Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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LE VÊTEMENT
L’art de la dentelle en Belgique. —• Rivalisation élo-
gieuse — Les écoles dentellières françaises. — Au
Palais des Travaux féminins. — La dentelle méca-
nique. — La mantille espagnole. — Uniformisation
du vêtement en Europe — Confections pour hommes»
femmes et enfants. — La confection en Hollande.
Les machines. — Costumes professionnels.
Nous nous ferions scrupule de ne pas repro-
duire ici les lignes flatteuses pour l’industrie
dentellière belge qui figurent dans l’album publié
par quelques grandes maisons dentellières d^
I'rance : « Cinq années après l’Exposition de
Liège, la France se trouve de nouveau face à
face avec la Belgique; les deux plus grands
pays dentelliers du monde vont se mesurer une
fois de plus.
» Les circonstances n’ont pas favorisé égale-
ment la E rance et la Belgique dentellières, et
nos voisins ont pu bénéficier quelquefois aussi
bien des écarts de la mode, des difficultés de
l’apprentissage que des défaillances de la fa-
brique. Mais, comme il arrive à des adversaires
appelés à se combattre souvent. Français et
Belges ont appris à se connaître, à deviner leur
tactique, à prévoir leurs moyens dans l’attaque,
à parer aux surprises dans la défense ; aussi, de
part et d autre, avons-nous vu les esprits cons-
tamment en éveil.
» Du côté de la France, les leçons de l’Expo-
sition de Liège ont été mises à profit. D’une
façon générale notre enseignement technique
s’est considérablement fortifié; les cours de
dessin de dentelles ont suivi une très heureuse
orientation dans le sens de la rénovation des
motifs ; enfin, la fabrication, tout en entrant dans
une voie pratique, quant à l’échelle des prix,
a su maintenir et augmenter même son élan vers
l’art et la nouveauté des créations.
» Et notre marche en avant a été si positive
que ce que nous avons à redouter, ce n’est pas
de nous voir distancés, c’est de nous voir trop
bien suivis dans l’exemple que nous avons
donné. »
Le dernier compliment est un peu miel et
vinaigre, si l’on veut, mais il ne faut en prendre
que le miel, c’est-à-dire la constatation d’une
redoutable marche en avant, où la dentelle belge
se joue des difficultés qu’on lui crée.
Parmi les bonnes écoles dentellières nous cite-
rons, en France, celle d’Issoire et l’Ecole de
Vesoul. Ces cours s’adressent à une élite d’ou-
vrières qui désirent parfaire leurs connaissances
à celles qui ne veulent pas limiter leur travail à
une exécution technique, si parfaite soit-elle,
mais cherchent à connaître l’art qu’elles exer-
cent, développent leur goût, cherchent à com-
prendre la mode, désirent acquérir le sens de la
ligne.
On connaît les merveilles créées par la den-
telle et la broderie à la main. Bien que les
vitrines de l’Exposition renferment en ce genre
des trésors de goût et d’élégance, nous ne pou-
vons nous y arrêter, on les admirera, on les
enviera, ce sont grâces et joyaux pour La descrip-
tion desquels les mots sont peu de chose !
Mais ce que nous devons mentionner, c’est la
place prise, à côté de ces œuvres de choix, par
la broderie et la dentelle au métier mécanique.
Telle robe de broderie sur tulle à la main,
valant 3,000 francs, est parfaitement reproduite
par la broderie fnécanique, qui permet son exécu-
tion pour le prix de 300 francs !
Dans le palais belge des travaux féminins nous
trouvons les dentellières, penchées sur les petits
coussins où leurs mains agiles, au cliquetis des
fuseaux, tissent leurs légers et gracieux dessins
en toiles d’araignées. Les unes sont jeunes, les
autres âgées, mais toutes, vivantes par Les mains,
sont vives et il faut voir, une fois les doigts
partis, les fuseaux voler, s’entre-croiser et retom-
ber avec une cadence harmonieuse, tapant et
tapotant le carré de toile cirée.
ÉCOLE DE COUTURE.
