Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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plafonds, et- auraient conjuré le feu en cas de
sinistre.
Nous passons devant le hall de l’Exposition
militaire belge. Par une large brèche, le vent et
la pluie s’engouffrent dans le vaste vaisseau
vide, qui, vu de cette large baie, donne l’im-
pression d’un vaste aérodrome.
Le Brésil, diligent, a pris les devants sur tout
le monde. Venu cependant le dernier," il est parti
le premier. Dans le vaste pavillon, élégant, plus
rien, plus un grain de café, plus un oiseau
empaillé dans les volières muettes ! Le pano-
rama, lui aussi, est parti. Il est allé faire con-
naître les splendeurs de la plus belle rade du
monde, celle de Rio-de-Janeiro, en d’autres con-
trées, à Turin. La toile est en route ; seule, il ne
demeure que la charpente centrale du bâtiment,
un immense parasol, aux baleines très compli-
quées, dressé droit dans le ciel sur sa tige.
Et les sections belges ? Elles sont trois, elles
étaient trois. L’industrielle : fers, aciers, auto-
mobiles, ballons. Tout est parti ou à peu près.
La commerciale, qui fut logée après le sinistre
dans une annexe du palais des Eaux et Forêts.
Il est à craindre pour celle-ci que le beau pa-
villon de staff la quitte avant qu’elle-même ait
quitté cet asile précaire. On y emballe encore,
et tout doucement. On est chez soi, après tout !
Le home n’est pas loin. Pas n’est besoin de se
dépêcher. Seules les robes précieuses, les coif-
fures élégantes ont réintégré les magasins. Pour
le reste, au petit bonheur ! L’eau coule bien
un peu par-ci par-là des toitures ! Si les élé-
ments ne s’en mêlaient pas... Quant à la section
séparée, que j’appellerai la section intellectuelle,
exposition des sciences, des universités, des mi-
nistères, des écoles, tout cela a fui avec une
rapidité extraordinaire.
Aussi vite que l’orfèvrerie sportive qui déco-
rait les stands voisins 1 D’un bout à l’autre des
galeries, panneaux nets, le sapin propre et lustré
des longues planches. On ne sait si l’exposition
est finie ou si elle s’apprête ; le crépuscule res-
semble à l’aurore !
Nous passons devant la plaine des attractions,
elle est solitaire, le vent et la pluie sont les
seuls artisans de la démolition ,• ils ont déjà
puissamment travaillé ; les façades tombent en
lambeaux, avec des restes de dorures. Le village
sénégalais, le paradis des singes, s’émiettent dans
les rafales !
DEVANT LA SECTION ITALIENNE.
■4
Allons vers l’Allemagne. Est-elle encore hos-
pitalière ? Oui, mais hâtons-nous. Debout sur
quelques parties des toits, des ouvriers enlèvent
méthodiquement les tuiles, mettent à jour le
quadrillage des poutres intérieures.
Dans le hall des machines, « la plus grande
DANS LA SECTION FRANÇAISE.
b
demi-fixe du monde », qui produit l’électricité
pour les ponts roulants, est sans doute la seule
machine qui n’ait encore aucune pièce démontée.
On a besoin de ses précieux services. Elle
chauffe. Une heure et demie approche, la reprise
du travail. Encore cinq minutes. Le mécanicien,
en fumant sa pipe, met de l’huile aux organes.
Deux minutes après, il tourne un robinet et la
machine lance un court et raide jet de vapeur ;
l’homme, debout, près des deux pistons, tourne
une manette : les deux immenses courroies de
gauche et de droite se meuvent, commencent à
monter sur les poulies comme deux sentiers
vertigineux. Le mouvement s’accentue, les dyna-
mos tournent de plus en plus vite, la machine
a toute sa force à une heure et demie. Elle
l’annonce à tous les travailleurs dans les halls
par un mugissement prolongé, qui fait vibrer
l’air dans les poumons. Dès ce moment, on
peut disposer des ponts roulants, soulever des
pièces de 50,000 kilos, la géante collaboratrice
est au service de l’humanité laborieuse I
y
n
Un spectacle qui ne manque pas de grandeur,
c’est celui du démontage des chaudières. Il faut
voir à nu ces immenses corps cylindriques, por-
tant les traces sur leurs tôles du feu auquel
elles ont résisté durant des mois I II faut voir
les ouvriers armés d’énormes marteaux faisant
sauter la tête des boulons qui ont rivé les tôlés
les unes aux autres I Un ouvrier applique la tête
biseautée de son marteau à la jonction du boulon
et de la tôle, un autre ouvrier lance à tour de
bras un plus pesant marteau sur la tête du
marteau coupeur ; il ne faut pas moins de deux
cents à deux cent cinquante coups pour couper
une tête de boulon. Et c’est par centaines que
les boulons se comptent pour river une chaudière
à son pied.
C’est à des moments comme ceux-là qu’il fau-
drait mener les écoles aux expositions ! Il y
aurait pour les jeunes intelligences des spec-
tacles beaucoup plus intéressants que ceux des
machines en ordre, qui ne montrent alors que les
merveilles de leur production, mais ne laissent
aucunement deviner le secret de leurs organes.
Le démontage des machines, c’est l’autopsie,
l’anatomie de ces grands corps, l’éparpillement
de leurs organes ! C’est la mise à nu de leurs
secrets, la révélation de leur complication, la
no.ion réelle de leur grandeur I Ce serait l’heure
instructive par excellence.
Le démontage des chaudières allemandes,
comme celui des chaudières du hall international
des machines, peut seul donner une notion sen-
sible de la puissance de pareilles créations, et
de la grandeur du génie humain qui y est réa-
lisé. Comme l’anatomie seule donne aux yeux
la notion de la complication et de la difficulté
qu’il y avait à réaliser la vie.
Ceux des Orientaux qui sont encore là n’ont
rien abdiqué de la sagesse orientale. Tranquil-
lement assis sur des chaises, voire même dans
leur fauteuil, ils regardent travailler les ouvriers
européens qu’ils ont embauchés. Eux causent
pendant ce temps-là. Ils nous rappellent un