des har-
diesses malheureuses dans certaines œu-
vres de l’école, mais le plaisir artistique
que nous procurera la vue des belles toiles
de' Ciardi, de Fornara ou de Ettore Tito
nous fera rapidement oublier ces faiblesses1
passagères.
M. Ettore Tito est un des peintres les
plus intéressants de l’Italie contemporaine.
remarquable.
Les amateurs
l’exposition des
tèrent devant la
qui visitèrent l’année
beaux-arts de Venise,
dernière
s’arrê-
« Mostra individuale » — c’est
ainsi qu’on appelle les groupements d’œuvres
d’artistes — de M. Camillo Innocenti. Toutes
ses toiles étaient remarquables par leurs jolies
colorations, par ces harmonies inaccoutumées
de blanc, de gris, d’ivoire et de bleu. Le sujet
était presque toujours le même : un boudoir
A l’âge de cinquante ans, cet
arrivé à la pleine possession de
On
du
qui
est
les
a dit qu’il était avant tout
mouvement et l’éloge n’est
dans
niées.
indique par ce mot que
parvenu à exprimer
plus variées de la
leurs expressions
M.
les
vie
artiste est
son talent,
le peintre
pas mince
Ettore Tito
modalités
ordinaire
les plus
Presque tous ses tableaux
; ani-
repré-
sentent des scènes de mœurs vénitiennes :
femmes, enfants, processions, cortèges po-
pulaires, et tout cela vibre et palpite dans
de la vie et de la beauté.
Sa grande toile Le Coup de Collier,
appartient à la Galerie nationale de
une des plùs belles du maître. On
c’est là une apothéose du travail, si
Tito n’était avant tout un peintre
Rome,
dirait
arbres des collines lointain^*
vivantes de ces hauts bonnets
lacés de vert, de bleu, de violet,
Les « taches »
féminins entre-
sur les visages
roses formaient contraste avec les ^hemises blan-
ches et les vêtements noirs, lourds et opaques.
Et cela lui fit comprendre que le véritable
peintre impressionniste doit oublier toutes les
idées de l’école sur la ligne et le volume, pour
rendre uniquement par l’étude des « valeurs »
et l’intensité de la couleur la distance, la per-
spective et le volume lui-même. Il est en tout
cas
arturo noci. — La Baigneuse.
qui
est
que
M. Ettore
lépris de
couleur et de mouvement, séduit par la vie plus
encore que par l’idée. Des mariniers, hommes
et femmes, aident un
de jeune femme, où parmi la richesse des acces-
soires et l’éclat sourd des tentures, une scène
un peu mignarde se déroulait très simplement.
M. Camille Innocenti est romain. Il est âgé
de quarante ans à peine et déjà sa notoriété est
grande. Ce n’est point peut-être un très grand
artiste, mais un artiste habile et de plus original,
dont la manière est nettement caractérisée. Il
nous
certain que dès ce moment, Camillo Inno-
centi put se dire un véritable, impres-
sionniste dans le sens français du mot,
parce qu’il entendit peindre exclusivement
avec les couleurs pures du spectre solaire :
il avait eu, lui aussi, dans les dernières
années, sa courte crise de divisionisme,
mais il s’était repris à temps, parce qu’il
avait compris que cette doctrine aride était
elle aussi une nouvelle académie et une
nouvelle servitude. Le grand succès de
toute la série des Mœurs de Scanno à
Venise en 1905, à Milan et à Rome en
1906, lui montra qu’il avait trouvé sa véri
table voie. »
Aujourd’hui, M. Camillo IilnOcënti est
arrivé a l’apogée de sa renommée. 11 né-
glige de peindre encore des sujets cham-
pêtres, et les trésors de couleurs qu’il
a rapportés du fruste pays des Abruzzes,
il en pare les élégantes patriciennes de la
Rome moderne. C’est un artiste élégant et
fin qui a été chercher l es éléments de son
modernisme et de son aristocratie chez
les rustiques habitants des montagnes. Il
a trouvé le diamant brut et il l’a savam-
ment et minutieusement taillé pour l’offrir
aux jolies mondaines de l’Italie nouvelle.
M. Camillo Innocenti a deux toiles :
l'Automne et la Toilette. La première nous
montre deux élégantes se promenant dans
un parc aux riches frondaisons, qu’agré-
mente un large étang dans lequel se re-
flètent les splendeurs de la mélancolique
saison. Nous y retrouvons le jeu de coloris
original de M. Camillo Innocenti, mais
celui-ci est mieux exprimé encore dans
la Toilette. En tous cas ces deux œuvres
permettent d’apprécier le talent et le ca-
ractère de l’artiste.
M. Guglielmo Ciardi a été surnommé le pein-
tre des lagunes vénitiennes. Il s’est acquis
à franchir une
rampe montant de la mer. L’effort est peint
sur la physionomie des personnages, et cepen-
dant cet effort n’enlaidit pas leurs traits. Il
semble au contraire qu’il l’anoblisse, et nous
retrouvons sur le visage de la jeune femme
située au centre de la composition cette expres-
sion de majesté qui est propre aux habitants de
l’Italie, en qui on reconnaît parfois .les fils
des anciens maîtres du monde. Un fond de
nuages, vigoureusement brossés, aux teintes bien
harmonisées, sert de repoussoir à cette scène
si puissamment caractérisée. Nous l’avons dit,
c’est une œuvre de maître qui rappelle celles
des grands peintres de l’ancienne école véni-
tienne notamment, — un Tintoret, par exemple,
chercha pendant quelque temps sa
entre la manière de Mancini et
chetti, et dans l’étude des œuvres
peintre, il prit le goût de ce pays
voie,
celle
de ce
Il hésita
de Mi-
dernier
des Abruzzes
où il devait définitivement trouver son origi-
nalité.
Un critique italien, M.Ugo Ojetti, qui a écrit
une courte biographie de cet artiste, nous dit
comment cette transformation s’opéra. Elle est
curieuse et pour cette raison nous la citons :
« Sa véritable libération commença à l’épo-
que de son séjour à Scanno, dans les Abruzzes.
La transparence de cette atmosphère monta-
gneuse, qui lui permettait de discerner et d’étu-
dier toutes les finesses de l’ombre et de la
lumière, jusque dans les maisons et dans les
une très grande réputation comme
de ces paysages urbains. Ce sont là
favoris. C’est un de ceux-là que nous
à la section italienne en même temps
toiles peintes par les enfants de
interprète
ses sujets
admirons
que deux
l’artiste :
Nuages blancs, de M. Beppo Ciardi, et Dans
le Vieux Parc, d’Emma Ciardi. M. Guglielmo
Ciardi nous apparaît non seulement comme le
peintre, mais comme le poète de la lagune.
Il sait saisir et fixer sur ses toiles un effet'
fugitif de nuage et l’heure assoupie où le rio
vénitien semble s’endormir sous les rayons du
soleil.
Voici un peintre qui nous rappelle un peu
l’élégante manière de M. Camillo Innocenti :
c’est M. Arturo Noci, dont la Baigneuse attire
l’attention par ses jolies colorations. Art facile,
assurément agréable. M. Gaetano Previati a deux
toiles : la Madone des Lys et le Roi Soleil.
Nous remarquons chez cette artiste des qualités