Dans le même pavillon nous trouvons, plus
loin, de toutes jeunettes dentellières, formées à
perpétuer les points précieux de la Flandre et du
Brabant : c’est l’Ecole des dente’lières de Mal-
deghem.
Dans leur palais, les femmes ont inscrit cette
maxime : L'habit rapiécé fait honneur à la femme
qui le 'porte. Voilà qui est juste. Mais trouve-t-on
ce grand philosophe parmi les femmes ? Cette
maxime est belle, et surtout prudente pour la
bourse des maris ; mais suivie à la lettre que
deviendraient tous ces arts, ces métiers somp-
tueux dont les produits sont exposés dans le
palais des femmes, et de la fabrication desquels
tant de femmes vivent ? Car c’est un enseigne-
ment, un document sérieux de la vie active des
femmes, cette ruche où tout le monde travaille
et où le vêtement est représenté par les dentelles,
robes entières, merveilleusement ciselées dans le
fil le plus blanchi ; les toilettes de satin blanc,
où les pinceaux d’une artiste de talent ont inscrit
des guirlandes de roses, d’une peinture vive,
dans une matière résistante et souple, difficile à
trouver ; le vêtement, ce sont encore les tulles
pailletés, perlés, brodés, où les ouvrières, le
buste incliné sur le métier à tapisser, une main
sous le tulle tenant le fil et l’autre au-dessus,
piquant le tissu d’un petit crochet dont chaque
mouvement fixe sur le fin réseau une paillette de
jais, une perle ou un brin de soie ; avec rapidité
un élégant dessin naît comme par enchantement
sous les doigts, et il décorera la jupe ou le
corsage de quelque favorisée de la fortune.
On travaille aussi pour les hommes dans ce
palais des travaux féminins. De diligentes ou-
vrières, devant le métier, y font les broderies
d’or et d’argent pour les habits militaires, cos-
tumes d’académiciens, vêtements de diplomates.
Des glands, des palmes, des feuilles de chêne,
toute une botanique dorée, recouvrant, — ô bout
de l’oreille, divin La Fontaine, — de petites
formes... de carton.
Plus modestes, en symboles, sont les ornements
des chasubles ; c’est l’agneau pascal et la feuille
de vigne et celle d’acanthe dont Les dessins do-
Y
minent ; allégories plus humbles, disions-nous,
mais que de soie et d’or, en revanche !
Allons au pavillon espagnol.
Hélas ! le plus beau costume espagnol fémi-
nin, avec jupe résiliée, corsage de velours noir
et boléro de fils d’or, c’est la France cosmopolite
qui nous le montre. Qu’importe s'il est espagnol 1
Mais restons un 'moment encore en Espagne,
car elle a quelque chose que nulle autre nation
ne fabrique co'mme elle. Ce sont les mantilles
en dentelle de soie, noire ou blanche. Voyez
comment on les porte, comme on ne sait le faire
nulle part ailleurs. Cette photographie d’une
belle Espagnole nous le montre ; ainsi parée, elle
va aux courses de taureaux, les cheveux nus
sous la légère mantille qui déploie ses coquilles
festonnées sur les bandeaux de cheveux très
noirs, puis descend vers le buste, qu’elle enlace,
enserre, enveloppe, comme la mousse d’une cas-
cade.
Pour les hommes, à part le costume typique
du toréador, en Espagne ce sont mêmes draps,
lames, cotons, velours qui habillent chacun de
nous du côté moins ensoleillé de l’Europe.
L’uniformité dans les costumes gagne d’ail-
leurs progressivement les hommes de toutes les
contrées. Se promener dans une rue de Gênes,
de Séville, de Bruxelles ou de Londres, ce n’est
pas au costume des passants que l’on pourra
deviner au premier coup d’œil dans quel pays on
se trouve.
Est-ce à dire que les costumes locaux dispa-
raissent.et que l’indifférence des nationaux pour
le pittoresque en soit la cause ? Les conditions
économiques opèrent ce changement. La ma-
chine travaille à meilleur compte. Elle fait des