ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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382 L’EXPOSITION DE BRUXELLES gnificences pompeuses du baroque et qui au sommet des temples remplaça l’aiguille ou la flèche de pierre par le vase ouvragé d’où surgit la flamme ardente et enroulée. Voici l’art antique représenté par la Descente de croix, du Musée de Valenciennes, aux ma- gnifiques couleurs, aux vigoureuses anatomies ; par la Madone à la corbeille, aux séduisantes tonalités, à la belle santé flamande ; par le Jésus chez Marthe et Marie, où l’art de Rubens s’allia à celui de Breughel pour produire un ensemble d’un pittoresque exquis en lequel tous les dons d’une race de peintres furent réunis. Et voici, parmi lestableaux religieux les grandes compositions où le génie de Rubens éclate dans toute sa splendeur. Le Mariage mystique de sainte Catherine, les Adieux de saint Bavon à la vie, Saint Roch et les pestiférés, les Miracles de saint Benoît nous offrent des spécimens de cet art vibrant, pompeux, que traverse un souffle d’inspiration presque surhumaine. Voyez, par exemple,- ce groupe d’avant-plan des Adieux de saint Bavon, ces hommes et ces femmes entraînés, soulevés par le désir d’appro- cher et d’implorer le saint. Il y a là le souffle du génie. C’est une humanité supérieure plus vibrante, plus puissante que la nôtre, animée de passions plus grandes, sollicitée par des forces plus considérables. Un grand artiste pou- vait la comprendre et la représenter ; lui seul peut-être eut cette vision, nul autre après lui ne put la fixer dans le dessin ou dans la couleur. Examinons cette toile qui représente les Saintes femmes au tombeau. A l’entrée du souterrain, où le corps du Christ fut placé après le supplice, un groupe de quatre femmes est venu. Elles ont le port grave et majestueux, le geste et le regard vivant. Leurs attitudes ont la noblesse des belles statues grecques. Si ces figures n'étaient dotées de tant de vie, on serait tenté de les comparer aux plus belles productions de la sta- tuaire hellénique. L’une écarte son voile pour mieux contempler l’apparition lumineuse des anges qui se tiennent debout à l’entrée du sé- pulcre ouvert ; l’autre, plus rêveuse, plus mé- lancolique, a ramené sa coiffure sur l’arriére de la tête d’un geste de la main qu’elle tient contre l’oreille. Elle reste indifférente à l’angé- lique vision. Elle songe au Sauveur disparu qu’elle aimait. D’autres, plus curieuses, regar- dent le groupe des messagers divins, mais toutes ont dans les yeux et dans l’expression un reflet de la sublime pensée qui les absorbe. Cette belle composition nous rappellerait les productions de l’art antique ou italien si elle n’était très fla- mande cependant. Regardez ces visages, c’est le type le plus rubénien des femmes de notre race, que le peintre a si souvent placé sur les voies célestes, en face des Jérusalem triomphantes. Et dans toutes ces œuvres une noble et digne humanité se mêle à la majesté divine. Lors- qu’elle souffre, lorsqu’elle pleure, comme dans le Saint Roch priant pour les pestiférés, elle conserve sa grandeur. Sa misère peut inspirer la pitié, elle ne lui enlève pas la marque de ses fières origines, et c’est vraiment en face de Dieu, incliné vers la clémence, «l’ardent sanglot qui roule d’âge en âge et vient mourir au bord de son éternité », selon la belle expression du poète. La glorification de l’homme est une des carac- téristiques de l’idéal rubénien. Cette glorification n’a pas recours pour s’exprimer à un idéalisme épuré. Les peintres italiens eurent, eux aussi, cette conception d’une humanité supérieure. Lorsque le Pérugin athée peignait ses madones, ses figures d’anges et de saints, c’était la beauté humaine qu’il voulait représenter et magnifier, et toute une pléiade d’artistes rendirent hom- mage aux fils de la terre en les figurant sous les apparences divines. Rubens nous montre l’homme sous l’aspect qui lui est propre. S’il augmente