Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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de la vie ouvrière, la force d’un document d’his-
toire.
L’effort incessant de notre race n’inspire pas
assez nos artistes. Pourtant, à côté d’un art de
synthèse comme celui de C. Meunier, il y a
place pour de multiples réalisations s’inspirant
directement de la vie ouvrière.
Notre monde du travail offre pourtant, dans
les limites étroites du territoire, des types savou-
reux et des aspects intéressants.
Quelles ressources l’activité du port d'Anvers
offrirait à des coloristes ayant le sens du pitto-
resque, avec ses quais grouillants, ses débar-
deurs, ses voituriers, ses navires, son ciel em-
brumé par la fumée des steamers, ses eaux la-
bourées par les carènes I Quelle joie pour un
artiste épris du mouvement, de traduire la vie
extraordinaire du pays noir, la remonte des
houilleurs, l’animation des corons, les terrils en
feu, les catastrophes, les mille aspects de ces
paysages ! Que de sujets dans l’activité des usi-
nes, des laminoirs, des fonderies, des ateliers,
des verreries, des carrières où la fourmilière
humaine s’accroche en peinant aux gradins du
roc ?
Des collines de l’Ardenne, aux bruyères cam-
pinoises et aux plages de la Flandre, la tâche de
notre peuple multiplie les plus savoureux aspects.
Houilleurs, métallurgistes, verriers, carriers, ou-
vriers des ports, pêcheurs, laboureurs, tisserands,
bûcherons, tous offrent également à l’œil de
l’artiste épris de vérité, des caractères d’indé-
niable beauté.
Le champ est vaste. Il est nôtre. Il satisfait
souvent les artistes étrangers, les Braugwijn, les
Adler, les Luce, les Lubermau, et combien
d’autres.
Certes, nombre de nos artistes commencent à
s’inspirer des caractères spéciaux de nos con-
trées du travail. Ils devraient persévérer. Il y a
toujours quelque mérite à magnifier les beautés
du sol patrial.
Marius RENARD.
L’INSECTARIUM NÉERLANDAIS
La haute terrasse où
est installé le massif et
somptueux pavillon de la Hollande domine un
beau et vaste jardin, où mille fleurs aux nuances
vives brillent d’un éclat magnifique en se mêlant
à la sombre verdure des sapins. Accoudé à la
balustrade de l’escalier monumental qui descend
de la gauche du pavillon vers ce jardin, le visi-
teur qui laisse errer ses regards sur l’étendue
fleurie les arrête avec curiosité sur quatre petits
pavillons, très coquets, qui occupent comme des
tours de guet les quatre angles du jardin, orientés
nord, est, ouest et sud.
Descendons le somptueux escalier de la ter-
rasse, suivons plus bas les chemins engageants,
dirigeons-nous vers la haute grille qui donne
accès dans le jardin de la Néerlande, et tournons
nos pas vers le pavillon, tout là-bas, qui dresse
son dôme vert à la pointe sud du quadrilatère.
Une petite merveille attend là les amis
nature, un monde de Lilliput qui a le
double mérite de s’adresser aussi bien
aux simples curieux, contemplant les
choses en rêveurs désintéressés, qu’aux
esprits pratiques, chercheurs infatiga-
bles visant toujours au mieux de l’hu-
manité sur notre chère et redoutable
planète. Ce monde de Lilliput est com-
posé de petits étangs, de petites landes,
de petites forêts vierges, enfermés dans
des bocaux, des cages de verre ; des
insectes vivent leurs jours paisibles, y
subissent leurs transformations et s’y
adonnent à leurs instincts industrieux.
Ce petit monde ainsi composé de sujets
vivants constitue une collection dont
l’ensemble porte le nom à.'Insectarium.
L’insectarium qui nous occupe réunit
une partie de la faune entomologique
de la Hollande. On a choisi les espèces
les plus intéressantes au point de vue
des mœurs, ou qui ont le plus de rap-
ports avec nos entreprises agricoles ou
piscicoles.
