Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
» ■ ’ . ____________________
Grande Salle Rubens.
L’ART BELGE AU XVII“ SIECLE
Le Maître nous a ouvert sa maison. Il nous a
fait admirer ses trésors. IL paraît maintenant.
C’est lui que nous voyons, plein de vie et de
gloire, vraiment présent dans ces galeries du
premier étage, où ses œuvres sont exposées.
On entre avec respect. On sait qu’on va se
trouver en face d’une majesté. On sait que l’es-
prit va être saisi, captivé, dominé par une puis-
sance presque surhumaine et que dans un instant
un monde d’idées, de somptuosités et de richesses
va, soudain, s’entr’ouvrir. Et c’est comme un
frisson qui vous traverse dans l’attente d’un
plaisir rare et précieux.
Le Maître est là. Avant de le voir, l’esprit se
remémore les détails de la vie du grand homme.
On se rappelle qu’il naquit près de Cologne, où
ses parents, d’origine flamande, étaient exilés
pour leurs opinions religieuses, qu’il vint jeune
encore à Anvers, sa véritable patrie, où il suivit
les leçons d’Otto Vænius et de Van Noort, qu’à
trente-trois ans, lorsque son génie s’était déjà
épanoui, il partit pour l’Italie, accomplit le pèle-
rinage d’art auquel tout peintre flamand devait
se soumettre, qu’il visita Venise et les princi-
pales villes de la péninsule, séjourna à Mantoue,
à la cour des Gonzague, qui le chargèrent d’une
mission diplomatique en Espagne, qu’il revint
ensuite en Flandre, où il peignit ses grandes
œuvres, qu’il fut appelé à la cour de France, à la
demande de Marie de Médicis, pour décorer les
appartements du Luxembourg, qu’après ce vaste
III. - LE MAITRE.
labeur il voyagea en Angleterre, en Espagne et
s’en revint à Anvers, où il mourut, âgé déjà,
dans une apothéose de gloire.
On songe aussi que cet homme participa à
toutes les idées de son temps, qu’il fut vraiment
un de ces surhommes dont notre temps a si exac-
tement fixé la définition. Il fut diplomate, lati-
niste, humaniste et savant comme on pouvait
l’être à cette époque, épris de toutes les belles
choses. On songe encore, en revoyant par l’ima-
gination les portraits qu’il nous laissa de lui-
même, que cet artiste réunit en lui les plus pré-
cieuses qualités physiques et que l’expression
du visage fut en lui presque égale à celle de
l’esprit.
Cet homme vécut à cette époque de la Re-
naissance qui seule put produire de semblables
individualités. Il fut universel. Il a tout compris,
tout étudié, tout représenté. Jamais intelligence
humaine ne fut ouverte à de plus nobles aspi-
rations, jamais œil plus émerveillé ne refléta
plus magnifiquement les splendeurs du monde
extérieur.
Entrons, le Maître est là, qui s’exprime dans
les modes les plus divers, instrument presque
divin qui résonne au son de toutes les beautés.
Voici l’idéal antique. Hercule ivre conduit par
une nymphe, nous montre, en les exagérant, les
voluptés païennes ; Y Empereur romain nous dit
la majesté solennelle des Césars ; la Louve allai-
tant Romulus et Remus nous rappelle l’imagina-
tion que Rubens sut mettre dans toutes ses com-
positions, tandis que le Bain de Diane fait surgir
à nos yeux un rêve de couleur et d’intense
poésie.
Le Bain de Diane, qui appartient actuellement
à Mme Schubart-Czermack, de Munich, fit jadis,
paraît-il, l’admiration du cardinal de Richelieu.
Nous ne nous étonnerons pas que l’aristocratique
homme d’Etat, en qui étaient réunies toutes les
délicatesses du goût français, ait été séduit par
ce poème de couleurs et de grâce. Nous y re-
trouvons encore la Flandre, certes. Elle est pré-
sente dans la volupté de ces belles nudités, de
ces chevelures ardentes, dans ces matérialités
troublantes, mais son réalisme s’est affiné au
point de s’apparier au charme des plus purs
idéalismes.
Dans un bosquet épais, sous l’ombre des
grandes végétations complices et discrètes, la.
déesse vient de prendre son bain à la fontaine.
Ses servantes se préparent à la revêtir de draps
de pourpre, tandis qu’une nymphe attentive lave
les pieds de la divine baigneuse. La lumière
est d’ambre, et c’est d’ambre encore que s’éclai-
rent et se poétisent les beaux corps de femmes,
le reflet des étoffes et jusqu’au triton de pierre
qui dompte le petit monstre marin versant à la
source son eau salutaire.
Voici l’art religieux, celui qu’inspire le chris-
tianisme transformé du xvne siècle, celui qui fit
naître à la place du gothique expirant les ma-