sa puissance, il le fait en augmentant ses qualités naturelles. C’est en quelque sorte par un excès de réalisme qu’il parvient à une idéalisation supérieure. La race humaine se présente avec fierté devant les puissances supérieures dont elle dépend. Elle n’est ni faible ni misérable. C’est sa force native qui est exaltée. Examinez cet admirable triptyque de la Pêche miraculeuse (église Notre-Dame de Malines), voyez ce pêcheur flamand tirant sur la rive le filet rempli de poissons. Quelle force dans ces muscles, dans ce corps tendu par l’effort ! Quel regard mâle, digne et fier fixé sur le Christ qui exhorte et conseille ! Quelle symbolique et suggestive attitude que celle du nautpnier légè- rement courbé sur sa rame qu’il s’apprête à conduire vers de nouvelles et glorieuses récoltes ! Voici le peintre du siècle. Nous le trouvons d’abord dans ces merveilleux portraits, dans ceux d’Anne d’Autriche, dans ceux de Suzanne et d’Hélène Fourment. Un des plus beaux, certes, est celui qui nous reproduit les traits de l’archi- duc Ferdinand. On ne sait quelle lumière presque surnaturelle illumine ce visage, au milieu de la pénombre qui l’environne, pour nous faire mieux comprendre la noblesse, l’esprit de décision, l’in- telligence calme et sûre du personnage. C’est la flamme d’un esprit auprès duquel il ne peut y avoir que des ombres. Rien n’est plus gracieux, rien ne nous donne une plus exacte perception de la beauté fémi- nine que le portrait d’Hélène Fourment, qui fut l’épousé du peintre. Le visage est plein de fraî- cheur et de jeunesse. Les tonalités du vêtement et de la parure se fondent en nuances délicieuses qui, en auréolant les traits de la jeune femme, la font vivre délicieusement dans une ambiance de tendresse et de douceur. Bien qu’elle représente un sujet antique, la grande toile qui nous montre la reine Thomyris faisant plonger dans le sang la tête de Cyrus est inspirée par les idées de magnificence qui furent celles du siècle de Rubens. C’est une sou- veraine opulente de ce temps, celle qui, somp- tueusement vêtue de pourpre et d’or, contemple l’acte barbare auquel se livre le bel esclave, au corps superbe, courbé sur le vase ensanglanté. Le groupe des femmes et des deux enfants qui accompagnent la reine est un des plus beaux qu’ait peint Rubens. Mais les qualités qui domi- nent en ce tableau sont la belle ordonnance, le choix du coloris, le sens de la composition, si naturelle et si complexe à la fois, qui fait que chacun des personnages exprime, par le geste et l’attitude les sentiments qui l’agitent ou la psychologie qui le caractérise. A côté des esquisses de saint Ignace et de la Prédication de saint François Xavier, nous remarquons le portrait de Rubens, peint par lui- même à un âge déjà avancé de sa carrière. Nous l’avions dit : le Maître est là. Ses traits calmes, reposés, pleins de sérénité et de confiance nous rappellent le génie si complet, si profondément humain que fut l’artiste. Après une période douloureuse de notre his- toire, lorsque les énergies étaient lasses et le peuple appauvri, un homme vint, doué de toutes les qualités de l’intelligence, qui créa, par la force de son esprit, tout un monde de splendeurs, la synthèse magnifique d’une humanité puissante, très près de nous et cependant supérieure à la nôtre. Il la plaça dans la lumière, dans la plus vibrante apothéose de couleurs qu’on ait peut- être vue jusqu’alors, et les hommes qui la con- templèrent se retrouvèrent en elle plus puissants et plus beaux. Le Maître disparut, mais il laissa après lui un sillage éclatant que tous les artistes ont suivi. Il fut celui devant lequel les générations s’arrêtent, pensives, comprenant qu’à un certain temps, dans l’histoire du monde, un homme parut, qui crea des choses pas encore imaginées et souleva de- vant ses contemporains étonnés un coin du voile mystérieux qui nous cache encore les splendeurs de la pure et souveraine Beauté. Arthur De Rudder. EN ÉCOUTANT LE CONCERT.