Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
Les Productions des Indes Néerlandaises
JAVA, SUMATRA, BORNÉO, CÉLÈBES, NOUVELLE=GUINÉE.
Un monde original. — L’Inde prestigieuse, évoquée.
— Les premiers navigateurs marchands. — La nacre
et la perle. — Les épices. — Les plantations. — La
chaîne des 45 volcans. — Secrets de la fécondité
prodigieuse de l’Inde. — L’herbier vivant de Buiten-
zorg. — Les dyamou’s. — I es tissus tout faits. —
L’opium. — Les richesses minérales. — Le monde
des rivages, des forêts et des airs. — Les orangs-
outans
TRANSPORT DES CANNES A SUCRE.
Il en existe encore, de ces pays dorés, où per-
sistent des traditions qui ont su rendre des
peuples heureux pendant des milliers d’années.
Ils sont devenus des plus rares depuis que la
grande industrie et l’exploitation intensive ont
accaparé le monde et rendu la vie compliquée,
difficile et extra-laborieuse. Ni l’indigène, ni
l’insecte, ni le bambou n’ont plus de repos
depuis la conquête de l’Orient par les Barbares
de l’Occident. Avec quelle avidité, quelle admi-
ration plein les yeux on contemple les vestiges
de l’ancien monde, d’un monde qui nous change
du 'monde européen, car celui-ci nous sature,
même de ses merveilles, tandis que cet autre
nous parle d’un temps plus original, plus varié,
plus facile. « Any where out of the world, » dit
le poète anglais rassasié des réalités vues et
revues ; eh bien, cet autre monde, nous avons
l’illusion de le retrouver au delà des océans,
dans les îles luxuriantes de l’archipel indien,
dans ce que la colonisation semble avoir gardé
de plus à part, par un système particulier aux
Hollandais.
Nous savons, en écrivant ces mots, que la
conquête des Indes n’a pas été des plus douces
et que la colonisation n’y semble pas d’un carac-
tère qui puisse plaire aux amis de l’humanité. La
Hollande a eu fort à faire déjà pour défendre
ses principes, et la belle exposition qu’elle nous
offre de ses colonies nous oblige à nous en
tenir à lui tresser des couronnes. Il faut qu’une
fête reste une fête.
Et c’en est une, très grande, pour le sens
esthétique et pour le sens pittoresque, cet arran-
gement ingénieux du compartiment des colonies.
Quiconque a voyagé retrouve tout de suite la
couleur locale, et qui ne l’a pas fait, en regar-
dajnt la section, en y circulant, voyage.
Partout c’est l’évocation de l’Inde prestigieuse,
ces îles couvertes de forêts, bordées d’habita-
tions rustiques, près desquelles dorment des
barques longues, d’un travail orné, dont le pont,
comme une corolle aquatique, paraît à fleur
d’eau.
Nous voulons aujourd’hui parler des produc-
tions naturelles de ces îles, de ces productions
qui ont fait la fortune de la Hollande et le
malheur des populations indigènes. Elle remonte
loin dans le passé, cette fortune. Les anciens
navigateurs, à la solde des commerçants, con-
naissent la route des îles aux épices, aux aro-
mates, aux flore et faune étranges, longtemps
avant que ces îles fussent géographiquement
signalées. Ces intrépides navigateurs étaient dis-
crets. Le lucre seul les guidait et ni eux ni les
commerçants qui les employaient n’avaient garde
de révéler la route de ces Edens.
Nous songions à ces navigateurs et à ce début
secret de la colonisation, devant la merveilleuse
collection de coquillages, dont un grand nombre
de vitrines nous faisaient penser à la mer, ses
hasards et sa fortune. Les « mothers of pearl »,
plus grandes que des assiettes, grands plats, sur
lesquels s’étale un napperon de perles blanches,
avec un ourlet froncé ; les peignes blonds, les
peignes citron, pour la chevelure des nymphes
marines ; les haléotides nacrées, où luisent tous
les feux du soleil couchant ; les cyprès bour-
donnants ; les oursins pointillés, chevronnés,
chamarrés, le chapeau chinois du cap Matifou ;
toute cette étrange garde-robe d’humbles mol-
lusques, ces vêtements si magnifiques, si bril-
lants quand la lame des océans les lustre de sa
clarté liquide.
