Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
Arabe avec qui nous parlions du futur chemin
de fer du Sahara. Le disciple d’Allah n’expri-
mait aucun regret ni aucun froissement d’amour-
propre de cette entreprise européenne sur le
désert africain. Il estimait tout à fait superflu
qu’eux se donnassent la peine de faire des
études, d’avoir de grands ingénieurs, puisqu’il y
a les Européens qui font tout cela pour eux !
*
* *
Et maintenant, faut-il une conclusion ? Une
philosophie des moyens de déplacement et de
démolition moderne ? Nous avons vu, avant cette
exposition, monter dans les usines, et nous ve-
nons de voir démonter au Solbosch, les pièces
les plus lourdes de machines qui puissent exis-
ter. Dans les deux cas nous avons toujours vu
mettre en œuvre tantôt les moyens les plus
primitifs, tantôt les moyens derniers venus, les
plus perfectionnés. Eh bien ! nous avons vu
constamment les engins les plus primitifs égaler,
en ce qui concerne la puissance, les engins les
plus neufs. Le rouleau, la poulie, font le travail
gigantesque du pont roulant. Alors, où est le
progrès, direz-vous ?
Réponse peu difficile : Il est dans la sécurité
du travail pour les ouvriers, et dans la rapidité
du travail pour les producteurs et entrepreneurs.
On voit que l’orientation générale de l’effort
humain sur la planète tend à la richesse et à
la vitesse.
L’Exposition, jusqu’en son départ, en est un
brillant exemple.
Les aspects du travail dans la décoration à l’Exposition
Il est incontestable que la vie moderne, avec
sa remarquable diversité, ses luttes et ses la-
beurs, offre aux artistes une multitude de nou-
veaux thèmes. Nous n’en sommes pas encore à
accepter un critérium de beauté absolument dif-
férent de celui que nos instincts et notre éduca-
tion nous ont appris à vénérer, mais nous ad-
mettons fort bien de nouvelles tendances. Nous
ne pouvons plus considérer comme étant seules
belles, les choses que le jugement du passé a
consacrées, pas plus que nous ne trouvons ines-
thétiques celles que les traditions n’ont point
connues et qui se manifestent au fur et à mesure
qu’évolue la vie collective.
Un facteur essentiel pour la formation de ce
nouvel idéal qui suit inévitablement la transfor-
mation de la société, consiste dans le respect
— j’oserais presque dire l’admiration — que l’on
professe aujourd’hui pour les manifestations de
la vie ouvrière, pour les beautés du labeur, pour
l’ensemble de ces faits qui constituent le travail.
Nous sentons que le système économique actuel,
en se transformant, nous contraint à ne plus
dédaigner de remarquables valeurs autrefois
oubliées.
Le prolétariat, avec ses luttes, ses espoirs, et
son action dans l’atelier ou la rue, n’est plus
à nos yeux chose négligeable. Il s'offre à nous
avec une fécondité de productions artistiques
absolument remarquables.
La réunion populaire avec son tumulte ,de
colère, la manifestation pacifique du Mai fra-
ternel, la grève avec ses misères, le travail
devant les feux des cubilots, la catastrophe mi-
LA DENTELLIÈRE. — D’APRÈS LIEBERMAN.
nière avec ses tueries et ses cadavres remontés
des bures, le taudis où l’on pâtit de la misère,
la grand’route où passe le miséreux, sont des
motifs qui s’imposent de plus en plus à l’artiste,
qu’il sympathise ou non avec ceux qui souffrent
et qui luttent.
C’est là, tout simplement, une question de
logique et de vérité, parce qu’il n’est plus pos-
LE GRISOU. — d’après C. MEUNIER.
sible que l’artiste ferme les yeux pour ne pas
voir la vie telle qu’elle est et s’efforce de ne
pas être de son temps.
J’ai regretté que l’on n’ait pas suffisamment,
à l’occasion de l’Exposition, tenu compte de
cette nécessité d’approprier les sujets que nous
offre l’activité économique des hommes, aux exi-
gences de la décoration.
A vrai dire, le travail fécond, dans ses innom-
brables manifestations, n’a pas assez intéressé
les artistes dont les efforts et les inspirations ont
contribué à donner aux stands, aux galeries, aux
plus modestes vitrines, un décor de beauté.
Certes, il y a des exceptions. Elles sont si rares.
Ça et là, dans les jardins et les halls, des
statues caractérisent de curieuses attitudes de
l’homme qui travaille. Le bronze et le plâtre
profilent des silhouettes exactes sur les fonds
clairs des tentures, devant les bosquets, au bord
des pièces d’eau. Le potier « tournassant » son
vase, le faucheur au repos, le brasseur remuant
le houblon dans la cuve et bien d’autres, mar-
quent de furtifs aspects du labeur.
Ailleurs, quelques panneaux initient aux étapes
de certaines industries. Voici, au pourtour du
luxueux pavillon des glaceries, les phases de la
fabrication, devant les brasiers fulgurants. Le
long du stand de la collectivité des métaux, ce
sont des vues de la Wallonnie industrielle, avec
les hauts fourneaux énormes, les cubilots, les
cierges des cheminées émergeant des halls, les
réseaux de voies ferrées sous les pontons de
métal ; ce sont aussi les lamineurs étirant les
profilés issus des cylindres, les puddleurs pré-
parant le bloc. Aux frises de la collectivité des
houillères, on nous montre des vues du pays
noir, depuis le charbonnage moderne avec son
beffroi de métal, jusqu’à la plaine campinoise
ou se dresse, dans la monotonie des marais
coupés de bruyères, l’embryon des industries
naissantes. Parfois les motifs décoratifs sont
plus modestes. Au pavillon hollandais, il y a,
de-ci de-là, quelques petits panneaux évoquant
l’humble travail de l’artisan. Dans les galeries
françaises, des outils stylisés s’alignent aux
frises. Ailleurs c’est moins encore.
C’est quelque chose. Mais ce n’est pas assez.
Et précisément, en regrettant cette discré-
tion de nos artistes, j’évoquais les panneaux dé-
coratifs que le peintre anglais Braugwijn plaçait
aux frises du pavillon britannique de l’exposition
de Venise et qui étaient consacrés au travail.
Non seulement il y avait, comme dans la plupart
des œuvres du maître, une parfaite harmonie
dans la composition et les colorations, mais ces
panneaux caractérisaient avec une extraordinaire
grandeur de synthétiques aspects du travail.
L’artiste avait vraiment compris cette beauté
farouche du labeur.
« Il y a, disait un jour le peintre Eugène
Carrière, un art s’inspirant de toutes les beautés
infinies de la vie sociale, si féconde en enseigne-
ments sans cesse renouvelés. »
C’est cette diversité d’aspects qui fait préci-
sément le charme et l’éloquence de l’humanité
qui travaille. C’est elle qui donne à l’expression
LA MOISSON. — d’après C. MEUNIER.