ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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398 L’EXPOSITION DE BRUXELLES sionomie humaine, à la faire vivre intensément, à la placer dans le cadre qui lui était propre, où elle pouvait acquérir toute sa puissance de caractère ou d’édification. Nous retrouvons d’ailleurs dans ses tableaux historiques ou religieux cette tendance à exalter ENTRÉE DE LA SALLE JORDAENS. la beauté humaine. Voyez dans X'Extase de saint Augustin, de l’église des Augustins d’Anvers, la belle figure de l’ange qui se détache superbe- ment sur le drap bleu du vêtement flottant. Voyez ses saint Sébastien, aux corps magnifi- quement étalés, et ce fragment de YAntiope et Jupiter, qui nous montre la nymphe, le corps nu, les chairs resplendissantes sur le velours vert de sa couche, avec les flammes de la chevelure déroulée autour du visage. C’est là le Van Dyck de la passion, de la volupté, le peintre de la grâce et de l’émotion. Après avoir visité l’Italie et étudié l’art des maîtres de la péninsule, Van Dyck revint à Anvers, où il resta pendant cinq ou six ans, puis il partit pour l’Angleterre et se fixa à Londres, auprès du roi Charles Ier. C’était une cour élé- gante et raffinée. L’esprit délicat de Van Dyck devait s’y trouver à l’aise. Dans ce milieu aris- tocratique son talent se développerait selon les tendances qui lui étaient propres. C’est là qu’il trouverait ces types délicats qu’il reproduirait sur la toile et dont les générations suivantes allaient s’émerveiller. Déjà, avant son séjour à Londres, Van Dyck avait montré sa maîtrise. On connaît les portraits qu’il peignit à Gênes, celui de Jean - Vincent Imperiale, duc de Saint-Angelo, du Musée de Bruxelles, représentant cette grande figure assise, habillée d’une simarre de soie noire, et surtout les portraits qui ornent le palais Balbi. Mais ces tableaux sont inférieurs encore aux grandes pro- ductions qui datent de son séjour à Londres. La gravure a popularisé ce charmant tableau dit de VHomme à la houlette, du Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. On ne pourrait imaginer plus délicieuse idéalisation de la figure humaine, plus de noblesse alliée à plus de grâce. Jamais peut-être la jeunesse et la distinction native ne furent présentées sous de plus sédui- sants aspects. L’exposition de l’Art ancien contient quelques portraits remarquables du maître qui, dans ce genre, rivalisa heureusement avec Rubens lui- même. Nous admirerons d’abord le groupe char- mant du peintre Snyders et de sa famille. Quelle chaude et caressante couleur ! quelle heureuse interprétation d’un sujet familial ! Il faudrait des pages entières pour en dire la douceur intense, la gravité sereine et la communicative tendresse. Traversons la grande salle où sont réunies les toiles religieuses du peintre, celles qu’on dé- daigne un peu, lorsqu’on considère ses portraits délicats et charmants, et arrêtons-nous dans le salon aux murs duquel sont suspendues les toiles qui nous représentent Les types les plus remar- quables de la beauté humaine. Voyez ces groupes d’enfants, ce délicieux por- trait de Guillaume II, prince d’Orange, et de sa fiancée, la princesse Marie Stuart, ceux de la comtesse de Clanbrasil, de l’archiduchesse Isa- belle-Claire-Eugénie portant le solennel Vête- ment de l’Ordre des Clarisses, de Jean-Charles de la Faille, du peintre Jean Wildens, de la du- chesse de Richmond, du bourgmestre Jacob Van der Borght, de la marquise Spinola avec son enfant. Arrêtons-nous quelques instants devant cette grande figure de patricienne. Interrogeons Le mystère de ce regard où tant de pensées sem- blent vivre et se confondre. Quelles passions ont dû traverser le cerveau qui éclaire d’une flamme si ardente et si sereine tout à la fois cette énig- matique physionomie ? On sent que cette femme était faite pour commander aux peuples ; on sent qu’elle participait aux idées d’une race raffinée et on se l’imagine douée de toutes les qualités, de toutes les violences et de toutes les ruses de cette Renaissance italienne, si fertile en indi- vidualités puissantes. Et toutes ces figures passent devant nous, animées, vivantes. Ce ne sont pas seulement des corps, mais des esprits, des volontés, des grâces, des passions o.u des élégances. La psychologie de ces personnages est subtilement étudiée. Le peintre a vu, compris et senti, senti surtout, car l’émotion, la perception délicate des choses qu’on ne peut décrire, mais qu’une expression de la physionomie peut seule révéler, le sens subtil de la pensée et du caractère sont Les dons précieux qui font de Van Dyck un des plus grands artistes de tous les temps. Cet artiste eut toutes les distinctions et toutes les (élégances. Après avoir reproduit sur ses toiles les plus beaux visages que jamais œil humain contempla, il se plut, par un raffine- ment subtil, à peindre les mains. Voyez ces mains délicates, aristocratiques et fines. Vous les admirez dans presque toutes les toiles du peintre et si vous désirez mieux comprendre l’importance que Van Dyck y attacha, vous examinerez ce curieux tableau des mains qui appartient à M. Ch. Léon Cardon. C’est une simple étude, mais elle révèle toute la poésie que le peintre dégagea de cette partie si délicate du corps humain, mains effilées de patriciennes, mains violentes de! domi- nateurs et de conquérants, mains volontaires de princes et de conducteurs d’hommes, mains de cire du savant, qui semble polie par le contact soyeux des parchemins, mains énergiques et complexes de condottiere, mains d’artistes, qui manieront le pinceau d’un geste délicat pour faire surgir à nos yeux les splendeurs d’un monde inconnu. On sort profondément ému de ces salles où le talent de Van Dyck nous est rappelé avec tant de puissance. Sans doute, cette exposition est incomplète. Sans doute, elle ne nous donnera pas du maître une vision complète. Ce n’était pas le but des organisateurs de nous la rendre. Nous l’eûmes jadis, à Anvers, lors de l’exposition des œuvres de l’artiste. Ce n’est peut-être qu’un souvenir évoqué, mais ce souvenir est charmant. Arthur De Rudder.