ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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L’EXPOSITION DE BRUXELLES 469 X 1 ? ht ! LES JARDINS. LA FIN D’UNE GRANDE CHOSE LES DÉMOLITIONS. Qui reconnaîtrait, aujourd’hui, notre glorieuse et riante Exposition ! Y a-t-il rien de plus mé- lancolique que de voir une grande chose qui s’en va brin à brin ? Et la grande chose s’en va ainsi ! Un à un les millions d’objets qui nous ont amusés, qui- nous ont instruits, qui nous ont réjoui la vue, sont retournés dans les caisses d’où ils étaient sortis. Bien emballés dans la paille douce, on a mis sur tous ces objets la planche uniforme des couvercles ! Les voilà tous, quels qu’ils soient, en tenue internationale de voyage. En quelques jours le tableau n’était plus celui d’une exposition : c’était, si vous voulez, quelque immense entrepôt, comme aucun pays n’en possède, des marchandises de toutes les nations ; c’était, peut-être, mieux encore, le quai d’un port imaginaire, aux richesses infinies, à l’heure où des centaines de steamers, accostant à la fois, déverseraient sur les ponts glissants de leurs passerelles, les cargaisons fabuleuses d’une marine commerciale regorgeant de produits ! Cet entassement fut une heure splendide ! Puis sur ces quais imaginaires, encombrés, des milliers de porteurs ont circulé, chargé de lourds fardeaux, sont revenus et repartis, en tours et retours incessants. Au milieu d’eux et des ballots se sont mis à circuler des trains noirs, et fumants, et bramant, trouant en tous sens l’encombrement des colis, et des charrettes atte- lées de puissants chevaux ont prêté le renfort de leurs flancs profonds, emportant de colossales caisses, qu’eussent habitées à l'aise plusieurs familles ! Une troisième phase arriva. Tout est enlevé, les immenses quais sont déserts ! L’imagination seule y fait revivre le fabuleux concours de peu- ples qui anima cet espace. C’est le silence , • mais ce n’est pas encore la solitude. Il semble que le seul personnage attendu pour le reste du tra- vail, faire écrouler les hangars, renverser les maisons, effondrer les temples de cette ville abandonnée, ce soit le Temps ! Le Temps ! Au Solbosch, il est représenté sous les formes sévères de la pluie, du vent et de l’hiver ! Comme nous le disions, les caisses, qui, elles, contenaient la partie vive de l’Exposition, celle qui maintenant voyage et va travailler ail- leurs, les caisses une fois parties, plus rien ne presse. Hall et murailles qui les ont abritées ont fini leur existence, y paraissent à la merci des intempéries, encore plus qu’aux mains des démolisseurs ! Et je vous assure que les éléments s’en don- nent à cœur joie avec le staff ! Certaines con- structions de l’avenue des Nations et d’ailleurs sont devenues des maisons de cauchemar ! Vous voyez à vos pieds un pan de muraille tout gondolé comme une tôle et dont toutes les briques ont l’apparence de se tenir ensemble par un ciment intact ! C’est du staff ; les briques sont peintes et le ciment aussi 1 Cette muraille mobile, qui serpente vers le sol sans se dis- joindre, comme un reptile, vous donne le vertige. Dans une autre avenue, où sont les pavillons en débâcle de la Tunisie et de l’Algérie, si l’envie vous prend de vous adosser à quelque •pilier ou colonne torse, de celles qui, peintes de mille couleurs, semblaient les types d’une flo- raison géante soutenant les voûtes, la colonne, au moindre effleurement, s’agite comme une mousseline, se dérobe à votre appui, elle est inconsistante et se rit de vous en se balançant dans le vide ! Et même, sans y toucher, vous en voyez d’autres, au moindre souffle, et les souffles ne manquent pas dans ce royaume nouveau des courants d’air, qui se tordent, quittent la verti- cale, vous donnant l’impression que tout le bâti- ment va s’écrouler avec ses apparents soutiens ; en voilà dont le vent colle dos à dos les parois ; puis d’autres encore, éventrées, qui s’élargissent en spires et tournent comme de géants tire- bouchons ! C’est la maison hantée, où l’envie est plutôt de fuir que de rire... Chercherons-nous refuge en face, un peu plus loin ? C’est le majestueux palais des Eaux et Forêts. Nous franchirons, pour parvenir au seuil, le cadavre mutilé d’un énorme cheval de staff ! Il a dégringolé de là-haut, où le vent l’a saisi dans les hauteurs du fronton et l’a précipité au bas du monument, dans les défuntes plates- bandes ! Pour trouver asile dans le palais, pous- sons l’un des battants de la lourde porte de bronze vert ! Qu’est-ce encore ? Stupeur ! La porte imposante ploie sous l’effort de la main et s’abat de toute sa hauteur, émiettée, en poudre ! Le bronze n’était que plâtre et filasse ! Plâtre et filasse étaient aussi les dieux et les déesses marins de la grande vasque centrale, qui se sont plu, là, des mois durant, en com- pagnie du jet d’eau et de quelques fidèles otaries et cormorans qui les avaient suivis des rivages lointains jusque Bruxelles : ils gisent, les mem- bres épars, en petits tas, « charcutés », au fond de la vasque sans eau ! Oui, sans eau ! C’est peut-être là qu’il y a le moins d’eau de toute l’Exposition en ce moment. La vasque est à sec, tandis que les chemins, les allées sont tellement inondés, que les moyeux des roues de camion dégouttent en avançant comme des rames de barquettes I * * * Allons voir Bruxelles - Kermesse, cet autre royaume du staff, qui, après le sinistre, avait cependant cédé le pas à la planche. Pour entrer dans l’enceinte, où fut un petit morceau d’une petite ville d’un autre âge, ne passez pas sous l’arcade au triple portique ! Un garde vous crie que l’on démolit le fronton et vous prie de ne pas vous le faire appliquer sur le crâne, qui pourrait s’en ressentir, si dur soit-il I Ici, l’Exposition semble avoir pris fin plus vite qu’ailleurs ! On n’a eu à emballer que des verres et des bouteilles, avec quelques mobiliers som- maires. Le tout eut promptement réintégré ses demeures citadines. Un second cataclysme, au-