Le public, en passant, intéressé par les cou-
leurs et les formes, se penche, et il appelle tous
ces bijoux des escargots. Mais ces escargots sont
vraiment de la famille des bijoux et l’œil raffiné
des Javanais n’en a jamais douté. Voyez ces
fleurs au pistil jaune, autour duquel se pressent
de nombreux pétales roses et courbés comme ceux
d’une rose. Ce sont des coquillages qu’un habile
artisan a faits fleurs terrestres.
Ces coquillages, qui nous ont si à-propos rap-
pelé les premiers navigateurs qui abordèrent aux
Indes dans un but commercial, n’étaient pas ce
que ces hommes y venaient chercher. La récolte
des épices les occupait bien autrement ! Les
noix de muscade, les boutons ou « clous » de
giroflier, la cannelle étaient fournis exclusive-
ment à toute l’Europe par les Indes. Elles
fournissaient aussi les divers poivres, la vanille,
l’indigo, le macis. L’aubaine était bonne, la
culture ne coûtait rien ! Quand la route fut enfin
connue, on se rua vers les épices comme nous
voyons faire aujourd’hui vers les champs d’or.
On exploita à outrance. La terre semblait ne pas
demander mieux que d’être cultivée. On peut
dire que de nos jours florissent dans les îles à
peu près toutes les espèces de cultures tropicales
et équatoriales qui existent au monde. Outre les
plantes que nous avons nommées, y sont innom-
brables les plantations de coton, tabac, thé, café,
cacao, riz, caoutchouc, maïs, roucou (pour la
teinture canaque), tapioca, arachide, canne à
sucre. Toutes ces cultures actuelles sont repré-
sentées au pavillon par des produits en nature
et des collections très complètes de belles et
grandes photographies qui nous montrent en
même temps les paysages tour à tour séduisants
ou terribles de ces îles luxuriantes. Java compte
à elle seule une chaîne de quarante-cinq volcans,
toujours fumants et grondants, étendus en cor-
dillère, pareils aux vertèbres géantes d’un ser-
pent redoutable, entre le Pacifique et l’océan
Indien.
Serre incomparable, entre deux fournaises, la
lave et le soleil. Ces prodigieuses corbeilles de
verdure arrachent au début de leur séjour des
cris d’admiration à tous les visiteurs. Ils ne
tardent pas, dès le premier jour de leur arrivée,
à saisir la cause de la croissance phénoménale
du monde des plantes. Le seul accord des pluies
quotidiennes et du soleil fait tout le prodige.
Du large viennent des courants de vents hu-
mides, qui se buttent contre les flancs élevés
du Guédeh et du Sadok ; les vapeurs qui ren-
contrent là de vastes forêts, se condensent et
retombent en pluie sur la contrée. Chaque jour
l’accumulation des vapeurs est suffisante pour
faire crever une vaste ondée. Cet arrosage quo-
tidien est le grand secret de cette fécondité
prodigieuse, toujours régulière.
L’Ile de Java possède le plus grand jardin
botanique du monde, universellement connu, à
Buitenzorg. On pourra en admirer une série de
photographies assez complète pour en donner
une vaste idée. Nous ajouterons quelques détails
qui feront comprendre l’importance de cet
herbier vivant, qu’il faut des années pour
connaître ; l’Institut se compose : i° du jardin
botanique proprement dit, qui comprend 58 hec-
tares ; 20 du jardin agricole, du jardin d’essais,
72 hectares, situés à Buitenzorg ; 3° du jardin
de Tjibbdas, en montagne, et 40 d’une forêt
vierge à Tjibodas, propriété de l’Institut, d’une