ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 526 Forrige Næste
470 L’EXPOSITION DE BRUXELLES jourd’hui que la ville de staff et de toile est déserte, semble avoir passé sur la minuscule agglomération. L’eau et le feu paraissent s’être mis contre elle pour l’anéantir. Sous les con- structions de bois enlevées sont réapparues les UN COIN DE LA SECTION DES MACHINES. cendres noires de la cité antérieure, si tragi- quement détruite au mois d’août, le sol actuel en est encore endeuillé. Le mince cours d’eau qui traversait Bruxelles-Kermesse a pris, je ne sais comment, lui aussi, une tournure impres- sionnante. Bien qu’à peu près sec, son lit, si l’on peut dire, est si bien encombré d’épaves que le ruisselet semble être pour quelque chose dans la fin de la ville morte, comme si c’était lui qui l’avait ravagée. On le regarde avec étonne- ment et ironie. Son fond et ses bords encombrés des objets les plus bizarres semblent porter les traces d’une inondation ! Et laquelle ! Elle aurait noyé des personnes à en croire la présence de ces nombreuses bottines qui gisent dans la boue ! Et cet élégant soulier de femme rempli d’une vase infecte ! Des familles entières auraient péri si nous nous en référons à la présence de ce sommier qui est demeuré de travers sur le bord du courant. Et des loques, des linges, des chaus- settes, des chiens morts, des boîtes à sardines et des papiers flasques ! Non jamais nous ne vîmes de ruisselet aussi immonde, auprès duquel la Senne est une rivière fleurie ! Bruxelles-Kermesse a vu finir ses jours avec une population, d’ailleurs étrange, dans ses « murailles » de bois. Tout s’en est allé aux chants des ouvriers ! Là, le travail de démolition a ressemblé à la folie d’une classe de pension- naires à qui l’on offrirait le sac d’une vi.le pour se distraire ! L’un voit ici une toile peinte qui est à sa convenance et il la roule après l’avoir arrachée ; d’autres aperçoivent le panneau d’un fond de maison en planches resté debout, en palissade élevée. Le groupe s’élance à l’assaut et la destruction de cette pièce ressemble à un concours de gymnastique d’escalade ! Tout à coup, des cris ! Quoi, on égorge ? Des rats ! des rats ! Les pauvres animaux sont capturés sous des vestes, sous des casquettes : que voulez- vous ? Flaubert nous raconte que les Cartha- ginois crucifiaient, pour se distraire, des lions ! Mais nos braves ouvriers n’ont que des rats ! Par la patte ou par la queue ils les clouent à des poteaux, avec l’inconscience du peuple rude envers la souffrance animale, et coupent les corps en travers avec leur couteau. Ces humbles martyrs au pilori, pour quelques bouts de pain ou de chandelle, c’est d’un goût plutôt navrant : mais je vous assure que Bruxelles-Kermesse, avec son sol calciné, son fleuve tragique et ses masures en ruines, n’est plus du tout le lieu d’élégance que les Bruxellois ont connu et res- semble plutôt, sous la pluie et le vent, à quelque cité fin du monde, abandonnée et maudite. Ajou- tez-y le spectacle des défuntes montagnes russes, qui dressent sur l’horizon leurs ferrailles enche- vêtrées comme des filets mêlés, tendus sur des mâts, et hautes comme les barrages que les indigènes des fleuves vierges de l’Afrique dres- sent au-dessus des eaux comme des ponts pour y suspendre leurs nasses à prendre le poisson ; c’est ce qui reste de l’incendie des joyeuses montagnes ! Puis ajoutez, plus près de nous, et tout d’une venue avec Bruxelles-Kermesse, l’immense quadrilatère où s'étend la vue sur les restes des sections incendiées, cendres, terre cal- CE QUI RESTE DES SECTIONS ÉTRANGÈRES. cmée et ferrailles tordues ! Bruxelles-Kermesse est devenu un coin sinistre, l’ancienne petite cité de la joie ! * * * Allons voir ailleurs comment une Exposition s’en va, brin à brin, c’est-à-dire planche à planche, comme elle est venue. Partout sur notre route, dans les jardins, les allées sont trans- formées en chantiers de gigantesques bobines, comme on en voit dans les rues de la ville quand on pose des câbles électriques nouveaux. Elles sont ici par centaines, les immenses bo- bines, ternes et sales, toutes boueuses, tirées d’on ne sait où et les hommes, minuscules auprès de leurs larges disques, extraient du sol, à trac- tion rythmique, les interminables câbles qui ont distribué l’électricité, force et lumière, à toutes les installations, à tous les établissements, aux fleurs lumineuses des parterres, le soir. Les ouvriers mouillés, gelés, ont installé à proxi- mité de leurs travaux des poêles de fortune, en plein vent, avec une buse qui se dresse le long de hauts tuteurs ! On se chauffe les mains, on fait chauffer du café. De plus primitives installations sont composées d’un sceau percé où flambe du bois ! Oh ! le bois ne manque pas ! Dans ce désarroi, il est des êtres bien mal- heureux ! Devinez qui ? Pelotonnés au seuil des petits restaurants, des anciens débits de cigares plus ou moins luxueux, fidèles à leurs anciennes habitations qui ne sont plus que des masures branlantes, aux fenêtres arrachées, sans portes et traversées de courants d’air, ces êtres malheu- reux ce sont les pauvres chats, les lamentables frileux qui subissent là toutes les rigueurs de la saison. Que font-ils.? Buffon nous assure que le chat connaît la maison où il a vécu heu- reux beaucoup plus qu’il ne connaît son maître. Devons-nous trouver là l’explication de leur obs- tination ? Que vont-ils devenir ? Le bois de la Cambre est proche, peut-être feront-ils un retour à la nature dans cette simili forêt et verrons- nous celle-ci, l’été prochain, peuplée d’une nou- velle faune I La section anglaise a roulé ses tapis ; elle roule ses caisses avec ardeur sur les camions, l’Angleterre va repasser l’eau avec sa fortune ; on a démonté les herses d’incendie qui couraient en tuyauterie aménagée dans les vélums des