ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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462 L’EXPOSITION DE BRUXELLES LA COUTURE. — ROBES ET MANTEAUX. Boutade sur la mode. — Mannequins parfaits et com- plaisants. — Comment les modes originales sont reçues. — Comment elles sont acceptées à Paris, Bruxelles, Londres. — Les accommodements avec la mode. Les merveilles de la couture. — Les lignes, les teintes. — Quelques modèles. — • La robe nue.-— Les dentelles. — Les fourrures — Le progrès. Le directeur d’une grande maison de confec- tion élégante, à qui nous demandions ce que : S’-1 A^ ED ip <6 STAND ÉGYPTIEN. 4 c'est que la mode, nous répondit : « La mode, c’est l’art exquis de faire prendre des vessies pour des lanternes. » Comme nous lui assurions qu’il exagérait, cet homme irrévérencieux s’ex- pliqua : « Oui, les modes, c’est un peu comme la royauté, elles semblent conférer toutes les beautés cachées à celles qui les portent. Leur art est-il d’habiller, ou d’empêcher de réfléchir, en éblouissant ? L’organisation de l’exposition de la couture, telle qu’elle a été comprise simultanément par Paris, Bruxelles et Londres, dans leurs sections respectives, ne semble pas devoir porter un dé- menti aux appréciations d’aspect fantaisiste de notre homme, qui pourrait bien avoir raison. Il faut éblouir, tout l’art de la mode est dans l’effet ! D’où la création de ces dioramas, de ces parfaits mannequins d’une cire carnée, de ces petits salons, de çes paysages, où rayonne seule la lumière artificielle, pour créer autour de la femme le monde artificiel de la mode. On se souvient avoir vu naître, il y a quelques années à peine, ce mode nouveau d’exhibition des objets dans leur milieu. On débuta par les bibelots que l’on exposa sur des cheminées, sur des meubles, puis on passa de là à exposer les meubles eux- mêmes dans leur cadre, on les fit voir dans des salons complets, avec tapis et tentures. Aujour- d’hui cette présentation s’est généralisée à tout ce qui est précieux, et la toilette devait avoir son tour. Le problème était évidemment plus difficile à solutionner, parce que l’élément, ici, au moins aussi important que la toilette même, c’est la femme. On s'assura sa perfection et sa complai- sance indéfinie en la faisant en cire, que l’on peignit, farda, coiffa, comme une vraie femme ; on l’habilla, l’introduisit dans les salons, sous des flots de lumière électrique qui l’illuminent, sans la faire fondre, ni même communiquer à ses chairs ce luisant de la chaleur que les femmes redoutent tant et poursuivent à la poudre de riz, et le public séduit, ravi, s'y trompe et jalouse les nobles et beaux mannequins doués de toutes les élégances de la fortune ! On en fit autant pour les hommes, mais il n’y a guère personne qui aille les admirer, dans Leurs habits noirs, si galonnés soient-ils parfois ; cette envolée tentée vers la splendeur reste funèbre et sans admirateurs ni admiratrices, ce qui est pire ! Il est banal de redire que Paris est la pre- mière ville du monde pour la mode, dans toutes ses magnificences et ses ridicules ; mais nous avons besoin de rappeler cette phrase courante, on verra pourquoi. Disons d’abord qu’il n’y a qu’une ville où vont se dépenser les fortunes qui puissent avoir de tels couturiers et couturières. Outre l’esthétique, dont les trouvailles sont par- fois heureuses, Paris a encore le mérite d’accou- tumer le monde à l’originalité. Nous allions dire à l’extravagance. Mais, en réalité, l’extravagance existe-t-elle ? Le nouveau n’est jamais qu’une habitude à prendre. Le chapeau haut de forme des hommes, le parapluie et le parasol ne sem- blent pas devoir être dépassés avant longtemps comme originalité, rétrospective. Aujourd’hui, quoi de plus banal ? On nous a conté l’histoire de la longue écharpe que toutes les dames portent maintenant, en gaze ou de satin noir