Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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manteau, détermine son caractère et sa destina-
tion : c’est la cuisine du seigneur de ces lieux.
Les accessoires sont suspendus au mur. Là tout
est luxe, bien-être et symétrie. Que l’imagination
s’y repose un instant. Elle évoquera aussitôt le
souvenir des joyeuses cuisines de Pieter Aertsen,
de Snyders ou de Fyt. Aujourd’hui, cette ani-
mation s’est apaisée, l’homme n’habite plus cette
demeure. Il ne la remplit plus de son activité.
Tout est rangé en bon ordre, dans l’attente
d’un nouveau maître qui troublera cette bonne
ordonnance. Cependant, les choses vivent de leur
vie tranquille et reposée. Elles nous disent
l’effort latent qui réside en elles, l’activité par
laquelle elles se sont caractérisées un jour avant
de retomber dans leur pesant sommeil.
Le pittoresque n’est plus dans le mouvement,
il est dans le repos, mais ce repos conserve son
éloquence. Voici une pompe en pierre bleue qui
nous rappelle que nos ancêtres savaient, dans
les moindres choses, être pratiques tout en res-
tant artistes. Rien ne fut oublié dans cet aména-
gement discret, ni le vieux bahut familial, ni
l’horloge antique, ni les bûches prêtes à flamber
dans l’âtre. Un groupe grotesque, de sept figures
hilares, fixé au mur, semble contempler cette
chambre vide de ses maîtres, et ce sont, par
l’ancienneté du moins, les seuls êtres qui s’ap-
parient un peu à cette ambiance délicieusement
surannée.
Passons dans la pièce suivante. Une porte
basse, surmontée d’un vitrage à petits carreaux,
tels qu’ils nous apparaissent dans les intérieurs
de Pieter de Hoog, nous y donne accès. C’est
l’office. Salle étroite, comme il convient à un
endroit où l’on ne séjourne qu’à peine. L’art
s’y révèle néanmoins dans un tableau de David
Teniers le jeune, représentant, sur une plage au
bord de la mer, l’étal des raies, des merlans
et des plies, fruits d’une pêche abondante ; dans
une collection curieuse de verres de toutesiform.es
et de toutes dimensions. Pur cristal prêt à rece-
voir la liqueur vermeille qui s’y reflétera en
couleurs de topaze ou d’opale.
La salle à manger est vaste. C'est le lieu où
s’accomplit le rite des larges ripailles. Des ta-
bleaux suspendus au mur nous donne dès l’abord
l’avant-goût des plantureux repas. L’un d’eux
nous montre l’intérieur d’un garde-manger,
l’autre un sujet analogue, une nature morte de
Van den Heede, appétissant étalage de viandes,
de gibiers, de légumes et.de fruits. La che-
minée est large et luxueuse aussi, avec ses belles
colonnes torses, en marbre noir veiné de blanc.
Des tables, des bahuts, des lustres achèvent de
donner à cette salle son aspect de richesse cossue.
C’est l’endroit où l’on s’attarde, dans une atmo-
sphère de bien-être et de luxe.
Nous retrouvons ce luxe encore accru dans la
pièce suivante. C’est ici le- salon où sont réunis
les objets les plus précieux. Le lieu a moins
d’intimité. Il emprunte aux œuvres d’art qui
l'embellissent une gravité un peu solennelle.
C’est là l’orgueil de la maison. Le maître de
l’endroit montrera aux étrangers des tableaux
de Frank, de Vierendael, de Van Thielen ; il
attirera surtout leur attention sur des scribans en
bois rares, en ivoire et en bronze, sur les parois
desquels un miniaturiste habile a peint les. sujets
mythologiques où les dieux antiques revivent en
des paysages de rêve.
Mais, s’il veut songer et méditer quelques
instants, le visiteur s’arrêtera dans le boudoir
musical qui fait suite à ce riche salon. Voici des
violes, des virginales, des clavecins, des violons,
des luths et des flûtes. Les touches des épinettes
sont noircies par le temps. Depuis des siècles,
1 ame du son s’est envolée. C’est un corps char-
mant, d’où le rythme est absent, mais qui garde
encore, tel un trésor précieux, quelques traces
de l esprit fantaisiste des peintres anciens. La
chambre est discrète, où tous ces objets, aux
grâces fanées, sommeillent. L’endroit était choisi
pour y placer ces petits tableaux mignards, le
Marthe et Marie aux pieds de Jésus, de Van
Vlérick, le Retour de l’enfant prodigue, une
Ouirlande de fleurs, de Breughel de Velours.
Penétrons enfin dans la dernière salle : la
chambre a coucher, un peu sombre, comme il
convient. Au-dessus de la porte en chêne, un
groupe charmant, celui de la Madone et de
1 Enfant ; contre les parois, de grands lits « pro-
fonds comme des tombeaux », lits alcôves, lits à
baldaquin. Une tapisserie, « l’Eté des Nymphes »
acheve de donner à cette salle recueillie un ca-
ractère d’intimité profonde.
A travers les anciens vitraux on perçoit les
arceaux du cloître. Celui-ci nous conduit direc-
tement à la chapelle, austère et claire pourtant.
Sur 1 autel, un tableau de Crayer, une Assomp-
tion de la Vierge ; aux murs de côté, la Ren-
contre à la Porte dorée et une Nativité, aux
tons pâlis, de Van Loon.
Nous parlerons en détail de la gravure, qui
occupe une salle voisine. Arrêtons-nous quelques
instants cependant devant les merveilles de l’art
religieux. Au mur de droite, un panneau sculpté,
d’un beau travail,* représentant un sujet profane,
le Sacrifice d’iphigénie, attire nos regards. Aux
cotes, un curieux tableau provenant de l’atelier
de Rubens, le Christ en jardinier, rétablit la
note religieuse et chrétienne.
Il y a là, dans cette longue salle, des trésors
merveilleux, chasubles brodées, reliquaires, os-
confessionnal EN CHÊNE SCULPTÉ
(Eglise abbatiale de Grimberghe.)