L’histoire naturelle exposée sous une
forme pittoresque ne se rencontre pas
souvent sous les auspices des compa-
gnies d’assurance et l’on peut se de-
mander au premier abord quels sont les
liens secrets qui unissent, par exemple,
la chenille du pin à l’assurance-vie ?
Bien simple est la réponse, car la na-
ture est la grande maîtresse qui nous
enserre de tous côtés. En effet, n’est-ce
pas la terre qui reçoit une grosse part
des capitaux de l’homme et la culture
de la terre n’est-elle pas le moyen de rendement
des capitaux qui lui sont confiés ? Si la terre est
bien cultivée, bien entretenue, elle produira de
beaux et sûrs intérêts. Or, les champs, les étangs,
les bois, les bruyères que nous exploitons ont
leurs ennemis, vers, chenilles, larves, mouches,
une armée de petits êtres qui pour vivre exploi-
tent comme nous la nature. Comprenez-vous
maintenant qu’une compagnie d’assurance qui
veut prouver comme propriétaire foncier la
bonne administration de ses biens cherche à
montrer qu’elle connaît à fond les ennemis de
la terre ? Voilà comment tout se tient, tout
s’enchaîne. Cette constatation n’est pas une des
moindres leçons qui puissent ressortir de cette
ingénieuse exposition.
Revenons à nos intéressantes bestioles aux
mœurs curieuses. Elles ont été capturées dans
de la les terres et les eaux de la Hollande par les
LES FOURMIS,
soins de M. Polak, conservateur de l’Insectarium
du Jardin zoologique d’Amsterdam et organisa-
teur de l’Insectarium dont nous allons passer en
revue les pensionnaires.
Ce sont les fourmis qui ont toujours l’honneur
des premières admirations. Ne sont-elles pas
aussi, avec les abeilles, les associations d’insectes
les plus humaines, si l’on peut dire, avec leurs
instincts de sociabilité et de collectivité si mer-
veilleusement développés ? Une fourmilière est
présentée dans un nid artificiel, où l’on peut
suivre les travaux des fourmis. Des tubes de
verre mènent de la caisse centrale à la salle à
manger des fourmis, à leur jardin de prome-
nade, à la salle d’hydrothérapie, où elles vont
prendre des bains de siège sur une éponge
imbibée d’eau, enfin à leur cimetière ! Oui, leur
cimetière, une petite plate-forme éloignée de la
demeure, aux confins de l’habitation, couverte
d’un treillage.
Pour retrouver le chemin compliqué
qui mène de la demeure au cimetière
il y a de la mémoire dans ces cerveaux
de fourmis ; le cerveau d’une fourmi,
disait Fontenelle, est la plus merveil-
leuse parcelle de matière ! Voici préci-
sément une énorme formica rufa —
espèce dangereuse pour les vergers —
qui vient de déboucher du métropoli-
tain funéraire sur la plate-forme du
cimetière. Que va-t-elle faire du ca-
davre de l’une des siennes qu’elle porte
élevé au-dessus de sa tête, le cou tendu,
solidement serré dans la pince de ses
robustes mandibules. Arrivée sur le
charnier, où gisent déjà une trentaine
de cadavres, pourquoi ne dépose-t-elle
pas avec empressement le lourd far-
deau ? Au contraire, elle circule lon-
guement au milieu des corps, les bous-
culant, elle remonte vingt fois les parois
qui enclosent le cimetière et toujours
avec la même ardeur, aisée et empres-
sée. Visiblement, elle cherche quelque
chose. Quoi ? Ces petits êtres auraient-
ils aussi leurs superstitions ? Peut-être
y a-t-il là des cadavres de héros à côté
desquels il est glorieux d’être étendu ?
Peut-être des amis trépassés d’hier ou
d’avant-hier ? Enfin, après mille tours,
l’active fourmi a trouvé une place con-
venable pour la défunte ; celle-ci est
déposée sur le sol, près des corps de
ses anciennes compagnes, à un endroit
dont la perspicacité humaine ne parvient