doublé de blanc. Paris l’avait lancée. Mais, contrairement à ce que l’on s’ima- gine volontiers, il ne suffit pas que Paris décrète. La mode, telle qu’elle sort de la grande ville, n’est pas portée tout de suite à l’étranger ; nous dirons même qu’elle a plutôt de la peine à faire son chemin. A Bruxelles, notamment, qui vient en première ligne après Paris, les femmes les plus intrépides ont peur d’une trop grande origi- nalité. Où l’on a plus peur encore de la nou- veauté, qui sous le rapport du plus ou moins d’empressement n’y arrive qu’en troisième lieu, après Paris et Bruxelles, c’est Londres. Revenons-en à la longue écharpe serpentine. Très originale, elle avait séduit à Paris, depuis longtemps et l’on ne s’y accoutumait pas ici, les élégantes s’en défiaient, n’osaient l’arborer, la laissaient à la vitrine des magasins. Alors, on résolut par un grand coup d’y accoutumer l’œil de nos Bruxelloises. On la fit en tissu bon mar- ché ; aussitôt les « trottins » s’en achetèrent, avec un discernement qui fait honneur à leur goût juvénile ; on ne vit plus que cela dans les rues, les hautes dames jugèrent l’originalité suffisamment « banalisée » et la petite écharpe de satin fut enlevée à tous les prix 1 Pendant ce temps-là, on se tâte encore à Londres. Cette marche de la mode nous indique pour- quoi nous la trouvons à peu près identique à Paris et à Bruxelles, et déjà sensiblement dif- férente à Londres, plus refroidie et plus cor- recte. Quant à l’Allemagne, elle n’a pas abdiqué les formes anciennes, le caractère national s’y retrouve ; elle garde son esthétique à elle et se refuse à l’envol léger, complet. On pourra constater ces diverses interpréta- tions de la toilette féminine dans les expositions de la couture des diverses sections des nations susdites, qui toutes sont, d’ailleurs, entourées à l’envi de la curiosité publique. C’est si humain de s’intéresser à ce qui ha- bille ; de courir, quand on est femme, à ce qui fait belle 1 La mode est-elle, en réalité, aussi intransi- geante qu’on le dit ? Les vitrines admirables de l’Exposition nous répondent qu’il ne semble pas ! Le tissu météor, très en faveur, a été créé tout exprès souple pour que l’on en fasse ce qu’on veut. Il est moulant, il suivra quelles lignes vous voudrez et comme vous voudrez. Les coupes, également, sont infiniment variées. Les coutu- riers nous montrent comment on les approprie à la personne. Avez-vous les épaules belles, Madame ? Belle aussi la ligne entre le cou et l’attache de l’épaule ? On s’arrangera de façon que l’étoffe découvre ces lignes. La brassière tombera entièrement, il n’y en aura point si c’est une robe de théâtre ou de soirée ; si c’est une robe de ville, elle sera réduite au nécessaire, et tout le reste voilé d’une dentelle ou d’un tulle. Mode charmante, qui a permis aux jolies visi- teuses de l’Exposition, depuis déjà presque tout un été, la robe presque décolletée, en plein air. Pour toutes ces robes, autant pour le corsage que pour la jupe, et pour le soir que pour la ville, on a imaginé les superpositions de tissus et de couleurs. La jupe ciel sera voilée d’un tulle cerise ; ou encore ciel, voilé de prune ; ou jaune recouvert d’un transparent marine ou noir. La couleur unie, si fine qu’en soit la teinté, a paru trop brutale et surtout, par son uniformité, trop morte. On en a voilé le ton d’une seconde cou- leur, mobile, pour le faire se mouvoir et vivre. On remarque une certaine tendance à remonter la jupe, pour la faire longue, allant vers le mou- vement Empire, et pour obtenir, des étoffes molles, de longs plis, abondants, rappelant la grâce du drapé grec. A qui apprendrons-nous encore que les vitrines de l’Exposition renferment des merveilles ! Com- ment arriver, se sont dit les couturiers artistes, à couvrir la femme de ce qu’il y a de plus riche sans la faire disparaître, au contraire, sous le